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21 mai 2009 4 21 /05 /mai /2009 22:56

Comme le récent billet sur Traquer les ombres de John Harvey a semblé susciter une certaine curiosité pour Charlie Resnick, je vais vous resservir ici même un article écrit à l’origine pour le Dictionnaire des Littératures Policières de Claude Mesplède. La deuxième édition étant déjà fort copieuse, il n’avait pas été retenu. C’est vous qui en profitez, veinards que vous êtes.

Au début de sa saga, Charlie Resnick est inspecteur au CID (Criminal Investigation Department, équivalent de la PJ française) dans la ville de Nottingham. La quarantaine, toujours mal habillé (cravate tachée, chemise qui dépasse du pantalon …), ce grand bonhomme aux yeux sombres, un peu lourd pour sa taille, pas très sportif et souvent fatigué plait pourtant à bon nombre de femmes qui se savent jamais dire d’où vient son charme.

 

De son origine polonaise, il n’a gardé que le nom, le souvenir de parents et surtout de grands-parents parlant polonais, et ses entrées dans le club polonais de la ville, où il va se réfugier, pour boire quelques vodkas quand son moral est vraiment trop bas. Grand amateur de jazz, il soigne ses plaies en écoutant Billy Holliday, Lester Young, ou Thelonious Monk pendant qu’il nourrit les quatre chats trouvés, Miles, Bud, Dizzy et Pepper, qui partagent sa maison et sa vie, depuis son divorce après cinq ans de mariage sans enfants.

 

En bon célibataire, il se nourrit de sandwichs, qu’il aime compliqués, élaborés, et difficiles à manger, ce qui n’arrange pas l’état d’une garde robe déjà bien malmenée. C’est aussi un grand amateur de cafés serrés, qu’il aime prendre au comptoir d’une brûlerie italienne dans le marché couvert de sa ville.

 

Flic intuitif, sensible et humaniste, il ne se fait aucune illusion sur son rôle dans le société : il arrête les voleurs, violeurs, tueurs, bourreaux d’enfants, et excités d’extrême droite racistes et homophobes, mais sait parfaitement qu’il ne résout rien, et que le racisme, la misère, le chômage, la perte de valeurs et de repères de jeunes sans le moindre avenir sont une réalité forgée par des années du gouvernement Thatcher, et jamais démentie par la suite. Il ne peut que constater, désemparé, qu’il ne comprend plus rien aux gens avec qui il vit, même s’il sait bien quelle est la cause première des bouleversements de la société anglaise.

 

Pour compléter le tableau, cet humaniste, sauveur de chats perdus, pousse la bonté et le masochisme jusqu’à être le supporter de Nottingham County, la pire équipe de foot d’Angleterre.

 

Derniers sacrements (Last Rites, 1998) est sa dernière enquête, celle à l’issue de laquelle il finit par accepter de passer Inspecteur Divisionnaire et quitte la PJ pour un poste de coordination à la tête de la section des Crimes Majeurs.

 

 Now’s the time (Now’s the time, 1999), recueil de douze nouvelles, permet de retrouver quelques uns des personnages croisés au cours des dix romans de la série, et ajoute une touche finale à ce superbe tableau de la société anglaise des années 90.

 

L’interview publié sur bibliosurf, et référencé deux billets plus bas (j’ai la flemme de re-saisir le lien), laisse entendre que l’on va bientôt revoir Charlie. Dire que cette nouvelle me comble de joie est un dous euphémisme.

