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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 21:49

Tout d’abord un immense merci à Stéfanie Delestré. Parce que je suppose qu’elle est à l’origine du magnifique cadeau qui m’attendait hier dans ma boite aux lettres.


 

dictionnaireLe dictionnaire des personnages populaires de la littérature des XIX° et XX° siècles, dirigé par Stéfanie Delestré et Hagar Desanti. Du Capitaine Achab à Zorro, en passant par d’Artagnan, Tarzan, Cozette, Tartarin, Meursault, Vidocq, Rastignac etc … sous la plume d’une centaine d’écrivains, que je ne citerai pas tous, mais sachez qu’on y trouve Claude Mesplède, François Guérif, Paco Ignacio Taibo II, Caryl Férey, Jake Lamar, Jean-Bernard Pouy, Giancarlo De Cataldo, Serge Quadruppani, Jérôme Leroy,  Christian Roux mais aussi Catherine Millet et Amélie Nothomb …


 

Pour l’instant, tout à ma joie, je n’ai fait que le feuilleter, l’effleurer, le humer, le caresser … sans rentrer dans le vif du sujet. Je vous en reparlerai donc dans quelques temps.


 

Et maintenant, un conseil. Que dis-je un conseil, un ordre. Achetez le, empruntez le, volez le, mais lisez-le. Quoi ? Les derniers jours d’un homme, le dernier roman de Pascal Dessaint. Attention, il est édité chez Rivages tout court, pas rivages/thriller, donc il ne sera pas forcément classé avec les polars. Alors demandez, exigez, et lisez.


 

A l’heure où un journaliste servile m’a fait bondir dans ma voiture (ce qui est dangereux), en annonçant fièrement que, dessaintd’après un classement qui fait gerber, l’homme le plus riche d’Europe est français. A l’heure où en Italie démarre le procès d’Eternit, responsable de la mort de milliers de personnes victimes de cancers dus à l’amiante … Le roman de Pascal Dessaint, centré sur le scandale social, écologique et sanitaire Metaleurope devrait être une lecture absolument obligatoire.


 

Voilà, sachez aussi, et surtout, que, à mon humble avis, c’est son meilleur roman, celui qu’il portait peut-être depuis une vingtaine d’année, et qu’il nous livre aujourd’hui. Son roman noir au sens premier du terme, héritier de Zola comme de Hammett. J’y reviendrai, bien entendu, dans quelques jours.


 

Les nombreux présents à Ombres Blanches samedi sont tous repartis le bouquin sous le bras. Les toulousains qui n’étaient pas là ont eu tord. Je suppose que maintenant Pascal va tourner un peu partout en France. Surveillez, renseignez-vous, allez-y … et lisez ce bouquin.


 

Il y aura interro écrite dans quelques temps, ceux qui ne l’auront pas lu seront punis : obligés de lire les discours du nain en écoutant les disques de sa dame !

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 22:42

Voilà un OLNI, comme moisson rouge sait en publier. Un peu comme Suburbio du brésilien Fernando Bonassi. Dans un genre différent, mais le fond l’est-il tellement ? Cette fois nous sommes en Russie, ou plus précisément en URSS, avec Racailles de Vladimir Kozlov.

URSS au temps de Gorbatchev. Une petite ville industrielle. Une cité, des usines chimiques. Ils sont jeunes, kozlovils vivent dans le quartier des Travailleurs. Rien ne les intéresse, surtout pas l’école. Seuls loisirs : picoler, baiser (avec ou sans le consentement de la demoiselle), se battre. Contre ceux d’autres quartiers, contre ceux qui sont un peu différents, contre les flics, entre eux. Avenir : aucun, espoirs : pas davantage.

S’il fait penser à Suburbio, c’est que, comme lui, ce roman est une chronique du vide. Même pas du désespoir qui est déjà une émotion, mais du vide complet. Et comme lui il raconte ce vide en utilisant une écriture sans concession, allant au bout de la logique du propos. Là s’arrête l’analogie.

