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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 17:21

Après le roman d’Elsa Marpeau, en voici un autre que je n’aurais même pas dû ouvrir. Et pourtant … Heureusement, parfois, les copains savent insister. Jugez-en par vous même : Un pavé de plus de 600 pages qui dans le résumé vous parle d’Opus Dei, du Vatican et de l’Egypte des pharaons. On a toutes les chances de retomber sur une mouture de plus de l’indigeste machin de Vinci. Ben non, même si tout ne me plait pas dans L’hypothèse de Copenhague de l’italien Oscar Caplan, je me suis bien amusé dans l’ensemble.

Caplan

Vanko Saint-Pierre, cardinal et érudit se fait renverser par un chauffard dans les rues de la résidence du Pape juste après lui avoir demandé une audience. Il laisse à son frère Théo, des notes qui semblent insinuer que des preuves existent que l’Exode de Moïse ne fut pas du tout celle racontée par la Bible. Personne n’est plus à même de poursuivre ses recherches : Théo est un athée féroce, archéologue, responsable du département d’Antiquité égyptienne au Louvre. C’est le couteau entre les dents et la rage au ventre qu’il se lance dans une quête qui va le mener de Sienne au désert du Sinaï. Mais face à lui, il n’a pas que quelques théologiens de bibliothèque … Juifs, chrétiens et musulmans, personne n’a vraiment intérêt à remettre en cause des religions qui permettent d’asseoir le pouvoir de quelques-uns sur l’immense majorité. Et outre le pouvoir, il y a beaucoup, beaucoup d’argent en jeu …


Opus Dei, FMI, complot mondial, triple alliance, Egypte ancienne et … Physique quantique. C’est tout cela qui est au menu de cette Hypothèse. Hypothèse qui pourrait se révéler un plat un poil roboratif. Et qui l’est un peu par moment (en particulier dans la partie physique quantique alliée à un poil de mysticisme à poil long). Mais tout au long des presque 700 pages, ce qui emporte l’adhésion, c’est l’impression que l’auteur c’est bien amusé.


Amusé à nous pondre des personnages hors du commun, mon préféré étant quand même un sacré hijo de puta de Guzman, chef de l’Opus Dei, espagnol amateur de Duende et de flamenco, de cigares et de chiquitas, cynique, magouilleur … Un vrai méchant de BD. Ce qui emporte l’adhésion c’est un manque total d’inhibition dans l’intrigue qui fait penser à un Indiana Jones sans fouet mais non sans ressource.


Ce sont aussi quelques réflexions pas bêtes du tout sur les trois religions monothéistes qui, il faut bien le reconnaître, nous pourrissent bien la vie depuis plus de 2000 ans maintenant … Et c’est le Guzman de L’opus Dei qui en parle le mieux :


« - Je ne sais pas encore qui est derrière tout cela, mais je suis certain d’une chose : il s’agit de quelqu’un qui a tout intérêt à ce que nous (je parle de l’Eglise chrétienne, mais cela vaut également pour Jérusalem et Riyad) continuions à faire ce que nous avons toujours fait.

- C’est à dire ?

- Retarder le progrès de l’humanité, dans quelque domaine que ce soit, et par tous les moyens possibles ».


Le bouffe curé primaire que je suis a souvent jubilé tout au long de ce roman. Ceci allié à un vrai sens du rythme et de la construction qui offre quelques scènes et découpages extrêmement cinématographiques, avec une accélération de l’action qui pousse à lire de façon frénétique en tentant d’accélérer le mouvement oculaire, fait que je me suis bien amusé, tout en ayant l’impression d’avoir appris deux ou trois petites choses.


Bref, je ne regrette absolument pas les heures passées en compagnie de Théo Saint Pierre et cet enfoiré flamboyant de Guzman.


Oscar Caplan / L’hypothèse de Copenhague (L’ipotesi di Copenhagen, 2009), Rivages/Thriller (2013), traduit de l’italien par Gérard Lecas.


