Je ne vais pas vous raconter ma vie, mais sachez que ce week-end je me suis retrouvé bloqué plus de huit heures dans un avion. J’avais donc prévu une lecture distrayante, pas trop compliquée, compatible avec un éclairage moyen, un siège étroit et la fatigue d’un vol de nuit. Ce fut Cadillac Beach de Tim Dorsey. Bonne pioche.
Serge Storms, vous le connaissez forcément déjà. Il est floridien jusqu’au bout des ongles. Il adore la Floride, son histoire, ses histoires. C’est ce qui lui donne l’idée de monter, avec son pote Lenny, une agence de voyage un peu spéciale. Ils entendent faire découvrir aux touristes des sites incroyables et oubliés : le lieu de tournage de Flipper le dauphin, la chambre d’hôtel où sont descendus les Beattles … l’ennui c’est que Serge et Lenny aussi sont incroyables.
Lenny parce qu’il est tout le temps perdu dans les vapeurs de chanvre, Serge parce qu’il ne prend plus les cachets qui le maintiennent, tant bien que mal, à un rythme compatible avec celui de ses contemporains. Serge a aussi l’originale habitude de descendre de façon très imaginative les malotrus qui lui manquent de respect où ne font pas preuve d’un minimum de savoir vivre … Si vous rajoutez au programme des réjouissances un sac de diamants perdus depuis plus de 35 ans, vous obtenez un cocktail fort explosif.
Même si c’est un poil moins délirant que Triggerfish twist on a ici un Tim Dorsey dans la grande tradition : imagination débordante, intrigue qui part dans tous les sens, dialogues hilarants pour une histoire unique.
Alors certes Serge est un tout petit peu moins méchant que dans le précédent (moins de massacres hauts en couleur) mais de nouveau, au mauvais goût affiché par les hordes qui envahissent la Floride, Tim Dorsey répond avec une énergie, une gouaille et une liberté explosives. Et le lecteur explose, littéralement, de rire.
Tim Dorsey / Cadillac Beach (Cadillac Beach, 2003), Rivages/Noir (2011), traduit de l’américain par Jean Pêcheux.
Vous pouvez compléter chez Yan, grand fan de Serge et de Dorsey.