J’ai profité des vacances pour faire quelque chose que je devrais faire plus souvent : faire une petite pause 87° District du grand Ed McBain. Cette pause s’appelle Tout le monde sont là.
Minuit, une nouvelle journée commence. Mais rien ne change pour l’équipe de nuit du 87° district qui est en poste depuis 20h00 et devra tenir jusqu’à 06h00, heure à laquelle l’équipe de jour viendra la relayer. Cette nuit il y a abondance : le meurtre d’une actrice à la sortie de son théâtre, une jeune fille portée disparue, une ivrogne dans une cellule, un marine séduit puis assommé et détroussé … une nuit presque normale à laquelle l’équipe de jour ajoutera un flic qui se fait tirer dessus, un agent immobilier tabassé devant sa famille … la routine du 87° district.
Un roman assez atypique, anti héros, anti mafia, anti serial killer au QI flamboyant. Juste 24 heures de la vie d’une équipe de flics confrontés au crime dans toute sa bêtise la plus crasse. 24 heures pas du tout glamour, pas du tout cinématographiques. La plupart des criminels sont complètement idiots et arrêtés quelques heures après leurs exploits.
Mais quel talent d’écriture ! L’amorce du roman est tout simplement magistrale. En quelques lignes on est plongés dans ce commissariat, on le connaît, on le sent, on sent la fatigue dans ses propres os, on sait parfaitement où on est et on a envie de suivre Carella et se collègues jusqu’au bout du monde.
Ajoutez à cela un sens du dialogue absolument inouï (seul Elmore Leonard à mon humble avis peut se vanter d’écrire des dialogues qui sonnent aussi vrais, qui semblent aussi évidents) et vous avez une nouvelle perle noire à ajouter au collier de la saga du 87°.
J’ai la chance de ne pas les avoir tous lu, et j’ai toujours un Omnibus sur la table de nuit. Cette fois, promis juré, je n’attendrai pas aussi longtemps pour retrouver Isola et ses flics. Et si je puis me permettre un conseil aux heureux qui ne connaissent pas McBain, essayez, lisez-en au moins trois ou quatre d’affilé, après vous serez mordus.
Ed McBain / Tout le monde sont là (Hail, Hail, the Gang’s all here, 1971), Omnibus n°4 (2003), traduit de l’américain par M. Charvet, revu et augmenté par Pierre de Laubier.