Et voilà, c’est fini jusqu’à l’année prochaine. Ne comptez pas sur moi pour un compte rendu complet du week-end, ce serait une tâche absolument insurmontable. Ce seront donc juste quelques impressions, jetées en vrac.
Un festival comme TPS ce sont surtout et avant tout des découvertes et des retrouvailles.
Retrouvailles avec l’équipe venue en soutien pour animer, Corinne, Jacques, Hervé et Yan. On a bien rigolé, on a dit du bien de certains, du mal d’autres (je ne citerai pas de noms, même sous la torture) on a parlé … bouquins, on a trinqué. Un vrai plaisir comme tous les ans.
Comme tous les ans, il y a eu de grands moments lors des tables rondes et des rencontres en bibliothèque.
Quelques touches : Carlos Salem a révélé la dédicace à Juan Carlos qu’il a écrite sur Je reste roi d’Espagne, ça donne à peu près : « A Juanito, mon meilleur personnage, pour l’instant … Affectueusement, Carlos », le même Carlos se ventant (à juste titre) d’être le seul en 74 ans à avoir réussi à faire travailler le roi …
Les étincelles du débat de vendredi : « Quand le polar décoiffe » où le pauvre Elvin Post a eu bien du mal à exister entre un Jean-Bernard Pouy et un Carlos Salem en pleine forme. Pouy qui avait eu à cœur de montrer que, oui, le polar le décoiffe, Salem, pas dégonflé en a enlevé son bandana pour montrer que lui aussi était décoiffé. Il a ensuite proposé que la prochaine édition se déroule en août, avec tout le monde nu, comme dans Nus de Pouy et son Nager sans se mouiller. L’option est sérieusement considérée par le CA, la difficulté étant de trouver ce qui pourra remplacer le teeshirt TPS des bénévoles … On a beaucoup rit, mais mine de rien il s’est dit beaucoup de choses très intelligentes, aussi.
Samedi, jolie performance d’un Aurélien Molas, intimidé de ses retrouver au côté de Caryl Férey auquel il a déclaré … non pas sa flamme, son admiration. Une des tables rondes les plus équilibrée avec Hervé Claude. Du sens, des sourires, Caryl qui n’a pas pu s’empêcher de balancer une ou deux vacheries … Du bonheur.
La suivante, entièrement latine, a vu l’argentin Ernesto Mallo faire un véritable show. Il a commencé par faire pleurer (littéralement) la salle en évoquant les disparus argentins (dur de traduire la gorge serrée), a même dû s’interrompre quelques secondes. Puis a tout fait exploser en défendant le rire et la dérision comme meilleure arme contre les dictateurs. Un numéro immense, hors norme … Dix minutes après la fin du débat il n’avait plus un bouquin à vendre. Pendant cette table ronde à noter une des plus belle « reprise de volée » qu’il m’ait été donné de voir : Ernesto avait conclu en disant que, même si on cherche à les faire disparaître, les morts reviennent toujours et hop, Yan enchaîne sur le commissaire Ricciardi qui voit les morts et d’une certaine façon vit avec eux, transition parfaite vers l’excellent Maurizio de Giovanni … Illustration parfaite de ce qu’on peut faire quand on est face à ses interlocuteurs, à l’écoute, et qui ne peut pas exister dans une interview par mail.
Dimanche matin, l’occasion de découvrir un R.J. Ellory très classe et décontracté, et de m’apercevoir que nous avons au moins un point en commun : Quand il est invité chez quelqu’un pour la première fois, il commence par regarder la bibliothèque. Il sait immédiatement s’il y aura ou non une seconde invitation …
Pas la foule pour écouter Tim Willocks, et pourtant … Long débat sur la violence présente dans ses livres, sur la violence du monde, sur la résonnance entre un livre comme La religion et ce qui se passe en Irak … Bref, un auteur aussi impressionnant et passionnant à écouter qu’à lire.
Table ronde équilibrée et animée aussi en fin d’après-midi entre Jérôme Leroy, Serge Quadruppani (qui se connaissent très bien et savent se chambrer) Olivier Bordaçarre très drôle dans le genre pince sans rire et un Karim Madani qui parle comme il écrit : à fond. Des styles très différents pour un même constat, quand les choses vont vraiment mal, rien ne remplace le roman noir pour rendre compte de la réalité. On a même vu Jérôme rougir en fin de rencontre quand une lectrice lui a dit toute l’admiration qu’elle avait pour son dernier roman.
Et puis, en dehors de tout ça, il y a ce qui fait tout le sel de ces festivals, les moments de rencontre hors débats : Une saucissonnade avec quelques auteurs le samedi soir, qui a permis de montrer aux espagnols et aux italiens ce qu’on sait faire par ici avec du canard. Une longue conversation avec Ramon Diaz Eterovic le samedi soir. Mes mômes, les yeux brillants, discutant avec le grand Tim et apprenant qu’il y aurait une suite à Dog lands. Le plaisir de tailler une bavette avec Oppel, Pouy, Quadruppani, Leroy, Mateo-Sagasta, Zucca … Et les copains venus pour l’occasion.
Et bien entendu les frustrations. De ne pas parler italien pour discuter avec De Giovanni, de ne pas avoir eu le temps de discuter avec tous les autres …
Bref, beaucoup de fatigue et beaucoup de bonheur. Et surtout, surtout, un immense merci à tous les bénévoles qui, pendant que je faisais le beau en table ronde ou que je discutais avec les amis se cassaient la tête à organiser, conduire, accompagner, conseiller, nourrir, abreuver … tout ce beau monde.
Pour un autre avis tout aussi subjectif, d’un collègue blogueur qui est passé (mais avec qui je n’ai pas eu le temps d’échanger).