 

Voici maintenant la série complète. C’est mieux, si possible, de la lire dans l’ordre. Tous les titres sont chez Rivages Noir. Les amateurs de jazz reconnaîtront quelques titres …

 

Romans :

Cœurs solitaires (Lonely hearts, 1989) Riv/N n°144. (1993) 

Les Etrangers dans la maison (Rough Treatment, 1990) Riv/N n°201. (1995) 

Scalpel (Cutting Edge, 1991) Riv/N n°228. (1995) 

Off Minor (Off Minor, 1992) Riv/N n°261. (1997) 

Les années perdues (Wasted Years, 1993) Riv/N n°299. (1998) 

Lumière froide (Cold Light, 1994) Riv/N n°337. (1999) 

Preuve vivante (Living proof, 1995) Riv/N n°360. (2000) 

Proie facile (Easy Meat, 1996) Riv/N n°409. (2001) 

Eau dormante (Still Water, 1997) Riv/N n°479. (2003) 

Derniers sacrements (Last Rites, 1998) Riv/N n°527. (2004)

Nouvelles :

Billie Blues ( Billie Blues, 2002) Riv/N Hors commerce (2002) 

Now’s the time (Now’s the time, 1999) Riv/N n°526. (2004) . 
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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 21:56

Je sais bien que je vous ai déjà dit d’y aller faire un tour de temps en temps, mais au cas où vous auriez oublié, je vous signale deux nouveaux textes de Luis Sepulveda sur le blog que les éditions Métailié ont créé pour fêter leurs 30 ans.

 

Un autre site où je vous avais pourtant dit d’aller faire un tour régulièrement, mais vous ne m’écoutez jamais ! Sur Noir comme Polar, un nouveau texte de Marc Villard.

 

Pour les hispanophones maintenant, cette interview de Carlos Salem, dont j’ai dit le plus grand bien il y a peu (de Carlos Salem j’ai dit du bien, ou plutôt de son roman, pas de l’interview que je viens de découvrir).

 

Tant que j’y suis, j’insiste, il vous reste quelques jours pour le concours de nouvelles organisé par Toulouse Polars du Sud.

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19 mai 2009 2 19 /05 /mai /2009 22:51

Après Charlie Resnick et Frank Elder, John Harvey crée deux nouveaux personnages qu’il met en scène dans le premier roman de ce qui devrait devenir une nouvelle série : Traquer les ombres.

 

Cambridge. Stephen Bryan, jeune professeur homosexuel est retrouvé mort, sauvagement tabassé dans sa salle de bain. Les deux enquêteurs, Will Grayson et Helen Walker, suivent deux pistes : Soit un cambriolage qui a mal tourné, soit un ex amant qui n’a pas accepté la rupture imposée par Stephen. Sur l’insistance de Lesley, la sœur du défunt, il sont également amenés à se poser des questions sur le livre qu’il écrivait avant sa mort : Il s’agissait de la biographie d’une obscure actrice anglaise morte tragiquement bien des années plus tôt. Rien de dérangeant a priori, même si elle était apparentée à un des industriels les plus puissants de la région. A moins que Stephen n’ait découvert de vilains secrets …

 

« Et à chaque fois, je suis épaté par la finesse de son propos, la fluidité de la narration, l'élégance simple de sa prose. Voilà du John Harvey pur jus, du "classique" sans le convenu. » écrit l’ami Jeanjean dans son billet sur Moisson Noire. Pareil pour moi.

 

John Harvey, c’est la Rolls du polar anglais. Intrigue impeccable, sans effets mais sans la moindre faille ; attention portée à tous les personnages ; description de la société anglaise ; écriture limpide … C’est tellement évident qu’on oublie complètement que c’est écrit. Un peu comme Elmore Leonard, mais dans un autre genre. Ah, s’il était à la portée du premier venu d’être aussi classique sans être cliché, aussi apparemment simple sans être ennuyeux …

Pour en revenir à Traquer les ombres et à Will Grayson et Helen Walker, on est ici davantage dans la lignée Resnick que Elder. On retrouve le regard posé sur les dérèglements de la société anglaise, et en particulier sur la violence imbécile d’une partie de la classe ouvrière, paupérisée, déboussolée, à laquelle on a enlevé tout espoir et en même temps tout repère ; un regard qui explique, mais qui n’excuse pas la bêtise, la recherche d’un bouc émissaire facile, étranger, homosexuel, supporter de l’autre club. Une violence qui a son pendant, et son explication dans l’arrogance de la classe dominante, à l’abri de tout, y compris de la justice …

 

On retrouve également sa façon de mêler les enquêtes et les intrigues, quitte à les détricoter ensuite. On retrouve enfin et surtout son art de s’intéresser et de nous intéresser à la vie de tous les personnages.

