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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 23:47

Voici la conclusion d’une magnifique trilogie : après Les lames du Cardinal et sa suite L’alchimiste des ombres, Pierre Pével conclue en beauté avec Le dragon des Arcanes.

 

Pevel

Les lames avaient réussi à stopper l'Alchimiste, un puissant dragon au centre d'une intrigue visant la Reine de France. Mais un énorme dragon noir est venu le tuer soufflant sa prison, et tuant dans le même temps Almadès, le second de la Fargue, Capitaine des Lames. Depuis c'est l'hécatombe : Agnès est faite prisonnière par les Châtelaines (l'ordre des sœurs qui lutte en première ligne contre les dragons), Leprat est reparti chez les Mousquetaires du Roi de Monsieur de Tréville, Ballardieu a été laissé pour mort du côté du Mont-Saint-Michel, et le Cardinal de Richelieu soutient de moins en moins ses Lames. Une situation d'autant plus préoccupante que dans l'ombre les Arcanes, sous loge de la puissante Griffe Noire, préparent la destruction de Paris.

 

Si comme moi vous gardez un souvenir ému des romans du grand Dumas, si d’Artagnan, Athos et les autres font partie de votre panthéon littéraire, si vous vibrez encore au bruit des lames qui s’entrechoquent … Cette trilogie est pour vous.

 

D’autant plus que Pierre Pével sait conclure et ne tire pas sur la corde pour pondre des volumes et des volumes. Et quelle brillantissime conclusion pour cette superbe série.

 

Une reconstitution minutieuse, alliée à une imagination puissante et originale, le plaisir toujours intact de croiser, au détour d'une page, Athos, D'Artagnan, Monsieur de Tréville et même l'infâme Rochefort, un cocktail parfaitement dosé d'hommage aux romans et aux films de cape et épée et de fantasy noire et débridée mais totalement cohérente … Des complots, des mystères, des retournements de situation, et des combats magnifiquement décrits.

 

Et mâtin quel final ! comme ils disaient (presque) chez Pilote. On ne peut pas reprocher à Pierre Pével de manquer de générosité. On en prend plein les mirettes, les narines, les oreilles. Paris en flammes, les hordes sauvages lâchées dans la ville, du sang, du feu, des larmes, du panache, de la magie. Tudieu quel pied.

 

Alors faites-moi confiance, sortez des coffres les chapeaux à plumes, huilez vos lames et un pour tous, tous pour un avec les Lames de la Fargue !

 

Pierre Pével / Le dragon des arcanes (Les lames du Cardinal III), Bragelonne (2010).

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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 00:11

Je ne sais plus quel auteur a dit que, dans deux cents ans, si l’on veut savoir comment vivaient les gens à New York, Paris ou Barcelone il suffirait de lire les auteurs de polar. Pour ce qui est de Washington, il faudra lire George Pelecanos dont le dernier roman, Mauvais fils, poursuit la description de la vie ordinaire dans la capitale américaine.

 

PelecanosChris Flynn a 17 ans quand les portes du centre de détention pour jeunes délinquants de Pine Ridge se referment sur lui. Pourtant Chris a grandi dans une famille unie, relativement aisée et rien dans son entourage n'explique pourquoi il est devenu cet adolescent à problèmes. Drogue, bagarres, vols … malgré les efforts de son père Thomas, patron d'une petite entreprise de pose de moquettes rien n'a pu arrêter la dégringolade.

 

Dix ans plus tard, Chris a muri et travaille en équipe avec un ancien de Pine Ridge pour l'entreprise de son père. En rénovant une maison destinée à la vente, ils trouvent un sac contenant 50 000 dollars. Chris parvient à convaincre son coéquipier de ne pas prendre l'argent, mais les ennuis ne font que commencer …

 

Un Pelecanos de plus serait-on tenté de dire. Dans la veine, moins spectaculaire, de ses derniers romans. Ici pas de flics, pas de privés, juste des gens ordinaires pris, le temps d’un roman, dans une histoire un peu extra-ordinaire.

