En attendant le retour Sandokan (en cours de traduction), voici un petit recueil de textes militants et imaginaires et drôles et revendicatifs et … Cela s’appelle Irapuato mon amour, et c’est signé Paco Ignacio Taibo II.
Recueil assez hétéroclite où l’on trouve de très courts textes (de deux pages) comme deux récits de grèves plus longs et plus complets, où certains textes sont très drôles et très taiboesques, d’autres un peu plus anecdotiques (ils auraient pu ne pas figurer sans nuire à l’ensemble). Le tout n’est pas exempt de défauts (et en particulier un manque criant de relecture et donc pleins de fôtes, quelques mots manquants, quelques parenthèses non refermées …), mais surtout ne manque pas de qualités !
Car on retrouve la verve, l’enthousiasme, l’humanité, l’imagination, l’engagement … de Taibo. Et surtout son talent. Le même recueil écrit par un autre aurait pu être un abominable pensum, plein de vérités assénées, de leçons de morale, de bons sentiments, de harangues indigestes.
Et là non, cela reste du Taibo, cela reste le Mexique de Taibo. Donc on y croise :
une bande d’ouvriers qui se mettent des peintures d’apaches pour intimider le patron et revendiquer leurs droits
une mamie qui menace un homme armé avec son couteau à peler les oignons
un cariste qui découvre que d’un certain côté de la cour, il a une vue intéressante sur le bureau d’une secrétaire
une partie de dominos mythique
un hommage appuyé à Carlos Santana
la reprise d’un excellent texte sur l’Araignée
Bref de la vie, de l’engagement, des formes de lutte pour le moins originales (j’ai une préférence marquée pour les tracs signés « L’araignée »), une énergie communicative, une ode au courage des humbles et surtout un rage de ne jamais baisser les bras, même (et surtout) quand le rapport de force est de 100 contre 1 …
A lire donc, malgré ses quelques défauts, pour récupérer de l’énergie, des idées, de l’inspiration, et pour le plaisir.
Paco Ignacio Taibo II / Irapuato mon amour et d’autres histoires vécues dans des usines (Doña Eustolia blandió su cuchilo cebollero y otras historias que pasaron en algunas fábricas, 1981, 1983), L’atinoir (2011), traduit l’espagnol (Mexique) par Jacques Aubergy.