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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 22:30

Je viens de recevoir le programme de Rivages pour la fin de l’année. Ca promet !

 

Pour commencer, le 4 mai ils reviennent ! Qui ? Ceux qu’on attend maintenant depuis quelques années, Patrick Kenzie et Angela Gennaro. Dans Moonlight Mile

 

Le 11 mai ce sera le nouveau James Lee Burke, Dave Robicheaux au cœur de Katrina, un opus présenté aux US comme l’un des plus fort de l’auteur.

 

En juin, un inédit de Donald Westlake (mais pas un Dortmunder) et la réédition d’un vieux Dortmunder (Comment voler une banque).

 

Et chez Rivages collection étrangère, un roman que j’attendais depuis longtemps, Tortuga, roman d’aventure et de piraterie de Valerio Evangelisti.

 

Voilà, sachant qu’il y a en plus un Joseph Bialot, des nouvelles d’Hervé le Corre et quelques autres surprises, on ne va pas s’ennuyer.

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 21:52

Boxe et polar ont de tout temps fait bon ménage (comme boxe et film noir d’ailleurs). Le paradoxe du cerf-volant, nouveau roman de Philippe Georget en apporte une fois de plus la preuve.

 

georgetPierre, boxeur professionnel, vient de subir son premier KO. Le début de la fin pour cet ancien champion de France de 27 ans ? Il faut dire que sa vie n’a rien d’enthousiasmant. Après être passé tout près de la gloire, le voilà seul, sans argent, vivotant du salaire de son boulot à mi-temps dans un bar tenu par des amis, sans parents, avec devant lui le spectre d’une descente aux enfers : des combats de plus en plus minables, dans des salles de plus en plus glauques … Ou abandonner … Et entamer une interminable tournée de bars.

 

C’est dans cet état d’esprit qu’il accepte la proposition de son ami Sergueï, réfugié yougoslave, de louer ses services de gros bras à Lazlo qui a besoin de force de frappe pour récupérer ses prêts impayés. Mais là aussi, c’est un échec. Dès sa première expérience Pierre est dégoûté par le rôle qu’on lui fait jouer et entend bien rendre au truand l’argent qu’il a touché. Manque de chance, le lendemain matin, ce sont les flics qui viennent le trouver. Lazlo a été torturé puis abattu. Avec un flingue qui porte ses empreintes digitales. Rapidement relâché, Pierre se retrouve au centre d’une tourbillon qui le dépasse, entre serbes, flics et officines de gros-bras qui semblent tous vouloir quelque chose qu’il n’a pas. Tenté de lâcher prise, il décide de relever la tête, avec l’aide d’Emile, son entraîneur et ami de toujours.

 

Boxe et polar font donc bon ménage. En reprenant cette association gagnante, Philippe Georget assurait aux lecteurs un cadre qui fonctionne. Mais il prenait le risque d’écrire un polar de plus, respectant des codes sans apporter grand-chose, ou de se perdre dans les clichés … Et bien il n’est absolument pas tombé dans le piège. Et réussit pleinement son pari.

 

Grâce à une intrigue soignée, aux rebondissements parfaitement dosés, aux indices savamment distillés … Une intrigue que le lecteur subi, secoué comme le pauvre Pierre qui ne comprend rien à ce qui lui tombe dessus.

 

Grâce au personnage du narrateur qu’il rend totalement crédible. On l’aime ce boxeur, moins con et brute épaisse qu’il ne semble. On l’aime parce qu’on aime ces personnages blessés, plombés par un passé que l’on découvre petit à petit (sorte d’intrigue secondaire parfaitement imbriquée dans la première), ces personnages saisis au moment où ils sont à la limite de la rupture.

 

Grâce aux personnages secondaires jamais caricaturaux, jamais blanc ou noir. Comme le dit l’ami Sergueï, « Dans un films en noir et blanc […] il y a très peu de noir et très peu de blanc, mais une gamme infinie de gris. La vie, finalement, c’est un film en noir et blanc. »

 

Et puis grâce à un écriture qui sait passer d’un récit de cuite, à des pages haletantes décrivant un combat de boxe (ben oui, il y a un combat, c’est quand même la moindre des choses !), d’un douloureux retour vers une enfance que l’on devine traumatisante à la description (tout aussi douloureuse), du merdier yougoslave … Et même, parfois, quelques touches d’humour.