John Harvey adresse en prime un clin d’œil à ses fans : au détour d’une visite à Nottingham, Will rencontre une certaine Lynn Kellogg, bien connue des lecteurs de la série Charlie Resnick.

 

Si le cœur vous en dit, vous pouvez poursuivre avec cette interview sur bibliosurf où l’on apprend que l’on retrouvera Will et Helen.

 

John Harvey / Traquer les ombres, (Gone to ground, 2007) Rivages/thriller (2009), traduit de l’anglais par Mathilde Martin.

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17 mai 2009 7 17 /05 /mai /2009 22:40

« LE COUP DE SANG est le nom du dérèglement climatique brutal et généralisé qui s’est abattu sur la Terre. La planète est totalement désorientée, dévastée, morcelée par des catastrophes naturelles hors normes. En quelques semaines, le Monde a perdu tout semblant de cohérence. »

Ceci est le début du prologue d’Animal’z, la nouvelle œuvre d’art d’Enki Bilal. On y suivra quelques personnages en quête d’un lieu de survie. En quête de sens pour ce qui leur reste de vie. Dans un univers où la loi du plus fort n’a plus aucun frein. Un univers où les cobayes des dernières expériences secrètes d’avant le coup de sang sont avantagés …

Je vais évacuer tout de suite la seule restriction à mon enthousiasme. Par rapport à ses œuvres précédentes, le scénario est un peu ténu. Voilà, à part ça, c’est magnifique.

Comme c’est déjà le cas depuis pas mal d’albums, chaque case est une œuvre à elle seule. Vous pouvez toutes les agrandir et en faire des posters, il n’y en aurait pas une qui ne soit somptueuse. Dans cet album Bilal a fait le choix d’un gris qui oscille entre le vert et le bleu …. Tout en restant gris. Avec juste quelques touches de rouge, mais pas pour ce que vous pouvez croire …

Le décor, l’environnement, les ambiances, les personnages croisés sont extraordinaires. Et dans la noirceur totale du propos flottent, de ci de là, quelques étincelles d’humour et de poésie qui font passer la pilule.

C’est fin, cultivé, beau et désespéré. C’est du Bilal.

Je lis partout qu’il s’agit d’un album qui n’aura pas de suite. C’est vrai qu’il n’en annonce pas. Mais rien ne l’interdit non plus. On peut donc espérer …

Enki Bilal / Animal’z Casterman (2009)

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14 mai 2009 4 14 /05 /mai /2009 22:21

Je l’ai déjà dit ici, j’ai raté les débuts de Marcus Malte. Je ne l’ai découvert qu’avec Intérieur Nord, juste avant la consécration de Garden of Love. Mais grâce à folio policier, je peux rattraper mon retard. Et j’en suis bien aise. Voici donc La part des chiens.

Ils sont deux et ils marchent. Devant Zodiak. Il parle toutes les langues, connaît les secrets des étoiles et des constellations. Il cherche Sonia, son amour disparu. Derrière, fidèle comme un chien, Roman, le Polak, son beau-frère. Si on regarde mal, on dirait deux clodos. Si on regarde bien, on a peur. Pour retrouver Sonia, la princesse funambule, il leur faudra plonger au cœur de la fange de la ville, et en affronter les cerbères. Mais Zodiak est prêt à tout.

Waouw ! Quel roman. Quelle plume. Quel imaginaire. On en reste sans voix. Zodiak et Roman sont absolument fascinants. Ils m’ont fait immédiatement penser aux deux croquemitaines de Neverwhere de Neil Gaiman. Pourquoi ? Mystère, mais c’est une association qui m’est venu dès le premier chapitre, pour ne jamais me quitter.

Peut-être à cause de cette impression de lire un conte, un rêve, ou un cauchemar.

