En quelques romans Sam Millar c’est affirmé comme un auteur à suivre. Encore un irlandais me direz-vous. Ben oui, il va falloir s’y faire, après la vague scandinave, on a droit à une vague irlandaise (pas encore aussi médiatisée) et c’est un vrai bonheur. Son dernier roman traduit, Les chiens de Belfast serait, si j’ai bien lu, le début d’une série. C’est une très bonne nouvelle.
Karl Kane est privé à Belfast. Fauché comme beaucoup de privés, préposé aux affaires minables, divorcé, beau-frère d’un flic, et victime de fortes crises d’hémorroïdes. Voilà pour le héros. Il est contacté par un homme qui veut des renseignements sur un cadavre récemment trouvé dans les rues de Belfast. Une affaire plutôt bien payée et a priori sans risque. A priori. Car les cadavres mutilés s’amoncellent et de vieilles histoires sinistres remontent à la surface.
Ceux qui connaissent les premiers romans de Sam Millar se doutent bien qu’ils ne vont pas lire une bluette … Et ce n’en est pas une. Le prologue donne le ton, ce sera sanglant. D’un autre côté, Sam Millar est irlandais. Ce qui implique un humour noir grinçant qui vient faire passer la pilule. Là encore l’entame du premier chapitre donne le ton. Je n’en dis pas plus, lisez !
Ensuite, ça déroule : un privé dans la grande tradition (un rien paumé, tenace, grande gueule, fauché, peu copain avec la police), une intrigue mêlant passé et présent fort bien menée, des dialogues très réussis, du bonheur.
En toile de fond de cette histoire une ville de Belfast qui n’a rien à envier aux autres métropoles décrites par les grands du polar : pluie, crasse, corruption, police pourrie, faibles systématiquement matraqués par les plus forts, impunité des puissants. Bref la « routine », une routine dont peu de romans parlent … sauf les meilleurs polars et Les chiens de Belfast en fait partie.
On peut trouver que l’histoire est un brin dense, mais je mets cela sur le compte du premier d’une série où il faut présenter les personnages et leur lourd passé. Pour ma part, cela ne m’a pas dérangé, et surtout, ça me donne encore plus envie de lire la suite.
Sam Millar / Les chiens de Belfast (Bloodstorm, 2008), Seuil/Policiers (2014), traduit de l’irlandais par Patrick Raynal.