 

Bref, un excellent polar, humain, tendre et amer, aux odeurs de sang, de cuir et de sueur.

 

L’ami Cynic (qui ne l’est pas tant que ça) a aimé lui aussi.

 

Philippe Georget / Le paradoxe du cerf-volant, Jigal (2011).

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 18:35

Obione.jpgCa fait du bien, de temps en temps, de faire un petit trou normand. Et hop, entre deux romans, quelques nouvelles, bien courtes, bien serrées. J’ai toujours deux ou trois recueils sous la main, pour l’occasion. Cette fois c’est L’ironie du short, de Max Obione dont j’avais aimé un précédent recueil, Balistique du désir.

 

18 nouvelles aux thématiques très variées (plus, si mes souvenirs sont exacts que le recueil cité en introduction), et surtout aux tonalités diverses : humour, noirceur, science-fiction, fantastique, traque, vengeance, folie ou tendresse. Tout y passe.

 

Chacun, forcément, aura ses chouchous, une ou deux nouvelles (de commande ?) sont, de mon point de vue, un peu en retrait des autres. Ce qui laisse facilement une bonne quinzaine de petites perles plus ou moins chatoyantes, plus ou moins noires (je sais, les perles c’est blanc d’habitude, mais celles-là sont noires ou chatoyantes).

 

Pour a part, j’ai une faible pour l’excellent pétage de plombs de Marcel Bovary (dans le genre humour noir et Grand-Guignol), la tendresse mélancolique de Aurel et Maddy, l’humour vachard et le regard sur le monde de l’édition de Attention à la marche, ou la noirceur glauque de L’ironie du short.

 

Vous aurez sans doute vos préférences.

 

Et cerise sur le gâteau, ou olive dans le martini, l’ensemble est précédé par une autre perle, comme ça, pour le même prix, une préface de Maître Jean-Bernard Pouy. Du pur Pouy, excellent donc.

 

Max Obione / L’ironie du short, Krakoen (2011).

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 21:16

J’aime beaucoup Heredia et son chat Simenon, les personnages du chilien Ramon Diaz Eterovic. Ils font partie de la grande famille des enquêteurs hispanos, au côté de Mario Conde, Mendez, Hector Belascoaran Shayne, et bien entendu leur papa à tous, Pepe Carvalho. Il reviennent dans L’obscure mémoire des armes.

 

Diaz

Les affaires ne vont pas fort pour Heredia, le privé mélancolique de Santiago du Chili. C'est pourquoi il n'est pas mécontent d'enquêter sur la mort de German Reyes, abattu à la sortie de son travail par deux malfrats. La police a très rapidement conclut à un vol ayant mal tourné, mais la sœur du défunt est certaine que son frère n'est pas mort par hasard.

 

Très vite deux pistes se présentent à Heredia : Il s'aperçoit qu'il se passent de drôles de choses autour du magasin où travaillait German. Mais surtout, il s'avère que celui-ci, qui avait subi la torture dans les centres policiers de Pinochet, faisait partie d'une association visant à retrouver les tortionnaires ayant échappé à la justice. Les fantômes de la dictatures sont toujours là, et ils sont toujours dangereux.

 

Un roman dans la lignée de la série. Déconseillé à ceux qui veulent de l'action à tout prix, de la castagne et des retournements de situation à toutes les pages. Parfait pour ceux qui ont envie de déambuler dans Santiago avec Heredia au rythme des vers de ses poètes préférés, de ses arrêts dans les bars et les restaurants, et de ses discussions avec ses quelques amis fidèles.

 

Ce qui n'empêche pas Diaz Eterovic de faire avancer son intrigue et, au fil des pages, de faire remonter du passé les horreurs de la dictature.

