Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 22:28

Le rythme de cinglé continue, et, bien que n’étant pas encore à la plage, je n’arrive pas à sortir la tête de l’eau.

 

Je lis un peu quand même et je pense à vous …

 

En attendant une chronique sur un polar polonais, vous pouvez aller voir du côté de TPS qui commence à présenter les invités du salon d’octobre, ou aller voir ce petit guide de polars pour l’été concocté par folio.

Partager cet article
Repost0
29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 22:03

En moins de cinq ans (j’ai chroniqué le premier de la série ici, sur ce très jeune blog), Guido Guerrieri, le personnage récurrent de Gianrico Carofiglio est devenu un ami que j’ai plaisir à retrouver. Il revient dans Le silence pour preuve, un épisode à la fois différent et très proches des autres …

 

CarofiglioGuido Guerrieri, l’avocat de Bari, se trouve dans une situation inédite : Il ne s’agit pas cette fois de défendre un accusé que tout semble désigner, mais de retrouver une jeune femme disparue depuis des mois. La dernière fois qu’on l’a vue, elle prenait un train pour Bari. Depuis, aucune nouvelles. Sans bien savoir pourquoi, peut-être à cause de la douleur des parents, Guido accepte cette mission qui n’a rien à voir avec son travail habituel. Ce qui ne l’empêchera pas de continuer à déambuler dans sa ville, la nuit, à la recherche d’un libraire ouvert tard dans la nuit, ou d’un bar accueillant …

 

Un épisode différent donc parce que, pour la première fois, Guido n’est pas chargé de défendre quelqu’un que tout accuse, ou quelqu’un de faible face à un puissant. Pas de final haletant au tribunal, mais une enquête comme un privé de roman, pour retrouver une disparue. Différent donc, sans doute moins dense, mais pourtant bien dans la lignée.

 

Car comme toujours, encore plus que d’habitude même, la personnalité de Guido Guerrieri prend le pas sur l’enquête. C’est lui que le lecteur vient retrouver. Son blues, son ironie, ses réflexions sur la justice et le métier d’avocat, ses goûts littéraires et musicaux, ses rêveries dans Bari, ses rencontres … Et on est, une fois de plus servis. On lit le roman, à la fois triste et souriant avec l’impression de passer un moment avec un ami cher. Qui ne nous quitte pas vraiment une fois le roman refermé, mais qu’on l’on a hâte de retrouver dans le prochain.

 

On sourit à son humour, on partage ses souvenirs cinématographiques (très belle scènes d’échanges de répliques avec une amie autour d’un verre), ses références en matière de polar quand une lecture classique l’aide à trouver la disparue … Un vrai bonheur.

 

Et puis, comme beaucoup de ses confrères italiens, Gianrico Carofiglio a l’œil acéré et le sens de la formule. Ce passage, entre autres, m’a beaucoup plu :

 

« Quelqu’un a dit que les hommes se divisent en plusieurs catégories : les intelligents et les crétins, les paresseux et les entreprenants. Il existe des crétins paresseux, en général insignifiants et inoffensifs, et des intelligents ambitieux auxquels il est possible d’attribuer des tâches importantes, alors que, dans tous les domaines, ce sont les intelligents paresseux qui accomplissent les exploits les plus notables. Mais il est un point incontestable : les crétins entreprenants constituent une catégorie si dangereuse et si dévastatrice qu’il convient de les éviter soigneusement. »

 

Certes c’est réducteur … Mais ô combien vrai. Et qui n’a pas eu à subir, un jour ou l’autre, voire malheureusement un peu plus souvent, un représentant zélé de la dernière catégorie ? Pour ma part, j’ai des noms.

 

En attendant, Gianrico Carofiglio et Guido Guerrieri font sans conteste partie des intelligents paresseux.

 

Gianrico Carofiglio / Le silence pour preuve (Le perfezioni provvisorie, 2009), Seuil/Policiers (2011), traduit de l’italien par Nathalie Bauer.

Partager cet article
Repost0
27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 22:02

Si mon billet sur Fred Vargas était bien inutile (elle caracole en tête des ventes, et c’est tant mieux), celui-ci pourra peut-être vous faire découvrir un auteur, au moins à quelques-uns d’entre vous.