PS. Ne cherchez pas, on ne va jamais à Copenhague, mais l’explication du titre tombe quand même, à la fin.

 

PPS. Assez rigolo à lire en cette période d'élection de pape ...

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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 18:21

Massimo Carlotto n’est jamais aussi bon que lorsqu’il met en scène un authentique salopard. Avec Giorgio Pellegrini, « héros » de Arrivederci amore il en tient un de belle facture. Du coup son dernier roman, A la fin d’un jour ennuyeux qui reprend le personnage est absolument excellent.


Carlotto

Giorgio Pellegrini est donc une authentique pourriture. Ancien combattant d’extrême gauche des années 70, converti sans état d’âme à la délation et à la délinquance, il s’est acheté une conduite grâce à l’argent mal acquis (et oui, contrairement à l’adage gentillet, bien mal acquis profite souvent). Il est aujourd’hui l’heureux propriétaire d’un restaurant où se rencontre le gratin de la Vénétie. En parallèle il gère de main de maître un petit groupe de prostituées de haut vol, très discrètes, à destination des politiques et hommes d’affaires. Et il est marié avec une très belle femme qui lui obéit en tout. La belle vie. Jusqu’à ce que son « ami » et associé l’avocat et député Brianese lui vole les deux millions d’euros qu’il lui avait confiés pour investissements. Une grosse erreur car, comme le dit Giorgio :


« Eux, ils avaient connu un homme différent, prêt à tout pour plaire et pour être accepté. Ils n’avaient pas la moindre idée de qui était vraiment Giorgio Pellegrini. »


Les italiens sont vraiment les meilleurs quand il s’agit de nous mettre dans la tête d’une authentique pourriture. Pas un psychopathe serial killer comme aux US. Pas même un fanatique raciste xénophobe, d’extrême droite … Non, juste un pur produit du capitalisme et de l’individualisme. Juste poussé à son extrême. Un qui ne pense qu’à lui, uniquement à lui, qui n’a aucun frein moral et un seul but, gagner du fric.


Le magnifique Giorgio Pellegrini peut rejoindre ses collègues Eddie Florio de Valerio Evangelisti, ou Gigi Vianello autre personnage de Massimo Carlotto. Infect avec les femmes, n’hésitant pas à tuer quand un meurtre l’arrange (même si la victime ne lui a rien fait), capable des pires extorsions, chantages, tortures … manipulateur, calculateur … et tout ça dans un seul et unique but : le bien être de Giorgio Pellegrini. Une vraie raclure, un vrai plaisir de lecture.


Car on se fait complètement piéger. A la question que je lui avais posée de savoir comment il avait supporté la cohabitation avec Florio, Valerio Evangelisti, très pince sans rire, m’avait répondu que ce n’était qu’un travail qui lui rapportait de l’argent. Que c’étaient ses lecteurs qui devaient se demander pourquoi ils payaient pour lire des horreurs pareilles ! Et en plus on prend plaisir à suivre les aventures infâmes de cet abominable, et on en vient presque à espérer qu’il réussisse et qu’il s’en tire.


Au-delà de la plaisanterie, rien de tel qu’un Giorgio ou un Eddie pour cristalliser et incarner un système pourri jusqu’à la moelle qui met au-dessus de toute valeur la réussite financière, et tous les signes extérieurs qui vont avec. Si les italiens sont si forts dans ce genre de littérature, c’est peut-être qu’ils ont eu, jusqu’à la nausée, un des plus beau représentant de cette société comme chef de gouvernement …


Massimo Carlotto / A la fin d’un jour ennuyeux (Alla fine de un giorno noioso, 2011), Métailié (2013), traduit de l’italien par Serge Quadruppani. 

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15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 23:01

Janvier c’est le mois du froid, des intempéries, des journées courtes, des kilos en trop pour cause de gueuletons à répétitions des fêtes … Mais heureusement, janvier c’est aussi le mois du Montalbano nouveau, ce qui contribue amplement à compenser cette sinistre ambiance. La cuvée 2013 s’appelle L’âge du doute, et c’est bien évidemment sous la plume toujours alerte du maestro Andrea Camilleri.

