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21 juin 2009 7 21 /06 /juin /2009 17:45

Il y a des livres qui échouent sur la pile à lire (ce qui reflète déjà un premier choix), mais qui y restent longtemps, parce qu’il y en a toujours un ou deux qui leur passent devant. La troisième vague de Paul Colize fut de ceux-là. Parce que je fais plutôt confiance aux éditions Krakoen (c’est pour ça qu’il était dans la pile), mais aussi parce que le traitement romanesque d’un fait divers ne me tentait pas assez pour je m’en saisisse. Je l’ai saisi …

 

Vassili Sokolovski est un habitué de l'horreur. Photographe à l'agence Associated Press, il est à Bagdad quand il reçoit un coup de fil de son ami Pierre. Celui-ci lui confie un nom, puis se tait. Quelques minutes plus tard, le frère de Pierre l'appelle, il a été abattu, à Bruxelles. Vassili s'y rend immédiatement, et décide de découvrir pourquoi son ami est mort. Son enquête va l'amener à s'intéresser à un affaire judiciaire belge vieille de vingt ans : Deux vagues de massacres, perpétrés essentiellement autour de petits commerces, ayant fait une trentaine de morts. Les coupables n'ont jamais été identifiés.

 

Impeccable. C'est le mot qui vient spontanément à l'esprit à propos de ce roman que Paul Colize a écrit à partir de faits réels, l'affaire des tueurs du Brabant. Le style, en premier lieu, est remarquable. Sec, précis, rythmé. On dirait du Manotti. La construction ensuite, qui accroche immédiatement le lecteur, insère toujours au bon moment, quelques retours vers le passé qui finiront, à la toute fin, par reconstituer le puzzle.

 

De la très belle ouvrage, qui ne se lâche plus une fois qu’on a lu les premières pages. Le roman est complété par un dossier très complet sur l’affaire judiciaire réelle.

 

Paul Colize / La troisième vague, Krakoen (2009).

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19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 10:23

« J’ai d’abord entendu Personville prononcé Poisonville au bar du Big Ship à Butte. » C’est ainsi que commence l’un des romans fondateurs (si ce n’est Le roman fondateur) du roman noir. Il s’agit, bien entendu, de la première phrase de Moisson rouge, de Dashiell Hammett.

 

Le narrateur n’a pas de nom, juste une fonction : détective privé à la Continental Detective Agency de San Francisco. Il est à Poisonville pour rencontrer Donald Willsson qui est abattu avant d’avoir pu lui parler. Il décide alors d’aller voir son père, le vieux Elihu Willsson, maître de la ville. Quelques années auparavant, ce dernier avait fait appel à la pègre pour casser les grèves qui agitaient cette ville minière. Une fois le mouvement réprimé, les truands sont restés et se sont emparés de la ville. Elihu a alors tenté de se servir de son fils, bombardé patron de la presse locale, pour les déloger, avec le résultat que l’on sait. Le privé décide alors de nettoyer Poisonville, par tous les moyens.

 

Le lecteur de 2009 qui lit ce roman qui a tout juste 80 ans peut, dans un tout premier temps, se dire qu’il y a là un petit air de déjà vu (ou déjà lu). Il n’a d’ailleurs pas tord. Si Moisson Rouge ressemble, par un aspect ou un autre, à tel ou tel autre roman qui l’a marqué, c’est qu’il en est le modèle !

 

Description sans fard des liens entre le pouvoir économique, le pouvoir politique et le crime organisé. Héros totalement neutre, pour qui la fin justifie les moyens, et qui, à aucun moment, ne fait appel à une quelconque justification morale. Ecriture sèche, sans un mot de trop, uniquement centrée sur les faits … On a bien sûr revu tout ça par la suite. Mais le modèle est là.

 

Je n’ai plus de souvenirs de ma première lecture, bien vieille. Je serais bien incapable de juger de l’apport de cette nouvelle traduction. Mais si j’en crois Claude Mesplède, elle était plus qu’indispensable !

