Rivages a eu l’excellente idée de traduire Texas Forever, roman historique de James Lee Burke, très différent de la série Dave Robicheaux. Une lecture pleine de fureur, de tripes, de crasse et de sang.
Début du XIX siècle, Son Holland est envoyé dans un camp de prisonniers en Louisiane. A la première occasion, il s’évade en compagnie d’un vieux de la vieille, High Allison après avoir tué un gardien. Poursuivi par le frère qui était directeur de la prison, ils fuient vers le Texas, où ils se retrouvent pris dans la guerre qui oppose les armées texianes et les mexicains du général Santa Ana, à la veille de la fameuse bataille de Fort Alamo.
Si j’avais lu ce roman en aveugle, j’aurais été prêt à parier que c’était du James Carlos Blake. Un peu plus de 200 pages de souffrance, de sang et de sueur, de crasse et de cris, de lâchetés et d’héroïsme … Un peu plus de 200 pages de l’histoire d’un pays qui, peut-être plus encore que d’autres, c’est construit sur la violence, sur la loi des armes.
On reconnaît l’intérêt pour l’histoire de James Lee Burke, mais pas sa façon d’approcher ses personnages. Autant il nous installe dans la tête de Robicheaux, autant on fait corps avec lui, autant ici il reste à distance de Son Holland et High Allison, sans jamais nous dire ce qu’ils pensent et ressentent. Mais peut-être dans ce tourbillon de violence et de mort qu’est leur vie n’ont-ils guère le temps de penser …
Cela n’empêche pas le roman d’être passionnant, à la manière disais-je d’un James Carlos Blake, ou de la démystification de l’ouest de Pete Dexter dans Deadwood. A lire, non pas pour retrouver le James Lee Burke qu’on connait, mais pour découvrir une autre facette de son talent et découvrir (ou redécouvrir) un pan de l’histoire américaine.
James Lee Burke / Texas forever (Two for Texas, 1989), Rivages (2013), traduit de l’américain par Olivier Deparis.