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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 20:36

Une nouvelle que j’apprends avec un peu de retard, honte à moi.

Le génial Alan Moore est l’invité de Mauvais Genres sur France Culture. Pour écouter ou podcaster la première partie, c’est là.

La deuxième partie ce sera demain samedi, toujours sur France Culture, et toujours dans Mauvais genres (de 14 à 15).

 

Autre chose. Si vous voulez voir à quoi ressemblent vos auteurs préférés, et par la même occasion voir de magnifiques photos, allez là, où Xavier Hacquard expose une série de portraits réalisés lors des Quais du Polar.

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4 juin 2008 3 04 /06 /juin /2008 21:29

Pas besoin de traduire le titre ? Même pour les non hispanophones ? Si ? Le problème c’est qu’en français ce dicton espagnol ne « fonctionne » pas. Il donne quand même quelque chose comme : petit village, grand enfer.

Loma Grande est un trou paumé quelque part au fin fond de la campagne mexicaine. Un trou où tout le monde se connaît et sur lequel le temps en semble pas avoir de prise. Un matin on trouve en limite d’un champ, le corps d’Adela, nue, poignardée dans le dos. Adela vient d’arriver au village avec ses parents. Ramón qui tient l’épicerie/bar ne l’a vue qu’une dizaine de fois, et n’a pas échangé plus de vingt mots avec elle. Pourtant, son hébétude devant le cadavre fait naître la rumeur, qui devient rapidement information et certitude : Adela était sa fiancée. Et son corollaire, il doit la venger. Parce qu’on ne discute avec ces choses là à Loma Grande. La rumeur, toujours elle, trouve rapidement un coupable facile : le Gitan, qui vient une fois par mois vendre sa marchandise à Loma Grande. Ca y est, tout est réglé, certains ont beau savoir que tout cela est faux, Ramón devra tuer le Gitan.

Variations sur le thème de la chronique d’une mort annoncée. Guillermo Arriaga connu pour ses scénarii alambiqués (Amours chiennes, Babel et 21 grammes d’Alejandro González Inárritu entre autres) livre ici un récit limpide, d’une grande simplicité de construction. Un récit à l’humour léger et très noir, un récit également implacable et qui ne cède à aucune facilité.

« Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on / Est plus de quatre on est une bande de cons. » Disait Brassens. Arriaga ne lui donne pas tord. Quelques dialogues, la pression sociale de tout un village et le piège se referme inexorablement sur le pauvre Ramón. Quelques dialogues de plus, quelques murmures anonymes, et le coupable est trouvé. Il ne reste plus à la « bande de cons », réunis pour s’imbiber dans le bar de Ramón, qu’à se faire mousser, à faire monter la mayonnaise à base de « fierté virile » et de vantardises à la testostérone pour que la cause soit entendue.

C’est écrit de façon intelligente, subtilement ironique, et dresse le portrait implacable d’un village accablé par la corruption de la police, la lâcheté des rares qui restent lucides, et le poids implacable de traditions imbéciles.

Pueblo chico, infierno grande.

Guillermo Arriaga / Un doux parfum de mort  (Un dulce olor de muerte, 1994), points/Roman noir (2008). Traduction de l’espagnol (Mexique) par François Gaudry.

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2 juin 2008 1 02 /06 /juin /2008 20:01

Voilà un petit billet qui ne va rien vous apporter. Pourquoi ? Parce qu’il est consacré à mon personnage préféré, celui qui me met systématiquement en joie, j’ai nommé l’incontournable John Dortmunder. Je perds  absolument tout mon esprit critique quand il s’agit de lui. Le seul fait de lire son nom suffit à agacer mes zygomatiques, dès qu’il ouvre la bouche ou qu’il bouge, je souris, et à la première tuile qui lui tombe dessus, j’éclate de rire.