 

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu de nouvelles du très (trop ?) discret Gilles Bornais. Ce journaliste est l’auteur de  sept romans que l’on peut classer dans deux catégories.

 

Des romans noirs actuels, intimistes, relatant le quotidien de personnes ordinaires, de celles dont on ne parle jamais. Ce sont :  Ali casse les prix, Franconville bâtiment B et Le serin de Monsieur Crapelet.

 

Le dernier paru, Les nuits rouges de Nerwood fait partie d’une série historique consacrée à un flic londonien de la fin du XIX°, Joe Hackney, ancien petit voleur devenu flic mais ayant gardé des liens et des amitiés avec ses anciens complices. Il fait une première apparition dans Le diable de Glasgow, et le revoilà donc ici.

 

Bornais1892, dans une petite ville campagnarde du Somerset entourée de forêts, un député conservateur est sauvagement assassiné. La même nuit sa femme a été vue sur le pas de la porte d’un notaire, son rival politique, qui a été grièvement blessé à la tête par une décharge de chevrotines. Des bruits commencent à courir parlant d’une sorcière, d’un chien monstrueux, d’un fantôme … Tous, tueur, bête et épouse du député ont disparu dans les forêts environnantes … Au vu de la « qualité » des victimes, la police locale demande l’aide de Londres, et c’est Joe Hackney, qui pourtant déteste la campagne qui est envoyé sur place. La vérité se cache dans ces forêts, elle n’a rien que de très humain, et de très sordide …

 

On retrouve dans cet épisode les solides qualités de la série : A commencer par une intrigue alambiquée, un peu « à la manière de » qui rend hommage au roman policier victorien, mais en même temps, innove en se situant bien loin des salons de thé et des majordomes assassins. Comme les romans précédents, celui-ci nous plonge au cœur du prolétariat exploité, surexploité, à la limite de l’esclavage (lisez vous verrez).

 

Des personnages ensuite, qui existent vraiment à la fois dans la tradition des malfrats « picaresque », des flics dépassés, mais aussi, avec des racines profondes dans la population maltraitée de cette Angleterre par ailleurs triomphante.

 

Un décor très présent, oppressant, sinistre, où la nature n’est pas aimable mais hostile envers l’homme (ou du moins hostile envers l’homme de la ville qu’est Joe).

 

Pour finir, une peinture très sombre des relations sociales au cœur du roman, des relations sociales qui se caractérisent par leur violence, leur brutalité et leur cruauté. Certes il ne fait pas bon être pauvre dans l’Angleterre du XXI° siècle, dans celle de Gilles Bornais et de Joe Hackney, c’était un enfer.

 

Bref c’est très noir, étouffant, solidement documenté, prenant … A lire, comme le reste de la série.

 

Gilles Bornais / Les nuits rouges de Nerwood, Pascal Galodé (2011).

 

Pour compléter vous avez sur Bibliosurf la transcription d’une rencontre avec les lecteurs.

Partager cet article
Repost0
25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 20:42

Ce week-end le festival de Frontignan bat son plein (sans moi malheureusement).

 

Et la troisième édition de TPS commence à se préciser (pour ceux qui ne savent pas, ce sera à Toulouse en Octobre).

 

Pour avoir la liste des invités et le programme, avec toutes les tables rondes, une seule adresse, le blog de TPS et plus précisément, ceci.

Partager cet article
Repost0
23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 21:50

Attention, ouvrage mythique ! Ca faisait longtemps que j’en avais entendu parler. J’en rêvais, Rivages l’a fait, on peut maintenant lire, enfin, Comment voler une banque, épisode mythique donc (je me répète, je sais) des aventures de John Dortmunder, le voleur le plus doué et le plus malchanceux de la littérature mondiale.

 

Westlake banque

Cambrioler une banque, c’est à la portée du premier crétin venu (ou presque), mais voler la banque ? Toute la banque ? En profitant du fait que, pendant les travaux, elle s’est installée dans un mobile home … Ca, il n’y a que l’équipe de John Dortmunder pour le réussir … Et finir, bien entendu, par tout faire foirer, ou presque.