 

Camilleri

Prenez donc Montalbano qui vieillit (et oui, à 56 ans il vieillit), ajoutez Caterella toujours catastrophique, Mimi toujours séducteur, Fazio qui tente d’arranger les choses, une questure avec laquelle Montalbano a du mal et quelques coups de fil désastreux avec Livia, sa copine génoise. Ca ce sont les ingrédients de base. Pour le 2013 le point de départ est la découverte d’un cadavre défiguré sur un canot, une jeune femme qui n’est peut-être pas aussi désemparée qu’elle n’en a l’air, deux yachts de luxe, et une lieutenante de la Capitainerie fort gironde. Assaisonnez avec beaucoup d’humour, quelques bons plats et de nombreux coups de gueule. Servez chaud ou froid, mais pas tiède.


Il y a des auteurs et des séries qui me font perdre tout sens critique. Les aventures de Salvo Montalbano font parties de celles-là. Je suis incapable de dire si c’est meilleur, moins, bon, s’il y a des facilités, si … J’adore, je bade. Plusieurs fois le week-end dernier mes gamins m’ont regardés interloqués : « Mais pourquoi tu ris ? Ah c’est encore ton livre. »


Ben oui, c’était encore mon livre. On rit du comique de répétition (avec Livia, avec Caterella, avec la questure, avec lui-même …), on rit des nouvelles inventions de Montalbano, on rit de ce qu’on sent venir, bref on rit. Et en plus, mine de rien, ça dit beaucoup de choses sur la peur de vieillir, sur la saloperie du monde, sur les relations entre les gens … Et tout ça, en faisant rire.


Vivement janvier 2014 pour le prochain.


Andrea Camilleri / L’âge du doute(L’étà del dubbio, 2008), Fleuve Noir (2013), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 08:44

Si vous êtes un tant soit peu amateur de polars italiens, vous connaissez les noms de Andrea Camilleri, Carlo Lucarelli et Giancarlo de Cataldo. Et si vous vous apercevez qu’un recueil de textes de ces trois auteurs, traduits par Serge Quadruppani est sorti quelque part, vous vous précipiterez sans doute. Et vous aurez raison ! Le recueil s’appelle Les juges, trois histoires italiennes. Il tient toutes ses promesses.


jugesLe juge Surra (Il giudice Surra, 2011) se déroule en Sicile, à la fin du XIX° siècle. Un nouveau juge débarque de Turin et se heurte, sans même s’en rendre compte à la mafia naissante. Une apparente naïveté, prise pour du courage par les habitants de la ville, lui permet de faire fi de menaces qu’il semble ne même pas percevoir. Cet épisode est bien entendu signé du maître de Vigata, Andrea Camilleri, dont le style haut en couleur et l’humour font merveille dans une telle histoire. Il s’amuse, amuse le lecteur, et avec une maîtrise et une habileté confondante le laisse sur sa faim : Bien malin qui saura dire avec certitude si ce fameux juge Surra fut naïf et aveugle ou extrêmement courageux et malin. Et si la meilleure manière de mettre la mafia en déroute était de faire comme si son pouvoir n’existait pas …


Bologne, années de plomb. La gamine (La bambina, 2011) est une juge crée par Carlo Lucarelli. Pourquoi faire accompagner cette toute jeune juge, en charge d’enquêtes peu sensibles sur des malversations financières de second ordre, par un carabinier ? Simple mesure de précaution dans une Italie en pleine tension sociale. Jusqu’à ce qu’elle se fasse tirer dessus, et que Ferro, le flic de 56 ans qui était sensé la protéger s’aperçoive que ce sont des gens de chez lui qui ont tenté de l’assassiner. Une narration impeccable qui sait laisser une place à l’émotion dans un texte politique.