Pour la première fois, Donald Westlake, son génial créateur, a rassemblé les différentes nouvelles qui l’avaient pour protagoniste. On trouve donc dans Voleurs à la douzaine, John Dortmunder à la campagne, John Dortmunder et le divorce, John Dortmunder et le poker, John Dortmunder à une réception de Noël, John Dortmunder et l’équitation, John Dortmunder et le sport, John Dortmunder et William Shakespeare … On a même le John Dortmunder d’un monde parallèle.

Tout cela, bien entendu, revu et corrigé par le filtre un tout petit peu déformant de l’humour sans pareil de Westlake et du réalisme et du pessimisme de John.

Même l’introduction, sobrement intitulée « Dortmunder et moi, sans en faire un roman » est drôle et géniale ! Elle suffirait presque à elle seule à justifier l’acquisition du recueil. Elle éclaire, là encore au travers du prisme de l’humour de l’auteur, son travail de création autour de son personnage.

Le format court ne laisse pas Westlake créer les enchaînements de catastrophes dont il a le secret, mais lui permet de mettre son personnage dans les situations les plus ahurissantes et les plus variées. Situations dont il se sort, bien entendu. Sans rien gagner, ou presque, comme d’habitude.

Seul problème, ce recueil me laisse face à une interrogation quasi métaphysique, qui a failli m’empêcher de dormir, une fois que j’ai eu fini de rire : Donald Westlake est-il TOUJOURS génial quand il donne vie à son personnage ? Ou est-ce devenu pour moi un réflexe pavlovien : Dortmunder = Rire ? Mystère. Je penche bien entendu pour la première hypothèse, mais la seule constatation un peu scientifique est que, une fois de plus, ça a marché.

Donald Westlake / Voleurs à la douzaine  (Thieves’ dozen, 2004), Rivages thriller (2008). Traduction de l’américain par Jean Esch.

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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 19:34

Nick Travers a été élevé par Loretta et Jojo, dans leur Blues bar de la Nouvelle-Orléans. Nick est blanc, ancien joueur de football et est devenu prof à la fac, spécialiste du Blues. Loretta et Jojo sont noirs, Loretta a été chanteuse de blues. Quand deux malfrats viennent la bousculer et lui poser des questions sur son frère Clyde, ancienne gloire de la soul, qu’elle croit mort depuis quinze ans, elle demande de l’aide à Nick. Celui-ci, habitué à enquêter pour retrouver de vieux bluesmen oubliés, va se renseigner et, s’il est toujours vivant, essayer de le retrouver. Dans le même temps, du côté de Memphis, Abby, jeune fille d’une vingtaine d’année, fuit les tueurs qui ont abattus ses parents.

Une petite précision, ce roman est paru en grand format au masque, et c’est rivages noir qui en assure la réédition en poche.

Les différentes critiques, pubs, quatrièmes de couvertures font appel à Faulkner, Chandler, Burke ou Willeford pour parler de ce roman d’Ace Atkins. Moi il me fait plutôt penser à Crumley. Pour ses personnages, pour l’amitié qui les lie, pour leur facilité à faire de gros, très gros dégâts autour d’eux … Mais également pour la galerie de méchants complètement allumés, que je verrais bien face à Milo et Sughrue, pour ses femmes fatales … Un Crumley qui aurait changé le Montana et le Texas pour le sud. Quoi qu’il en soit, vous remarquerez que les références sont plutôt élogieuses, à juste titre.

Des méchants délectables, une belle galerie de personnages secondaires, une intrigue plutôt classique émaillée de très belles scènes de castagne. C’est déjà bien. Et en prime un voyage historique, géographique et humain au pays du blues et de la soul généreux, érudit et mélancolique. Un voyage d’une grande sincérité qui ravira tous les amateurs de cette musique, enchantés de la voir défendue avec autant de talent et d’amour.

Ace Atkins / Blues bar  (Dark end of the street, 2002), Rivages noir (2008). Traduction de l’américain par Nathalie Mège

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29 mai 2008 4 29 /05 /mai /2008 22:47

Voilà un petit billet qui risque de ne pas me faire que des copains. Tant pis, allons-y.


