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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 17:13

Voici donc le second roman qui m’a laissé un peu perplexe. Il s’agit de Enfin la nuit de Camille Leboulanger. Hasard de l’édition et de mes lectures ou marque des peurs actuelles, il s’agit encore d’un roman post catastrophe.


LeboulangerQui a déconné ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Mystère. Toujours est-il qu'en ce mois de janvier la nuit a disparu, le ciel est en permanence d'une jaune orangé aveuglant. Après quelques jours les instincts se déchainent, les barrières tombent, les pillages et meurtres se multiplient. Thomas, flic avant la catastrophe quitte Paris à pied, pour voir si c'est pareil ailleurs. Il va rapidement rencontrer Sophie, une adolescente restée seule chez elle et les voilà sur la route. Une route et des rencontres, bonnes ou terribles, sans vraiment savoir pourquoi ils marchent ni où ils vont.


Très très casse-gueule de se lancer dans un tel exercice. Très gonflé car on compare forcément au chef-d'œuvre de Cormac McCarthy. Camille Leboulanger s'en sort quand même. Parce que s'il part du même point de départ il en fait un traitement assez différent.


La première différence tient au pays : la France et les US sont différents, et même si tout n'est pas rose et facile, ici la rencontre avec l'autre n'est pas obligatoirement synonyme d'affrontement.


Ensuite l'auteur fait le choix de faire passer son personnage de compagnon en compagnon, de rencontre en rencontre, avec des gens qui ont encore un passé, même s'il s'efface peu à peu et qui ont des réactions différentes face au changement radical qui vient d’avoir lieu.


Pour finir l'auteur est moins pessimiste que McCarthy. On lit ce récit d’errance avec intérêt, tristesse, parfois avec un sourire. On ne prend pas l’immense claque que l’on prend avec La route, mais on lit avec plaisir. Et à l’arrivée reste une certaine perplexité.


Mais qu’elle était donc l’intention de l’auteur ? Il ne s’est pas contenté de raconter une histoire, il a pris un point de départ fort et casse-gueule, mais pourquoi ?


Peut-être est-ce que je me pose des questions idiotes …


Camille Leboulanger / Enfin la nuit, L’Atalante/La dentelle du cygne (2011).

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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 17:05

Avant de vous parler du second roman qui m’a laissé un peu perplexe, je vais démarrer cette saison 5 par un billet de mauvaise humeur.


Depuis plus d'une semaine je n’ai plus de connexion internet. Ce n’est pas là la cause profonde de ma rogne, juste un motif d’agacement.


La cause de ma rogne c’est que c’est la troisième fois en un an, qu’à chaque fois je passe une demi heure au téléphone avec un gus situé je ne sais où qui me fais éteindre, rallumer, vérifier le filtre etc … Avant d’enfin tester ma ligne et me dire que ô surprise elle est foireuse. Qu’à chaque fois ils m’envoient un technicien plus ou moins au courant qui une fois sur deux ne peut pas intervenir parce qu’il n’a pas de nacelle etc …


Entendons nous bien, je n’en veux ni au gars au bout du fil, ni au technicien, j’en veux aux tronches de culs qui ont décidé, dans une premier temps de privatiser France Télécom, et dans un second temps d’externaliser à peu près tout le monde sauf les commerciaux bien peignés qui veulent à tout prix me vendre la télé par internet alors que je ne regarde même pas les 5 chaînes !


J’explique.


Avant, dans un temps bien éloigné, il y avait une entreprise publique appelée France Télécom. Cette entreprise s’occupait de tout : des lignes, des accès, des abonnements … Ses employés étaient employés de l’état. Il y en avait bien quelques uns qui tiraient au flanc, mais dans l’ensemble ils faisaient bien, très bien même, leur boulot. Et ils en étaient fiers. Ils étaient fiers de faire partie de l’entreprise qui permettait à tous les français, de la mamie dans son village du fond de la vallée pyrénéenne au parisien du VII° de téléphoner.


Si mes souvenirs ne me trompent pas, les lignes tombaient très peu en panne, sauf en cas de gros orages ou de grosses tempêtes. Et alors tout le monde était sur le pont, sans compter les heures jusqu’à ce que le service soit rétabli.


Et tout le monde était content. L’usager avait un téléphone qui fonctionnait (il râlait certes que c’était trop cher, mais ne se plaignait pas du service), les employés considéraient qu’ils n’étaient pas assez payés (et c’était peut-être vrai), mais étaient fiers de leur boulot.