 

Toujours est-il que le texte que publie aujourd’hui la série noire est impeccable, et implacable. Impossible de ne pas être admiratif devant cette écriture « à plat », neutre (si cet adjectif a un sens) au plus près. Impossible d’en retirer un mot sans en changer le sens. Impossible de ne pas rester admiratif devant la limpidité de l’analyse des rapports entre le pouvoir politique et économique (entre les mains des même personnes), et de la pègre ; les deux associés pour casser le mouvement social, dans une guerre sans pitié, illustration parfaite de … la guerre des classes (ben oui, il faut bien appeler les choses par leur nom). Limpidité et lucidité, également, de l’analyse du pouvoir de la presse, mais aussi de sa manipulation par … le pouvoir en place. Et on pourrait continuer comme ça longtemps.

 

Le tout, sans un seul jugement de valeur, sans une ligne d’exposé économico-sociologique. Par la seule force du récit, et su style.

 

Donc, lecture obligatoire cet été, interro écrite à la rentrée.

 

Dashiell Hammett / Moisson rouge, (Red harvest, 1929) Série Noire (2009), traduit de l’américain par Nathalie Beunat et Pierre Bondil.

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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 20:45

Si vous êtes ici, c’est que vous vous intéressez au polar. Et donc, vous en avez forcément entendu parler. De quoi ? Du numéro de LIRE qui annonce un Spécial Polar. Il fallait bien que je le lise …

Est-ce que ça vaut la peine que vous l’achetiez (si ce n’est déjà fait) ? Non.

Le fameux dossier contient trois parties :

  • Le polar scandinave.
  • Une supposée nouvelle tendance du polar français : le polar nihiliste.
  • Une liste des dix meilleurs polars de l’année.

Première critique de fond : l’amateur de polar sait bien qu’on écrit des polars aussi aux US, en Irlande, en Italie, en Espagne, au Mexique, en Afrique du Sud … Et il comprend bien qu’à moins de réécrire le dictionnaire de tonton Claude, on ne peut pas parler de tout. Mais il n’aurait pas été mal d’avoir une petite introduction qui explicite les limites de l’exercice. Parce que lecteur de polars occasionnel pourrait croire qu’en dehors de 3 auteurs français, et d’une vague de froid, il n’y a rien de nouveau dans le monde du polar …

Sur la partie polar scandinave, rien à dire, elle est impeccable. Ceux qui viendraient là attirés par le succès de Millenium apprendront que les précurseurs étaient marxistes et s’appelaient Maj Sjöwall et Per Wahlöö, créateurs de Martin Beck. Ils verront, sans doute pour la première fois, les noms de grands auteurs assez peu connus comme Gunnar Staalesen ou Yrjänä Joensuu auprès des célébrissimes Henning Mankell et Arnaldur Indridason. Rien à dire, du beau boulot.

C’est avec la partie française que ça se gâte. On y apprend qu’il existe un Nouveau Polar Nihiliste (NPN ?) ! Antoine Chainas, DOA et … Jérôme Leroy ! En fait, il semblerait que l’auteur de l’article ait eu une grosse envie de l’appeler Nouveau Polar de Droite (NPD ?), par opposition bien entendu avec la génération des Pouy, Daeninckx, Jonquet etc … Mais il s’est visiblement heurté au refus des auteurs de répondre affirmativement à des questions orientées qui visaient à leur faire dire qu’ils se sentaient à droite.

Exit la droite, les voilà nihilistes ! Déjà pour Chainas et DOA ça se discute. Mais Jérôme Leroy ??? Je rigole. Plus marxiste ya pas. Il envoie même le Poulpe sauver Marx ! La moitié de ses personnages sont communistes, ou anciens communistes. Dans tous ses romans il y a, en plus d’une belle matière romanesque bien sûr, une critique marxiste du système ! Et ce n’est pas un reproche (les habitués de ce blog s’en doutent), mais juste une constatation.

Exit le Nouveau Polar Nihiliste donc.

Et si on veut juste parler d’une nouvelle génération, comment évacuer Caryl Férey en une phrase ? Qu’est-ce qu’il lui a fait au journaliste ? Il lui a dit qu’il était de gauche ? Il n’a pas des personnages assez déjantés, désenchantés, cyniques et autodestructeurs pour être classé nihiliste ? Incompréhensible.