 

Une nouvelle fois le plan de John est génial (je me demande d’ailleurs combien de voleurs ont cherché l’inspiration dans les romans de Westlake/Stark …). Une nouvelle fois malgré le génie de John, c’est au moment où tout semble bien marche que tout se met à foirer. Une nouvelle fois c’est très drôle. Une nouvelle fois on est content de retrouver Kelp, Stan et sa maman (dans cet épisode ancien Tiny n’a pas encore fait son apparition) et les quelques personnages secondaires sont hilarants. Que dire de plus, je suis un inconditionnel de Dortmunder, un admirateur fanatique, et je n’ai jamais été déçu par un roman de la série.

 

Juste pour le plaisir, ces quelques lignes qui définissent si bien l’attitude de John face à la vie : 

 

« Dortmunder avait payé son apprentissage de la patience au prix fort. Des tâtonnements de la vie parmi d’autres être vivants il avait retenu que, lorsqu’un petit groupe se met à s’agiter dans tous les sens et à crier sur fond de quiproquo, la seule chose sensée à faire est de rester en retrait et de les laisser se débrouiller entre eux. L’alternative consistait à attirer leur attention, soit en explicitant le malentendu, soit en les ramenant au sujet de conversation initial mais, dans les deux cas, vous vous retrouviez vous aussi à vous agiter dans tous les sens et à crier sur fond de quiproquo. Patience, patience ; au pire, ils finiraient par se fatiguer. »

 

Un antidote parfait en cas de mauvaise humeur.

 

Donald Westlake / Comment voler une banque (Bank shot, 1972), Rivages/Noir (2011), traduit de l’américain par M. Sinet.

Partager cet article
Repost0
21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 19:08

Désolé pour la faible réactivité de ces lieux en cette fin d’année scolaire, mais j’ai un peu de mal à sortir la tête de l’eau … Ce qui va très bien, finalement à ces Crimes de Seine de Danielle Thiéry.

 

ThieryHiver 2013, année du déluge. Il pleut, il pleut, il pleut, depuis des jours et des jours. Conséquence, les rivières et les fleuves enflent et une crue catastrophique s’annonce sur la Seine, avec les effets que l’on imagine pour Paris. Pendant que la cellule de crise est sur les dents autour de la préfète Anne Morin, Edwige Marion, chef de la brigade des Chemins de fer tombe dans un guet-apens et est abattue en même temps qu’un dealer qui lui servait d’indic. Alors que la chaos s’installe durablement, Valentine Cara et Luc Abadie, deux flics très proches de Marion décident de ne pas laisser l’enquête dans les mains de la Crim et de chercher de leur côté l’agresseur de leur chef tombée dans un coma profond.

 

Si j’en crois le grand Ouiqui, Danielle Thiéry a été « un grand flic » et a déjà publié une bonne douzaine de polars. Et je n’en connaissais aucun ! Lacune maintenant comblée grâce à ces Crimes de Seine.

 

Passons très vite sur le reproche que certains feront peut-être à ce roman : Oui le méchant est peut-être un poil caricatural, un peu grand guignol. Peut-être, c’est même pas certain. Et puis franchement on s’en fout ! Parce qu’il y a une telle énergie, et une telle maîtrise dans ce bouquin que le reste ne compte plus.

 

C’est une magistrale peinture d’un Paris en plein scénario catastrophe que nous offre l’auteur. Dans un style survolté qui transmet parfaitement l’impression d’urgence, à la fois de ceux qui tentent de limiter les dégâts et de ceux qui cherchent, dans ce chaos à trouver le meurtrier et à sauver Edwige Marion. Car c’est bien l’urgence, la panique difficilement maîtrisée qui transpirent de toutes les pages de ce roman. Au point de rendre le lecteur de plus en plus fébrile, page après page.

 

On tremble au rythme de la montée des eaux, les effets en chaîne des dérèglements dans une ville aussi complexe que Paris, tous les effets en chaîne, sont décrits de façon très convaincante et arrivent quand même à ne pas noyer (pouf pouf), l’intrigue qui sert de colonne vertébrale. Du coup c’est à une double course contre la montre qu’on assiste, avec en prime de vrais personnages, charnels, convaincants.