 

« Même si les cérémonies publiques et les déclarations convenues essayaient d’enterrer le passé, celui-ci continuait à se glisser par les fissures d’une société habituée aux apparences, aux décors trompeurs et aux compromis en coulisse. Le passé était une blessure qui n’avait jamais été complètement désinfectée et laissait échapper sa pestilence à la moindre inadvertance. »

 

Heredia fait partie de ces personnages latino-américains qui ne lâchent jamais, prennent des coups, se sentent de plus en plus en marge du monde, mais n'acceptent pas pour autant de renier leurs convictions, leurs valeurs, celles pour lesquelles tant de leurs camarades de jeunesse sont morts.

 

Et puis, il parle avec son chat et avec un « Scribouilleur » qui s’inspire de ses enquêtes pour ses romans policiers. Boit un verre plus souvent qu’à son tour. Lit les poètes, Simenon, Wilkie Collins, Carver, Soriano ou Dick, va voir La soif du mal et écoute des tangos et Ben Webster … Comment ne pas l’aimer ?

 

 

 

 

Ramon Diaz Eterovic / L’obscure mémoire des armes (La oscura memoria de las armas, 2008), Métailié (2011), traduit de l’espagnol (Chili) par Bertille Hausberg.

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 15:54

Gallmeister délaisse, momentanément, les grands espaces pour ceux beaucoup plus confinés de New York. Avec Totally killer de Greg Olear dont vous avez sans aucun doute déjà entendu parler sur les blogs. A mon tour de mettre mon grain de sel.

 

OlearNew York 1991. L’incandescente Taylor Schmidt débarque de son Missouri natal à la recherche du boulot de sa vie. Elle débarque par la même occasion dans la vie de Todd, le narrateur, dont elle partage l’appartement. Comme elle Todd fait partie de cette génération, un rien désabusée, qui cherche désespérément à trouver sa place. Pauvre Todd, baladé d’un emploi précaire à un autre, fasciné, hypnotisé même, par sa colocataire, qui se retrouve dans la position inconfortable de meilleur ami et confident alors qu’il ne rêve que d’une chose, la mettre dans son lit …

 

Toujours est-il que les deux galèrent jusqu’au jour où Taylor tombe sur la pub pour une agence de recrutement de plus. Mais celle-là est spéciale. Locaux luxueux, chasseur de tête à tomber par terre, et immédiatement, une proposition. Le boulot de rêve, celui pour lequel Taylor serait prête à tuer … Prête à tuer ? Vraiment ?

 

Je ne sais pas trop comment tourner cette chronique …

 

Totally killer est un bon polar. Personnages caricaturaux mais c’est la règle dans ce genre d’exercice, écriture qui accroche dès les premières pages (c’est d’ailleurs le gros point fort du roman), une intrigue qui ose tout dans un crescendo grand guignol plutôt drôle, et une idée de départ …

 

C’est là que je coince un peu. Dans l’absolu, l’idée de départ est excellente. Comme il n’y a pas de postes disponibles, il ne reste plus qu’une seule solution, flinguer ceux qui ont un boulot pour leur prendre la place. Excellente certes, mais le premier lecteur de polar venu m’objectera (et il aura raison) qu’elle a déjà été exploitée, et de quelle manière, par Le couperet, le chef-d’œuvre (pardon, un des chefs-d’œuvre) de Donald Westlake. Et que la comparaison, que l’on ne peut s’empêcher de faire (ou du moins que je n’ai pas pu m’empêcher de faire) n’est pas à l’avantage de Totally Killer.

 

Parce qu’on croit beaucoup moins aux personnages (mais c’est une satire, donc ce n’est pas grave en soi), parce que le final grand-guignolesque atténue la portée du propos (mais c’est une satire …), parce qu’aussi la référence permanente et répétitive à l’année 1991 l’ancre terriblement dans le temps là où Le couperet est intemporel (c’est d’ailleurs le seul vrai reproche que j’ai à faire à ce roman, la répétition parfois un peu lourde des références à cette époque). Pour faire court, parce qu’on compare un bon polar avec un chef-d’œuvre.