Ou plutôt si, très compréhensible. Le journaliste est parti avec une idée très personnelle, une accroche, une idée « marketing » et a ensuite tordu la réalité pour la faire rentrer dans son schéma, au risque d’écrire de grosses bêtises. Sur la façon de tordre la réalité, allez voir ce qu’en dit DOA sur son blog où il cite l’interview complet, que ceux qui ont LIRE entre les mains pourront comparer avec ce qui est gardé dans l’article (je sais, je vous ai dit que ce n’était pas la peine de l’acheter, mais j’ai le droit, moi aussi, d’être incohérent).

Et franchement, est-il si intéressant de savoir si un polar est de droite ou de gauche ? La question a-t-elle un sens ? Plonger le nez du lecteur dans les dérives des services secrets français et dans les mécanismes du terrorisme islamiste et dans la naïveté parfois navrante de journalistes bien pensants, c’est de gauche ou de droite ? Mettre en scène un flic pourri jusqu’à l’os, pathologiquement misanthrope qui hait autant les syndicalistes que les profiteurs, les flics que les voyous, les pervers que les moralisateurs, c’est de gauche ou de droite ? Ou est-ce seulement la matière même de cette littérature que nous n’aimons jamais autant que lorsqu’elle expose, avec talent, les disfonctionnements de la société et de l’homme. Et ça, c’est de gauche ou de droite ?

Au final, on apprend très peu de choses sur ce qui pousse ces auteurs à écrire, sur ce qui les intéresse, sur leur univers … Le journaliste a surtout l’air de vouloir leur faire dire que NON ILS N’AIMENT PAS LA GENERATION POUY / DAENINCKX ! Franchement, je m’en fous de ce qu’ils n’aiment pas, ce qui m’intéresse c’est pourquoi nous, lecteurs, nous pouvons aimer ce qu’ils écrivent. Mais ça a dû paraître beaucoup moins vendeur que de réussir à écrire que pour eux Pouy est sur le déclin, ou Vargas rassurante. Une bonne polémique man, c’est ça qui est bon, c’est ça qui fait vendre.

C’est Gérard Meudal du Monde que j’ai entendu, dans un débat, énoncer cette vérité aveuglante : Le Monde ne le paie pas pour améliorer les ventes des livres mais améliorer celles … du Monde. La différence, c’est qu’en plus, Gérard Meudal donne envie de lire des livres. Ici le seul intérêt du papier est qu’il parle de Chainas et les autres. Mais je ne suis même pas sûr qu’il donne envie de les lire !

Finissons avec les 10 polars de l’année. Je ne m’appesantirai pas, ce genre de choix est forcément subjectif, et donc forcément discutable. Mais quand même, n’y faire figurer ni Dennis Lehane ni James Lee Burke ! Ensuite, un argentin (Carlos Salem, je suis plutôt d’accord) et que des français, anglais et américains. Exit Deon Meyer, pas d’irlandais (et pourtant entre Hamilton, Bruen et Millar, pour ne citer que les sorties les plus récentes), pas d’italien (ni Carofiglio, ni l’incontournable Camilleri, là aussi pour les derniers édités) etc …

Voilà pourquoi, si vous aviez l’intention d’acheter LIRE uniquement pour le dossier polar, vous pouvez vous abstenir.

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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 23:09
Pour ceux qui habitent Toulouse, et ont envie de me voir, et surtout de m'entendre, comme tout musicien amateur, je vais, sans la moindre vergogne, exposer mon organe au public, le 21 juin.

Ce sera à Castanet Tolosan, au lieu dit Le verte prairie, à partir de 19h30.

Répertoire massacré, autour des Blues Brothers et des Commitment's.

Après, si vous avez un polar sous le bras, je vous paie une mousse, et on cause. Musique ou livre, ou tout autre sujet de bon goût.

D'ici là, dès demain, je vous dit ce que je pense du dossier polar de LIRE.
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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 22:02

« Je viens de tuer ma mère ». Ainsi commence Saint Remède de l’uruguayen Rafael Courtoisie.