Et puis les charognards (pardon aux vautours et autres chacals, vous vous êtes utiles) ont clamé qu’il fallait PRIVATISER, que seuls le marché et la libre ( !!!! libre et mon c… il est libre ?) pouvait améliorer le service et faire baisser les prix pour le consommateur … Et les politiques qui ne sont pas cons mais qui ont des copains chez les charognards ont convaincu le bon peuple que ce qui était bon pour les prédateurs serait bon pour les moutons.


Il faut dire aussi que le peuple en question est parfois un peu égoïste et un peu con. Comme il est un peu égoïste il s’est dit « bien fait pour ces planqués de France Télécom ! » et comme il est un peu con il a cru que le gagnant dans l’affaire ce serait lui.


Résultat. Au bout de quelques années, les bénéfices qui allaient dans la poche de l’état, et qui étaient redistribués sous forme de profs, infirmières, employés de préfecture, de la DDE etc … vont dans la poche des charognards (id est des actionnaires) et n’est absolument plus redistribué.


Les employés de FT qui étaient fiers de leur boulot sont devenus les zombis des centres d’appel décrits par Marin Ledun, ou des employés de société de sous-traitance qui n’ont plus pour objectif de rendre un service au public, mais de faire tant d’interventions par jour, le plus vite possible, pour facturer un maximum d’intervention à Orange (C’est con comme nom ! France Télécom, ça disait bien ce que ça faisait non ?). Comme tous ces gens exploités, mal payés, mal considérés, baladés d’un côté à l’autre, travaillent forcément moins bien que le technicien qui prenait le temps de fignoler le boulot et était fier de sa boite … Ben le service est merdique.


Résultat, le client (moi, vous) paye toujours aussi cher, a un service merdique, et râle. Les employés souffrent, tombent malades, se suicident. Mais alors me direz-vous si vous suivez, à qui profite ce merdier ? Devinez.


Le plus rageant c’est que ces mêmes ordures, qui se gavent sans rien faire sont les premiers à clamer qu’il faut « travailler plus pour gagner plus », et qu’ils ne se sont même pas aperçu qu’en plus d’exploiter les gens, et de pressurer le client, ils ont tué une valeur dont ils parlent beaucoup sans savoir de quoi ils causent : la satisfaction du travail bien fait. Parce que, n’en déplaise à ses buses, on ne bosse pas QUE pour le salaire, on bosse AUSSI pour la fierté du travail bien fait, pour la considération des autres qu’on en retire. Et quelle fierté, quelle considération peut-on ressentir quand on se fait gueuler dessus par des chefaillons et par des clients exaspérés de voir que le boulot est bâclé ?


Conclusion. Quand je serai élu, ma première mesure consistera à nationaliser sans contrepartie financière aux actuels propriétaires (les charognards, j’y reviens plus loin) tous les services publics et à reprendre au sein de ces entreprises tous les sous-traitants. La seconde consistera à envoyer les charognards et leurs complices (politiques, avocats d’affaire, traders …) bosser dans un centre d’appel ou une boite de sous-traitance dans un pays voisin (en attendant que les pays voisins fassent comme nous).


Ceux qui refuseront seront pendus avec leurs propres tripes parce que je suis bon mais faut pas pousser. Et j’emmerderai avec joie et bonne humeur les règles de « libre » concurrence qui ne sont qu’une variante de la loi du plus fort.


Voilà, qui vote pour moi ?


PS. Cela fait maintenant plus de dix jours que le merdier continue. Et une pauvre fille m’a appelé pour m’annoncer que sous 48h on allait … m’appeler d’une autre société pour me dire quand on pourrait réparer ! La pauvre ne faisait que lire un message qu’elle n’avait pas écrit, n’avait aucune information complémentaire et aucun lien direct avec les personnes devant réparer. Donc elle était complètement paumée face à mes questions et en situation de stress complet. Et moi j’essayais de ne pas la pourrir, sachant bien qu’elle n’y était pour rien, mais n’ayant personne d’autre sur qui passer ma rogne … Les merveilles du système. Là je dans un cybercafé, je publie quelques notes et je retourne à mon isolement, le temps que les choses s’arrangent !

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22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 16:39

Promis juré je pense à vous et je ne vous abandonne pas. C'est ma ligne téléphonique qui m'a abandonné, et ce depuis maintenant presque une semaine.

Dès que la situation est rétablie je reviens causer bouquin, et aussi, histoire de décharger ma bile, de ce que je pense d'Orange ...

