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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 23:35

Entre autres choses, l’AG de l’association 813 permet rencontrer du monde, et d’échanger potins zé informations.

Parmi ces informations éditoriales d’importance, celle-ci que je vous livre : Rivages travaille en ce moment même à la traduction du dernier monument du lui-même monumental Paco Ignacio Taibo II : PANCHO VILLA, Una biografía narrativa.

Tout lecteur de Taibo connaît, d’une part l’importance de Pancho Villa dans son œuvre et dans son imaginaire, d’autre part son incontournable biographie du Che. Et ne peut donc être qu’impatient.

Or il se trouve que j’ai, depuis presque deux ans maintenant, la version originale du monstre, près de 900 pages d’histoire et d’histoires, de photos et de notes, que je n’avais jamais eu le courage d’ouvrir. Et bien c’est fait, j’ai démarré, et je vais essayer d’aller au bout.

Pour les hispanophones je vais même faire mieux, je vais, au fur et à mesure, vous en dévoiler quelques extraits, histoire de vous mettre l’eau à la bouche, et de vous préparer à vous ruer dans votre librairie préférée le jour de la sortie de la traduction française.

« Esta es la historia de un hombre del que se dice que sus metodos de lucha fueron estudiados por Rommel (falso), Mao Tse Tung (falso) y el subcomandante Marcos (cierto) […]

Un hombre que cuenta con tres « autobiografías », pero ninguna de ellas fue escrita por su mano.

Un hombre que apenas sabía leer y escribir, pero cuando fue gobernador del estado de Chihuahua fundó en un mes mas de 50 escuelas. »

Voilà, un écrivain monumental s’attaque à une légende, à un des mythes du XX°, et dès le chapitre zéro fait naître chez le lecteur le moins au fait de l’histoire mexicaine des images qui appartiennent à l’imaginaire collectif : Pancho Villa et ses sombreros, ses trains blindés, l’état de Chihuahua, les charges à cheval …

A la fin de son introduction, Taibo avertit ainsi son lecteur qui chercherait un vision simple et rassurante de Pancho Villa (génie révolutionnaire pour les fans, monstre sanguinaire pour les détracteurs) : « Acercarse a Villa en busca a Robin Hood y encontrarse a John Silver suele ser peligroso. Mucho mejor narralo. […] Partamos del supuesto de que Pancho Villa no se merece une versión edulcorada de sí mismo, ni se la merece el que la escribe después de harberle dedicado cuatro aňos de su vida, y no se la merecen desde luego los lectores. »

A bientôt pour la suite.

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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 21:12

1594. Le pouvoir d’Henry IV est encore bien fragile, menacé de l’intérieur et de l’extérieur. A Rouen, le comte de Bleuse est sauvagement assassiné, et crucifié dans une église dont tous les bénitiers ont été remplis de sang. Il n’en faut pas plus pour raviver le spectre de la guerre entre protestants et catholiques. Mais il y a encore pire pour le roi. Une lettre, écrite des années auparavant, lui a été volée ; lettre où il se déclarait prêt à quitter le giron de l’église catholique. Tout son travail récent serait anéanti si cette lettre arrivait dans les mains du roi d’Espagne, et si le sang coulait à nouveau à Rouen. C’est Gilles Bayonne, soldat du roi et enquêteur, qui est envoyé sur place pour élucider cette sombre affaire, et désamorcer la catastrophe.

Commençons par une généralité : Je n’aime pas les polars historiques. Vient ensuite une autre généralité : Toute règle a ses exceptions. Un chien du Diable de Fabienne Ferrère est une de ces exceptions. Ce que je reproche habituellement aux polars historiques c’est de se cacher derrière l’exotisme d’une époque et/ou d’un lieu, et de considérer que c’est suffisant. Plus besoin d’avoir de vrais personnages, plus besoin de construire une intrigue, plus besoin de peaufiner la langue, on plante un décor, et c’est bon.

