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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 10:22

J’ai profité des vacances pour faire quelque chose que je devrais faire plus souvent : faire une petite pause 87° District du grand Ed McBain. Cette pause s’appelle Tout le monde sont là.

 

McBain 4

Minuit, une nouvelle journée commence. Mais rien ne change pour l’équipe de nuit du 87° district qui est en poste depuis 20h00 et devra tenir jusqu’à 06h00, heure à laquelle l’équipe de jour viendra la relayer. Cette nuit il y a abondance : le meurtre d’une actrice à la sortie de son théâtre, une jeune fille portée disparue, une ivrogne dans une cellule, un marine séduit puis assommé et détroussé … une nuit presque normale à laquelle l’équipe de jour ajoutera un flic qui se fait tirer dessus, un agent immobilier tabassé devant sa famille … la routine du 87° district.


Un roman assez atypique, anti héros, anti mafia, anti serial killer au QI flamboyant. Juste 24 heures de la vie d’une équipe de flics confrontés au crime dans toute sa bêtise la plus crasse. 24 heures pas du tout glamour, pas du tout cinématographiques. La plupart des criminels sont complètement idiots et arrêtés quelques heures après leurs exploits.


Mais quel talent d’écriture ! L’amorce du roman est tout simplement magistrale. En quelques lignes on est plongés dans ce commissariat, on le connaît, on le sent, on sent la fatigue dans ses propres os, on sait parfaitement où on est et on a envie de suivre Carella et se collègues jusqu’au bout du monde.

Ajoutez à cela un sens du dialogue absolument inouï (seul Elmore Leonard à mon humble avis peut se vanter d’écrire des dialogues qui sonnent aussi vrais, qui semblent aussi évidents) et vous avez une nouvelle perle noire à ajouter au collier de la saga du 87°.


J’ai la chance de ne pas les avoir tous lu, et j’ai toujours un Omnibus sur la table de nuit. Cette fois, promis juré, je n’attendrai pas aussi longtemps pour retrouver Isola et ses flics. Et si je puis me permettre un conseil aux heureux qui ne connaissent pas McBain, essayez, lisez-en au moins trois ou quatre d’affilé, après vous serez mordus.


Ed McBain / Tout le monde sont là (Hail, Hail, the Gang’s all here, 1971), Omnibus n°4 (2003), traduit de l’américain par M. Charvet, revu et augmenté par Pierre de Laubier.

 

 

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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 22:17

Suite donc des rééditions des romans de Jim Thompson, avec L’assassin qui est en moi, que j’avais lu il y a fort longtemps, et que j’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver.

thompson assassin

Lou Ford est un gars simple de Central City, petite ville texane. Tout le monde l’aime bien en ville, ce qui facilite son boulot d’adjoint du shérif. S’ils savaient, les habitants de Central City. S’ils savaient ce que Lou cache en lui, ils l’aimeraient sans doute moins. Car sous le vernis de brave gars qui n’a pas inventé l’eau tiède se cache un tueur qui tente désespérément d’échapper à sa vraie nature. Et qui y arrive, jusqu’à l’arrivée en ville d’une nouvelle prostituée qui va jouer le rôle de détonateur, et les cadavres vont s’accumuler.


Celui-là je l’avais donc lu, mais il y a très très longtemps, à l’époque où je découvrais le polar en écumant les bibliothèques. N’empêche quel saut d’eau froide. Un polar glaçant qui nous colle dans la tête de Lou. Glaçant et parfaitement construit, les révélations et images du passé venant toujours à point nommé.


Glaçant aussi car, si le narrateur est un fou pas furieux du tout (il exerce même la plupart du temps une parfaite maîtrise sur lui-même), la petite ville autour de lui n’est pas mal non plus. Hypocrisie, non dits, poids du qu’en dira t’on, meurtres connus de tous mais niés car ils remettraient en cause les équilibres de la ville … Un vrai panier de crabes dans lequel Lou, personnage finalement plutôt intelligent et cultivé est contraint de passer pour un plouc inculte pour éviter d’attirer l’attention.


Intéressant aussi de voir comment avec un personnage central assez proche de celui de 1275 âmes Jim Thompson écrit un roman complètement différent.


