Comment une vie « normale » peut basculer en quelques secondes ? C’est, entre autres, ce qu’explore Une affaire de trois jours, premier roman traduit de l’américain Michael Kardos.
Tous les ans depuis qu’ils ont quitté l’université, Will, ingénieur du son, Nolan politique en quête d’une élection nationale, Jeffrey, informaticien qui a fait fortune en créant une start-up et Evan, avocat newyorkais se retrouvent pour un week-end de golf. Cette fois, ils décident d’aller chez Will, dans le New Jersey. Jeffrey semble préoccupé, mais le repas du premier soir se passe bien quand il demande de s’arrêter à un drugstore. Il en sort en tenant une jeune femme par le bras. Will la croyant blessée et démarre au quart de tour en direction de l’hôpital. Le temps de s’apercevoir que son ami vient de braquer le drugstore et qu’il a pris la jeune fille en otage, il est déjà trop tard pour revenir en arrière. Les jours qui suivent vont leur changer la vie à tous.
Rien d’absolument original, ni les thématiques, ni dans le traitement, mais un bon polar, bien construit et bien écrit.
On a déjà lu et vu des variations autour du thème des amis d’université qui s’aperçoivent, peu à peu, que ce qu’ils prenaient pour une réelle amitié n’était qu’une camaraderie souvent scellée à la gnole qui résiste mal aux véritables ennuis … Ennuis qui révèlent peu à peu des jalousies, rancœurs et autres saloperies en général enfouies sous les blagues potaches et les bières.
On a aussi déjà lu et vu des histoires où un personnage tout ce qu’il y a d’ordinaire voit sa vie partir en vrille à partir d’un premier événement qui aurait pu paraître sans conséquences (mon premier souvenir du genre, qui est resté gravé dans ma mémoire étant After Hours de Martin Scorcese).
Déjà vu et lu, mais quand c’est bien fait, ça marche, et ici tout fonctionne parfaitement. Les flashbacks sont bien agencés, la succession de catastrophes très réussie. Et ce n’est pas le plus simple car il faut arriver à un niveau de calamité élevé par accumulation de mauvaises décisions, pour avoir un résultat incroyable, sans que jamais le lecteur ne doute de la possibilité d’en arriver là ni de la cohérence de l’ensemble.
En prime, l’auteur réserve quelques surprises assez bienvenues et fait très bien monter le suspense. Alors certes, ce n’est pas la lecture choc de l’année, mais c’est un roman très plaisant et fort bien fichu. Parfait pour les vacances.
Michael Kardos / Une affaire de trois jours (The three-day affair, 2012), Série Noire (2014), traduit de l’américain par Sébastien Guillot.