 

Bref un très belle réussite, pour une auteur que je ne manquerai pas de suivre à l’avenir.

 

Danielle Thiéry / Crimes de Seine, Rivages/Thriller (2011).

Partager cet article
Repost0
13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 22:23

Certaines notes ici, ont peut-être pu faire découvrir un auteur, un roman, un univers. Celle-ci est absolument inutile. Sans aucun doute la plus inutile de toutes celles que j’ai pu écrire. Car franchement, qui va découvrir, sur actu du noir, que Fred Vargas vient de publier un nouveau roman, et qu’il s’appelle L’armée furieuse ? Personne. Est-ce une raison pour ne rien publier ? Certes non, après tout, qui a dit qu’il ne fallait faire que des choses utiles ?

 

VargasPar cet été caniculaire Valentine Vendermot, petite femme si frêle et discrète qu'elle semble sur le point de s'envoler, vient trouver Adamsberg. Dans sa campagne normande des drames se préparent. Sa fille Lena a vu passer l'Armée Furieuse, toute sa famille est en danger. Adamsberg ne comprend rien, mais l'érudition de Danglard vient un fois de plus à son secours : Une vieille légende du Moyen-âge que cette Armée Furieuse ; armée de damnés parmi lesquels celui, ou celle, qui a été choisi "voit" également des vivants. Des vivants qui mourront dans les jours à venir, en punition de leurs pêchers. Et si Lena a reconnu trois des prochaines victimes, elle n'a pas pu identifier la quatrième ce qui met tout le village en émoi, et risque d'attirer la colère et la vengeance sur la famille Vendermot.

 

Adamsberg n'a aucune envie d'aller fouiller dans ces vieilles croyances, d’autant plus qu’il veut trouver quel est l’enfant de Marie qui a attaché les deux pattes d’un pigeon pour le faire mourir à petit feu, qu’il vient de résoudre un meurtre commis avec des miettes de pain, et qu’un grand patron d’industrie est mort dans l’incendie de la belle et grosse voiture.

 

Mais voilà, ses méthodes peu orthodoxes et sa façon de refuser des évidences un peu trop … évidentes dans l’affaire de l’incendie le mettent en danger à Paris. Et le voilà donc parti pour Ordebec, petit bourg normand, pour affronter la Grande Chasse du Seigneur Hellequin, ainsi que quelques haines, mesquineries et vengeances qui, elles, n'ont rien de surnaturel. Sans oublier de s’occuper du pigeon et de l’incendie parisien …

 

Les romans de Fred Vargas sont comme les grands crus. Il n’y en a jamais de mauvais, ils sont toujours bons, et certaines années excellents. L’armée furieuse est une grande année, une des meilleures. On y retrouve tout ce qu'on aime chez elle.

 

Des personnages inimitables, comme la famille Vendermot ou la vieille Leo ; une écriture poétique, légère et imagée ; une intrigue pleine d’étrangetés et en même temps totalement cohérente ; des dialogues savoureux ; une érudition jamais pesante qui est là, posée comme une évidence ; le plaisir de revoir Adamsberg et ses errances, l’encyclopédique Danglard, Veyrenc et ses alexandrins, l’impressionnante Retancourt et les autres … Bref du pur plaisir.

 

Mais pas seulement. Car, comme toujours, sous le vernis faussement rassurant et le style léger, c’est une nature humaine pas franchement engageante qu’elle nous dépeint, avec ses rancœurs, ses petites mesquineries qui peuvent se muer en grosses saloperies, sa tyrannie des forts sur les faibles, sa justice (ou devrait-on dire son injustice ?) de classe (et oui, ça aussi) …

 

Alors certes, comme toujours, ça finit bien, ou à peu près bien, mais pas avant d'avoir soulevé quelques bien vilains voiles et non sans laisser une certaine amertume. Comme toujours, on referme le livre désolés de l’avoir lu aussi rapidement et déjà impatient d’ouvrir le prochain.