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16 août 2011 2 16 /08 /août /2011 23:14

J’entame donc cette cinquième saison avec deux romans qui m’ont laissé plutôt perplexe. Le premier est une sorte de mélange entre polar et anticipation post catastrophe. Cinacittà est signé Tommasio Pincio et je serai curieux d’avoir vos retours si vous l’avez lu …

 

PincioQuelque part dans un futur proche, la catastrophe climatique a eu lieu, il n'y a plus d'hivers. Rome s'est transformée en une ville écrasée de chaleur, totalement désertée par ses habitants qui ont fui vers le grand nord. Elle est maintenant habitée uniquement par des chinois qui ont repris les affaires en main. Un seul Romain n'est pas parti, un homme qui a préféré rester à ne rien faire dans sa chambre d'hôtel. Dormir le jour et passer ses nuits à la Cité Interdite à boire des bières glacées en regardant les filles se tortiller autour de leur barre. Jusqu'au jour où il a rencontré Wang … Et c'est comme ça que maintenant, le dernier Romain se retrouve à méditer en prison pour le meurtre d'une prostituée chinoise …

 

Difficile de dire ce que j'ai ressenti à la lecture de ce bouquin. Le narrateur ne veut rien, n'a envie de rien … Il laisse couler la vie, en faisant le moins d'effort possible, sans rechercher la moindre satisfaction sinon celle d'être laissé tranquille. Il se fiche de ce qui arrive à sa ville, à son pays, et même à sa propre personne. Il ne se défende pas, ne se révolte pas … On devrait s'ennuyer prodigieusement et pourtant on ne s'ennuie pas. Il y a bien le suspense, le squelette d'intrigue, le petit hameçon qui fait que l'on veut savoir comment il s'est fait piéger, et on ne le sait qu'à la fin. C'est mince, et pourtant on tourne les pages.

 

Il y a des références cinématographiques, revendiquées comme celle à La Dolce Vita (même si le narrateur n’est pas un foudre de culture), on pense aussi aux Vetelloni cet autre film du grand Federico qui met en scène quelques grands gaillards qui ne font rien de leurs journées. Cela aussi ajoute au charme du roman.

Alors j’ai lu, avec plaisir, jusqu’à la fin … mais une fois la dernière page tournée, je me demande quand même quelle était l'intention de l'auteur.

 

Etrange, plaisant, attractif et déroutant, voire un peu frustrant. Un de ces mystérieux attracteurs étranges ?

 

Tommasio Pincio / Cinacittà (Cinacittà, 2008), Asphalte (2011), traduit de l’italien par Sarah Guilmault.

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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 09:16

Et de quatre !

 

Je viens de boucler la quatrième année du blog, et j’attaque la cinquième, toujours avec le même plaisir, il vous faudra donc me supporter encore quelque temps.

 

Je ne vais pas faire ici une comptabilité du nombre de billets, commentaires ou signes (tiens, je garde ça pour l’année prochaine). Finalement, cette quatrième année a étrangement ressemblé à la troisième. Plein de bons bouquins, des commentaires presque toujours agréables, souvent enrichissants, le plaisir de voir des auteurs que j’aime appréciés ici et là …

 

Avec un petit plaisir supplémentaire : rencontrer lors du festival TPS quelques collègues en noir : Yann de Moisson Noire et Manu le super héros des livres, mais également le voisin Yan (avec un seul « n »), qui à l’époque ne s’était pas encore lancé dans l’aventure. C’est aujourd’hui chose faite avec l’excellent Encore du noir.

 

Pour la cinquième année je ne vous promets rien. Je ne promets pas que j’essaierai de faire des comptes-rendus plus détaillés du prochain TPS ni que je retranscrirai des rencontres, ni que je ne râlerai pas contre l’incapacité et la malhonnêteté de la bande au pouvoir, ni que je me mettrai à aimer les thrillers, ni que je serai toujours gentil … Et comme je ne vous promets rien, vous ne pourrez pas être déçus.

 

Sur ce je vous laisse quelques jours mais je serai très bientôt de retour pour le premier article de la saison 5.

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11 août 2011 4 11 /08 /août /2011 23:10

SeparationIl fut un temps, lointain, où j’allais régulièrement au ciné. Jusqu’à une à deux fois par semaines. Ce temps est révolu et je suis content maintenant quand je trouve le temps d’y aller … deux fois par an.

 

Et bien cette semaine, ce fut une des deux fois. Et une bonne. Ce n’est plus une nouveauté, mais si vous avez raté Une séparation de l’iranien Asghar Farhadi, qu’il passe vers chez vous et que vous avez une soirée de libre, précipitez-vous.