On passe sans la moindre transition de la poésie la plus pure à la trivialité la plus crasse. On côtoie les anges, la phrase d'après on est en pleine merde. On tombe amoureux de Sonia, on croit au pouvoir de Zodiak, on a faim avec Roman. On se prend la fin en pleine face.

Un des innombrables tours de force de ce roman est de nous faire vibrer pour deux personnages qui, une fois le livre refermé et l’enchantement rompu, apparaissent comme deux véritables ordures. Et pourtant on les aime le temps de la lecture. Une lecture que l’on fait comme sous hypnose, emporté loin de la réalité qui nous entoure. Il faut se secouer quand on referme le bouquin pour revenir ici et maintenant.

Un roman à découvrir absolument pour ceux qui, comme moi, étaient passés à côté.

Marcus Malte / La part des chiens Folio/Policier (2008)

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14 mai 2009 4 14 /05 /mai /2009 21:28

Un commentaire me demande l’ordre des Dave Robicheaux. Comme avec un peu de chance le film de Bertrand Tavernier va amener de nouveaux lecteurs au grand James Lee Burke, je les livre Urbi et Orbi. Et hop.

Le tout grâce à la bible, Le Dictionnaire des Littératures Policières de Claude Mesplède que j’ai ouvert, tout bêtement, à l’article Dave Robicheaux :

La pluie de néon (The neon rain, 1987)

Prisonniers du ciel (Heaven’s prisoners, 1988)

Black Cherry Blues (Black Cherry Blues, 1989)

Une saison pour la peur (Morning for flamingos, 1990)

Une tache sur l’éternité (A stained white radiance, 1992)

Dans la brume électrique avec les morts confédérés (In the electric mist with the Confederate dead, 1992)

Dixie city (Dixie city jam, 1994)

Le brasier de l’ange (Burning angel, 1995)

Cadillac juke-box (Cadillac Jukebox, 1996)

Sunset limited (Sunset limited, 1998)

Purple Cane Road (Purple Cane Road, 2000)

Jolie Blon's Bounce  (Jolie Blon's Bounce, 2002)

Dernier tramway pour les Champs-Elysées (Last car to Elysian Fields, 2003)

Et voilà le travail. Ils sont tous publiés chez rivages, en poche, ou en grand format pour le dernier.

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14 mai 2009 4 14 /05 /mai /2009 18:08

Un petit compte-rendu d’hier soir, à la librairie de la Renaissance, et une info de première importance.

 

Hier soir donc, j’animai la rencontre avec trois auteurs toulousains : Dominique Delpiroux, Benoît Séverac et Jan Thirion.

 

Responsables de festivals, de librairies, de bibliothèques, animateurs de rencontres, si vous me lisez, écoutez mon conseil : invitez-les tous les trois. Posez une première question, puis laissez filer. Tout se passe tout seul.

 

On aurait dit qu’ils avaient répété. Un coup d’accord, un coup pas d’accord, l’un qui aime les personnages récurrents parce qu’il en tombe amoureux (ça c’est Dominique Delpiroux et sa Camille Forestier, 1,92 m de flic à aimer !), l’autre qui, à la fin de ses romans, est tellement saturé de se personnages qu’il les escagasse pour être sur de ne plus les retrouver (ça c’est Benoît Séverac).

 

L’un qui réécrit ses romans et nouvelles en permanence, même quand ils sont publiés (Jan Thirion), et qui, même avant d’envoyer ses manuscrits, écrit, réécrit, jusqu’à ce que chaque phrase lui plaise, l’autre qui nous dit que ses romans c’est du pur plaisir, et qu’ils s’écrivent presque tous seuls (Dominique Delpiroux).

 

Jan Thirion qui veut rester à distance de ses personnages pour qu’il n’y ait pas d’empathie entre eux et le lecteur, car il trouve que l’empathie brouille le jugement (ce qui est vrai), les deux autres qui au contraire s’investissent à fond dans leurs personnages (et ça se sent aussi).