Car là où, sur la fin, Suburbio révèle au final une structure et une montée dramatique, Racailles reste jusqu’à la fin un roman sans structure ni fil narratif. Comme la vie désespérante de ces jeunes souvent aussi méchants que bêtes. Ce sont eux qui racontent, l’un après l’autre. Ils racontent l’obsession du sexe (t’as déjà baisé ? qui baise ici ?), l’ennui, le vide comblé avec force vin rouge, vodka, ou tout autre alcool plus ou moins frelaté. Aucun plaisir. Jamais. Les cuites sont tristes, le sexe est morne (ils sont souvent trop bourrés pour s’en souvenir), les adultes au mieux absents, souvent violents, les niveaux d’analyse et de discussion au raz du bitume.

La prose aussi est morne, à leur image : peu de vocabulaire, répétitive, brutale, simpliste. Là encore, comme pour le manque de structure, l’auteur ose aller jusqu’au bout et ne triche pas. L’impact n’en est que plus fort. On peut juste se demander pourquoi et comment il a choisi les différents « épisodes », où commencer, où finir dans chronique désespérante.

Le résultat est étonnant et effarant. Il décrit avec précision ce qu’il reste d’humanité quand on enlève toute valeur, toute curiosité, toute trace de culture. En ce sens, même s’il est profondément russe, il se révèle universel. Désespérément universel.

Vladimir Kozlov / Racailles  (Gopniki), Moisson Rouge (2010), Traduit du russe par Thierry Marignac.
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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 21:34

Bon, me revoilà, à la bourre, fatigué, mais de retour. Et bien décidé à éponger le retard pris pendant ces derniers jours de voyage. Commençons donc par du solide, du beau travail, fait main … Traîtrises, du britannique Charles Cumming.

 

cummingHong Kong à quelques mois de sa rétrocession à la Chine. L'endroit grouille de diplomates, de curieux, de journalistes … et d'espions. Joe Lennox est l'un d'eux. Jeune, anglais, grand connaisseur de la Chine, il est promis à un brillant avenir. Comble du bonheur, il est éperdument amoureux de la belle Isabelle. Quand le professeur Wang parvient à trouver refuge dans l’enclave britannique après avoir, malgré son âge, traversé un dangereux détroit à la nage, Joe pense qu'il a là une occasion en or. Curieusement, alors qu'il n'a pu interviewer le transfuge qu'une poignée d'heures, ce dernier est littéralement enlevé par son supérieur de connivence avec Miles Coolidge, ami de Joe, émargeant à la CIA. Joe commence alors à se méfier de Miles. Jusqu'au jour de la passation de pouvoir, où Miles manœuvre pour lui enlever la femme de sa vie. Sept ans plus tard, Joe aura l'occasion de prendre sa revanche en démasquant le complot ahurissant mené par l’américain et quelques faucons du Pentagone visant à déstabiliser la Chine.

 

Le roman d'espionnage est bien une spécialité britannique. Cet écossais, qui si l'on en croit la quatrième de couverture sait de quoi il cause, en est une nouvelle démonstration. Certes on peut peut-être chipoter en disant que l'écriture n'est pas d'une folle originalité. Mais force est de reconnaître que, à l'image du maître Le Carré, ou d'un Henry Porter, Charles Cumming excelle dans l'art de nous faire vivre le monde de l'espionnage de l'intérieur. Interview de transfuge, filatures, mesures de précautions, rendez-vous tordus, fabrication de couvertures … tout y est, tout sonne vrai.

 

Même choses pour les personnages bien campés, crédibles, attachants ou agaçants, en un mot, vrais. Et puis il y a le fond, avec cette passionnante description des manigances américaines et britanniques autour de la Chine : cynisme absolu des décisions, poids grandissant de l'argent et des grosses firmes, utilisation des hommes comme des pions …

 

La période considérée, entre le changement de statu de Hong Kong et la préparation des JO de Pékin, avec une Chine de plus en plus arrogante, des services d’espionnages américains complètement désorganisés par le 11 septembre, et les doutes, pour ne pas dire plus, des services secrets anglais quant à la justification de la guerre en Irak, est particulièrement riche, et propice à de multiples surprises et rebondissements.

