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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 10:26

Asphalte continue son tour du monde Noir. Et fait escale à Barcelone.


Une ville que connaissent bien les amateurs de polars. Barcelone ayant été le berceau du renouveau du roman noir espagnol, avec ses deux monstres sacrés, Manuel Vazquez Montalban et Francisco Gonzalez Ledesma, mais aussi moins connu des amateurs de polars, Eduardo Mendoza et son enquêteur sorti de l’asile par les forces de police le temps de ses enquêtes.


Barcelone

C’est aussi de Barcelone que vient l’une des stars actuelles du polar espagnol Alicia Gimenez Bartlett.


L’amateur est donc en terrain connu. Ce qui n’empêche pas d’avoir quelques surprises et quelques belles découvertes au gré de ces 14 nouvelles.


Comme toujours dans ce genre d’exercices, on n’aime pas tout mais je ressortirais du lot :


Pour les connus, la très instructive et très belle Loi de fuite d’Andreu Martin, lui aussi un des grands du polar Barcelonais qui nous replonge aux moments les plus sombres du franquisme.


Pour les découvertes, je me suis régalé avec l’humour macabre et culinaire de David Barba dans Sweet croquette, un vrai moment d’humour noir délicieux.


Beaucoup aimé aussi la méchanceté et l’efficacité narrative de Quartiers chics de Jordi Sierra i Fabra qui met en scène d’immondes profiteurs et … des exploités qui ne se résignent pas à leur rôle de victimes. Vraiment réjouissant, mais ça doit être mon côté méchant.


J’ai bien aimé le fantastique dans Le client a toujours raison d’Imma Monso qui apporte une touche différente.

Intéressante et originale la variation autour du thème du privé de Cristina Fallaras dans Histoire d’une cicatrice.


Décrocher la lune de Valérie Miles met en scène une femme qui aurait pu sortir d’un des grands romans de Francisco Gonzalez Ledesma : victime de ceux qui ont l’argent, mais forte et capable de se venger, en attendant le temps qu’il faut.


Deux surprises en fin, deux auteurs latino-américains que je n’attendais pas forcément dans ce recueil (quoique).

Le péruvien Santiago Roncagliolo auquel on doit le très fort Avril rouge signe Le prédateur, une nouvelle en apparence très classique mais qui amène le lecteur là où il ne l’attend pas.


Et l’argentin Raul Argemi, bien connu des lecteurs de ce blog fait preuve d’une connaissance approfondie de sa ville d’adoption et de ses lieux de débauche dans Le charme subtil des femmes chinoises. Il nous entraîne dans une balade qui va des bars de nuits aux campements de SDF qu’il semble connaître aussi bien que sa Patagonie chérie.


Quand au parrain, Francisco Gonzalez Ledesma, il est là juste le temps d’un petit coucou, trois petites pages pour « cautionner » l’entreprise ? Certes, c’est un peu décevant, mais c’est aussi un joli geste.


Collectif / Barcelone Noir (Barcelona Noir, 2011), Asphalte (2012), traduit de l’espagnol (castillan et catalan) par Olivier Hamilton et de l’anglais par Marthe Picard.

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 00:04

Villard CliffordMarc Villard, le jazz, des nouvelles … Voilà un mélange qui ne peut être que gagnant. C’est une fois de plus le cas avec ce petit recueil I remember Clifford, qui a en plus le mérite d’avoir une couverture superbe.

 

Ben Webster, Chester Himes, Thelonious Monk et quelques inconnus nous entrainent de New York à Naples, de San Diego à Amsterdam, de Paris à Barcelone. Au gré de huit nouvelles, sur une BO bebop, latin jazz ou swing nous allons croiser avec eux des putes, des dealers, des flics et des arnaqueurs, des petits truands, de vrais salopards et surtout des paumés et des oiseaux de nuit. La faune habituelle des écrits de Marc Villard.

 

Une fois de plus, au gré de ces nouvelles il va nous émouvoir, nous faire sourire et nous faire enrager. Une fois de plus cela finira très mal, et cela sera très sombre. Une fois de plus il va nous donner à entendre la musique qu’il aime, mais aussi sa musique, celle de ses phrases de ses mots.

 

Et on en redemande.

 

  

Marc Villard / I remember Clifford Brown, Folies d’encre (2012).