 

Dominique Delpiroux qui invente une ville pour pouvoir faire ce qu’il veut, ajouter, enlever un élément du décor quand il en a besoin, à l’autre extrême Benoît Séverac qui a besoin d’ancrer ses romans dans de l’existant et du concret …

 

Bref, ça fusait, ça interagissait, ça rigolait … Il n’y avait qu’à relancer, d’un mot, la machine quand elle s’arrêtait momentanément. Du gâteau.

 

Dans un futur plus ou moins proche on aura un roman de Jan Thirion qui se déroule en Indochine en 1910, un de Benoît Séverac qui fera couler le sang dans le vignoble alsacien, et une enquête théologique de Dominique Delpiroux au Crétacé supérieur, si j'ai bien compris ...

 

En prime, on a eu droit à un petit cours sur le roman noir de Maître Claude Mesplède himself.

 

Ce qui m’amène à mon info d’importance (vous noterez la fluidité de la transition).

 

Ce mois-ci un événement à la série noire, une nouvelle traduction d’un livre mythique, fondateur du roman noir … tatatam …

 

Moisson Rouge de Dashiell Hammett ! Rien de moins ! Bibliosurf a mis en ligne les interviews des deux traducteurs, Nathalie Beunat et Pierre Bondil. On en reparlera forcément.

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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 23:26

Ca y est, je l’ai vu. Et j’ai beaucoup aimé. Pour tout un tas de raisons bien entendu. Dont un certain nombre sont très subjectives, et ne relèvent même pas vraiment de l’art cinématographique. En vrac …

 

Parce que j’y suis allé avec une très grande envie … de l’aimer. Parce que j’aime Tavernier, Burke et Robicheaux !

Parce que Tommy Lee Jones cadre parfaitement avec l’image que je me faisais de Dave Robicheaux. Parce qu’en plus, un fois de plus, il joue très bien. Il rend parfaitement le côté borderline du personnage de James Lee Burke, en apparence calme, voire imperturbable, mais qui doit se contrôler en permanence pour ne pas péter les plombs. Et dont les accès de violence sont d’autant plus imprévisibles et donc impressionnants. Un peu à la manière d’un Takeshi Kitano.

 

Parce que John Goodman incarne à la perfection le pourri. Cela fait déjà un moment que John Goodman excelle dans ce genre de rôle qui oscille entre le ridicule et l’effrayant. Il fait ça, très très bien.

 

Parce que tous les autres acteurs sont bons, et justes.

 

Parce que j’adore Buddy Guy, et que c’est un bonheur de le voir, d’entendre sa voix, et, cerise bien appréciable sur un beau gâteau, de l’entendre chanter.

 

En parlant de chant, parce que la bande son est superbe.

 

Parce que c’est très bien filmé. Je m’étais fait une idée des bayous que je n’ai jamais vus en lisant les romans de James Lee Burke. Je n’ai pas été déçu par les images comme c’est parfois le cas. Bien au contraire, je les ai trouvé somptueuses.

 

Parce que, contrairement à pas mal d’autres, j’ai aimé la voix off. Je l’ai aimé parce que Tommy Lee Jones a une voix extraordinaire, qui dit superbement le texte de James Lee Burke et rend sa poésie originale.

 

Parce que Bertrand Tavernier, de mon point de vue, a capté l’ambiance des Dave Robicheaux et l’a parfaitement transposée sur la pellicule. Sons, moiteur, paysages, poids étouffant du passé, folie latente de Robicheaux, racisme d’aujourd’hui si profondément ancré dans le racisme d’hier, arrogance des grandes familles … Tout y est, et y est bien.

 

Parce que Tavernier a su préserver la lenteur et la complexité du roman. Parce qu’il a su également rendre la touche de fantastique, et la rendre légèrement, laissant au lecteur (ou au spectateur), le choix de croire, ou non, à ce fantastique. Une touche qui fait la spécificité de ce roman dans la série.

 

Parce que j’aime James Lee Burke et que je l’ai retrouvé, et parce qu’il y a longtemps que j’avais lu ce roman là, assez longtemps pour en avoir oublié les péripéties. Ce qui m’a permis d’être à la fois en terrain connu, et pris par l’histoire.