 

Vous avez dû déjà lire l’histoire partout … Iran, Téhéran sans doute. Un couple se sépare, lui cherche une personne pour garder son père frappé d’Alzheimer. La dame qui se présente fait une erreur assez grave, il la renvoie, le ton monte, il la pousse hors de chez lui, elle tombe … Et la mécanique s’enclenche.

 

Je ne connais rien à l’écriture cinématographique, je ne pourrais donc rien en dire sinon que tout semble « évident », ce qui est plutôt bon signe.

 

Par contre je peux faire un parallèle avec la littérature en ce qui concerne la narration, les personnages et le fond. Et là, tout est exceptionnel.

 

La narration pour commencer. Elle est menée de main de maître. Le spectateur passe son temps à douter des uns, puis des autres, puis de tous, avant de … Jamais une certitude ne dure, jamais un « camp » ne parait bon ou mauvais. Les mensonges, semi-mensonges, omissions, revirements s’enchainent avec une fluidité confondante. Et le final est d’une élégance rare. Vraiment rare. Je n’en dirais pas plus.

 

Separation Ph 01

 

Les personnages sont superbement écrits (car il a bien fallu les inventer en premier lieu). Aucun manichéisme, aucun blanc et noir, que du gris. On les comprend tous, ils ont tous leurs raisons, ils sont juste broyés par la machine qui semble s’être mise en route toute seule et les joue, les uns contre les autres. Superbement écrits et magnifiquement interprétés ! De la pitchoune au papi, de l’intello éclairé au chômeur dévasté et religieux, tous, tous jouent juste, parfaitement juste.

 

Et pour finir le film dresse le portrait tout en finesse et en contrastes d’une société iranienne complexe. Certes le poids de la religion, au quotidien, dans tous les gestes de la vie. Mais aussi des gens qui semblent vivre, à très peu de choses près, comme ici. Une religion omniprésente mais des autorités comme ce juge ou ces flics plutôt plus humains et moins bornés que pas mal de ceux que l’on trouve ici … Bref une société que l’on sent en pleine mutation, sans que jamais un seul discours ouvertement politique ne soit tenu. Tout passe simplement par les personnages, en les regardant se dépatouiller avec les problèmes de la vie de tous les jours.

 

Bref un très beau film, à voir absolument.

 

Separation Ph 02

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 22:48

J’aurai, lors du prochain TPS, le plaisir d’animer et/ou traduire (et peut-être un mélange des deux) une table ronde sur la frontière Mexique-US, et en particulier sur les meurtres de femmes à Ciudad Juarez avec Patrick Bard, auteur de La frontière, Marc Fernandez, co-auteur avec Jean-Christophe Rampal du documentaire La ville qui tue les femmes et l’inévitable et incontournable Paco Ignacio Taibo II qui donnera la vision mexicaine sur le travail de ces petits franchutes … Or je n’avais pas encore lu le doc, c’est chose faite.

 

FernandezCiudad Juarez, sur la frontière entre les US et le Mexique. Paradis des maquiladoras, ses usines automobile et électroménager essentiellement qui exploitent une main d'œuvre taillable et corvéable à merci à deux pas (littéralement) du plus grand marché du monde. Fief des cartels de drogue les plus puissants du pays avec ceux de Tijuana.

Depuis 1993 des dizaines de femmes sont tuées chaque année, violées, torturées puis jetées ou sommairement enterrées dans le désert. Les parents ont beau faire, les associations nationales et internationales ont beau les appuyer, aucun coupable sérieux n'a jamais été arrêté par une police corrompue jusqu'à la moelle. Sans chercher (ce serait impossible pour eux) à trouver les coupables, les auteurs sont allé sur place tenter d'expliquer comment une telle situation peut perdurer.

 

Attention livre éprouvant. Parce que la situation décrite l'est. Parce que la violence subie par ces femmes est insupportable, parce la vie des survivants, amis, parents, ou simples habitants des mêmes bidonvilles misérables est insupportable. Parce l'impunité, la corruption, la violence d'une police pourrie jusqu'à l'os, de politiques vendus et de cartels surpuissants sont insupportables.

 

Malgré un effet inévitable d'accumulation les deux auteurs arrivent à ne pas lasser et à faire sentir à chaque page l'horreur, la rage et la peur face à l'arrogance et l'impunité des coupables, et la détermination, malgré tout.