 

On retrouve toutes ses thématiques habituelles : Description des quartiers populaires, variations sur la thème de la seconde chance et des possibilités de réinsertion, présence de la musique, grande qualité des dialogues, intrigue minimale mais parfaitement menée. Et une écriture d’une fluidité et d’une évidence qui font que tout parait simple et facile.

 

Même si on ne croise aucune silhouette connue, on a l'impression de connaître les personnages et, au bout d'à peine quelques lignes, on s'y attache. Comme toujours Pelecanos ne juge pas. Il décrit. Ceux qui chutent, ceux qui se relèvent, et ceux qui n’y arrivent pas. Ceux qui vivent, simplement, en tentant de conserver leur dignité, et ceux qui ont choisi, plus ou moins consciemment, de ne pas se préoccuper des autres. Il décrit, exposant les faits, avec lucidité, sans montrer personne du doigt, mais sans angélisme non plus.

 

Et la grande comédie humaine de Washington gagne un épisode de plus. En attendant le prochain.

 

George Pelecanos / Mauvais fils (The way home, 2000), Seuil/Policiers (2011), traduit de l’américains par Etienne Menanteau.

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 11:00

J’avais beaucoup aimé le premier roman de Cathi Unsworth, Au risque de se perdre, publié sous les louangeurs, mais redoutables hospices de Robin Cook, Ken Bruen et David Peace. J’étais donc curieux de voir s’il y en aurait un second, et s’il tiendrai les promesses de ce démarrage en fanfare. Il y en a un second, Le chanteur, et il tient les promesses du premier.

 

UnsworthDébut des années 2000, la musique et la culture punk semblent revenir à la mode à Londres. Eddie Bracknell, petit journaliste obscur survivant à coups de piges dans différents magazines musicaux découvre grâce à un ami photographe, vétéran de l'époque des Sex Pistols, un groupe à la trajectoire de comète : Blood Truth et son chanteur incandescent, Vincent Smith.

 

Vincent qui, un beau jour, disparaît à Paris sans laisser de traces, au moment où le groupe après avoir connu son heure de gloire était en train d'imploser. Profitant du regain d'intérêt pour les années 80, Eddie décide d'écrire un livre sur le groupe et son chanteur et de tenter de retrouver sa trace. Il commence  une série d'interviews qui va l'amener, peu à peu, à cerner la personnalité complexe et controversée du mystérieux Vincent et de ceux qui gravitait autour de Blood Truth, jusqu'à …

 

Autant rassurer tout de suite d’éventuels lecteurs : Je ne suis ni fan, ni connaisseur du mouvement punk, j’écoute plutôt du jazz, du blues et de la soul, je connais mieux Ray Charles, Otis Reding, Aretha Franklin ou Art Tatum que les Sex Pistols … Et j’ai trouvé le roman de Cathi Unsworth passionnant, même s’il me manquait parfois quelques références musicales pour en apprécier pleinement toute la richesse.

 

Parce que sa construction est impeccable jouant avec brio sur les alternances passé / présent. Parce que les personnages sont réellement incarnés. Parce que l'auteur connaît parfaitement l'époque et le milieu dont elle parle, et qu'elle arrive à les refaire vivre, de façon saisissante. Parce que Eddie, looser attachant, est un personnage comme les aiment les amateurs de polar …

 

Et aussi et surtout parce la tension est superbement maîtrisée, allant croissant au fur et à mesure que les différents témoignages apportent un nouvel éclairage sur les personnages et les événements que l'on croyait connaître. L’auteur joue magnifiquement de ces points de vue, retournant le lecteur comme une crêpe (comme elle retourne le pauvre Eddie), un lecteur qui s’aperçoit, peu à peu, que les vérités du début du roman peuvent être remises en question.

 

Plus on avance, plus les ombres s’épaississent jusqu'à l'ébouriffant final ... Une partition magistralement exécutée.

 

Et je ne peux qu’imaginer à quel point un tel roman doit être encore plus enthousiasmant pour ceux qui connaissent bien l’époque et la musique décrites.