 

Et sans doute pour plein d’autres raisons que je ne saurais exprimer …

 

Autour du film, il y a presque un mois Mauvais genres, sur France Culture a consacré deux émissions à James Lee Burke. J’ai déjà écouté la première. Passionnante.

 

Je feuillette, lis, parcours … depuis le début de l’année le magnifique bouquin de Bertrand Tavernier, Amis américains. Un vrai régal, textes comme illustrations. Si vous ne savez pas quoi vous faire offrir pour votre anniversaire, la fête des mères, des pères …

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12 mai 2009 2 12 /05 /mai /2009 22:54

Toulousains, je vous rappelle que j’aurai le plaisir d’animer mercredi 13 mai à 18h00 une rencontre avec trois auteurs : Jan Thirion, Dominique Delpiroux et Benoît Séverac à la librairie de la Renaissance.

Renseignements là.

 

A demain ?

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10 mai 2009 7 10 /05 /mai /2009 23:13

En 2004, L’homme aux lèvres de saphir avait propulsé Hervé Le Corre sur le devant de la scène polar française (s’il existe une scène polar française). Ce magnifique roman avait révélé un auteur … dont on n’avait plus de nouvelles depuis. Il revient en pleine forme avec Les cœurs déchiquetés.

 

Pierre Vilar est flic à Bordeaux. Depuis que son fils Pablo a été enlevé à la sortie de l’école, il ne vit plus, il survit. Depuis des années il cherche même s’il sait, mieux que quiconque, que c’est sans espoir.

 

Quelque part, dans la ville Victor découvre le corps sans vie de sa mère. Elle a été battue à mort. Pour cet adolescent qui vivait seul avec elle, c’est le monde qui s’écroule. Pierre Vilar est en charge de l’enquête. Une enquête étrange. Rapidement le meurtrier qu’il poursuit devient chasseur, s’en prend à lui, anticipe ses mouvements, et commence à jouer avec son espoir de retrouver Pablo. Le même homme paraît également en vouloir à Victor, placé dans une famille d’accueil dans le Médoc.

 

Hervé le Corre revient très fort avec ce nouveau roman et prouve à tous que L’homme aux lèvres de saphir n’était pas un coup d’éclat isolé mais qu’il avait bel et bien passé un cap. Il situe ce nouveau roman de nos jours dans la région de Bordeaux qu’il connaît parfaitement, changeant ainsi  de thématique, de décor et d’époque. Ce qui ne change pas, c’est la qualité de sa construction et de son écriture.

 

Le lecteur englué dans le récit ressent de façon intime l’absence atroce (que ce soit celle du fils ou celle de la mère), le manque, la solitude, mais également les quelques rares moments où la vie, malgré tout, reprend le dessus. Autant de sentiments exacerbés par la chaleur moite d’un été caniculaire qui accentue la sensation d’étouffement.

 

Avec les deux personnages on marche à la lisière de la folie, on passe de l’abattement à la rage. Au gré des chapitres, le lecteur va de Victor à Pierre Vilar, d’une solitude à l’autre, d’une révolte à l’autre … L’intrigue se construit, peu à peu, lentement, accélérant de façon insensible jusqu’à l’emballement final.

Très noir, le roman plonge au cœur des êtres, de façon intime et bouleversante. Mais cette plongée n’est jamais une façon de se couper du reste du monde. Le regard qu’ils portent sur ceux qui les entourent fait ressortir l’injustice sociale, la misère économique et culturelle, et la violence faite aux plus faibles, femmes seules et enfants. Sans jamais faire de discours moralisateurs, juste par la force de l’écriture.

 

En bref, vous l’aurez compris, une nouvelle réussite totale qui vient confirmer qu’Hervé Le Corre est aujourd’hui un des grands du roman noir en France.

Hervé Le Corre / Les cœurs déchiquetés Rivages/Thriller (2009)
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