Entendu ce matin, sur France Inter, dans l’émission service public, de braves gens, présentés comme des victimes, qui se plaignaient parce que le produit miracle au nom d’attrape gogos (type dooblo, ou richo, ou je ne sais quelle invention issue du cerveau créatif d’un de ces poètes des temps modernes, j’ai nommé les publicitaires) … Un de ces produits miracles donc, loin de lui avoir rapporté le doublement de capital promis en 6 ans, les avait laissés, Gros-Jean comme devant, avec juste leur capital, moins les frais of course.


Et madame d’ajouter, scandalisée : le conseiller financier qui nous a fait prendre ce produit, ben il s’occupe plus des intérêts de sa banque que des nôtres ! Et c’est mal !!


Alléluia ! Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Mais pauvre poire, qui est-ce qui le paye le conseiller financier ? Vous ou la banque ? Alors, quel est son but ? Vous faire gagner de l’argent à vous ? Ou à la banque ?


Je m’étonne parfois que les mails d’arnaques africaines qui fleurissent trouvent des pigeons. Mais finalement, quand on voit la quantité de gens prêts à croire que leur conseiller financier est là pour leur faire gagner de l’argent à eux, on ne s’étonne plus de rien.


Première moralité de l’affaire : Si vous voulez un conseiller financier qui se soucie en priorité de vos intérêts, va falloir que cela soit vous qui le payiez et qu’il travaille pour vous. C’est en général ce que font les gens très très riches. Ca parait une question de simple bon sens, et pourtant …


Ensuite, pourquoi en plus d’être hilare, je suis si méchant et me réjouis ainsi du malheur de ces « pauvres gens » ? Parce que ces pauvres gens, en plus d’être des pigeons (ce qui fait rire), sont des traîtres, ce qui est plus grave. Parce que ces pauvres gens, en rentrant dans le système et en mettant leur fric en bourse ont trahis leur classe, et ont cru pouvoir passer dans celle de l’ennemi (ennemi de classe seulement, certes, mais ennemi quand même), cet ennemi qui gagne très bien sa vie sans rien faire, uniquement grâce au travail des autres. Parce qu’ils ne se sont jamais demandé qui allait payer (par des licenciements, par des restrictions de droits sociaux, par un harcèlement moral accepté par peur de perdre son emploi, par des emplois sous-payés, par une vie de merde …) pour que leur capital double en 6 ans.


Et quand un traître cupide se retrouve pigeonné, je me réjouis, parce que je suis méchant.


Vous me direz, ils ne savaient pas, ils n’ont pas réfléchi … c’est bien ce que je leur reproche. Ils avaient gagné, honnêtement, par leur travail, de l’argent. Ils ont voulu le multiplier immoralement (je suis peut-être un vieux con, mais je trouve immoral de gagner de l’argent sans rien faire). Tout ça parce qu’ils ne pensent pas plus loin que leur petit compte en banque.


Deuxième moralité de l’affaire : Bien fait.


Troisième moralité : Oui la lutte des classes continue. Pas entre les fonctionnaires et les autres, pas entre ceux qui ont une retraite « de privilégiés » et les autres, pas entre des profs/agents RATP/SNCF feignasses et des parents/travailleurs otages,  … comme on essaie de nous le faire croire tous les jours. Non, beaucoup plus simplement entre ceux qui vivent de leur travail, et ceux qui vivent de celui des autres. Comme toujours.


Conséquence de la troisième moralité : il ne faut pas te tromper de camp, Camarade. Tu fais parti de ceux qui doivent se lever le matin pour gagner leur vie. Et même si on te fait miroiter la possibilité de passer dans l’autre camp (ce qui s’appelle une traîtrise), ce sera pour mieux du couillonner Camarade.