Or le roman de Fabienne Ferrère n’a aucun de ces défauts. Tout d’abord ce personnage principal, très hard-boiled si on y regarde d’un peu près : teigneux, mauvais coucheur, pas très respectueux de l’ordre et des puissants. Les coupeurs de cheveux en quatre pourraient éventuellement lui reprocher d’être trop moderne et d’avoir des préoccupations d’un autre temps. Laissons-les couper les cheveux. Gilles Bayonne n’est pas le seul beau personnage de ce roman, tous les personnages secondaires, nobles, curé, taverniers, soldats, voleurs … sont travaillés, fouillés et fournissent une galerie de portraits hauts en couleur.

L’intrigue tient bien la route, même si un lecteur un peu aguerri de polars devine assez vite qui est le coupable. Mais est-ce vraiment le plus important ? Non. Reste à découvrir comment, et surtout, pourquoi, et à suivre le cheminement du héros vers la découverte de la vérité.

La description de cette époque sale, boueuse, dure, très dure pour les plus pauvres (c'est-à-dire la grande majorité) est totalement convaincante. Le choix de situer l’histoire à un moment où il tombe des cordes, avec des personnages en permanences crades et pataugeant dans la gadoue est particulièrement judicieux. Et pour garder le meilleur pour la fin, l’auteur fait un très bel usage de la langue, avec des dialogues « d’époque », qui sonnent vrais, ne paraissent jamais artificiels, et claquent à l’oreille. Bref, une belle réussite.

Une petite demande, si je puis me permettre. Il ne semble pas impossible de revoir Gilles Bayonne dans un avenir prochain. Alors tant qu’à avoir un spadassin sous la main, on pourrait avoir un peu plus de castagne ? Quelques bons échanges de coups d’épées ? S’il vous plait madame l’auteur ?

Fabienne Ferrère / Un chien du Diable 10x18/ Grands détectives (2008).

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27 octobre 2008 1 27 /10 /octobre /2008 11:32

De gros nuages noirs sur les réserves navajos. La série noire continue. C’est au tour de Tony Hillerman de s’éteindre à l’âge de 83 ans. J’y reviendrai sans doute. Plus d’infos, en anglais là, et sans doute très bientôt un peu partout.


D'avantage de liens anglophones pour les premiers hommages sur l'incontournable blog de Sarah Weinman.

Merci à Olivier pour l’info.
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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 17:25
Aind ze ouinneur izzz ....................

Zulu de Caryl Férey

Nous ne sommes rien, soyons tout ! de Valerio Evangelisti.

Suis-je content ? Je suis content !

Pour voir quelques photos, c'est sur le blog de Claude le Nocher.
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23 octobre 2008 4 23 /10 /octobre /2008 23:10
Une petite pause pour aller à la capitale pour l'assemblée Génarale de 813.

Dès dimanche soir ici même, les résultats du prix 813, et quelques notes de lecture.
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23 octobre 2008 4 23 /10 /octobre /2008 21:17

Si on ne devait reconnaître qu’une qualité aux éditions Moisson Rouge, ce serait sans contexte de ne pas reculer devant la difficulté ! Pas de doute, il sont des guts (pour ne pas dire autre chose) et ne manquent pas de culot. Après le sulfureux Prière pour Dawn de Nathan Singer, auquel on peut trouver des défauts, mais qu’on ne peut certainement pas accuser de caresser le lecteur dans le sens du poil, ils persistent, dans un style totalement différent, avec Suburbio su brésilien Fernando Bonassi. Singer c’est l’éruption volcanique, l’explosion désordonnée, Bonassi c’est la litanie, la mélopée, l’engourdissement avant le coup de trique qui vous met KO debout, au moment où vous ne vous y attendez plus.

Visite guidée : Une banlieue grise de Sao Paolo. Un couple. Le Vieux, la Vieille. Ils ne se parlent plus, ne se touchent plus, se haïssent sans passion. Le Vieux picole au bar du coin, sans parler à personne. La Vieille s’occupe de leur petite maison, regarde la télé, sans parler à personne. Jusqu’au jour où surgit la Petite. Avec elle, le Vieux revit, arrête de boire, raconte des histoires, réapprend à sourire. Mais le bonheur, même une tout petit bonheur, est-il possible pour le Vieux ?