 

Pablo Green, le narrateur, est un jeune homme sans boulot qui vit chez sa mère. Qu’il vient de tuer donc. Pour abréger ses souffrances, car elle était atteinte d’un cancer. Le problème, c’est que ce meurtre va en entraîner bien d’autres … Le voisin du dessus qui joue de la trompette la nuit, la voyante qui insiste pour voir sa mère, le concierge qui crie tout le temps et bat sa femme … Tout cela dans un pays qui sombre peu à peu dans le chaos ; un chaos que les militaires mettent à profit pour reprendre le pouvoir.

 

Voilà un roman qui me laisse perplexe. Le début est brillant. Dans sa forme, dans ses dialogues souvent très drôles, dans l’absurdité des situations. On rit souvent. De la cupidité des arnaqueurs qui profitaient de la maladie de Mme Green ; des réflexions de Pablo, tellement au premier degré qu’elles en deviennent décalées, au point qu’on ne sait plus s’il est un peu niais ou s’il se fout du monde ; de la mise en place de la dictature militaire, décrite sous le mode du grotesque …

 

Puis, on commence à se demander comment l’auteur va conclure, vers où il va. Et là on passe à autre chose.

Je suis prêt à accepter tout postulat, tout développement, tant que je sens la cohérence de l’auteur et de son univers. Là il doit bien y en avoir une, mais je ne l’ai pas vue.

 

L’impression que donne la fin est que l’auteur, ne sachant plus comment s’en sortir, a pris le parti d’écrire tout ce qui lui passait par la tête, tout ce qui lui faisait plaisir, sans plus se soucier, justement, de cohérence. Il multiplie les tours de passe-passe, en appelle aux grands anciens (pourquoi pas), intervient directement dans le roman (ce qu’il ne faisait pas du tout au début), et termine en queue de poisson.

 

Du coup, je suis perplexe, et j’aimerais bien savoir ce qu’en pensent d’autres lecteurs.

 

Rafael Courtoisie / Saint Remède, (Santo Remedio, 2006) L’atinoir (2009), traduit de l’espagnol (Uruguay) par Jacques Aubergy.

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 15:30

C’est la faute à Rutés. Je persiste et signe. C’est à cause de La loi de l’ouest que j’ai fouillé dans mes DvD et que j’en ai tiré Mon nom est Personne. C’est à cause de lui que j’ai passé deux heures, un soir, à le revoir. Puis deux nouvelles heures, ce week-end, à la regarder avec mes gamins.


 

Parce que je suis un papa consciencieux, et que je n’aurais jamais montré à mes minots un film sans m’assurer qu’ils pouvaient le voir. Ils peuvent. Ils ont adoré.


 

Sans surprise, ils ont bien entendu préféré Terence Hill, ses grimaces, son sourire, ses baffes … Avec une mention spéciale à la scène du mannequin (si vous ne voyez plus de quoi il s’agit, il est temps de le revoir). Et bien sûr, ils ont adoré l’image finale, celle du d… au c… Faut avouer qu’à 6 et 8 ans, ça fait rire.

 

 

Plus étonnant, ils ont adoré la musique, même s’ils n’y ont forcément pas perçu toutes les références à celles des westerns de Leone. Et les images de la horde sauvage au grand galop.


 

Il a fallu expliquer un peu, et accepter qu’un tas de références leurs passent loin, très loin. Pas grave, on le reverra plus tard.

 

Bon, maintenant, il faut que je revoie un certain nombre de classiques, avant de les leur montrer. Quel dur boulot que celui de père.

 

 

En parlant de cinéma, et en changeant de genre. L’autre jour ils regardaient Le roi et l’oiseau. Ce roi, nabot, mégalo, suffisant, despotique, hargneux, bête, méchant, rancunier, dangereux et ridicule m’a fait penser à quelqu’un. Mais à qui donc …

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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 22:05

C’est décidément la fête à Robicheaux en ce moment. Après le beau film de Tavernier, voici que le James Lee Burke nouveau arrive chez Rivages. Il s’appelle L’emblème du croisé. Il faut le lire.