 

Voilà pourquoi j’ai du mal à écrire cette chronique ... Parce que c’est un bon polar, mais que je ne suis pas certain que je vous ai donné envie de le lire. D’un autre côté, je ne peux pas non plus passer sous silence le problème suscité. Bref, à vous.

 

Greg Olear / Totally killer (Totally killer, 2009), Gallmeister (2011), traduit de l’américain par François Happe.

 

PS. Si, par le plus grand des hasards, vous n’avez jamais lu Le couperet de Donald Westlake, précipitez-vous toutes affaires cessantes, interro écrite la semaine prochaine. Mais tout le monde ici a lu ce monument. Forcément.

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 23:35

C’est peu de dire que je l’attendais le DOA / Manotti. Et contrairement à ce qu’il se passe parfois, j’étais certain de ne pas être déçu. Et je ne m’étais pas trompé, L’honorable société répond à toutes les attentes.

DOA Manotti

 

Benoît Soubise, ancien barbouze travaille maintenant au CEA, en étroite collaboration avec son directeur. Deux jour avant le premier tour des élections présidentielles, il est tué par deux pros qui se trouvent dans son appartement pour pomper le disque dur de son portable. Coup du sort, au même moment, un trio d’écologistes radicaux est en train de pirater le même ordinateur, et via la webcam enregistre le meurtre.

 

Pour le candidat de droite, très proches des milieux d’affaires, il est indispensable que la piste écologiste radicale soit privilégiée durant l’enquête, pour éviter à tout prix toute allusion à des manœuvres de privatisation en cours, au moins jusqu’au second tour. Mais le commandant Pâris, de la Criminelle ne l’entend pas de cette oreille, d’autant plus qu’il va retrouver sur son chemin de vieilles connaissances. Des connaissances du temps où il était dans la brigade financière, dont il s’est fait virer pour s’être trop approché du soleil …

 

Je lis ici et là que DOA et Dominique Manotti ont parfaitement réussi leur coup malgré leurs différences … Etrange, pour moi il était évident que cette collaboration ne pouvait que fonctionner. Ils ont le même type d’écriture, sèche, directe, sans gras. Ils affectionnent le même type d’intrigues, d’une précision d’horloger, complexes et parfaitement maîtrisées. Ils aiment tous les deux mettre à jour les dysfonctionnements de nos élites, les jeux de pouvoirs politiques, les liens et/ou manipulations entre média et dirigeants du pays … Ils étaient vraiment faits pour s’entendre, ils se sont magnifiquement entendus.

 

Collusion entre pouvoir politique et pouvoir économique, manipulation des medias, pressions sur la police et la justice … Une intrigue millimétrée, une construction complexe maîtrisée de mains de maîtres, une écriture sèche, nerveuse, au cordeau … Un suspense sans faille, des dialogues qui claquent et des personnages incarnés en quelques phrases … comme prévu DOA et Dominique Manotti se sont superbement trouvés et complétés.

 

Impossible de dire qui a écrit quoi, qui a amené quoi … On peut supposer que les jeux et enjeux économiques ont été plus creusés par Dominique Manotti, et que l’idée de faire mener une enquête à deux journalistes anglais est plutôt de DOA … On peut ainsi retrouver un peu de chaque, mais on trouve surtout un travail d’une grande cohérence et unité de ton.

 

Et une analyse dramatiquement rattrapée par l’actualité, en ces jours où le nucléaire japonais est au bord du gouffre … Certes, garder la maîtrise publique de telles installations n’est pas le garant d’une gestion sans risque, mais que dire de la tentation de la brader au privé, dont on connaît la rapacité (ou si on veut être mignon, la nécessité de profit à très court terme …) ? Une lecture passionnante, salutaire et qui devrait être obligatoire, à un an de nouvelles élections.

 

L’ami Jeanjean a aimé lui aussi, sur son blog, DOA se voit rejoint par l’actualité brulante.

 

DOA / Manotti / L’honorable société, Série Noire (2011).