Il est très difficile de parler de ce bouquin sans en révéler la trame. Dans toute la première partie Fernando Bonassi réussit l’exploit d’écrire l’ennui, le vide total, le gris sans le moindre relief. Il l’écrit, l’installe, page après page … Alors forcément, par moment, on s’emmerde un peu, on admire, mais on se demande où ça va. Mais aussi, comment raconter une vie aussi vide de sens ? Une vie qui avait pour seul squelette un boulot usant et répétitif ? Qui n’a plus rien quand le boulot s’arrête ? Comment raconter des vies à ce point déshumanisées que les personnages en perdent même l’usage de la parole ? Il l’écrit très bien, mais il n’est pas étonnant que ce soit lancinant, hypnotique, gris sale …

Puis il y a l’arrivée de la Petite, l’éveil du Vieux, et cette fin, dont je ne dirai bien entendu rien, mais qui change tout. Pour ceux qui veulent lire ce bouquin sans aucune idée préconçue, je vous conseille d’arrêter là la lecture de ce billet. Et de me faire une confiance aveugle, cela ne s’arrête pas là. Sachez seulement que pendant que je lisais le roman, je pensais au billet que j’allais écrire, je pesais les bons côtés du bouquin, je les mettais en balance avec son côté monotone … A la dernière ligne, tout avait changé.

 

……………………

 

Ca y est, ne restent ici que ceux qui acceptent d’en savoir un peu plus ?

 

…………………………………..

 

Alors je continue. Un seul conseil donc, si vous le commencez et que vous hésitez, accrochez-vous, allez au bout, vous ne le regretterez pas. Quoique ... Les dernières pages vous retourneront comme une crêpe, pour vous laisser complètement sonnés. Parce que sans changer de ton, ni de rythme, en traître, Bonassi bascule du gris dans le noir le plus sombre, le plus choquant. Choquant, terrible, mais également logique, et c’est là toute la force du roman. Sans aucune explication psychologique, philosophique ou sociologique, il montre comment si l’on retire à un homme tout ce qui fait notre humanité (l’intérêt pour autre chose que la survie, la communication avec les autres, le partage d’un ensemble de valeurs et d’une forme de culture), on le pousse vers la folie, on en fait un animal, sans conscience et sans morale, uniquement préoccupé par ses besoins instinctifs.

Alors certes, ce n’est ni agréable, ni aimable, c’est même très dérangeant. Pour ma part, c’est même beaucoup plus dérangeant que le Nathan Singer qui n’échappe pas à une certaine surenchère. Or l’horreur dans l’économie et la retenue, c’est encore pire.

Vous voilà un lecteur (potentiel) averti !

Fernando Bonassi / Suburbio (Suburbio, 2005), moisson rouge (2008), traduit du portugais (Brésil) par Danielle Schramm.

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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 20:53

Un peu de douceur (et d’intelligence) dans ce monde de brutes. Et une autre série qui marche très fort chez les minots (du moins, chez les miens). Il s’agit des P’tites poules de Christian Jolibois (histoire) et Christian Heinrich (illustrations).

Cela se passe dans un temps pas vraiment déterminé (mais plus ou moins situé entre la fin du moyen âge et la fin du XVIII ° ?) autour d’un poulailler en forme d’œuf où habitent une bande de p’tites poules, leurs frères et copains, les p’tits coqs, un rien bagarreurs, et deux potes, à savoir un bélier et un cormoran (que fait le cormoran là ? Mystère, mais c’est pas grave).

Toute cette volaille bataille ferme, et vit des aventures qui les amèneront à rencontrer, dans le désordre, et sans prétention à l’exhaustivité : Christophe Colomb, Jean de la Fontaine, le Minotaure, le Chat Botté, un descendant d’Esope, Lancelot … Cela parle de l’importance des histoires, de l’amitié, de la superstition, de la bêtise, de la famille … Sans jamais se prendre au sérieux, mais en faisant toujours le boulot très sérieusement !

C’est très drôle, autant au niveau des histoires, des inventions des noms, que des dessins. Les enfants adorent, et les parents prennent un grand plaisir à les lire (je dois même avouer avoir lu, pour moi tout seul, le dernier épisode acheté, avant de le lire à mes affreux, juste pour le plaisir). Les références historiques et mythiques entraînent inévitablement des questions, qui permettent de rebondir sur d’autres textes et d’autres histoires. Donc ça rend curieux. Et ça fait réfléchir. Et rire.