 

Cathi Unsworth / Le chanteur (The singer, 2007), Rivages/Thriller (2011), traduit de l’anglais par Karine Lalechère.

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 20:58

Cette publication de Tijuana Straits de Kem Nunn chez Sonatine, je l’attendais depuis un bon moment. Depuis que j’en avais entendu parler. Parce que Le sabot du diable, le dernier roman de cet auteur, publié en France dans La Noire m’avait profondément marqué. Voilà ce que j’avais publié à l’époque sur mauvaisgenres :

 

Nunn SabotFletcher, dit Docteur Fun a été un photographe de surf connu, mais depuis quelques années, tout le monde l’a oublié. Jusqu’au jour où le directeur d’un magazine lui fait une proposition qu’il ne peut refuser : Drew Harmon, légende disparu de la circulation depuis plus de dix ans veut qu’il vienne le photographier dans un spot mythique, Heart Attacks. C’est quelque part à la frontière nord de la Californie, à la limite de l’Orégon, dans une zone de brouillard, de pluie et de légendes. Un endroit perdu, inaccessible en pleine réserve indienne, une vague qui n’a jamais été vraiment photographiée, une sorte de cimetière des éléphants ...

 

Alors, en compagnie de deux jeunes surfeurs parmi les meilleurs de leur génération, Fletcher part retrouver Drew, le colosse, qui semble vouloir revenir sur le devant de la scène. L’égoïsme et la bêtise des uns et des autres, l’hostilité des éléments, le ressentiment des indiens, méprisés, vivant misérablement sur le lopin qu’on a bien voulu leur concéder, tout cela va faire de cette expédition un voyage au bout de l’enfer.

 

Kem Nunn a su parfaitement planter le décor, que ce soit la nature angoissante, noyée dans la pluie et le brouillard, et parfois illuminée par un rayon de soleil qui lui donne une beauté irréelle, l’océan et ses vagues parfaites, excitantes et effrayantes à la fois, mais également l’environnement humain, indiens misérables rendus méchants par le désespoir, et le mépris dont ils sont l’objet. C’est dans cette ambiance oppressante, qui peut parfois rappeler « Délivrance » de Boorman, qu’il a construit magistralement son intrigue polyphonique, éclatée entre les parcours des différents personnages qui s’éloignent, se retrouvent, élaborant peu à peu le puzzle dont le dessin final n’apparaît qu’à la fin. L’évolution des personnages est en parfait accord avec tout ça, on les voit se révéler peu à peu, mis à nu par les épreuves, pour le meilleur, ou pour le pire. Un grand roman noir avec du suspense, de l’émotion et surtout le souffle du vent du large et le fracas des vagues contre les rochers.

 

Et bien, je n’ai pas été déçu, Kem Nunn écrit peu, mais quand il s’en donne la peine, c’est grand. Après la Californie du Nord, cap sur la baie de Tijuana.

 

Nunn Tijuana

Il y a longtemps, quand la baie de Tijuana était encore un petit paradis, Sam Fahey fut une légende. Le disciple de Hoddy Younger, un des rares à avoir surfé Mystic Peak, la vague monstrueuse qui, une fois tous les dix ans, déferle sur la baie. Hoddy fut aussi le premier sauveteur en mer de San Diego, et Sam faisait partie de son équipe. Jusqu’à ce qu’il plonge ; drogue, trafics, prison … Aujourd’hui Sam est un homme brisé, qui vit au jour le jour, caché au fin fond de la vallée.

 

Jusqu’au jour où il recueille Magdalena. La jeune femme, mexicaine, vient d’échapper miraculeusement à la mort. Deux hommes ont tenté de la tuer, de l’autre côté de la barrière, à Tijuana. Comme elle s’occupe d’un foyer de femmes battues et violées, et qu’elle est l’assistante d’une avocate activiste qui s’attaque aux gros industriels qui viennent exploiter les ouvriers mexicains et polluent sans vergogne, la liste des gens qui peuvent vouloir sa peau est longue. Magdalena est jeune, belle, passionnée … Elle va réussir à faire sortir Sam de sa léthargie, et l’obliger, de nouveau, à affronter le monde.