 

PS. J’oubliais … Toute ressemblance avec des personnages et des situations bien connus est loin d’être un hasard, et je vous déconseille la lecture de L’honorable société les jours de blues, parce que ça finit pas bien …

 

PPS. Dernière chose, ce n’est certainement pas un hasard si le titre qui désigne nos dirigeants désigne aussi la mafia …

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 22:38

Une première chez Rivages (du moins, une première pour moi), un polar hongrois. Chouette ! J’aurais adoré être complètement conquis. Malheureusement ce n’est pas le cas. Mais ce n’est pas non plus une catastrophe. Avis mitigé donc pour Budapest la noire de Vilmos Kondor.

 

KondorBudapest, 1936. La premier ministre, ami de l’Allemagne nazie vient de mourir et la capitale s’apprête à lui faire des obsèques grandioses. Tous les policiers et tous les journalistes sont sur le pont. Mais cela ne passionne pas Zsigmond Gordon, chroniqueur judiciaire d’un grand journal. Dans l’indifférence générale il s’intéresse au cadavre d’une jeune femme juive trouvée sous le porche d’une rue mal famée. Elle semblait en bonne santé, n’avait avec elle qu’un livre de prières. Comment une jeune fille de bonne famille a-t-elle pu finir comme ça ? et pourquoi le chef de la criminelle avait-il, avant sa mort, sa photo dans un de ses tiroirs ? Autant de questions qui tardent à trouver des réponses, mais qui dérangent visiblement du beau monde …

 

« Située quelques années avant l’horreur nazie, cette histoire tragique dépasse, par l’ampleur de ses ramifications historiques, la simple résolution du mystère ». Lit-on en quatrième de couverture. Et c’est bien vrai. Mais c’est aussi là que réside le problème. Car si le fond est passionnant, surtout pour un ignare comme moi de l’histoire de la Hongrie, c’est dans la « résolution du mystère » que le roman pêche. Ainsi que dans la construction des personnages. Comme souvent, il m’est un peu difficile de dire exactement ce qui m’a laissé en dehors de l’histoire.

 

Le manque de chair des personnages pour commencer. On ne les « sent » pas, on ne perçoit pas leurs doutes, leurs souffrances, leurs colères. Ils ne sont pas incarnés, ils restent tout du long des personnages de papier, avec lesquels on ne se réjouit pas, qu’on ne hait pas, pour lesquels on ne tremble pas …

 

Le mystère ensuite, ou plutôt sa résolution. Car si l’explication finale tient bien la route, à plusieurs reprises je n’ai pas compris, ou senti, pourquoi tel ou tel personnage accepte, ou refuse, de parler au journaliste. Peut-être sommes nous trop habitués aux polars tordus, peut-être la situation était-elle plus « simple » en 1936 en Hongrie, mais j’ai trouvé que le bon Zsigmond avait bien de la chance avec des interlocuteurs qui lui lâchent les infos avec une grande bonne volonté au lieu de l’envoyer se faire voir, au mieux, de le passer à tabac, au pire.

 

Manque de métier ? Maladresse de débutant ? Peut-être, car il semble que cela soit un premier roman. Mais comme je l’écris en introduction, il y a aussi du bon dans « l’ampleur de ses ramifications historiques », dans la description d’un pays en train de passer à la dictature, dans la description d’un lieu dont je ne savais rien. Car si tout élève moyen de terminale n’ignore rien de la situation politique de la France, de l’Italie, de l’Allemagne, de l’URSS et de l’Espagne en 1936, que sait-il de celle de la Hongrie ? Rien.

 

C’est ce qui fait l’intérêt de ce roman. Cela et les descriptions de la ville, de ses environs, des cafés. Ainsi que le charme suranné des dialogues, très datés et, mais là ce n’est qu’une supposition, représentatifs d’un milieu et d’une époque.

 

La quatrième de couverture annonce une série. Je la suivrai, malgré mes réserves sur ce premier volume, en espérant que les défauts de jeunesse disparaitront et que la richesse du fond restera.

 

Vilmos Kondor / Budapest la noire (Budapest Noir, 2008), Rivages/Thriller (2011), traduit du hongrois par George Kassai et Gilles Bellamy.