Autre avantage, tout en étant suffisamment développé et complexe pour plaire aux parents, c’est suffisamment court pour qu’un gamin de 7-8 ans, qui commence à maîtriser la lecture, puisse le lire tout seul (ou le lire à un petit frère ou petite sœur de 4-5 ans).

Vive les Poulettes ! Promis, demain, retour au noir.

Christian Jolibois (auteur) et Christian Heinrich (illustrateur) chez Pocket Jeunesse. Un poulailler dans les étoiles, La petite poule qui voulait voir la mer, Sauve qui poule, Charivari chez les p’tites poules, Jean qui dort et Jean qui lit, Les p’tites poules, la bête et le chevalier, Nom d’une poule, on a volé le soleil !, Le jour où mon frère viendra.

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22 octobre 2008 3 22 /10 /octobre /2008 14:18

De nouveau de mauvaises nouvelles en provenance d’Italie, après l’éclaircie musicale …

Le camorriste, comme le cafard, aime l’obscurité, et déteste la lumière. Il n’aime rien tant que d’être laissé tranquille à faire ses petites affaires, absolument inoffensives dans le cas du cafard, mais déteste qu’un quidam lui braque un gros projecteur dans la trogne.

Roberto Saviano, avec Gomorra, le livre, puis à cause de Gomorra le film, a braqué un énorme projecteur sur la vilaine figure de la camorra. Or, et là est toute la différence, si le cafard est, au pire, dégoûtant, le camorriste, lui, est mortel. Et Roberto Saviano en danger de mort.

Un état de fait qui ne semblait pas émouvoir plus que de raison l’état italien du grand défenseur de la liberté d’expression qu’est Silvio Berlusconi, mais qui a par contre ému six prix Nobel, de littérature (Orhan Pamuk, Günter Grass et Dario Fo), de la paix (Michael Gorbatchev et Desmond Tutu), et de médecine (Rita Levi Montalcini), qui ont lancé, dans la Repubblica, un appel à l’état italien pour qu’il assure la sécurité de Saviano.

Cet appel est relayé sur le site littéraire du Nouvel Obs. Et maintenant ici même …

Et tout va très vite, il semblerait qu’au moment où j’écris ces lignes l’appel ait été signé par plus de 150 000 personnes, dont un autre Nobel en la personne de José Saramago, ainsi que par une pléiade d’auteurs connus de Paul Auster à Colum McCann en passant par Tahar Ben Jelloun et bien d’autres.

Ce qui, n’en doutons pas, constitue un autre coup de projecteur bien désagréable pour les cafards ….

Dernier point, pour signer, c’est là.

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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 21:58

Toute l’Irlande change à toute vitesse, l’argent afflue, les repères se perdent, une nouvelle pauvreté s’installe … Mais tout le monde est choqué par l’assassinat d’un prêtre, retrouvé décapité à Galway. Etrangement, c’est Jack Taylor, qui vient juste de sortir de trois mois dans un asile où il végétait à la suite de la mort de la petite Serena dont il avait la garde, qu’un curé vient chercher pour faire la lumière sur cette affaire. Jack, plus paumé que jamais, se retrouve pris entre une église qui tente désespérément de se dépêtrer de nombreux cas de pédophilie, et des victimes qui se sont, parfois, transformées en bourreaux. Pas de quoi améliorer son moral.

Même si Jack est capable de manier l’humour le plus noir dans les circonstances les plus dramatiques, ne comptez pas sur ce nouveau roman de la série pour vous remonter le moral. C’est à chaque fois la même chose. On croit que Ken Bruen et son personnage ont touché le fond, mais, non, il arrive toujours à l’enfoncer un peu plus. C’est encore le cas dans La main droite du diable. Jack Taylor y est animé, tout le long du roman, d’une rage incontrôlable associée à une dépression sans fond.

Son état d’esprit est en phase avec une nouvelle Irlande totalement perdue, qui garde ses superstitions mais perd tout respect pour une église trop souvent impliquée dans des affaires de pédophilie, qui ne croit plus dans ses religieux mais ne peut sauter le pas de la laïcité. Une Irlande qui perd son identité, sa culture, les valeurs qui la construisaient (pour le meilleur et pour le pire), diluées dans le consumérisme le plus débridé et l’imitation aveugle du modèle américain. Au milieu de tout ça, Jack Taylor, l’homme des livres et des vieux pubs, se sent chaque jour d’avantage un homme du passé perdu dans un monde où il n’a plus sa place. Un homme qui connaît, et aime, bien plus de morts que de vivants.