 

Pour finir, on a droit à une belle description de l'orient réel et fantasmé, d'hier et d'aujourd'hui, vu au travers des yeux d'un européen. Bref, une réussite.

 

Charles Cumming / Traitrises  (Typhoon, 2010), Le Masque (2010), Traduit de l’anglais par Johan-Frédérik Hel Guedj.

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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 21:36

A propos de Jolie’s blon bounce et de son chapitre manquant.

Il manque bien le chapitre 31. Et comme indiqué dans certains commentaires, si vous contactez Rivages (sur leur site), ils vous envoient le chapitre en pdf illico, et vous promettent même de vous envoyer un exemplaire complet par la poste.

Ca s’appelle du service après-vente !

Sur ce, je suis dans les valises, et je reprendrai ce blog en fin de semaine.

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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 00:20

Avec Le château d’Amberville Thierry Bourcy poursuit sa chronique policière de la guerre de 14. Après les tranchées, l’espionnage à Paris, il nous emmène cette fois au milieu des grands blessés.

bourcy1916, la guerre s'éternise. Avec ce qui reste de son régiment Célestin Louise, le flic parisien, est envoyé à Verdun. Dès le premier soir il est blessé et, après avoir été sauvé in extremis, est évacué au château d'Amberville, transformé par le comte en lieu de convalescence. Comme les autres blessés, Célestin tombe sous le charme de Laure d'Amberville, la fille du châtelain, jeune femme d'une beauté ensorcelante qui les soigne tous avec un dévouement admirable. Après quelques jours, un jeune caporal à qui on vient d'annoncer qu'il va retourner au front est trouvé mort dans l'étang du parc. Le juge qui ne veut aucun problème avec la famille d'Amberville a très envie de conclure au suicide. Quand un second soldat est retrouvé égorgé dans son lit, il doit se rendre à l'évidence, il y a un meurtrier au château. Célestin va rapidement prendre l'enquête en main, mais sans pouvoir empêcher de nouveaux meurtres …

Après le front en 14 et Paris en 15, Thierry Bourcy nous entraîne à la suite des blessés graves en cette année 1916. On retrouve Célestin, toujours aussi attachant, et surtout cette fresque historique qui, au travers de romans policiers, nous fait vivre l'horreur de cette guerre. L'horreur et l'injustice, avec la morgue des officiers, la brutalités de soldats que les tranchées ont parfois totalement déshumanisés, et l'inertie d'une vie de province où, en termes de hiérarchie sociale, rien ne semble avoir évolué depuis des siècles. Célestin ne se heurte pas seulement à l’habileté du meurtrier, mais également au poids de notables de petite ville qui, quoi qu’il arrive, se serrent toujours les coudes face à quelqu’un qui vient d’ailleurs, et qui, de plus, fait partie du « peuple » …

Alors certes, le lecteur de polar devine assez vite qui est le coupable, et les rebondissements de l’intrigue ne le surprennent pas outre mesure, mais cela n'enlève rien à la qualité du tableau, qui vient compléter cette saga de la grande guerre.

Thierry Bourcy / Le château d’Amberville, Folio/Policier (2009).

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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 14:49

J’ai appris la nouvelle hier soir. Pascal Garnier n’écrira plus.

C’est une triste nouvelle. Pourtant je ne le connaissais pas, je ne l’avais jamais croisé, mais j’ai lu ses livres. Ils me touchaient.

J’ai lu que Pascal Garnier était un homme discret, son écriture était discrète, elle aussi. Discrète mais juste, sensible, touchante.