Pour finir, un avis très personnel : Autant les escrocs, qu’ils évoluent dans ou hors de la légalité, qui gagnent leur vie en exploitant la générosité et le désespoir me font vomir, autant ceux qui la gagnent en exploitant la cupidité et la bêtise ont toute mon indulgence amusée.

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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 22:08

Allant au cinéma dans les petits cinés de village tendance Art et essai plutôt que dans les supermarchés à pop-corn et coca cola, je vois souvent les films après tout le monde (quand je les vois). Tout ça pour dire que ce petit billet risque d’arriver un peu tard pour recommander d’aller voir La Zona, excellent film mexicain très noir de Rodrigo Plá.

 

La Zona, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas la zone, mais un lotissement fermé, très fermé, surveillé, très surveillé, et défendu, très défendu, dans lequel les riches se réfugient pour échapper à la violence, la crasse, la misère et la pauvreté, qu’entre parenthèse ils ont fortement contribué à générer, fermons la parenthèse, ce n’est pas le propos du film. Dehors c’est gris, entassé, bordélique, crade et pauvre … Dedans c’est carré, verdoyant, rangé, net et riche …

Jusqu’au soir où, lors d’un orage, un panneau publicitaire tombe sur le mur, créant une brèche et coupant l’alimentation électrique. Trois gamins qui traînaient en profitent pour rentrer et cambrioler la maison la plus proche. Malheureusement elle n’est pas vide. La propriétaire est tuée, et dans la panique qui suit, deux gamins sont abattus, un garde descendu par erreur par un résident, et le troisième larron arrive à se planquer dans le lotissement. Le conseil d’administration décide alors de cacher les événements pour que la police (et donc l’extérieur honnis) ne vienne pas mettre son nez dans le quartier. Pour qu’il n’y ait pas de fuite, ils décident également de traquer puis d’éliminer le survivant. Et gare à ceux qui ne seraient pas d’accord avec cette décision, prise à la majorité des voix … La suite est encore plus glaçante, sombre et désespérante que ce que l’on peut alors craindre.

 

Commençons par le minimum syndical : L’histoire est très habilement contée, le suspense parfaitement maîtrisé (même si l’on se doute bien que cela ne finira pas bien) et tous les acteurs jouent très bien. La zona est bien filmée, et les quelques rares images extérieures rendent parfaitement l’ahurissant contraste entre dedans et dehors. Ne serait-ce que pour cela, c’est déjà un excellent film noir.

J’ai pu lire ici ou là, des critiques présentant ce film comme d’une œuvre d’anticipation. Il se passe aujourd’hui. Il existe un peu partout en Amérique latine des quartier comme celui du film. Avec grilles dignes d’une base de l’armée américaine, caméras et gardes armés. Il commence à en exister en France, sans toutefois les gardes armés. Pour l’instant.

Au-delà de la réalité sociale qu’il décrit, le film est également extrêmement intéressant dans sa description de l’engrenage qui, partant de la peur de l’autre (un autre oppressé politiquement et économiquement et qui a donc des raisons objectives de ne pas être aimable) glisse vers une société policée, milicée, fermée. Comment cet engrenage créé des ghettos d’un nouveau genre, dorés certes, confortables certes, mais tout aussi emprisonnant  que ceux des pauvres. Et comment surtout, malgré, ou à cause de toutes ses mesures, la peur loin de disparaître ne fait qu’augmenter.

 

Un film à voir, et à méditer …

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27 mai 2008 2 27 /05 /mai /2008 11:42

C’est vrai qu’on ne rigole pas tous les jours ici. Ce n’est pas uniquement ma faute, le polar prête rarement (trop rarement) à rire. C’est pourquoi c’est avec un grand plaisir que je vous offre gracieusement cette petite perle pêchée sur le site de Libé. Elle m’a fait pouffer.

Pouf pouf : «Moi je suis de gauche, je n’arrive pas à m’en défaire», a déclaré le ministre des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

Sacré Bernard, on ne le savait pas si drôle.