 

Fred Vargas / L’armée furieuse, Viviane Hamy (2011).

 

Pour en savoir plus sur cette fameuse Armée Furieuse, j’ai fait ce que l’auteur conseille à la fin de son roman, j’ai cherché sur gougueule. J’ai trouvé ça, vous en trouverez certainement d’autres.

Partager cet article
Repost0
10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 15:26

Un avis mitigé sur un polar que j’avais pourtant très envie d’aimer : Pensez donc Bizango de Stanley Péan est un roman québéquois (bien trop rares ici) écrit par un haïtien d’origine, tout pour plaire donc, et pourtant …

 

PeanDans les rues de Montréal, Gemme en a marre de son mac, le tout puissant Chill-O, caïd de la pègre haïtienne. Un soir où elle se rebelle, elle est aidé par un étrange personnage qui semble changer d'apparence selon ceux qui le voient. Il a aussi le redoutable privilège de pouvoir lire dans leurs pensées. Avec lui Gemme arrive à échapper la bande de Chill-O, non sans que son étrange protecteur commence à semer les cadavres sur son passage. Ce qui lui vaut d'être également poursuivi par la police, et en particulier par Lorenzo Appolon, flic d'origine haïtienne qui a juré de faire tomber Chill-O. Le chaos ne va pas tarder à envahir les rues de Montréal.

 

Même s’il est parfois difficile de dire ce qui cloche (et ce qui enthousiasme) dans un roman, un fait ne trompe pas : Je n’étais impatient, le soir, de me replonger dans Bizango, mais en même temps, je ne voulais pas le lâcher …

 

Du bon et du moins bon donc … Commençons par le moins bon. Avec en tête un style inégal. L'auteur alterne bien les différents niveaux de langage (créole haïtien, québéquois, parler des gangs avec son mélange d'anglais et de français …), mais tombe aussi parfois dans un style très appliqué, très explicatif, qui rompt le rythme ainsi obtenu. Autre chose gênante, la créature … C'est qu'il est trop tout puissant ce bizango, rien ne lui résiste, c'est superman au pays des nains. Peut-être l'auteur aurait-il dû davantage insister sur ses faiblesses, sur ses doutes sur sa propre identité. Et puis, longtemps, on ne voit pas bien où l’auteur veut aller, d’où vient son envie d’écrire ce livre en particulier.

 

Le bon ce sont … les variations de langage citées plus haut qui donne une véritable fraicheur au roman. Mais aussi la description d'une immigration haïtienne qui ne semble guère mieux traitée au Canada que nos immigrés chez nous, et une vraie habileté à écrire les scènes d'action.

 

Voilà, la fin est assez ouverte et peut laisser imaginer une suite, en espérant qu'elle gardera la même fraîcheur, tout en gommant les défauts.

 

Stanley Péan / Bizango, Les allusifs (2011).

Partager cet article
Repost0
9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 20:46

Enfin ! Les bonnes nouvelles sont tellement rares qu’on se réjouit d’autant plus de celle là. Enfin, Cesare Battisti est libre.

 

Je pourrais m’arrêter là … Mais cette petite phrase risque de susciter un certain nombre de commentaires indignés, j’y réponds par avance.

 

Pourquoi est-ce que je me réjouis de cette mise en liberté ?

 

1. Parce que s’il avait été renvoyé en Italie Cesare Battisti n’aurait pas eu droit à un nouveau procès mais aurait été envoyé directement en prison jusqu’à la fin de ses jours. Parce que le procès qui l’a condamné à cette peine fut une mascarade, il était absent (en fuite) et l’accusation repose sur la parole d’un « repenti », c'est-à-dire quelqu’un qui balance tout et n’importe quoi sur ses ex camarades pour alléger sa propre peine. Et parce qu’il nie les faits qui lui sont reprochés.

 

2. Parce que, ô surprise, seuls les « terroristes » d’extrême gauche ont écopé de peines de prison, alors que les « terroristes » d’extrême droite, qui ont fait beaucoup plus de morts, n’ont été condamnés qu’à des peines symboliques (quand ils ont été condamnés), ce qui est cohérent avec le fait qu’ils agissaient en accord avec une partie de la police et de la classe politique au pouvoir à ce moment là.