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 21:39

Je ne lis pas de romans pour ados en général. Peut-être ai-je tord … Mais comme j’ai un peu passé la limité d’âge, et que mes minots sont encore un peu jeunes, je n’en lis pas. J’ai fait une exception parce que j’étais curieux de voir ce que pouvais donner un roman d’A. H. Benotman pour les jeunes. Ca s’appelle Garde à vie. Je n’ai pas été déçu.

 

BenotmanHugues s'est fait arrêter alors que la voiture volée avec laquelle lui et un copain s'amusaient finissait son rodéo dans un abribus. Son pote a réussi à s'échapper, lui se retrouve en cellule en attente de voir le juge. Puis la prison. Un lieu auquel rien ne l'a préparé, un lieu où il va devoir affronter ses peurs, les brimades, et surtout le vide des journées et le vide d'un avenir foutu.

 

Très court texte, entre réalité et fantasme, entre réalisme sordide et vide et cauchemars de plus en plus oniriques …

 

A. H. Benotman brouille les pistes, embrouille son lecteur, pour mieux rendre palpable un univers qui broie ceux qui y sont soumis, quels qu'ils soient. Une machine à déshumaniser au lieu d'un lieu d'insertion, une machine qui ôte quasiment toute possibilité de seconde chance …

 

Roman court mais terrible, qui laisse une forte impression. Ma seule interrogation, à laquelle vous pourrez peut-être répondre : à partir de quel âge peut-on lire et apprécier ce texte ? Ce qui est certain, c’est que les adultes peuvent le lire. Doivent le lire.

 

A.H. Benotman / Garde à vie, Syros/Rat noir (2011).

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 10:29

Une pause de quelques jours, je vous retrouve en début de semaine prochaine.

 

En attendant, bonnes lectures.

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 23:46

Voici donc le second Giancarlo De Cataldo de ce début d’année, écrit à quatre mains avec Mimmo Rafele. Autant le premier était d’une tonalité nouvelle, autant avec La forme de la peur on retrouve la forme et les thématiques de ses deux premiers romans.

 

De-Cataldo-Peur.jpgMarco Ferri, ex hooligan romain est rentré dans l'équipe anti-terroriste de Mastino après l'assassinat de son mentor Dantini. Dantini n'aimait pas les manière brutales de Mastino et le soupçonnait d'être corrompu. Mais Dantini est mort, selon toute apparence abattu par un jeune anarchiste. Seul son ami Lupo, des Affaires Internes sait qu'il enquêtait sur le groupe de Mastino et ses appuis très haut placés. Entre Lupo et le Commandant la lutte est engagée, une lutte dans laquelle Mastino et Marco ne sont que des petits soldats, facilement sacrifiables.

 

Pour une fois je ne serai pas totalement d’accord avec l’ami Jeanjean. Je n’ai pas trouvé que l’écriture souffrait de maladresses, ni même que l’intrigue soit trop schématique. Certes, comme il le dit, les affreux sont vraiment affreux, mais quand on pense à la clique au pouvoir en Italie, et aux rigolos de la Ligue du Nord ou aux comiques qui veulent interdire des livres dans les bibliothèques, on se dit que la réalité dépasse peut-être la fiction … Et les « gentils », de leur côté, ne sont pas exempts de contradictions … Enfin, une affaire d’appréciation.

 

En outre, c’est avec plaisir que j’ai retrouvé son écriture sèche et efficace, les liens entre crime, affaires et politique, une intrigue complexe mais parfaitement maîtrisée. A se demander quel est l’apport du second auteur (qu’il est vrai je ne connais absolument pas) dans ce roman.

 

Après les années de plombs et la montée en puissance de Berlusconi, c'est aux mécanismes de la peur et des limitations des libertés que s'en prend cette fois De Cataldo. Des mécanismes qui sont loin d’être spécifiquement italiens.

 

Et ce, toujours avec la même efficacité et la même pertinence.

 

Giancarlo De Cataldo et Mimmo Rafele / La forme de la peur (La forma della paura, 2009), Métailié (2011), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.

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