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 14:58

Pour beaucoup Edward Bunker est, à juste titre, l’Ecrivain du milieu carcéral américain. Aucune bête aussi féroce, La bête contre les murs et La bête au ventre sont des romans qui ont marqué plus d’un lecteur de polar. Incarcéré à de multiples reprises, il fut sauvé par l’écriture et finit même sa vie dans le monde du cinéma, conseiller sur certains films, acteur remarqué dans Reservoir Dogs … L’homme est décédé en 2005, mais il semblerait qu’il restaient encore quelques écrits non publiés dont Evasion du couloir de la mort.


BunkerSix nouvelles ayant toutes pour théâtre la prison. Six récits d’enfermement, de racisme, de rapports de force et de mort. Et pour la première fois dans l’œuvre de Bunker un récit historique mettant en scène la ségrégation dans les années trente.

Six nouvelles au ton toujours sec, juste, six nouvelles qui ne font pas de cadeau et sonnent horriblement juste. En cause un système carcéral et judiciaire qui perdure de décennie en décennie, machine à créer des récidivistes et à amplifier l’injustice sociale. Bunker ne juge pas, n’excuse personne, mais se contente de décrire un système qui ne fonctionne pas, et n’a jamais fonctionné.


« Il sortirait de taule plus malin et plus sage. Ils ne le choperaient pas une deuxième fois. Et même, si ça arrivait … tant pis !

La poussée d’adrénaline qui accompagnait un cambriolage réussi était meilleure que le sexe. Meilleure que la drogue. Meilleure que tout ce qu’il avait pu expérimenter jusque-là.

Ne commets pas de crime, si tu n’es pas prêt à purger ta peine, lui avait-on dit. Max était prêt à faire les deux. »


La prison, machine à créer des truands plus malins, plus durs, plus déterminés. Tout est dit. Par quelqu’un qui sait de quoi il cause. Il ne propose aucune solution, il se « contente » de montrer que celle-là ne marche pas.


Edward Bunker / Evasion du couloir de la mort (Death row breakout, 2010), Rivages/Thriller (2012), traduit de l’américain par Freddy Michalski.

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 13:41

 

J’avais aimé le Paris Noir, coincé sur le Los Angeles Noir, et laissé passer les autres (mais ils sont quelque part dans la pile des bouquins à lire). Je ne pouvais décemment pas passer à côté du Mexico Noir, d’autant plus que le maître d’œuvre en est l’incontournable Paco Taibo.

 

Mexico Noir12 auteurs, 12 nouvelles pour une peinture expressionniste d'une ville surréaliste : Mexico.

 

 

Bien entendu, c'est la loi du genre, le recueil est très varié et chacun aura ses préférés. Pour ma part les voici :

- Pour commencer l'incroyable préface de Paco Ignacio Taibo II. Elle vaut à elle seule l'achat du recueil. Inventaire à la … Taibo des extravagances de sa ville, de ses bizarreries, de sa violence, des relations avec la police … Et en même temps déclaration d'amour, d'amour vache, mais d'amour.

 

- J'suis personne d’Eduardo Antonio Parra, plongée dans la folie individuelle comme reflet de la folie de la ville.

 

- Collection particulière de Benito Fernandez à la conclusion couperet, qui passe du Mexico de la haute société à celle des narcos (mais les deux sont très proches, très très proches).

 

- L'angle de Taibo est très … Taiboesque, cela suffit à mon bonheur.

 

- Le brasier des judas d'Eugenio Aguirre vaut pour son final explosif.

 

- Derrière la porte d'Oscar de la Borbolla est une fine et belle illustration de l'anonymat qui règne dans une aussi grande ville.

 

- Ardilla sans arbre de Rolo Diez est comme un lointain écho de l'extraordinaire Lune d'écarlate.

 

- Des chats et des homicides de Victor Luis Gonzalez est assez drôle, et puis il y a un chat dedans, et un chat de Mexico !

 

Voilà, vous aurez sans doute vos chouchous, qui ne seront pas forcément les miens.

 

Collectif / Mexico Noir (Mexico city noir, 2010), Asphalte (2011), traduit de l’espagnol par Olivier Hamilton.

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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 12:34

Barcelone en six nouvelles sous la plume de Francisco Gonzalez Ledesma. Ca s’appelle La vie de nos morts, et cela résume assez bien toute l’œuvre de cet immense auteur.

 

Ledesma nouvelles

Une fois de plus, même si Mendez apparaît dans les deux derniers textes, ce sont des femmes qui sont au centre de ces récits.

