Avant de vous parler du second roman qui m’a laissé un peu perplexe, je vais démarrer cette saison 5 par un billet de mauvaise humeur.
Depuis plus d'une semaine je n’ai plus de connexion internet. Ce n’est pas là la cause profonde de ma rogne, juste un motif d’agacement.
La cause de ma rogne c’est que c’est la troisième fois en un an, qu’à chaque fois je passe une demi heure au téléphone avec un gus situé je ne sais où qui me fais éteindre, rallumer, vérifier le filtre etc … Avant d’enfin tester ma ligne et me dire que ô surprise elle est foireuse. Qu’à chaque fois ils m’envoient un technicien plus ou moins au courant qui une fois sur deux ne peut pas intervenir parce qu’il n’a pas de nacelle etc …
Entendons nous bien, je n’en veux ni au gars au bout du fil, ni au technicien, j’en veux aux tronches de culs qui ont décidé, dans une premier temps de privatiser France Télécom, et dans un second temps d’externaliser à peu près tout le monde sauf les commerciaux bien peignés qui veulent à tout prix me vendre la télé par internet alors que je ne regarde même pas les 5 chaînes !
J’explique.
Avant, dans un temps bien éloigné, il y avait une entreprise publique appelée France Télécom. Cette entreprise s’occupait de tout : des lignes, des accès, des abonnements … Ses employés étaient employés de l’état. Il y en avait bien quelques uns qui tiraient au flanc, mais dans l’ensemble ils faisaient bien, très bien même, leur boulot. Et ils en étaient fiers. Ils étaient fiers de faire partie de l’entreprise qui permettait à tous les français, de la mamie dans son village du fond de la vallée pyrénéenne au parisien du VII° de téléphoner.
Si mes souvenirs ne me trompent pas, les lignes tombaient très peu en panne, sauf en cas de gros orages ou de grosses tempêtes. Et alors tout le monde était sur le pont, sans compter les heures jusqu’à ce que le service soit rétabli.
Et tout le monde était content. L’usager avait un téléphone qui fonctionnait (il râlait certes que c’était trop cher, mais ne se plaignait pas du service), les employés considéraient qu’ils n’étaient pas assez payés (et c’était peut-être vrai), mais étaient fiers de leur boulot.
Et puis les charognards (pardon aux vautours et autres chacals, vous vous êtes utiles) ont clamé qu’il fallait PRIVATISER, que seuls le marché et la libre ( !!!! libre et mon c… il est libre ?) pouvait améliorer le service et faire baisser les prix pour le consommateur … Et les politiques qui ne sont pas cons mais qui ont des copains chez les charognards ont convaincu le bon peuple que ce qui était bon pour les prédateurs serait bon pour les moutons.
Il faut dire aussi que le peuple en question est parfois un peu égoïste et un peu con. Comme il est un peu égoïste il s’est dit « bien fait pour ces planqués de France Télécom ! » et comme il est un peu con il a cru que le gagnant dans l’affaire ce serait lui.
Résultat. Au bout de quelques années, les bénéfices qui allaient dans la poche de l’état, et qui étaient redistribués sous forme de profs, infirmières, employés de préfecture, de la DDE etc … vont dans la poche des charognards (id est des actionnaires) et n’est absolument plus redistribué.
Les employés de FT qui étaient fiers de leur boulot sont devenus les zombis des centres d’appel décrits par Marin Ledun, ou des employés de société de sous-traitance qui n’ont plus pour objectif de rendre un service au public, mais de faire tant d’interventions par jour, le plus vite possible, pour facturer un maximum d’intervention à Orange (C’est con comme nom ! France Télécom, ça disait bien ce que ça faisait non ?). Comme tous ces gens exploités, mal payés, mal considérés, baladés d’un côté à l’autre, travaillent forcément moins bien que le technicien qui prenait le temps de fignoler le boulot et était fier de sa boite … Ben le service est merdique.
Résultat, le client (moi, vous) paye toujours aussi cher, a un service merdique, et râle. Les employés souffrent, tombent malades, se suicident. Mais alors me direz-vous si vous suivez, à qui profite ce merdier ? Devinez.
Le plus rageant c’est que ces mêmes ordures, qui se gavent sans rien faire sont les premiers à clamer qu’il faut « travailler plus pour gagner plus », et qu’ils ne se sont même pas aperçu qu’en plus d’exploiter les gens, et de pressurer le client, ils ont tué une valeur dont ils parlent beaucoup sans savoir de quoi ils causent : la satisfaction du travail bien fait. Parce que, n’en déplaise à ses buses, on ne bosse pas QUE pour le salaire, on bosse AUSSI pour la fierté du travail bien fait, pour la considération des autres qu’on en retire. Et quelle fierté, quelle considération peut-on ressentir quand on se fait gueuler dessus par des chefaillons et par des clients exaspérés de voir que le boulot est bâclé ?
Conclusion. Quand je serai élu, ma première mesure consistera à nationaliser sans contrepartie financière aux actuels propriétaires (les charognards, j’y reviens plus loin) tous les services publics et à reprendre au sein de ces entreprises tous les sous-traitants. La seconde consistera à envoyer les charognards et leurs complices (politiques, avocats d’affaire, traders …) bosser dans un centre d’appel ou une boite de sous-traitance dans un pays voisin (en attendant que les pays voisins fassent comme nous).
Ceux qui refuseront seront pendus avec leurs propres tripes parce que je suis bon mais faut pas pousser. Et j’emmerderai avec joie et bonne humeur les règles de « libre » concurrence qui ne sont qu’une variante de la loi du plus fort.
Voilà, qui vote pour moi ?
PS. Cela fait maintenant plus de dix jours que le merdier continue. Et une pauvre fille m’a appelé pour m’annoncer que sous 48h on allait … m’appeler d’une autre société pour me dire quand on pourrait réparer ! La pauvre ne faisait que lire un message qu’elle n’avait pas écrit, n’avait aucune information complémentaire et aucun lien direct avec les personnes devant réparer. Donc elle était complètement paumée face à mes questions et en situation de stress complet. Et moi j’essayais de ne pas la pourrir, sachant bien qu’elle n’y était pour rien, mais n’ayant personne d’autre sur qui passer ma rogne … Les merveilles du système. Là je dans un cybercafé, je publie quelques notes et je retourne à mon isolement, le temps que les choses s’arrangent !