Il savait raconter des histoires, petites en apparence, sans effets spéciaux, sans grandes enquêtes, sans monstres effrayants. Juste des gens ordinaires saisis au moment où ils basculent.

C’était une voix unique, personne d’autre n’écrit comme lui, personne ne raconte les mêmes histoires. Il va nous manquer.

Restent ses livres. A lire et relire.

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5 mars 2010 5 05 /03 /mars /2010 19:49

Voilà, on est de retour à Buenos Aires, sa chaleur humide, son bruit, sa foule. Dans l’avion qui nous a ramené de Trelew, province de Chubut, tout le monde faisait un peu la tête. Il faut dire que la fin de séjour avait été aussi enthousiasmante que le début.

Une sortie en mer pour voir les dauphins du golfe, mais également une loberia, et des colonies de cormorans royaux. Et une petite leçon de patience, avec apprentissage de la frustration et de ce qu’est la nature sauvage. Parce que pour les dauphins, peau d’zébu. Rien, pas la queue d’un. Les mômes faisaient la tronche, mais ce fut l’occasion d’expliquer la différence entre la nature, la vraie, et un zoo, ou un « sea world » où des orques que l’on croit apprivoisés finissent un jour par bouffer un dresseur. Heureusement les otaries et les cormorans ont sauvé la mise.

Deux jours plus tard, sortie en plein Atlantique cette fois, pour aller voir des toninas. Et là, après une petite demi-heure de navigation, le miracle, la montée d’excitation, les toninas étaient au rendez-vous. Pendant une bonne vingtaine de minutes elles ont joué autour du bateau, faisant la course, sautant hors de l’eau, passant d’un bord à l’autre. Magique.

Le lendemain, encore un miracle, 34 ° à Puerto Madryn. Plage comble, tout le monde avec le maté, et une journée qui se résume à une suite d’aller-retour entre le sable et l’eau. Pour couronner le tout, le soir c’était pleine lune, et toute la province de Chubut semblait s’être donné le rendez-vous tout le long de la plage jusqu’à pas d’heure, pizza et empanadas à l’appui, avec, bien entendu, l’inévitable maté.

Final en apothéose avec, le dernier jour, la visite à la pingüinera de Punta Tombo, à un peu plus de 100 km de Trelew. Tout d’abord une précision, ici on les appelle pingüinos, mais ce sont des manchots. A Punta Tombo, sur la zone cédée par le propriétaire de l’estancia côtière aux parcs régionaux, il y a, en mars, environ 900 000 manchots … On laisse sa voiture après 25 km de ripio, et on marche pendant 2 km au milieu des pingouins. Et quand je dis au milieu, ce n’est pas une figure de style : on s’arrête parfois pour les laisser traverser le chemin balisé qu’il est interdit de quitter, on les voit remonter de la plage, de leur démarche de … pingouins, on les contourne, de quelques centimètres, quand ils sont étendus au milieu du chemin, on entend et on voit les petits réclamer à manger, on entend, sur toute la zone, leurs clameurs (clameur est le terme exact, on pourrait aussi dire tintamarre, voire braiements tant leur cri peut rappeler celui de l’âne !). Et quand on y va, comme nous, en fin d’après-midi, on voit les autres habitants de Punta Tombo : chimangos, martinetas, cuis, pétrels géants, mouettes et goélands, guanacos … Inoubliable.

Lexique.

Loberia : lieu où se rassemble les « lobos de mar » à savoir les otaries.

Tonina : petit dauphin (1m à 1,5m) noir et blanc, très rapide.

Chimango ; rapace local un peu plus grand qu’un faucon.

Cuis : rongeur de la taille d’une grosse souris.

