J’ai ouvert Le jaguar sur les toits, premier roman de François Arango, avec une furieuse envie de l’aimer. Un nouvel auteur, le Mexique, Métailié, trois raisons pour apprécier. C’est pourquoi je suis absolument désolé de ne pas avoir été conquis. Explication.
Mexico, DF. Castillo, homme d’affaire récemment viré d’une grande entreprise pharmaceutique a disparu depuis quelques jours quand son cœur est livré à la famille. Avec le paquet macabre, un message en forme de rébus qui semble promettre de nouvelles victimes. Il semblerait que l’homme ait été tué suivant les anciens rites précolombiens.
Alexandre Gardel, journaliste français spécialisé dans les affaires de tueurs en série est envoyé sur place par son journal. Il sera épaulé par la belle et énergique anthropologue Catarina Marín, et par le flic mal embouché mais efficace (et intègre) qui mène l’enquête. L’affaire les mènera sur les traces des anciens cultes et dans les forêts du Chiapas.
J’avais donc très envie d’aimer ce roman. Et il a, objectivement quelques atouts. Essentiellement la richesse du fond : Belle description de la ville de Mexico et une connaissance visiblement approfondie des manœuvres des grands labo pharmaceutiques (l’auteur est médecin), du pillage des ressources naturelles par ces mêmes labos, des civilisations précolombiennes, de la situation au Chiapas … Tout cela est bel et bon.
Mais cela ne fait pas une histoire. Dans La malédiction Hilliker, James Ellroy explique comment son Underworld USA est vraiment né, non pas de la documentation rassemblée, ni de l’envie d’écrire sur une période, mais au moment où il a eu le braquage du fourgon initial et le personnage de Joan Klein … Il avait trouvé le fil narratif. Et justement, voilà ce qu’il manque au roman de François Arango.
Les personnages, pour commencer, ne sont que des silhouettes. Ils manquent de chair, de nerfs, de tripes. A vouloir en construire trop, on ne s’attache à aucun. Et puis, mis à part le flic qui, à mon humble avis, est le plus réussi et celui qui a le plus de potentiel, les autres sont bien lisses, sans faiblesses, sans faille mais aussi, du coup sans passion (du moins, on ne sent pas leurs passions). Donc on se fiche un peu de ce qui leur arrive.
L’autre face du polar, le méchant, est lui aussi assez terne. On ne comprend ce qui l’anime que dans les grandes lignes, mais pas dans le détail. On ne sent pas sa rage, sa hargne, sa colère, sa haine. Donc là aussi, on reste froid. Et certaines de ses actions semblent artificielles, voire incohérentes.
Dommage car une fois de plus le fond est intéressant, les dialogues marchent bien, certaines descriptions sont belles, et le personnage du flic prometteur …
J’attends impatiemment vos commentaires si vous avez une autre (ou la même), appréciation …
François Arango / Le jaguar sur les toits, Métailié (2011).