 

Contrairement à ce qui est écrit sur la quatrième de couverture, Tijuana Straits n’est pas Le chef-d’œuvre de Kem Nunn, c’est Un chef d’œuvre de Kem Nunn. Cet auteur écrit très peu, mais chacun de ses romans est un véritable tour de force.

 

Tijuana Straits ne fait pas exception. Il a tout les ingrédients de ces romans qui nous bouleversent :

 

Un héros comme le polar les aime : Cassé, hanté par ses démons, en permanence à la limite de la rupture … Et pourtant plein de ressources. Un cliché certes, mais tellement efficace quand il est aussi bien manipulé.

 

Cette façon unique qu'ont les américains de décrire le rapport à la nature (la montagne ou les immensités chez les auteurs Gallmeister, l'océan et les vagues chez Kem Nunn ou Don Winslow). La "mystique" du surf, que Kem Nunn décrit si bien, de si belle façon qu'il n'est pas nécessaire d'avoir surfé pour ressentir le mélange de respect, de peur, et joie, de jouissance totale face à La Vague.

 

Et puis il y a cette situation terrible de la frontière, avec la misère des migrants, la barrière de la honte, la violence faite aux plus pauvres (en commençant par les femmes), le scandale des maquiladoras, ces grosses entreprises américaines, mais aussi européennes qui exploitent, dévastent, polluent … Sans la moindre humanité, sans la moindre considération pour les populations qu'elles massacrent à petit feu. Une situation semblable à celle de Ciudad Juarez que Patrick Bard a décrite dans son terrible roman La frontière.

 

Et pour finir, une intrigue mitonnée, avec des affreux très convaincants, des seconds rôles inoubliables, et une tension croissante parfaitement maîtrisée jusqu'au superbe final. Sans conteste, un de grands romans de ce début d'année.

 

Vous pouvez compléter cette modeste note en allant lire l'interview publiée sur bibliosurf. Une gueule cet auteur non ?

 

Kem Nunn / Tijuana Straits (Tijuana Straits, 2004), Sonatine (2011), traduit de l’américain par Natalie Zimmermann.

Le sabot du Diable (The dogs of winter, 1997), La Noire (2004), traduit de l’américain par Jean Esch.

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 20:00

Il y en a qui sont vraiment malchanceux. Non seulement ils n’ont pas la chance d’habiter Toulouse ou sa région, mais en plus ils n’ont pas l’occasion de venir quand il s’y passe des choses importantes.

 

Heureusement pour eux, les toulousains sont prévoyants et généreux ! Et ont pensé à mettre en ligne les enregistrement, ou les vidéos, de quelques grands moments.

 

Vous trouverez donc sur le site de la médiathèque José Cabanis la liste de l’ensemble des rencontres depuis 2008. Et en particulier, les deux dernières auxquelles j’ai participé, à savoir, la rencontre avec James Ellroy, et celle avec Craig Johnson.

 

Mais on peut aussi écouter une plus ancienne, enregistrée lors de la venue de Paco Ignacio Taibo II en 2009.

 

Et la librairie Ombres Blanches s’y est mise elle aussi. Vous trouverez tous les podcasts mis en ligne à ce jour, avec en particulier celui de la rencontre avec Pascal Dessaint à l’occasion de la sortie de Les derniers jours d’un homme.

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 23:45

Vous connaissez peut-être Que tal ? la chanson de Juliette … Et vous avez peut-être aussi vu Tatie Danielle ? Ben tout ça, à côté de la mamie de Nadine Monfils dans Les vacances d’un serial killer, c’est de la gnognotte !

 

 

 

 

MonfilsComme tous les ans la famille Destrooper part à la plage. Alfonse, le roi des boulettes sauce lapin (faudra lire pour savoir ce que c’est) a réservé dans une superbe pension avec vue sur la mer (la mer du nord, certes, mais la mer quand même). Josette, sa douce, a acheté un nouveau bikini et un magnifique chapeau. Steven et Lourdes, les deux ados, s’emmerdent déjà à l’arrière, mais comptent filmer leurs vacances pour passer le temps. Et la mémé (la mère de Josette) est dans la caravane (avec géraniums en plastique), bien décidée à haïr la plage mais à vampiriser le premier maître nageur qui se présente.