Bref, encore un grand roman, mené par un maître de l’ellipse, et l’occasion pour tous de découvrir ou redécouvrir un des précurseurs du genre.


Jim Thompson / L’assassin qui est en moi (The killer inside me, 1952), Rivages/noir (2012), traduit de l’américain par Jean-Paul Gratias.

 

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 21:47

Le travail de réédition effectué par les éditions Rivages est une vraie bénédiction pour les amateurs. Ceux qui avaient lu les textes dans leurs premières éditions peuvent découvrir des traductions plus fidèles, compléter leurs collections ou découvrir des romans à côté desquels ils étaient passés. Les nouveaux venus dans le monde du polar peuvent facilement découvrir les grands auteurs. Après le boulot réalisé sur les séries Dortmunder/Parker de Westlake/Stark, voici un bijou noir d’un des plus grands maîtres du genre, L’échappée de Jim Thompson, un vrai bonheur d’autant plus que je ne connaissais pas ce roman.

thompson

A peine sorti de prison, Doc McCoy et sa femme Carol préparent, avec un troisième complice, le braquage d’une banque qui leur permettra de se retirer, riches. Le coup se déroule comme prévu, mais c’est ensuite que les ennuis commencent. Et si Doc a toujours l’air d’un gentleman souriant et sympathique, s’y fier serait une grave erreur. Doc est un truand, un vrai, prêt à écarter par tous les moyens quiconque se met en travers de son chemin. Ce qui a commencé comme un holdup parfaitement programmé tourne au jeu de massacre.

Les amateurs de Jim Thompson se doutent bien que la cavale de Doc et Carol ne va pas être pavée de roses, et que le récit risque fort de ne pas prêter à rire … C’est que le grand Jim n’était pas connu pour son optimisme et qu’il ne se faisait aucune illusion sur la nature humaine.


Cela se vérifie une fois de plus dans ce récit impeccable, millimétré et glaçant. Le personnage de Doc est particulièrement marquant. Sous des dehors bonhomme et une allure de gentleman flegmatique se cache un tueur sans pitié, une vraie machine qui pourrait préfigurer Parker de Richard Stark. Comme lui il ne tue pas par plaisir, mais n’hésite jamais à le faire si tuer est la solution la plus simple.


Mais là où Stark/Westlake s’amuse à accumuler les obstacles pour avoir à inventer des solutions plus ingénieuses les unes que les autres, chez Thompson les obstacles sont prétextes à révéler chaque fois un peu plus la part de folie et de noirceur de l’âme de ses personnages.


Et je ne vous parle même pas du final, absolument hallucinant. Vraiment un grand roman à (re)découvrir.


Jim Thompson / L’échappée (The Getaway, 1958), Rivages/noir (2012), traduit de l’américain par Pierre Bondil.

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23 avril 2012 1 23 /04 /avril /2012 23:33

Les nouveautés c’est bien, c’est très bien même, mais le travail de réédition, quand il est fait intelligemment, c’est très bien aussi. La collection de poche des excellentes éditions Gallmeister a commencé le travail de réédition de celui qui est un peu l’oublié des grands fondateurs du polar américain, à savoir Ross Macdonald et son privé Lew Archer. Ca commence avec Cible mouvante.


McDonaldLew Archer, ancien enquêteur public devenu privé, est installé à Los Angeles. Il est contacté par la richissime femme d’un magnat du pétrole. Son mari a disparu depuis la veille. Ce n’est pas la disparition de l’époux, dont elle n’a pas grand-chose à faire qui inquiète la dame. C’est qu’il était complètement saoul la dernière fois qu’on la vu, et que quand il est bourré il devient philanthrope et a tendance à distribuer généreusement sa fortune. Et ça c’est inacceptable. De villas somptueuses en rades crades, d’escrocs astrologues à trafiquants d’être humains, Lew Archer va avoir un aperçu du monde des californiens très fortunés.


Moins connu que Dashiell Hammet et Raymond Chandler, peut-être tout bêtement parce qu’il a été moins adapté au cinéma, Ross Macdonald avec son Lew Archer n’en reste pas moins un des grands fondateurs du personnage du privé. Je les avais découverts, dans la collection « grands détectives » chez 10x18 au moment où je me lançais dans le polar. Ils faisaient déjà partie de ce qu’on pourrait appeler l’histoire ancienne. Ils avaient déjà bien vieilli. Cela n’a pas changé.