 

Des femmes qui souffrent et meurent comme dans Moi aussi, je m’appelle Julia, et La Mercedes, de femmes qui sauvent comme dans Le pavé bleu, des femmes qui se vengent comme dans La douce mademoiselle Cobos, des mères, des épouses, des amantes de La colère du Père éternel et Le cœur de la mère éternelle.

 

Les trois premières tournent autour de la guerre d’Espagne et en particulier de la résistance de Barcelone. Elles ont la très forte charge émotionnelle caractéristique des romans noirs historiques de l’auteur, à la hauteur de Los Simbolos ou Los Napoleones. On y retrouve toute la force de son écriture, sa proximité avec les gens qui souffrent mais se battent, toute son empathie pour le peuple anonyme mais héroïque. On est pris aux tripes. Le pavé bleu, magnifique histoire d’un rescapé de la guerre qui recherchera toute sa vie la femme qui l’a caché et sauvé est particulièrement poignante.

 

Les trois dernières qui se déroulent de nos jours, sans autre lien avec le passé que la nostalgie des protagonistes sont davantage dans la veine Mendez. Plus féroces, plus drôles, la vengeance y est douce, le vieux serpent est égal à lui-même, plein de tendresse et d’indulgence pour les petits voleurs, les petits truands et les vieilles prostituées, implacable avec ceux qui s’en prennent aux plus faibles. Un vrai chevalier blanc, même si son armure est quelque peu défraîchie.

 

En bref, un bon aperçu des deux facettes du talent de Francisco Gonzalez Ledesma en six nouvelles.

 

Francisco Gonzalez Ledesma / La vie de nos morts (2011), Rivages/Noir (2011), traduit de l’espagnol par Jean-Jacques et Marie-Neige Fleury.

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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 23:31

On connait depuis L’homme aux lèvres de saphir le talent d’Hervé Le Corre. Avec Les cœurs déchiquetés il avait confirmé qu’il est une voix qui compte dans le polar français. Ces derniers retranchements, recueil de nouvelles récemment publié, viennent prouver qu’il est aussi à l’aise dans le texte court que dans le roman.

 

Le Corre nouvellesUn recueil qui porte bien son titre. Mis à part une nouvelle en forme d’hommage au grand Raymond Chandler qui apporte un peu de fantaisie et de dépaysement, ce sont bien des êtres dans leurs derniers retranchements, au bord de la rupture que l’on trouve dans ces nouvelles.

 

Chômeurs longue durée, ouvriers sur le point d’être licenciés, employés sans avenir, ou retraités isolés dans un monde devenu barbare, tous ces êtres humains que nous croisons sans y prendre garde, à qui on ne donne jamais la parole sont au centre de nouvelles très sombres, souvent désespérées, toujours très tendres et touchantes.

 

En quelques pages Hervé Le Corre dit la souffrance, le manque d’avenir, les journées mornes quand elles ne sont pas désespérées. Il dit l’amour comme seul rempart contre la folie, comme seul rayon de soleil dans un univers totalement bouché. Il dit l’explosion quand ce dernier rempart est emporté, ne laissant plus, face à un monde déshumanisé, que la rage.

 

Il dit l’incompréhension face à un gamin qui grandit et qu’on ne comprend plus, mais aussi, malgré le malheur et le manque d’avenir, l’espoir que l’on a que ce soit un tout petit peu mieux pour lui.

 

Il dit l’arrogance des puissants, la connerie généralisée mais aussi la solidarité, la chaleur, éphémère, d’un malheur et d’une révolte partagés.

 

En bref, il dit très bien, magnifiquement bien, tout ce que l’on ressent quand on s’interroge sur notre monde, quand on se tient au courant autrement qu’au travers de l’abrutissement télévisuel ou de la propagande des grands medias.

 

Faudrait peut-être rendre sa lecture obligatoire pour tous les candidats pour 2012 … Du moins pour ceux qui sont encore récupérables.

 

Hervé Le Corre / derniers retranchements, Rivages Noir (2011).

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 22:41

J’ai toujours sur ma table de nuit un ou deux recueils de nouvelles. Et de temps en temps hop, une petite nouvelle bien noire entre deux gros romans. Mon dernier recueil en date : Les hommes en noir, recueil collectif dont le maître d’œuvre est Frédéric Prilleux.

 

Hommes en noirL’idée de départ est simple : Le foot ! Mais comme nous sommes ici en présence d’auteurs de nouvelles noires, le foot côté sombre. Et qui pourrait, mieux que l’homme en noir, le symboliser ?