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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 19:52

Oslo, au mois de novembre. La première neige tombe. Birte Becker disparaît de chez elle dans la nuit, ne laissant pour trace qu’une écharpe rose, offerte par son fils, autour du cou du bonhomme de neige que quelqu’un avait érigé dans le jardin dans le courant de l’après-midi. Quelques jours auparavant, Harry Hole, a reçu une lettre l’informant que le Bonhomme de Neige allait frapper de nouveau. Il s’aperçoit alors que depuis une vingtaine d’années beaucoup trop de femmes, mariées et mères de famille ont disparu, sans laisser de traces, le jour de la première neige …

Avertissement au lecteur : Ce roman est un thriller à l’efficacité redoutable qui risque d’entraîner chez le lecteur certains troubles du comportement : Indifférence à son entourage, surdité partielle, manque d’appétit, perte du sommeil. Ces troubles ne se dissiperont totalement que quelques temps après la lecture de la dernière ligne de la dernière page. La durée des troubles dépend essentiellement de la vitesse de lecture du sujet.

Pendant quelques jours après la fin de la lecture, le sujet peut développer une phobie de la neige, des bonhommes de neige, des carottes et des congélateurs. Il existe également un risque d’hypersensibilité aux bruits et de manies diverses et variées amenant, entre autres, le sujet à vérifier dix fois qu’il a bien refermé portes et fenêtres avant d’aller dormir. Si les symptômes persistent, consulter un médecin, et porter plainte contre la série noire.

En conséquence de quoi, il est fortement recommandé de lire Le bonhomme de neige en ce moment (mois de mai/juin), où la probabilité de chutes de neige est particulièrement faible. Attention quand même, Nesbo est également capable de faire très peur avec une trace de pieds mouillés ou le bruit du vent dans un mobile.

Il semblerait, si l’analyse de votre serviteur est pertinente, qu’à l’avenir Jo Nesbo et Harry Hole puissent être à l’origine d’une phobie particulièrement tenace des moisissures. Car sachez-le, chez Nesbo, les intrigues viennent de loin, se construisent petit à petit, de roman en roman, sans que l’on s’en rende compte. Alors gare, l’enfer futur est certainement déjà là, tapi entre les lignes, attendant son heure.

Jo Nesbo / Le bonhomme de neige  (Snømannen, 2007), Série noire (2008). Traduction du norvégien par Alex Fouillet

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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 18:39

Quelques liens, coups de gueule, et une info.

Commençons par le coup de gueule, nous nous détendrons ensuite … J’ai appris sur le site d’Emmanuel Pailler une nouvelle que j’ai tout d’abord prise pour un canular. Le ministère de la culture français a lancé un appel d’offre pour la traduction en temps réel, par logiciel, de son site. C’est tellement énorme que je n’y ai pas cru ! Et j’en demande pardon à Emmanuel, mais je suis allé vérifier sur le site du ministère. Et c’est là, appel d’offre à la date du 25 avril 2008.

On hésite entre rire et larmes, ébahissement et consternation. Certes, on s’attendait à en voir de toutes les couleurs avec ce gouvernement, mais là, je dois avouer qu’ils ont réussi à me surprendre. Quel est la motivation de cette connerie monumentale ? Faire des économies ? Sacrifier au culte imbécile de l’immédiat, du tout, tout de suite (oui, les traductions doivent être instantanées) ? Mystère. Si vous voulez pencher du côté rire, sur le site d’Emmanuel, vous pouvez télécharger l’excellente lettre que la société des traducteurs a envoyée à Mme la Ministre, avec un exemple de traduction logicielle.

 

Passons à de meilleures nouvelles. Après une période de mise en sommeil, le site europolar redémarre. Un site de plus sur le polar, pas de quoi se lever la nuit direz-vous. Celui-ci a quand même une petite particularité, celle de proposer des articles écrits par un « comité de rédaction » (en fait une bande de copains), répartis entre l’Allemagne, l’Italie, l’Angleterre, l’Espagne et, of course, la France. Et d’essayer de proposer, le plus rapidement possible, des traductions des articles dans les 5 langues (mais avec des vrais gens qui traduisent). D’ailleurs, si vous maîtrisez bien une langue, et que vous vous sentez de participer, bénévolement, à l’aventure, vous pouvez me faire signe, nous manquons de traducteurs.