 

Dès les premiers kilomètres, les choses se présentent mal : Josette se fait piquer son sac avec tout l’argent de la famille par un motard et à la station service suivante, Steven et Lourdes qui aiment filmer en douce dans les toilettes, s’aperçoivent qu’ils ont des images d’un cadavre égorgé. Celui du motard justement …

 

Amateurs d’intrigues ficelées, de style tout en dentelle et de dialogues de haute volée philosophiques … laissez tomber, ce roman n’est pas pour vous. Si au contraire la folie, le mauvais goût assumé et manié avec truculence vous plaisent, si Affreux, sales et méchants est un de vos films préférés, n’hésitez pas une seconde, bienvenue au casse-pipe réjouissant de Nadine Monfils.

 

C’est qu’on ne s’ennuie pas avec la famille Destrooper. Pas un pour rattraper l’autre, et la pire, c’est bien entendu la mémé, ignoble, mal polie, sans scrupules mais pas sans libido … Elle est géniale !

 

Et puis, elle les aime bien ses paumés Nadine Monfils. Elle se moque, elle en rit mais elle les aime. Car comme le dit, quittant son nez de clown l’espace de quelques lignes : « Parce que la vraie obscénité n’est pas dans le vocabulaire. Elle est dans la violence gratuite. Dans ces trous-du-cul qui nous font gober n’importe quoi pour s’en mettre plein les poches. Dans ce putain de monde où tout part en couilles, où les riches se pavanent sur le tas de pognon sans même jeter un regard à ceux qui crèvent la dalle. La grossièreté c’est pas causer comme un pilier de comptoir, mais c’est avoir un langage châtié et de foutre la planète en l’air en remplissant des piscines alors que des mômes crèvent de soif. »

 

Voilà, c’est dit. Et ça n’empêche pas de se marrer durant tout le bouquin.

 

Nadine Monfils / Les vacances d’un serial killer, Belfond (2011).

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 22:39

En attendant de vous causer de vacances réjouissantes sur les plages de la mer du Nord (je vous laisse deviner quelle sera ma prochaine chronique), voici un concept de voyage qui peut intéresser les littéraires que vous êtes tous.

 

Je laisse la parole aux deux conceptrices :

 

« L’Atelier voyageur est un concept novateur de séjours « écriture et tourisme », organisé en partenariat par Hélène Duffau, auteure française, et l’agence toulousaine de voyages sur mesure VMS.

Hélène Duffau travaille depuis 1983. Professionnelle de l’édition, elle assiste durant huit ans Pascal Quignard et Philippe Sollers aux éditions Gallimard. Écrivaine, son premier roman, Trauma, est publié en 2003 aux éditions Gallimard. Formée à l’Atelier recherche de la Boutique d’écriture du Grand Toulouse, Hélène Duffau anime des ateliers d’écriture depuis 2004 auprès d’un public varié. Là, elle vérifie combien l’écriture de création crée du lien, ouvre, révèle et développe la créativité, ce qui se confirme avec encore plus de pertinence dans un pays étranger. 

Sabine Dubarry, avec plus de 20 ans d’expérience dans le tourisme dont 17 au service d’un réseau international, a fait du voyage sur mesure sa spécialité. Professionnalisme et méthode associés au sens de l’écoute comme à la disponibilité font de l’agence VMS Sabine Dubarry une créatrice de tourisme de qualité.

Depuis 2008, Hélène Duffau et Sabine Dubarry conçoivent et réalisent des séjours touristiques d’écriture en Europe.

Au printemps 2011 et pendant 5 jours, l’Atelier voyageur se déroule entre ateliers d’écriture, approche de la littérature du pays d’accueil, visites touristiques, découvertes gastronomiques, promenades. L’écriture en atelier se teinte des impressions locales. Elle prend le mode de la correspondance, de la nouvelle ou encore, de la forme du moment.