 

En 1958, Dave Robicheaux et son frère Jimmie croisent la route d’Ida Durbin, prostituée. Elle disparaît le jour où elle devait s’enfuir avec Jimmie. Presque quarante ans plus tard, sur son lit de mort, un ancien flic ripoux à l’article de la mort fait appelle Dave et lui confie qu’il sait qu’Ida est toujours vivante. Dave, une fois de plus, décide de déterrer le passé. Son enquête l’amène à s’intéresser de près à la famille Chalons, vieux aristocrates du sud qui font toujours la pluie et le beau temps du  côté de New Iberia. Sa route va aussi croiser celle d’un tueur qui viole et massacre de jeunes femmes autour de Baton Rouge.

 

Que dire de ce nouveau Dave Robicheaux ?

 

Que contrairement à ce qui se passe avec d’autres série (comme par exemple Connelly qui connaît quand même quelques baisses de régime), il n’y a aucun fléchissement d’intérêt ou de qualité dans l’œuvre de James Lee Burke ; que sa description du bayou est toujours un enchantement ; que Dave Robicheaux est aussi attachant, fragile, émouvant, violent, étonnant … que lors de sa première apparition ; que son pote Clete qui, j’ai l’impression, prend de plus en plus d’importance dans ses romans est un personnage secondaire extraordinaire comme seuls les grands savent en créer ; que sa description de ce sud, d’hier et d’aujourd’hui, est à la fois implacable, sans pitié et magnifique ; que ses intrigues sont toujours prenantes, et qu’il est toujours un maître du rythme, capable de prendre son temps, puis de produire des accélérations dignes des thrillers les plus trépidants.

 

On retrouve, outre les personnages et le décor, l’intérêt de James Lee Burke pour le passé de sa région, pour ses traumatismes, pour la violence de son histoire, et pour l’influence de cette histoire sur le présent. On retrouve sa critique implacable des possédants, des grandes familles qui se comportent toujours comme quand elles avaient droit de vie et de mort sur leurs esclaves. On retrouve, entre les lignes, sa critique de ceux qui envoient des gamins (qui ne sont bien entendu pas les leurs), mourir loin, pour défendre des intérêts … peu défendables.

 

On lit même ceci : « Les capitalistes finissent pendus à la corde qu’ils ont vendue à leurs ennemis » au tout début de l’épilogue …

 

Bref, vive James Lee Burke, vive Dave Robicheaux. Espérons que le film de Bertrand Tavernier va donner envie à de nouveaux lecteurs de le découvrir, parce qu’il le mérite. Et vivement le suivant.

 

James Lee Burke / L’emblème du croisé, (Crusader’s cross, 2005) Rivages Thriller (2009), traduit de l’américain par Patricia Christian.

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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 14:04

Vais-je parler ici du lendemain des élections ? Non ?

Si. Mais très peu, rassurez-vous. Et juste pour rire. Parce qu’on ne va pas pleurer …

Sur le site de DOA, un nouveau mot, qui me plait beaucoup, la Bayroute. Pour en savoir plus, c’est là.

Sur le site du toujours grand et toujours juste Maester, deux dessins, définitifs. et .

Et pour finir de se plomber, ou se remonter le moral, c’est selon, sur un autre sujet, encore une chronique de Luis Sepulveda, encore excellente, sur le blog des 30 ans de Métailié.

Ce soir je vous cause du dernier James Lee Burke.

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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 21:24

Tout est parti, semble-t-il, de la découverte de quatre nouvelles : Deux du trop méconnu Davis Grubb, pourtant auteur d’un chef d’œuvre, La nuit du chasseur, et deux de Charles Beaumont dont je n’avais jamais entendu parler (et qui est sans doute trop méconnu lui aussi). Elles donnèrent à Jean-Paul Gratias, excellent traducteur bien connu des amateurs de polars (il a traduit James Ellroy, John Harvey et Robin Cook … entre autres), la très bonne idée de rassembler 14 nouvelles inédites autour du jazz et du polar.

On y retrouve des noms que l’on attendait, bien évidemment, quand on parle jazz et polar, avec en tête John Harvey et Marc Villard, incontournables. Michel Boujut, auteur de polar et grand amateur de jazz, Jake Lamar qui reprend son personnage de pianiste noir américain exilé à Paris de Rendez-vous dans le 18°, et Bob Garcia, contrebassiste de talent et auteur de polars étaient également attendus.