Martineta : oiseau picoreur un peu plus petit qu’une pintade

A part tous ces animaux, que dire de cette petit bout de la province de Chubut … Pour un français (ou un européen), deux choses sont frappantes : L’immensité et son corolaire, la faible densité humaine ; et le fait que tout, absolument tout, est privé. On roule au milieu de nulle part, et la seule trace humaine que l’on détecte ce sont … des barbelés délimitant l’estancia que l’on longe. Pas un mètre carré de terre qui n’appartienne à quelqu’un, qui ne soit clôturé. Même des parcs régionaux comme la Peninsula Valdez ou Punta Tombo appartiennent à des estancieros, et seules quelques zones très limitées sont cédées, ou prêtées, ou louées (je ne connais pas leur statu juridique) aux parcs régionaux.

Une autre caractéristique : la province de Chubut a l’air de plutôt bien se tirer du marasme économique argentin. J’y vois une explication assez simple : au départ on n’y trouvait que des guanacos, des choiques, les pingouins, quelques rares indiens survivants (ceux qui ont échappé au massacre par l’armée argentine au 19°) et quelques estancieros gallois et basques. Ne sont venus ensuite que ceux que l’on est allé chercher, parce qu’il y avait du boulot. Et cela continue.

Voilà. Ajoutons que le mouton y est excellent, le poisson frais à souhait, et que les gens ont le temps de discuter le bout de gras et ont à cœur de défendre leur région et en raconter l’Histoire et les histoires.

On reviendra.

 Bientôt ici même retour à la littérature noire, avec le troisième volet consacré à la guerre de 14-18 de Thierry Bourcy, et un excellent roman d’espionnage écrit, ô surprise, par un britannique, en l’occurrence l’écossais Charles Cumming.

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4 mars 2010 4 04 /03 /mars /2010 19:12

Stéphanie Benson était une des invités du festival Toulouse Polars du Sud  en octobre dernier. J’étais en train de tenter de convaincre une lectrice d’acquérir ces deux magnifiques romans que sont Si sombre Liverpool et Brumes sur la Mersey (et je vous engage vivement à les lire, si vous ne connaissez pas ces deux chef-d’œuvre qui peignent magnifiquement la lutte entre les dockers et la Dame de Fer). Et voilà t’y pas que Stéphanie renchérit en faisant l’article d’un autre de ses romans que je ne connaissais pas (elle en a écrit beaucoup, difficile d’avoir tout lu), Le dossier Lazare. Comme toujours, je me suis ensuite laissé déborder, mais à la faveur de ma virée patagone, j’ai enfin trouvé le temps de le lire. Bien m’en a pris.

 

BensonLazare, immigré yougoslave, lycéen de 16 ans, rentre une jour chez lui, abat ses grands-parents, son père et sa petite sœur, puis retourne l'arme contre lui. L'inspecteur Nomane, fils de harki à la vie chaotique est chargé de boucler l'enquête. Or Lazare s'est raté et se trouve au CHU de Toulouse, dans le coma. Un lien étrange s'établit entre le policier, que sa femme vient de quitter, et le jeune homme inconscient. Lazare lui annonce des crimes à venir, et le supplie d'empêcher le Mal d'avancer, alors même que le policier s'enfonce dans la folie, et l'envie de meurtre …

 

Stéphanie Benson au sommet de son art, et ce n'est pas peu dire chez cet auteur. Un plongée éprouvante au cœur de la folie, collective et individuelle, au cœur de la souffrance. N'attendez aucune rémission, aucune éclaircie, tout va de mal en pis, de plus en plus sombre. Rien ici ne peut réparer les blessures du passé, les plaies de l'histoire, et tout ne peut finir que dans le sang.

 

Ne cherchez pas de personnage positif, de branche à laquelle vous raccrocher, il n'y en a pas. Nomane est un bloc de haine, de soi et des autres, un bloc sculpté par l’histoire, par le mépris dans le regard des autres, par la frustration et le ressentiment. On referme le bouquin éprouvé, secoué.