 

Musique maintenant. La radio nationale américaine (NPR), permet, sur son site, de télécharger le plus simplement possible une série de portraits d’artistes de jazz superbement réalisés. Chacun dure de 40 à 50 minutes et alterne interviews d’artistes et de spécialistes avec de larges extraits musicaux. J’en ai écouté trois (Art Tatum, Billie Holliday et Ella Fitzgerald), ils étaient tous les trois passionnants. Seul petit inconvénient, bien entendu, il faut causer le patois de là-bas.

 

Photo. Dans son commentaire à mon petit billet sur les plaies cachées de l’Amérique, Antoine Chainas signale le lien vers le site du photographe. Je suis allé y faire un tour, il vaut vraiment qu’on s’y arrête.

 

Pour finir une info, de taille. Ca y est, le nouveau Dennis Lehane est annoncé aux US pour septembre, sur le site de l’auteur. Le titre anglais : The given day. J’ai cru comprendre que François Guérif, directeur de collection chez Rivages et éditeur de Lehane en France l’a déjà eu en main. On peu donc s’attendre à une traduction dans les mois à venir.

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22 mai 2008 4 22 /05 /mai /2008 21:39

Niki Java est rédacteur en chef dans un quotidien toulousain. Son amour immodéré pour les perroquets (ceux à base d’anis, pas ceux à plumes) est en train de lui valoir quelques déboires professionnels. Pour faire bref, il est sur un siège éjectable. Zamponi est flic. Après un passage par Montpellier, il est de retour dans la ville rose, celle de sa jeunesse, de ses amours mortes, de ses amitiés périlleuses. Ses anciens amis sont eux aussi à Toulouse, en régime de semi-liberté à la prison Saint-Michel. Tous courent après un gros coup : Un ancien truand et écrivain de polars mort récemment aurait laissé, dans un manuscrit inachevé, des indications pour retrouver un magot …

Soyons clairs : ce n’est pas avec ce polar que Serguei Dounovetz va révolutionner le genre, ou laisser un empreinte durable dans le ciment des lettres françaises. Autre chose : Ceux pour qui un polar est forcément fabriqué comme une montre suisse ne vont pas aimer. Car ici c’est parfois un peu le foutoir, ça part dans tous les sens et il y a quelques trous dans l’intrigue.

Mais. Mais deux choses sont évidentes à la lecture de Born Toulouse forever : Un : il a dû bien se marrer à l’écrire. Deux : le lecteur prend autant de plaisir à le lire que lui a dû en prendre à l’écrire. Il y a là-dedans une telle énergie, un tel amour pour les personnages qu’on est emballé. Et même s’il en fait peut-être parfois beaucoup, on ne peut pas être amateur de polar et ne pas apprécier les nombreux hommages et clins d’œil que l’auteur fait à ses prédécesseurs et collègues. Hommages qui peuvent être directs, ou prendre la forme de scènes et de personnages clichés, mais repris à son compte par Serguei Dounovetz avec tellement de tendresse et de gourmandise rigolarde que cela devient un atout au lieu d’être un boulet.

Comme pour finir le style est aussi généreux, drôle et énergique que l’histoire et les personnages, on passe un moment de lecture absolument … délicieux, rafraîchissement, réjouissant. Que l’auteur en soit remercié.

Serguei Dounovetz / Born Toulouse forever  Mare nostrum/polar (2008).

PS. Juste un détail, si Serguei lit ce papier. "Toulouse, rue de Rome, rue piétonne ..." ainsi commence le roman. C'est la rue Saint Rome, pas la rue du Rome qui continue la rue des Filatiers. Mais c'est un détail.
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  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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