Le jazz est présent, en toile de fond des aventures de Lew Griffin de James Sallis.

 

Le recueil est complété avec des nouvelles de Nathan Singer, déjà traduit chez Moisson Rouge, de Bill Moody, et du pianiste français de renommée internationale Laurent de Wilde, auquel on doit déjà une excellente biographie de Thelonious Monk sobrement intitulée … Monk.

 

Avec tout ça, fini de tourner autour du pot, le recueil est excellent. On voyage en musique tout au long du XX° siècle, du sud des US à Paris, en passant par New York, Los Angeles, Londres et … les Vosges.

Comme annoncé dans le titre, la musique est toujours, en permanence, présente. Parce que les protagonistes sont presque tous des musiciens ; parce qu’y sont convoqués les fantômes de Billie Holliday ou de Miles Davis ; parce qu’on y suit des musiciens qui galèrent, qui coulent, qui soufflent, qui meurent ou qui connaissent des moments de grâce. Tout n’est pas forcément noir, mais tout est … blues.

Je ne sais pas si on peut l’apprécier autant si l’on ne connaît rien au jazz. Mais pour celui qui aime cette musique c’est un vrai bonheur. Un gros bonheur avec quelques pépites qui brillent encore plus.

 

Comme l’hommage de Davis Grubb à Strange Fruit, la chanson la plus bouleversante de Lady Day ; comme le moment de communion musicale évoqué en quelques lignes par Bill Moody ; comme la description criante de vérité du départ pour un concert de Laurent de Wilde (même s’il doit  avoir bien longtemps qu’il n’a plus besoin de se préoccuper de trimballer son clavier !). Comme, dans toutes les nouvelles, les pages lumineuses sur ces moments musicaux où, miraculeusement, tout fonctionne, et où on a l’impression d’être ailleurs, autre …

 

Parce que si toutes ces nouvelles sont sombres, toutes, ou presque, font aussi sentir au lecteur, musicien ou non, le paradis fugace qu’atteignent les musiciens quand ils ont la musique avec eux. Un paradis qu’on ne peut que continuer à chercher une fois qu’on l’a entraperçu.

 

Un recueil très réussi qui, en plus, donne envie d’écouter du jazz. Que demander de plus ?

 

Jazz me Blues, anthologie rassemblée par Jean-Paul Gratias, Moisson rouge (2009).

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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 22:55

Le blog de Sarah Weinman est, pour ceux qui lisent un peu l’anglais, une source inépuisable d’informations. Voici deux articles fort intéressants piochés grâce à ses liens.

Au journaliste qui l’interroge sur les questions de problèmes raciaux dans son dernier roman The way home, George Pelecanos répond : « What divides people are issues of class. » Je peux me tromper (et si de distingués anglicistes passent par ici, il peuvent alors me corriger), mais je traduirais ça par : ce qui divise les gens ce sont les questions de classe … George, je t’aime !

Le second est une critique enthousiaste du nouveau roman de James Ellroy, Blood’s a Rover, annoncé cette année chez Rivages. On y trouve, entre autres, ce paragraphe qui exprime assez clairement ce que les lecteurs attentifs du maître de LA ressentaient depuis longtemps : James Ellroy est loin d’être aussi à droite qu’il aime bien le dire. Il aime provoquer, scandaliser, faire le pitre, passer pour un bon gros facho simpliste bien bas de front. Seuls ceux qui n’ont pas vraiment lu ses bouquins s’y laissent prendre. Il semblerait que ce dernier opus soit à même d’éclairer les naïfs :

« And here's the biggest revelation of all: prepare to forget everything you think you know about James Ellroy's politics. Those ugly facets of the macho persona he writes so well -- the racism, misogyny and homophobia -- might well have led you to believe Ellroy is so right-wing he makes George W. Bush look like a pinko. And that's apparently what he wants us to think; he wilfully plays up to that reputation, describing his own views on his Facebook page as "reactionary". But if a novel can give an insight into a writer's true nature, then BLOOD'S A ROVER belies that public image. In these pages, Ellroy mercilessly examines the cost of fascism to man and society. ».

Ma bonne dame, si les américains se mettent à être compliqués et à pencher plus à gauche que prévu …
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  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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