 

3. Parce que la France de Chirac, et de son ministre de l’intérieur de l’époque, devenu président depuis c’est conduite comme le dernier des voyous, et c’est là, pour moi l’argument majeur. Que je développe.

 

Dans les années 80 les ex gauchistes italiens recherchés par la police italienne vivaient cachés ici et là, en France entre autres. Si on les avait livrés à ce moment là, cela aurait été une décision politique discutable, avec laquelle je n’aurais pas été d’accord, mais moralement défendable.

 

Puis Mitterrand leur dit « sortez de votre trou volontairement, et si vous vous tenez tranquilles, au nom du pays, je vous promets de ne pas vous livrer à la police italienne ». Ils sortent, et se tiennent tranquilles. Et un jour, sans avertissement, en échange de quoi, allez savoir, son successeur leur dit que c’était une blague, et s’apprête à les livrer. C’est à vomir. Si la France avait dit, je ne suis plus d’accord pour vous héberger, vous avez 6 mois pour partir, cela aurait été, encore, une décision politique discutable, avec laquelle je n’aurais pas été d’accord, mais moralement défendable.

 

Mais à l’occasion mon pays c’est comporté comme un vulgaire arnaqueur. Comme quand il convoque des sans papiers pour les régulariser et les embarque dans un charter dès leur arrivée en préfecture. C’est inqualifiable et indéfendable.

 

4. Juste pour le plaisir … Quand le pays qui a nommé Gilberto Gil ministre de la culture met un doigt à celui qui voit ses hommes et femmes politiques proposer d’interdire des livres dans les bibliothèques, devinez si je suis content ? Quand la décision d’un homme qui fut ouvrier, qui connut la prison pour ses activités syndicales, qui a fait souffler avec ses collègues sud-américains un vent d’espoir sur tout un continent, renvoie dans ses petits buts pitoyables une caricature du populisme, pourri jusqu’à la moelle, d’une vulgarité incommensurable, devinez si je suis content ? Quand je vois l’Italie, tout petit pays mené par un gouvernement à vomir, menacer de ses petits poings le géant brésilien … devinez si je suis content ?

 

Note. Juste pour ne pas être incompris. J’adore les auteurs italiens, la cuisine italienne, les villes italiennes, le cinéma italien, la langue italienne … La classe politique italienne, en particulier celle au pouvoir actuellement, réussit l’immense exploit d’être encore plus immonde, répugnante et vomitive que la clique au pouvoir chez nous.

 

Alors obrigado Lula e Dilma, va fanculo Silvio, et puisse Cesare profiter, enfin, de la vie.

 

Pour fêter ça, j’attaque le dernier Fred Vargas dès ce soir.

Partager cet article
Repost0
8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 22:49

Je n’ai jamais ici parlé de Jorge Semprun. Parce que cela fait un moment que je suis tombé dans la marmite du polar dont je n’arrive pas à m’extraire (et je ne m’en plains pas).

 

Mais on ne peut pas grandir dans une famille du sud-ouest (très sud et très ouest), forcément hispanisante, qui plus est communiste, avoir été bercé par les chansons de Paco Ibañez, sans avoir l’impression que Jorge Semprun faisait partie du décor familier.

 

Certes je n’ai lu que deux ou trois de ses romans, et il y a bien longtemps, et pourtant, l’annonce de son décès m’a touché.

 

Elle m’a remis en mémoire la description de la fuite d’un homme dans les rues du quatorzième arrondissement que j’habitais, il y a des années, au moment où je lisais un de ses romans. M’a remis en mémoire les histoires que conte Claude Mesplède qui le reçut, tout jeune, au CE d’Air France qu’il animait. M’a remis en mémoire le plaisir d’apprendre que l’Espagne, sortie de ses années de barbarie, en avait fait son ministre de la culture - il y a des symboles, comme celui-là qui comptent -

 

C’est pour cela que, bien que je l’ai peu lu, et que je ne l’ai jamais rencontré, l’annonce de sa disparition m’a touché.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Jean-Marc Laherrère
  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
  • Contact