Pas de crainte à avoir donc, les aventures d’Archer tiennent toujours la route. Certes, on en a vu d’autres, des privés, mais celui-ci est un des premiers. Et cet épisode est particulièrement représentatif de la série.


Tout d’abord dans la construction du personnage, moins hard boiled que Philip Marlowe ou Sam Spade, plus « commun » d’une certaine façon. Lew Archer n’est pas un tombeur, ce n’est pas non plus un dur. Il a un flingue mais s’en sert très peu (voire pas du tout), prend plus de coups qu’il n’en donne. Ses armes, sont la parole, une grande indépendance vis-à-vis des autorités et de ses employeurs, et une ténacité à toute épreuve.


Ensuite dans sa façon de partir d’une histoire intime, familiale, pour dresser le portrait de toute une société. Ross Macdonald ne porte aucun jugement. Il décrit une famille de l’aristocratie du fric américaine, sans un mot de trop. La description parle d’elle-même. Il nous montre qu’il n’y a pas grand-chose de nouveau sous le soleil et que l’arrogance, l’impunité et la rapacité ne sont pas nouvelles …


A découvrir et à avoir dans toute bonne bibliothèque polar, au côté de Moisson Rouge et du Grand sommeil.


Ross Macdonald / Cible mouvante (The moving target, 1949), Gallmeister/Totem (2012), traduit de l’américain par Jacques Mailhos.

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 21:50

Attention, ouvrage mythique ! Ca faisait longtemps que j’en avais entendu parler. J’en rêvais, Rivages l’a fait, on peut maintenant lire, enfin, Comment voler une banque, épisode mythique donc (je me répète, je sais) des aventures de John Dortmunder, le voleur le plus doué et le plus malchanceux de la littérature mondiale.

 

Westlake banque

Cambrioler une banque, c’est à la portée du premier crétin venu (ou presque), mais voler la banque ? Toute la banque ? En profitant du fait que, pendant les travaux, elle s’est installée dans un mobile home … Ca, il n’y a que l’équipe de John Dortmunder pour le réussir … Et finir, bien entendu, par tout faire foirer, ou presque.

 

Une nouvelle fois le plan de John est génial (je me demande d’ailleurs combien de voleurs ont cherché l’inspiration dans les romans de Westlake/Stark …). Une nouvelle fois malgré le génie de John, c’est au moment où tout semble bien marche que tout se met à foirer. Une nouvelle fois c’est très drôle. Une nouvelle fois on est content de retrouver Kelp, Stan et sa maman (dans cet épisode ancien Tiny n’a pas encore fait son apparition) et les quelques personnages secondaires sont hilarants. Que dire de plus, je suis un inconditionnel de Dortmunder, un admirateur fanatique, et je n’ai jamais été déçu par un roman de la série.

 

Juste pour le plaisir, ces quelques lignes qui définissent si bien l’attitude de John face à la vie : 

 

« Dortmunder avait payé son apprentissage de la patience au prix fort. Des tâtonnements de la vie parmi d’autres être vivants il avait retenu que, lorsqu’un petit groupe se met à s’agiter dans tous les sens et à crier sur fond de quiproquo, la seule chose sensée à faire est de rester en retrait et de les laisser se débrouiller entre eux. L’alternative consistait à attirer leur attention, soit en explicitant le malentendu, soit en les ramenant au sujet de conversation initial mais, dans les deux cas, vous vous retrouviez vous aussi à vous agiter dans tous les sens et à crier sur fond de quiproquo. Patience, patience ; au pire, ils finiraient par se fatiguer. »

 

Un antidote parfait en cas de mauvaise humeur.

 

Donald Westlake / Comment voler une banque (Bank shot, 1972), Rivages/Noir (2011), traduit de l’américain par M. Sinet.

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 10:20

La pause estivale, avant la déferlante de la rentrée, permet aussi de lire (ou relire) ses classiques. Une réédition fort bienvenue m’a permis de découvrir (enfin) ce monument qui manquait à ma culture. Mais quel monument ? Rien moins que L’espion qui venait du froid du Maître John Le Carré.

