Cela faisait un moment que je ne lisais plus de romans de C. J. Box, l’un des premiers à nous avoir fait découvrir, ici, les grands espaces américains via le polar. Un peu de lassitude, un volume moins bon que les autres, et j’avais laissé tomber les aventures du garde-chasse Joe Pickett. Les vacances ont été l’occasion de renouer avec lui, avec un vieil épisode qui trainait sur ma table de nuit : L’homme délaissé.
Will Jensen, le collègue et ami de Joe Pickett, garde-chasse dans le Wyoming se suicide à quelques jours de l'ouverture de la chasse de son district. Outre la tristesse et la surprise qu'un homme en apparence aussi sain et solide en arrive là, Joe a la mauvaise surprise de se trouver envoyé pour le remplacer. Or si le Wyoming est plutôt tranquille, le district de Jackson où travaillait Will concentre quasiment tous les cinglés du coin : Lieu de villégiature privilégié des millionnaires, terrain de jeu des écologistes les plus extrémistes et eldorado des promoteurs les moins scrupuleux. C'est là que Joe va devoir concilier les lubies des uns et des autres, et découvrir comment un homme aussi équilibré que Will Jensen a pu devenir un alcoolique divorcé et suicidaire.
Je retrouve donc avec grand plaisir ce brave Joe Pickett. Et les paysages fabuleux du Wyoming, les chevauchées dans une nature imposante. Accompagnés ici par une collection de cinglés pas piqués des hannetons. Entre des puissants habitués à ce que l'on rampe devant eux, des écologistes végétaliens à la mode US, c'est-à-dire un poil extrémistes, voire complètement cinglés, et des durs à cuire pas résignés à respecter les nouvelles règles, pas de doute on est bien aux US où tous les extrêmes sont possibles.
Comme C. J. Box sait trousser une histoire et que ses personnages ont une vraie épaisseur, on se régale et on prend un grand bol d’air, malgré quelques relents pas franchement réjouissants. Car même au grand air le polar remue la boue ! De quoi me réconcilier avec les aventures de Joe Pickett.
C. J. Box / L’homme délaisse (Out of range, 2005), Seuil/Policiers (2012), traduit l’américain par Anick Hausman.