 

Résultat, 17 auteurs ont eu la lourde tâche d’écrire 17 nouvelles, centrées sur l’arbitre, et illustrant chacune une des 17 règles du fouteballe.

 

Une question s’impose : faut-il aimer le fouteballe pour apprécier ce recueil ? Réponse : Non. Ce n’est absolument pas obligatoire. Je me fout du foot. Cela fait plus de 20 ans que je n’ai pas regardé un match en entier (non, même pas la finale de 98). Pour tout dire mon dernier souvenir remonte à la demi finale de Séville, ce qui ne me rajeunit pas. Mais j’ai beaucoup aimé le recueil.

 

Faut dire qu’il y a du beau monde :

 

Marc Villard égal à lui-même, met en scène un tueur à gage, et il le fait très bien, avec le sens de la chute qui le caractérise.

 

Jérôme Leroy, égal à lui-même aussi, nous fait très plaisir (enfin me fait très plaisir) en imaginant une façon originale de nous débarrasser de … Mais vous verrez.

 

Michel Pelé (sic !) nous livre une petite politique fiction désagréablement probable.

 

Olivier Thiébaut imagine une façon originale de gagner les matchs.

 

Caryl Férey qui, c’est bien connu, préfère le rugby, propose une explication un peu iconoclaste des bons résultats passés de l’équipe de France.

 

Marcus Malte, égal à lui-même lui aussi, nous livre une très jolie nouvelle noire et nostalgique.

 

Et il y aussi : Jean-Hugues Oppel, Thierry Gatinet, Denis Flageul, Jean-Luc Manet, Thierry Crifo, François Thomazeau, Pierre Cherruau, Annelise Roux, Jean-Marie Villemot, Jean-Noël Levavasseur et Dominique Sylvain.

 

Des noms connus et moins connus, mais tous ont joué le jeu et toutes les nouvelles sont bonnes. Chacun ensuite aura ses préférées …

 

Comment ? Non je ne me suis pas trompé. Pas de texte de Jean-Bernard Pouy ! Faut dire qu’il n’est pas un grand amateur de fouteballe, son truc à lui, c’est le vélo.

 

Colllectif / Les hommes en noir, Les contre-bandiers (2011).

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 18:35

Obione.jpgCa fait du bien, de temps en temps, de faire un petit trou normand. Et hop, entre deux romans, quelques nouvelles, bien courtes, bien serrées. J’ai toujours deux ou trois recueils sous la main, pour l’occasion. Cette fois c’est L’ironie du short, de Max Obione dont j’avais aimé un précédent recueil, Balistique du désir.

 

18 nouvelles aux thématiques très variées (plus, si mes souvenirs sont exacts que le recueil cité en introduction), et surtout aux tonalités diverses : humour, noirceur, science-fiction, fantastique, traque, vengeance, folie ou tendresse. Tout y passe.

 

Chacun, forcément, aura ses chouchous, une ou deux nouvelles (de commande ?) sont, de mon point de vue, un peu en retrait des autres. Ce qui laisse facilement une bonne quinzaine de petites perles plus ou moins chatoyantes, plus ou moins noires (je sais, les perles c’est blanc d’habitude, mais celles-là sont noires ou chatoyantes).

 

Pour a part, j’ai une faible pour l’excellent pétage de plombs de Marcel Bovary (dans le genre humour noir et Grand-Guignol), la tendresse mélancolique de Aurel et Maddy, l’humour vachard et le regard sur le monde de l’édition de Attention à la marche, ou la noirceur glauque de L’ironie du short.

 

Vous aurez sans doute vos préférences.

 

Et cerise sur le gâteau, ou olive dans le martini, l’ensemble est précédé par une autre perle, comme ça, pour le même prix, une préface de Maître Jean-Bernard Pouy. Du pur Pouy, excellent donc.

 

Max Obione / L’ironie du short, Krakoen (2011).

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19 octobre 2010 2 19 /10 /octobre /2010 23:30

Les gobelins, Saint-Germain, Bir-Hakeim, Château d’eau, Les Halles, République, Saint-Lazare.

 

Villard intra-murosSept stations de métro. Sept histoires. Des histoires de Marc Villard. Avec Les Halles, le foot (mais aussi le hand), un tueur à gage, une contrebasse volée, le New Morning, du jazz, des immigrés, un clodo, de la drogue … Du Marc Villard en bref. Donc avec du rythme, de la poésie, des phrases qui swinguent … Et des photos, prises dans le métro par Cyrille Derouineau.