Animée et encadrée par Hélène Duffau, la session est ouverte à douze participants qui séjournent dans un hôtel central, à proximité des commodités. »

 

Au menu un voyage à Dublin, un autre à Berlin (mais que je n’ai pas trouvé sur le site). Vous pouvez les contacter en allant sur le site de l’agence de voyage.

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 23:18

Un premier roman passionnant à la série noire, celui d’une jeune auteur américaine Attica Locke, qui, si l’on en croit ce que l’on peut lire sur son site, a déjà remporté un beau succès critique chez elle. Il s’appelle Marée noire.

 

LockeHouston Texas, au début des années Bush. Jay est noir et avocat. Peu de clients, pas toujours solvables, il a du mal à joindre les deux bouts, et se demande ce qu’il va devenir avec la naissance prochaine de son fils. De son passé d’activiste du mouvement des droits civiques il garde une peur permanente des policiers et de la prison. Ce soir  là, pour l’anniversaire de sa femme, il organise une croisière sur le bayou qui traverse la ville. Croisière du pauvre, sur un bateau délabré, sur une eau sale, le long de quartiers déshérités … Jusqu’au moment où ils entendent le cris d’un femme, deux coups de feu, et le bruit d’un corps qui tombe à l’eau. Malgré sa peur, Jay plonge et sauve la vie d’une jeune femme blanche, visiblement terrorisée. Il la dépose devant un commissariat, pensant qu’il n’entendra plus parler d’elle …

 

Un solide premier roman passionnant à plus d’un titre.

 

A commencer par la richesse des thématiques brassées : On passe des années 70 et la fin des grands mouvements de contestation raciaux mais aussi sociaux, aux années 80 avec leur prédominance de l’économie et le laminage de la classe ouvrière (en commençant par les plus pauvres, à savoir … les noirs). On passe des manœuvres d’infiltration du FBI dans les mouvements contestataires des années 70 à la collusion du pouvoir politique et de l’aristocratie pétrolière symbolisée par l’arrivée des Bush au pouvoir.

 

Ces thématiques sont riches, lourdes de sens, et pourraient très facilement plomber le récit et lui donner des allures d’exposé. Il n’en est rien. Les allers retours entre présent et passé sont maîtrisés, naturels, jamais forcé. Les descriptions des mouvements passés et présents sont bien intégrées dans une intrigue parfaitement construite qui joue sur plusieurs niveau de suspense : le premier concerne l’histoire de la femme sauvée des eaux ; il est mêlé à plusieurs tensions secondaires qui viennent enrichir l’intrigue : concernant Jay et son passé, l’avenir de la grève de dockers dans une ville possédée par les grandes compagnies pétrolières ou le rôle de la Maire de la ville …

 

Des tensions d’autant plus palpables que les personnages sont réellement incarnés et que le lecteur ressent profondément leurs peurs, leurs traumatismes, leurs doutes et leurs attentes.

 

En bref, pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.

 

Attica Locke / Marée noire (Black water rising, 2009), Série Noire (2011), traduit de l’américain par Clément Baude.

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 23:00

Deux romans de Giancarlo De Cataldo chez Métailié en février. Jeanejan a déjà lu les deux, je me suis contenté, pour le moment, de lire le plus court, celui qui me semblait le plus éloigné de ce qu’il a fait jusqu’à présent : Le père et l’étranger.

 

De Cataldo Pere

Tous les samedi Diego Marini et Walid se retrouvent à l'Institut où ils amènent leurs enfants, lourdement handicapés. Entre ces deux hommes que tout sépare, une étrange amitié nait peu à peu. Diego, obscur fonctionnaire du ministère de la justice découvre alors le monde étincelant de son mystérieux ami, homme très important dans sa communauté. Jusqu'à ce retour de vacances d'hiver où Walid, et son fils Yusuf disparaissent. Peu après Diego est approché par les services secrets italiens : Ils recherchent son ami qui serait un terroriste connu …

 

Très court roman, à l'opposé de ce que Giancarlo De Cataldo écrit habituellement. Ici l'intrigue policière et d'espionnage n'est qu'un prétexte, le révélateur d'autre chose. Le catalyseur qui lui permet de parler d'amitié, de tolérance, de compréhension, et  de la difficulté d'être le père d'un enfant différent. En peu de pages, et dans un style paradoxalement presque « plat » sans le moindre pathos, en apparence froid et distant, il fait peu à peu passer les émotions de Diego, ses peurs, ses rages … et finalement son amour pour un fils si difficile à accepter.