 

Leamas travaille pour l'espionnage anglais. Il est en poste à Berlin, au plus fort de la guerre froide. Sa Le Carrésituation est précaire : depuis quelques mois, le nouveau chef du contre-espionnage est-allemand, Hans Mundt décime tous ses hommes. Le dernier est abattu sous ses yeux au moment où il allait passer à l'ouest. Rapatrié à Londres Leamas s'attend à être mis au placard. C'est alors que son supérieur lui propose une dernière mission, dangereuse mais irrésistible : Faire tomber Mundt. Pour cela Leamas est prêt à tout …

 

Peut-être le chef d'œuvre du roman d'espionnage de la guerre froide, à coup sûr absolument incontournable. L'anti James Bond par excellence. Pas de héros, pas de superman, pas de gadget … Pas de grandes envolées non plus.

 

Certes le lecteur est averti dès le titre, mais l’impression est là : tout est absolument glaçant dans ce roman. Net et glaçant. Comme l’écriture, sèche, précise, presque sans émotion, ce qui fait d’autant plus ressortir les quelques coups de sang, les quelques moments où Le Carré permet aux personnages d’exprimer leurs peurs, leur rage, leur désarroi.

 

Et quelle description implacable des mécanismes de l'espionnage, de la spirale du mensonge et de la dissimulation, du Grand Jeu, où les hommes ne sont que des pions, plus ou moins conscients du rôle réel qu'on leur fait jouer. Cynisme des décideurs, perte totale de tout sens moral. Tous les coups sont bons pour « gagner », la seule justification d’une opération étant son succès, sa seule condamnation son échec. D’un côté comme de l’autre, ne survivent à ce jeu que ceux qui, justement, se sont débarrassés de toute considération morale.

 

Un immense roman, très sombre, au suspense impeccable … Et au final magnifique. A lire et relire.

 

John Le Carré / L’espion qui venait du froid (The spy who came in from the cold, 1963), Folio/policier (2010), traduit de l’anglais par Marcel Duhamel et Henri Robillot.

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 22:14

Cela n’a échappé à personne, l’immense Donald Westlake est mort depuis ce sinistre 31 décembre. Mais nous savions qu’il restait encore des John Dortmunder à publier. En voici un (l’avant dernier) chez Rivages. Je vous en causerai demain. Mais en attendant, je vais profiter du travail de récapitulation effectué par Rivages à l’occasion de cette sortie pour faire le point sur ce qui est publié, ce qui va ressortir, ce qu’il nous reste à découvrir …

 

Pierre qui roule (The hot rock, 1970), Rivages/Noir (2007)

Bank Shot , 1972, à paraître chez Rivages/Noir en 2011

Jimmy the kid (Jimmy the kid, 1974), Rivages/Noir (2005)

Personne n’est parfait (Nobody’s perfect, 1977), Rivages/Noir (2007)

Pourquoi moi ? (Why me ?, 1983), Rivages/Noir (2006)

Bonne conduite (Good behavior, 1985), Rivages/Noir (2009)

Dégâts des eaux (Drowned hopes, 1990), Rivages/Noir (2006)

Histoire d’os (Don’t ask, 1993), Rivages/Noir (2000)

Au pire qu’est-ce qu’on risque ? (What’s the worse that could happen ?, 1996), Rivages/Noir (2004)

Mauvaises nouvelles (Bad news, 2001), Rivages/Noir (2004)

Les sentiers du désastre (The road to ruin, 2004), Rivages/Noir (2008)

Surveille tes arrières ! (Watch your back, 2006), Rivages/Thriller (2010)

What's so funny, 2007, à paraître

Get real, 2009, à paraître

Voleurs à la douzaine (Thieve’s dozen, 2007) Rivages/Thriller (2008)


Donc, outre celui dont je vous cause demain, il nous restera la réédition du second de la série, et les deux derniers … Malheur.

 

Merci au lecteur perspicace qui m'a signalé qu'il manquait What's so funny dans la liste. Rivages m'a confirmé qu'il s'agit bien d'une erreur de leur part et qu'ils restent donc bien encore deux inédits à traduire en français.

 

Je profite de l’occasion pour, comme pour folio, saluer le superbe travail d’édition qui permet à tous ceux qui n’ont pas le temps de flâner chez les bouquinistes, ou de fouiller dans le grenier du tonton fana de polars, de pouvoir facilement trouver tous ces chef-d’œuvre.