 

Stéphanie Benson réussit sans peine à faire accepter son postulat fantastique, grâce à la cohérence de l’ensemble et à une écriture qui fait mouche, passant avec fluidité d’un monde onirique à la réalité la plus triviale, du fantastique au réel crasseux, du rêve au cauchemar …

 

Ce n'est certainement pas un hasard si, même si elle écrit en français, Stéphanie Benson est une compatriote de Robin Cook. Un compliment à double facette tant il pourrait se révéler écrasant. Il n’en est rien.

 

Stéphanie Benson / Le dossier Lazare, Rivages/Noir (2001).

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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 15:23

Comme je disais, retour aux fondamentaux, avec ce Dave Robicheaux. Et pourtant, il faut croire que je suis maudit, il me reste une pointe de frustration à la lecture de Jolie Blon’s Bounce.

Amanda, seize ans, a été violée puis abattue de deux balles. Les soupçons se portent immédiatement sur Tee Burke Jolie BlonBobby Hulin, musicien noir surdoué qui lui tournait autour. Tee, malgré son talent, peine à survivre tant il est ravagé par la drogue. Dave Robicheau l’arrête mais il n'est pas vraiment convaincu de sa culpabilité. Les choses se compliquent quand il s'avère que c'est Perry Lasalle, dernier rejeton de la famille qui fait la pluie et le beau temps à New Iberia depuis des générations, qui défendra Tee. Elles se compliquent encore quand intervient un dénommé Legion, un être sadique et sans morale, ancien contremaître du grand-père de Perry. Puis une prostituée, fille d'un mafieux local est tuée dans des circonstances analogues …

Jusqu'à la toute fin on a un grand James Lee Burke : Histoire parfaitement menée, personnages superbes, complexes, torturés, effrayants ou immédiatement attachants, et toujours la Louisiane, ses bayous, sa musique, les injustices passées et présentes. Une Louisiane que la magnifique écriture de James Lee Burke nous fait sentir de façon charnelle. On ressent la pluie battante, on entend le saut d'un poisson, on sent l'odeur de décomposition du bayou, on voit le coucher de soleil flamboyant. Et on a l'impression de vivre cet endroit, hier et aujourd'hui. On perçoit l’amour doublé d’amertume de Robicheaux (et de son auteur) pour cet endroit qui pourrait être un paradis et que la cupidité et l’ignorance des hommes transforme si souvent en enfer.

Et puis il y a la fin. Alors que s'annonce la confrontation finale, l'auteur l'escamote et nous envoie directement à l'épilogue. On a l'impression qu'il manque un chapitre au bouquin ! On serait chez James Sallis, coutumier de ce genre d’ellipse, on comprendrait, on s’y attendrait . Mais pas chez Burke. Il ne fait pas d’impasse d’habitude. Quelle frustration !

Est-ce que je suis le seul à avoir ressenti ça ?

James Lee Burke / Jolie blon’s bounce  (Jolie blon’s bounce, 2002), Rivages/Noir (2009), Traduit de l’américain par Freddy Michalski.

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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 17:37

Me revoilà en zone reliée à internet. Mais toujours en Argentine.


Laissez-moi le temps de récupérer et je vous cause de Jolie Blon’s bounce de James Lee Burke et d’un « vieux » bouquin de Stéphanie Benson, Le dossier Lazare, que j’ai lu après l’avoir rencontrée lors du salon toulousain d’octobre dernier.


Quelques mots aussi sur la fin de la virée patagone.


Et deux annonces. Une pour les toulousains : le samedi 13 mars, j’animerai la rencontre entre Pascal Dessaint à la Librairie Ombres Blanches. Je vous laisse aller sur le site de Pascal pour vérifier l’heure, je suis loin et un peu naze …


Et une pour les agenais. Je vous ai signalé il y a quelque temps le festival Polar’encontre. Il a un petit changement au programme : JB Pouy ne pourra pas être présent, mais serra remplacé, au pied levé, par Marcus Malte qui présentera la soirée ciné. Ingrid Astier, dont j’ai parlé ici, sera présente le samedi (13) après-midi et la dimanche (14) pour vous rencontrer.

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  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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