J’aime beaucoup les romans de Thomas H. Cook. En plus le bonhomme que nous avons reçu à Toulouse en 2011 est absolument charmant. C’est pourquoi j’essaie depuis Les feuilles mortes de ne pas rater ses nouvelles traductions. La dernière s’appelle : L’étrange destin de Katherine Carr.
Sur un bateau, en route vers une jungle, il raconte à son voisin de transat un certain M. Mayawati une histoire …
C’est l’histoire de George Gates, journaliste dans une petite ville des Etats-Unis. George Gates survit depuis que son fils, Teddy, a été enlevé et tué alors qu’il avait 7 ans. Ce jour là, George devait aller chercher Teddy à la descente du bus. Il ne l’a pas fait, parce qu’il cherchait à terminer une phrase pour son livre, et Teddy a disparu. Son cadavre est réapparu, quelques jours plus tard. Par hasard George rencontre un flic à la retraite qui le reconnaît. Ce flic est obsédé par une autre affaire, la disparition de Katherine Carr, vingt ans auparavant. Katherine a disparu un jour, sans laisser de traces, sinon un roman …
Un roman qui raconte comment une certaine Katherine, victime un jour d’une violente agression, est approchée par un homme mystérieux qui semble vouloir l’aider …
Vous l’aurez compris, nous avons là un roman à tiroir, chaque tiroir contenant sa part de suspense et de tension. C’est très casse-gueule comme procédé, mais ceux qui connaissent l’auteur savent qu’il est, mine de rien, un maître dans l’art de la construction subtile. Donc, pas de soucis, faites-moi confiance, tous les tiroirs finiront par se refermer sur des doigts. Reste à savoir lesquels …
Même si ce n’est pas mon Thomas H. Cook préféré (j’ai été plus ému, bouleversé même, par Les feuilles mortes ou Les leçons du mal), une fois de plus je me suis fait prendre dans sa toile d’araignée. C’est un peu ça les romans de Cook, et celui-ci plus que d’autres : On l’ouvre, on commence à y goûter, en ayant l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose, et qu’on peut le laisser de côté un moment, pour lire autre chose. Mais on continue. Et insidieusement, sans faire de bruit, la petite mélodie du roman vous rentre dans la tête. Au tiers on croit encore qu’on peut le laisser, lire autre chose, et puis tout d’un coup, vers la moitié du roman, on s’aperçoit qu’on est complètement englué, et qu’on ne peut plus le lâcher, jusqu’à la dernière ligne. Au bout on se retourne, impossible de savoir quand, à quel moment du récit, sur quelle péripétie on s’est fait accrocher de la sorte. Du grand art tout en finesse et en subtilité.
Au-delà de ce talent de conteur, on retrouve certains des thèmes chers à l’auteur : la relation parents-enfants, la douleur de la perte, la vie dans une petite ville américaine, la nature du Mal … Pimentées ici d’une touche de fantastique qui … mais je ne vous en dit pas plus.
Thomas H. Cook / L’étrange destin de Katherine Carr (The fate of Katherine Carr, 2009), Seuil/Policiers (2013), traduit de l’américain par Philippe Loubat Delranc.