 

Voilà vous pouvez faire vos listes de cadeaux d’anniversaire, de Noël, de mariage, de fin d’année …

A demain.

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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 21:06

Avant de revenir sur le magnifique roman de Pascal Dessaint (je sais je l’ai déjà dit, mais j’insiste), une petite gâterie que je me suis faite lors du vol de retour Buenos Aires / Madrid. Que lire quand on est mal assis, dans un environnement bruyant, fatigué … Il faut du bon, qui coule de source, qui permet de s’évader. Exemple :

« Chacun aime passer son samedi à sa manière.

Meyer et Hawes allèrent à un récital de poésie, Carella reçut un coup sur la tête et Bert Kling se fit corriger.

C’était un agréable samedi. »

McBain 4Et oui, vous aurez forcément reconnu les personnages, la plume et l’humour du monumental Ed McBain et de ses incontournables flics du 87° district.

Un vrai plaisir, un bonbon acidulé, un blanc bien frais, un rouge gouleyant avec meurtre et péripéties. Bref de quoi faire passer en un clin d’œil, sourire aux lèvres ce qui aurait pu être un abominable et interminable pensum.

Rien de bien particulier dans ces deux titres (Mort d’un tatoué et En pièces détachées). On retrouve des personnages qui sont devenus de vrais amis, l’humour, le sens du dialogue, les interrogatoires d’école, la fluidité du style, la construction impeccable, la description de New York, en toutes saisons, dans toutes ses composantes sociales … Bref deux 87° districts « classiques », et à ce titre, deux romans indispensables dans la bibliothèque de tout amateur de polar.

Deux romans que l’on referme sourire aux lèvres, en se disant que ça parait si évident, à la lecture, d’être écrivain ! Deux romans que devraient lire tous ceux qui envisagent, un jour, d’écrire des polars mettant en scène des flics … Quitte à en être découragé à jamais.

Comment ? de quoi ils causent ?

Dans le premier Steve Carella et ses collègues doivent trouver qui a bien pu éparpiller à la chevrotine un couple en apparence modèle. Dans le second, plus ludique, ceux du 87° participent à une course au trésor pour retrouver les huit pièces d’un puzzle qui indique où se trouve le magot volé dans une banque. Un course au trésor avec élimination directe et définitive des perdants, bien entendu.

C’est millimétré, c’est évident, c’est un régal.

Ed MacBain / Mort d’un tatoué  (Shotgun, 1969), Traduit de l’américain par Alain Chataignier. En pièces détachées (Jigsaw, 1970), Traduit de l’américain par Anne-Judith Descombey. Dans l’Omnibus n°4.

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17 août 2009 1 17 /08 /août /2009 11:24

Parallèlement à la découverte de nouveaux auteurs, Moisson rouge poursuit la réédition de perles passées et totalement oubliées. Cette fois, il s’agit d’un roman de David Goodis (dont Rivages d’ailleurs sort également un titre, Nightfall), Cassidy’s Girl.

 

Le roman est précédé d’une excellent présentation de James Sallis qui, bien mieux que je ne saurais le faire, présente l’homme et son œuvre.

 

Cassidy vit dans le quartier des docks de Philadelphie. Il sombre peu à peu, malgré son boulot de chauffeur de bus. Et il noie de plus en plus sa déprime dans les verres de whisky chez Lundy, bar fréquenté par les épaves du quartier. Avant, il y a longtemps, Cassidy a été un héros de la guerre, et un pilote respecté dans une grande compagnie aérienne. Jusqu’à l’accident dont il a été, à tord, jugé coupable, qui l’a cassé. Maintenant, quand il n’est pas au volant de son bus, il partage son temps entre les bagarres épuisantes avec Mildred, sa femme, et l’alcool chez Lundy. Jusqu’à ce qu’il rencontre la douce Doris, et entrevoit une possibilité de rédemption.