Un document que l'on lit en apnée, happé par ce qui y est dit, pris dans le texte, et en même temps pressé d'en terminer avec l’atroce sentiment d'impuissance rageuse qui domine.

 

Marc Fernandez et Jean-Christophe Rampal / La ville qui tue les femmes, Hachette (2005).

 

Pour en savoir plus, vous pouvez aller voir le webdocumentaire que les auteurs ont consacré à cette affaire, ou aller sur le blog de Marc Fernandez. Et pour ceux qui seront du côté de Toulouse le week-end du 8-9 octobre, je pense que la rencontre sera de haute volée …

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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 22:17

C’est bien connu et dans bien des domaines. Quand on veut du sérieux, du cousu main, du sur mesure, du luxe sans ostentation, de la qualité indémodable … On choisit la qualité british. Dans le monde du polar deux noms s’imposent. John Harvey de Nottingham et Graham Hurley de Portsmouth. C’est du second dont je vais vous parler aujourd’hui, avec la reprise en poche d’une des dernières aventures de son personnage Jo Faraday : Sur la mauvaise pente.

 

HurleyLe corps d'un homme nu, enchaîné aux rails jambes écartées, est déchiqueté par le premier train de la journée Portsmouth - Londres. Un train qui, (dixit Huxley, je ne me permettrais pas !) pour une fois, était à l’heure. Joe Faraday et son équipe se retrouvent en charge de l'enquête qui connaît une forte exposition médiatique. Qui a pu mettre en scène cette exécution barbare ?

 

Les premières pistes pointent vers Bazza Mackenzie, le parrain local qui, fortune faite, se tourne de plus en plus vers le blanchiment et les affaires légales. Winter, flic de terrain aux méthodes parfois peu orthodoxes semble bien décidé à le faire tomber cette fois. Pourtant cette exécution théâtrale lui ressemble peu. De fausses pistes et rebondissements l'enquête leur réserve bien des surprises.

 

Faraday et Winter sont, pour cet épisode, les deux personnages principaux, et se partageant la vedette. Deux solitaires et deux caractères totalement opposés. Faraday le romantique discret et respectueux des règles, Winter le baroudeur souvent borderline. Pour le reste, on retrouve pleinement Graham Hurley et cette qualité british du procédural cousu main.

 

Profondeur et complexité des personnages, maestria dans le développement de plusieurs intrigues entremêlées, refus du manichéisme de la conclusion spectaculaire, précision de la description de la procédure policière (sans jamais souffrir de longueurs) …

 

Avec en toile de fond la description sans fard d'une ville (ici Portsmouth), des ravages de la misère sociale et de l'arrogance des puissants. Des années après le démarrage de la casse par la Dame de fer les effets sont dévastateurs. Les pauvres toujours plus pauvres, plus précaires, plus perdus, la nouvelle classe dominante, vulgaire, inculte et prédatrice, sure de son impunité quoiqu’elle fasse.

 

Bref la qualité british dans toute sa discrète perfection.

 

Graham Hurley / Sur la mauvaise pente (One under, 2007), Folio/Policier N°624 (2011), traduit de l’anglais par Philippe Loubat-Delranc.

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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 22:52

Un scoop ici, je suis fan de Terry Pratchett ! Mais cette fois, c’est un roman un peu différent. Nation ne se situe pas dans l’univers des Annales du Disque Monde. Comme l’écrit l’auteur à la fin de l’ouvrage : « On pourrait croire que ce roman a pour cadre l’océan Pacifique. Rien ne serait plus éloigné de la vérité ! Il se situe pour tout dire dans un univers parallèle, un phénomène connu seulement des physiciens de pointe et de quiconque a déjà visionné n’importe quel épisode de n’importe quelle série n’importe où. »

 

Pratchett nation

Un autre océan Pacifique donc, aux alentours d’un autre XIX° siècle. Mau rentre de l’île aux Garçons, il a terminé ses rites de passage et toute la Nation l’attend sur leur île pour la fête qui va faire de lui un homme. Mais une barre noire avance vers sa pirogue … Une vague monstrueuse déferle l’emportant comme un fétu de paille. Quand il aborde enfin l’île il ne reste plus personne. Ils étaient tous sur la plage à attendre son retour quand la Vague les a frappés.