Et malgré tout, on sent un tel amour pour ses personnages chez Ken Bruen, qu’on en redemande. Il a beau nous faire sombrer un peu plus à chaque roman, il nous tarde déjà de retrouver Jack, avec peut-être le secret espoir qu’un jour, un vrai rayon de soleil brillera aussi pour lui. A moins que le lecteur de polar ne soit masochiste …

Et puis, avant le nouveau Jack Taylor, on aura peut-être droit à un petit R&B pour se détendre ?

Ken Bruen / La main droite du diable (Priest, 2006), série noire (2008), traduit de l’anglais (Irlande) par Pierre Bondil.
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19 octobre 2008 7 19 /10 /octobre /2008 22:04

Dernièrement ce n’étaient pas des nouvelles joyeuses qui nous arrivaient d’Italie. Gomorra et l’enfer de la camorra, la réélection de Berlusconi, corruption, trafic de déchets toxiques … Mais hier soir, ce sont deux heures de bonheur qui se sont invitées du côté de Toulouse, grâce par deux italiens et leurs complices : Stefano di Battista (saxophones), Fabrizio Bosso (trompette), Baptiste Trotignon (orgue hammond) et Greg Hutchinson (batterie) étaient en concert à Odyssud ce samedi soir.

J’ai quelques disques avec di Battista, je savais donc un peu à quoi m’attendre de sa part. Je ne connaissais par contre pas du tout son trompettiste. Dire qu’il m’a espanté est un doux euphémisme ! Cela faisait très longtemps que je n’avais pas entendu un trompettiste qui fasse autant grogner, râler, feuler … son instrument. A ce niveau, ce n’est plus un instrument en cuivre, c’est juste un accessoire pour amplifier la voix humaine tant elle « dit » ce que Bosso veut. Ce qui ne l’empêche pas d’afficher également une virtuosité et une dextérité qui ne rend pas une double croche à di Battista. De la haute voltige, tempo d’enfer, et alternance impeccable de longues notes gueulées et travaillées et d’envolées affolante de technique.

Il suffit de dire de Stefano di Battista n’était jamais en reste, et répondait point par point à ce phénomène pour donner une idée du concert. Les deux se sont révélés particulièrement impressionnants dans les conclusions de certains morceaux, moments de pure magie, où on ne savait plus lequel des deux exposait le thème et lequel brodait autour tant les deux voix se tournaient autour, s’emmêler, se répondaient, sans jamais nuire à la clarté de la mélodie ou du rythme. A croire que l’on était en présence d’une seule créature, dotée de deux corps, deux instruments, mais d’une seule conscience, d’une seule idée, parfaitement claire, de la musique à jouer. Quasi miraculeux !

Inutile de dire que cela n’était possible que parce que derrière, les deux autres tenaient la baraque. Baptiste Trotignon impérial, dans le rôle difficile de l’organiste qui doit jouer deux rôles : celui du bassiste, qui assure les fondations avec son compère batteur, et du pianiste (ou guitariste) qui définit l’harmonie. Certes, sur les chorus, il pouvait paraître un peu plus effacé que les deux phénomènes, mais il leur a fourni, tout au long du concert, un vrai fauteuil pour briller. Et Greg Hutchinson aux dires de di Battista, il découvrait ce jour là les morceaux et le groupe. Et il s’agissait quasiment uniquement de compositions originales. Un gros matou, ronronnant, aux coups de pates fulgurants, qui finissait tous les morceaux avec un sourire radieux qui disait, si besoin était, le pied qu’il prenait ce soir là.

Et nous donc ! Si par hasard ces quatre là passent vers chez vous, et s’il reste des places, allez vous payer deux heures de bonheur made in Italy.

 

Stefano di Battista (saxophone)

Baptiste Trotignon (orgue Hammond B3)

Fabrizio Bosso (trompette)

Greg Hutchinson (batterie)

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  • : Le blog de Jean-Marc Laherrère
  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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