 

Comme l’explique James Sallis dans sa préface, on a là un David Goodis dans la plus pure veine : ambiance nocturne, repère de paumés, les docks, le pluie, l’alcool … et un héros qui a chuté, voit une possibilité de s’en sortir, miraculeusement, et finit par plonger encore plus profond. Et les femmes, toujours les femmes, cause de déchéance, ou lueur d’espoir, mais toujours au centre des romans. Il ne manque plus que la lune dans le caniveau …

 

Comme toujours c’est tendre, poignant, déprimant. Ensuite on aime ou pas les histoires de Goodis . J’avoue que j’avais arrêté après en avoir lu deux. Et je retrouve mes sensations d’il y a bien des années : Une très belle écriture, une empathie qui fait qu’on plonge avec les personnages, une grande tendresse pour ces paumés, un pessimisme noir, et la déprime, engluante …

 

Mais les histoires de personnages qui plongent sans espoir et sans révolte (ou presque) ne sont pas ma tasse de thé, ou plutôt, vu le contexte, mon verre de whisky. David Goodis fut bien un grand auteur, mais un grand auteur auquel je n’arrive pas à accrocher.

 

David Goodis / Cassidy’s girl, (Cassidy’s girl, 1947) Moisson rouge (2009), traduit de l’américain par Jean-Paul Gratias.

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19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 10:23

« J’ai d’abord entendu Personville prononcé Poisonville au bar du Big Ship à Butte. » C’est ainsi que commence l’un des romans fondateurs (si ce n’est Le roman fondateur) du roman noir. Il s’agit, bien entendu, de la première phrase de Moisson rouge, de Dashiell Hammett.

 

Le narrateur n’a pas de nom, juste une fonction : détective privé à la Continental Detective Agency de San Francisco. Il est à Poisonville pour rencontrer Donald Willsson qui est abattu avant d’avoir pu lui parler. Il décide alors d’aller voir son père, le vieux Elihu Willsson, maître de la ville. Quelques années auparavant, ce dernier avait fait appel à la pègre pour casser les grèves qui agitaient cette ville minière. Une fois le mouvement réprimé, les truands sont restés et se sont emparés de la ville. Elihu a alors tenté de se servir de son fils, bombardé patron de la presse locale, pour les déloger, avec le résultat que l’on sait. Le privé décide alors de nettoyer Poisonville, par tous les moyens.

 

Le lecteur de 2009 qui lit ce roman qui a tout juste 80 ans peut, dans un tout premier temps, se dire qu’il y a là un petit air de déjà vu (ou déjà lu). Il n’a d’ailleurs pas tord. Si Moisson Rouge ressemble, par un aspect ou un autre, à tel ou tel autre roman qui l’a marqué, c’est qu’il en est le modèle !

 

Description sans fard des liens entre le pouvoir économique, le pouvoir politique et le crime organisé. Héros totalement neutre, pour qui la fin justifie les moyens, et qui, à aucun moment, ne fait appel à une quelconque justification morale. Ecriture sèche, sans un mot de trop, uniquement centrée sur les faits … On a bien sûr revu tout ça par la suite. Mais le modèle est là.

 

Je n’ai plus de souvenirs de ma première lecture, bien vieille. Je serais bien incapable de juger de l’apport de cette nouvelle traduction. Mais si j’en crois Claude Mesplède, elle était plus qu’indispensable !

 

Toujours est-il que le texte que publie aujourd’hui la série noire est impeccable, et implacable. Impossible de ne pas être admiratif devant cette écriture « à plat », neutre (si cet adjectif a un sens) au plus près. Impossible d’en retirer un mot sans en changer le sens. Impossible de ne pas rester admiratif devant la limpidité de l’analyse des rapports entre le pouvoir politique et économique (entre les mains des même personnes), et de la pègre ; les deux associés pour casser le mouvement social, dans une guerre sans pitié, illustration parfaite de … la guerre des classes (ben oui, il faut bien appeler les choses par leur nom). Limpidité et lucidité, également, de l’analyse du pouvoir de la presse, mais aussi de sa manipulation par … le pouvoir en place. Et on pourrait continuer comme ça longtemps.

 

Le tout, sans un seul jugement de valeur, sans une ligne d’exposé économico-sociologique. Par la seule force du récit, et su style.

 

Donc, lecture obligatoire cet été, interro écrite à la rentrée.

 

Dashiell Hammett / Moisson rouge, (Red harvest, 1929) Série Noire (2009), traduit de l’américain par Nathalie Beunat et Pierre Bondil.

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