 

Mise part les illustrations, l’originalité de ces sept courts récits est leur façon de se répondre, de s’entrecroiser, de reprendre ici une silhouette aperçue là-bas, de voir de l’intérieur telle rencontre commentée dans un autre texte … L’ensemble forme une toile subtilement mais solidement tissée et fait de ces sept récits un roman impressionniste où le lecteur, outre le plaisir de chaque nouvelle, s’amuse à changer de point de vue, à percevoir les correspondances, à éclairer d’une autre lumière un recoin resté dans l’ombre.

 

J’aime les sept textes, avec un tendresse particulière pour Les Gobelins, histoire d’une rencontre ratée, qui m’a évoqué, allez savoir pourquoi, la très belle chanson Les passantes de Brassens.

 

C’est élégant, fin et tendre. Une très belle réussite. Et un beau travail d’édition avec ces sept livrets rassemblés dans leur joli coffret. Je ne sais pas s’il est facile de les trouver en librairie. Vous pouvez toujours aller voir sur le site des éditions In8.

 

Marc Villard, photos de Cyrille Derouineau / Intra Muros, In8 (2010).

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 21:54

De retour de la rencontre avec David Peace, passionnante (je vous en reparler d’ici peu) une diversion fort bienvenue.

 

Les duettistes surdoués du polar reviennent. Après Ping-Pong et Tohu-Bohu, revoici pour notre plus grand plaisir Jean-Bernard Pouy et Marc Villard dans un mano-a-mano éblouissant de maîtrise et d’apparente facilité. Leur nouveau spectacle, cuvée 2010, s’appelle Zigzag.

 

Commençons par un averissement. Peut-être que, comme moi, vous avez l’intention de déguster ces nouvelles une à une, à l’occasion. Ben ça marche pas. Zigzag c’est comme les noix de cajou à l’apéro, ou le paquet d’amandes enrobées de chocolat. On croit qu’on va pouvoir n’en manger qu’une, et qu’on saura s’arrêter. Erreur, sans s’en rendre compte, tout le paquet y passe. Là c’est pareil. Sauf que ça fait pas grossir, ça rend heureux, et peut-être même un peu moins bête.

 

Pouy VillardLe principe est un peu différent du précédent. Cette fois chaque auteur a fait une liste de ses thèmes de prédilection (10 chacun), les a passé à l’autre, à sa charge d’écrire une nouvelle. Nous avons donc :

Le foot, Barbès, la vie de famille, les immigrés, les flics pourris, les tueurs à gage, le jazz, la drogue, les éducateurs, les Halles proposés par Marc Villard, à traiter donc Jean-Bernard Pouy.

Et le vélo, la Bretagne, le cinéma expérimental, les libertaires, les citations philosophiques, la vache, le rock and roll, la peinture, le train, la patate, proposés par Jean-Bernard Pouy à traiter par Marc Villard.

 

Résultat, 20 moments de bonheur. Villard reste Villard tout en jouant à être Pouy, Pouy fait semblant d’être Villard pour redevenir lui-même dans une ultime pirouette. Les thèmes se télescopent, se répondent, se mélangent.

 

Et oui, se mélangent parce que le lecteur attentif ne pourra pas ne pas remarquer que lorsqu’il traite de la vache ou de la patate (thématiques JBP) MV y met aussi une pincée de drogue (thématique MV), ou que lorsque JBP parle des Halles (thème MV), il y met aussi pas mal de peinture, et de libertaires (thèmes JBP) … Vous suivez ? Non ? c’est pas grave.

 

Faites-moi confiance, le spectacle est rodé, minuté. Ca part dans tous les sens, on en prend plein les neurones. On sourit beaucoup, on bade devant autant de maestria, et on se garde au coin de l’oreille quelques pépites pêchées ici ou là, comme la diatribe hallucinante et pourtant très logique d’un poivrot dans un commissariat (je vous laisse découvrir le poivrot et le commissariat) et quelques pirouettes finales éblouissantes.

 

Ceci dit, et comme je le disais dans ma chronique de leur précédent spectacle, si j’essayais d’être écrivain, j’aurai salement les crocs de voir ces deux affreux s’amuser à pondre avec autant de facilité apparente et de bonheur des nouvelles aussi épatantes juste pour rire …

 

Convaincus ?

 

Jean-Bernard Pouy et Marc Villard / Zigzag, Rivages/Noir (2010).

 

PS. Le titre est une private joke que seul les auteurs et moi pouvons comprendre. Et toc.

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  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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