Comme en ce moment je suis scotché au milieu du dernier James Lee Burke (très bien, mais un pavé et dense comme toujours, donc il prend du temps), et comme je me suis remis à écouter de la musique grâce, ne riez pas, à The Voice (je vous explique ça à la fin), je suis allé trainer dans les rayons des disquaires et je suis tombé en arrêt, casque sur les oreilles, devant le dernier album de Robin McKelle, Heart of Memphis.
Je sais bien deux choses :
Un, c’est très vieux d’acheter des CD au lieu d’écouter sur internet, avec une qualité de merde. Que voulez-vous, j’ai une vieille hifi, avec des grosses baffles, qui envoient quand on monte un peu le son, j’ai du mal avec le son étriqué des ordis et des Ibidules. Puis je suis vieux.
Deux l’album n’est pas récent (il a déjà quelques mois), mais avec un peu de chance vous pouvez encore le trouver dans les rayons …
Venons-en au sujet. Quel bonheur ! Treize titres de soul pur jus, qui coulent de façon aussi évidente et naturelle qu’un roman d’Elmore Leonard. Et qui d’ailleurs, au moins pour moi, procurent le même type de plaisir : Un sourire béat de contentement, du début à la fin, avec de temps à autre quelques bulles de joie pure qui vous remontent du ventre. Promis, celui qui écoute ça sans se sentir heureux … Je le plains.
Quand je dis aussi évident qu’un roman d’Elmore Leonard, c’est que je ne trouve pas de meilleure description : de même que les dialogues du maître coulaient de source, ici, dès les premières mesures on a l’impression de pouvoir chanter la ligne de basse ou les rifs de cuivre, tout est génialement à sa place, tout sonne d’enfer, tout est évident. Tout est bon.
Ca groove, on passe d’un morceau nonchalamment chaloupé à une balade nostalgique, et je mets quiconque au défi de ne pas se mettre, au moins à battre des pieds, des mains et à se trémousser (et vous faites ce que vous voulez avec vos oreilles) à l’écoute de Good Time.
Quand à la voix de la belle Robin … Autant rien ne m’agace plus que ces commentaires culculs sur tel ou telle dont on vous vend le mélange funky-blues-jazzy-soul, sous prétexte qu’à un moment il, elle attaque une note par en dessous ou plante une quinte diminuée, autant Robin McKelle a une voix purement Soul. Une vraie, une qui vous réchauffe sans avoir besoin de faire, en permanence des concours de puissance ni ne hauteur. Une voix qui chauffe, remue, berce. Une voix chaude comme un vieil armagnac.
Les textes, j’avoue que je ne saurais trop quoi en dire. Honte sur moi, quand j’écoute cette musique je ne prête guère attention aux paroles. Et que celui qui n’a jamais pris son pied à l’écoute de ces grands moments littéraires que sont I feel good, Sex machine ou ceci me jette la première pierre …
Pour finir, l’explication promise. Ma fille, 11 ans, regarde The Voice. Et elle sait ce que j’en pense … Donc de temps en temps, pour me convertir, elle me fait écouter (sur un Imachin avec un son de merde) des extraits. Et immanquablement, ça rate jamais, je lui dis « Ah mais ça je connais ! », et je m’aperçois que dans mes CD, il n’y a pas grand-chose de ces morceaux que j’ai tant écouté il y a si longtemps (souvent sur des cassettes mal repiquées, avec un son de merde, c’est vrai). C’est comme ça que je me suis retrouvé à écumer les rayons de CD pour acheter des best off de Tina Turner, Queen ou James Brown. Ajoutez à cela un fils aîné qui ne jure que par AC/DC, les Stones, ZZ Top ou The Wall, et vous aurez une idée de l’ambiance vieillotte qui règne à la maison.