 

Il n’y a plus sur l’île que les animaux, et l’épave d’un voilier qui a traversé la moitié de la forêt. Sur ce voilier une seule survivante, une jeune fille, Daphné, qui partait retrouver son père gouverneur anglais quelque part dans le grand océan pélagique. Ce sont eux, qui ne parlent pas la même langue, n’ont pas la même culture, qui vont devoir accueillir les réfugiés, les protéger des pillards et des anglais et faire en sorte que la Nation ne disparaisse pas …

 

Voilà donc un Pratchett différent, situé hors de son univers délirant du Disque Monde. Différent certes, mais très proche. Car Daphné pourrait être la Tiphaine Patraque de ce monde ; et on y trouve une petite vieille à qui il faut mâcher la viande pas très différente des sorcières. Sans compter Mau, jeune homme qui se sent responsable de tous, fou de colère contre les Dieux et les ancêtres qu’on lui avaient appris à vénérer qui ont permis que tout son peuple soit décimé … Et surtout qui se sert de sa tête, de son intelligence pour aller au-delà de ce qu’on veut bien lui présenter comme évident et immuable.

 

Dans ce nouveau cadre, avec de nouveaux personnages, Pratchett écrit finalement encore et toujours la même histoire optimiste, car il est optimiste malgré les horreurs des mondes qu’il décrit. Et oui, chez Pratchett, l’intelligence, l’humanisme, la curiosité scientifique, l’envie de comprendre le monde et de changer les vieilles règles que tous semblent considérer comme allant de soi finissent toujours par gagner. Malgré les affreux, malgré les obscurantistes, malgré les avides … Comme il fait cela de façon très fine, sans jamais masquer les contradictions des uns et des autres, ni tomber dans le manichéisme idiot c’est un vrai régal.

 

Dont voici un exemple : « La petite vieille lui lança un sourire si large que ses oreilles faillirent tomber dedans. »

 

Si on y rajoute son humour, une vraie tendresse pour ses personnages et un sens de l’histoire jamais démenti, c’est plus qu’un régal, une livre, encore une fois indispensable, à lire par tous, petits et grands.

 

Jusqu’aux notes de l’auteur qui précisent quelques expériences scientifiques et techniques faites par les personnages, toujours avec l’humour pratchettien et qui, après avoir déconseillé à ses lecteurs un certains nombre d’expériences scientifiques … risquées (comme tirer des balles dans l’eau ou regarder le soleil avec un télescope) conclue par « Réflexion. Ce roman en contient un peu. Que vous vous y amusiez ou non chez vous, c’est à vous de voir ».

 

Terry Pratchett / Nation (Nation, 2008), L’atalante/La dentelle du cygne (2011), traduit de l’anglais par Patrick Couton.

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 22:38

Après La mort à marée basse, voici mon second roman consacré à Van In de Bruges. C’est Le tableau volé et c’est de Pieter Aspe.

 

AspeJos Viaene est retrouvé une nuit tabassé dans un parc où se retrouvent habituellement les homosexuels. Triste victime de quelques imbéciles à la recherche d’une proie facile ? Sauf que le lendemain, il est achevé dans son lit d’hôpital par un professionnel. Et qu’il y avait dans la sacoche de son vélo les plans des systèmes de sécurité des musées de la ville de Bruges …

 

Le commissaire Van In et sa chère et tendre, la juge d’instruction Hannelore Martens commencent à craindre une affaire plus complexe que prévue. Quand Le jugement dernier de Jérôme Bosch est volé et que le cadavre d’un membre de l’ETA est retrouvé à quelques jours de la visite du premier ministre espagnol ils comprennent que ce sera un véritable casse-tête.

 

Je pourrais reprendre, quasi mot à mot, ce que j’avais écrit à propos du précédent roman : Il ne brille ni par son intrigue, ni par la précision procédurale de l’enquête, mais c’est l’énergie, l’humour et l’écriture qui emportent le morceau.

 

Pieter Aspe a le chic pour vous donner une folle envie de descendre une bonne bière, ou d’attaquer un plat avec un pote ou une belle (à condition qu’il y ait une bouteille de vin ouverte). C’est sensuel, drôle et picaresque, donne envie d’aller faire un tour à Bruges et on ne s’ennuie pas une seconde.

 

Alors certes, Pieter Aspe n’invente rien et ne révolutionne pas le genre, mais on ne peut pas non plus lire que des romans géniaux, ce serait épuisant et pour qui recherche un bon divertissement qui ne fait pas perdre son temps, Le tableau volé fait parfaitement l’affaire.

 

Pieter Aspe / Le tableau volé (Zoenoffer, 2001), Albin Michel (2011), traduit du néerlandais par Emmanuelle Sandron.

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