 

En prenant le parti de choisir Diego, le terne, l’obscur, l’homme qui n’a d’autre histoire à raconter que celle de son fils, et non le mystérieux et flamboyant Walid, Giancarlo De Cataldo fait le choix de la discrétion, d’une forme de neutralité apparemment sans relief qui, par contraste, ne dévoile sa charge émotionnelle que lentement, imperceptiblement, donnant au final un beau roman qui se révèle au fil des pages.

 

Giancarlo De Cataldo / Le père et l’étranger (Il padre e lo straniero, 2004), Métailié (2011), traduit de l’italien par Gisèle Toulouzan et Paola de Luca.

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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 18:43

Je ne sais pas si ça va durer, mais avec seulement trois romans publiés, la collection Thriller de chez Outside peut se vanter de faire preuve d’une belle cohérence éditoriale. Le petit dernier, L’ange du porno de Christa Faust est dans la droite ligne de ses deux prédécesseurs, Vanilla Ride de Lansdale et de Les chiens sont mes amis de Lewin.

 

Faust

Angel Dare se réveille en mauvaise posture : attachée, blessée, enfermée dans le coffre d'une vieille bagnole … La veille elle était la patronne d'une agence qui fournit de jeunes et belles actrices et stripteaseuses pour les clubs et les films porno. Jusqu'à ce que Sam, un vieux copain de l'époque où elle jouait elle-même, l'appelle pour la supplier de venir tourner quelques scènes pour le dépanner. C'est comme ça qu'elle se retrouve dans cette fâcheuse posture. Et ce n'est que le début de ses ennuis. Mais Angel Dare est une dure à cuire, et aidée d'un ancien flic elle va leur faire payer à tous.

 

Belle cohérence disais-je en introduction … Cohérence visuelle pour commencer. Mais ce n’est qu’un détail. Cohérence dans le choix d’écrivains qui ont un ton, une langue à part : humour scato de Hap et Collins, réflexions totalement décalées du petit homme de Lewin, et langage .. direct d’Angel Dare, la narratrice de L’ange du porno. Cohérence également dans le choix d’auteurs qui explorent les marges de l’Amérique actuelle, sans qu’aucun d’eux ne tombent dans le misérabilisme ou l’angélisme.

 

Et cohérence dans le plaisir pur de lecture. Une fois de plus …

 

L’écriture de Christa Faust est aussi dynamique et intraitable qu'Angel Dare. Aussi peu politiquement correcte qu'elle. Le roman démarre sur les chapeaux de roue et continue sur le même rythme. Les dialogues claquent, ça castagne, ça saigne … Et le lecteur jubile.

 

Ce qui n'empêche pas l'auteur de porter sur le monde du porno et du sexe à vendre un regard à la fois tendre, amusé, et sans concession. Pas de morale à deux balles, mais pas non plus d'angélisme ni d'aveuglement. C'est avec truculence, humour, tendresse et aussi une certaine rage qu'elle décrit ce monde inconnu et décrié, où, si quelques-uns (et quelques-unes) trouvent leur compte (et leur plaisir), l'exploitation des plus faibles reste la règle générale. Rien de tel que ce roman pour démystifier l’industrie du sexe et la montrer pour ce qu’elle est, l’exploitation de l’homme (et surtout de la femme) par l’homme.

 

 Une vraie réussite pour un auteur qui signe ici un excellent premier polar, même si, à en croire la quatrième de couverture, ce n’est pas son premier roman.

 

Christa Faust / L’ange du porno (Money shot, 2008), Outside/Thriller (2011), traduit de l’américain par Aurélie Tronchet.

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