Le triple rêve du procureur (Il triplo sogno del procuratore, 2011) se déroule de nos jours, dans une petite ville. Sous la plume de Giancarlo de Cataldo, un procureur incorruptible aligne défaite sur défaite face à l’homme fort de la ville. Charmeur, énergique, charismatique le maire est aussi menteur, voleur, affairiste … et adoré par ses concitoyens. Toute ressemblance avec quelque homme politique italien que ce soit est sans aucun doute le fait du pur hasard … Un confrontation de cauchemar, parfaitement amenée par un prologue magnifique qui se conclue ainsi : « Pendant un instant, la pensée traversa l’esprit du maître que la démocratie pouvait être une très mauvaise idée. » Beau récit sur l’impuissance de la justice face au pouvoir de l’argent. Et c’est un juge qui le dit !


Excellente idée que ce recueil. Un vrai plaisir. Parfois les recueils de nouvelles allongent un peu la sauce et mélangent des textes de qualité inégales pour faire nombre (ce qui oblige le chroniqueur à écrire hypocritement que, forcément, chacun a ses chouchous, alors qu’il trouve certains textes à chier). Ici que du bon, que des pointures, et trois textes jubilatoires. Chacun dans son style, chacun à son époque, chacun son lieu et sa thématique, mais les trois superbes.

La cohérence venant, outre du talent des auteurs, de la description de l’affrontement du pouvoir judiciaire et de pouvoir politique (ou économique ou mafieux, ce qui revient trop souvent au même …).


Andrea Camilleri, Carlo Lucarelli et Giancarlo de Cataldo / les juges, trois histoires italiennes Fleuve Noir (2012), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.

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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 21:51

 

Les romans d’Andrea Camilleri tombent sans discontinuer ! Ce coup-ci pas de Montalbano, mais un jeu de chaises musicales dans le monde politico-médiatique de Palerme : Le coup de filet.

 

Camilleri-copie-1

A Palerme comme ailleurs (plus qu’ailleurs ?) dire que la télévision est totalement indépendante du pouvoir politique et économique est une grosse plaisanterie. Michele Caruso, directeur du journal télévisé ne va pas tarder à le vérifier, si tant est qu’il ne le sache déjà : Le jeune Manlio Caputo est accusé du meurtre de sa fiancée. So what ? Disons que la jeune femme est la fille d’un politique en vue, Manlio fils d’un député, le beau-père de Michele est sénateur … Bref le grand jeu entre justice, police, pourvoir politique et pouvoir médiatique peut commencer.


Autant le dire tout de suite ce n’est pas le meilleur Camilleri. Je le trouve un peu mince. Il est quasiment uniquement constitué de dialogues, au point que je me suis demandé s’il ne s’agissait pas d’une adaptation d’une pièce théâtrale ou radiophonique.


Ceci dit, même un Camilleri moyen reste un roman que l’on a plaisir et intérêt à lire. Le maître a toujours sa patte, sa méchanceté, sa lucidité dans l’analyse des liens de pouvoir et de servilité entre les mondes médiatique, politique et économique.


Intérêt et plaisir donc, mais sans la jubilation que procurent de certaines de ses œuvres.


Andrea Camilleri / Le coup de filet (La rizzagliata, 2009), Fayard (2012), traduit de l’italien par Dominique Vittoz. 

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 07:22

C’est grâce au Marathon des mots toulousain (merci le marathon des mots !) que j’ai découvert ce roman de l’immense Andrea Camilleri que j’avais raté lors de sa sortie. Comme j’aurai le plaisir et l’honneur de présenter la lecture qui lui est consacrée, j’ai lu Un samedi entre amis, romans atypique et ô combien jubilatoire.

 

 

Camilleri samedi

Andrea, Fabio, Matteo, Rena, Giulia et Anna se connaissent depuis la fac. Depuis ils sont devenus avocat, médecin, magistrat … Et ils se retrouvent tous les samedis soir pour un repas / beuverie chez Fabio et Giulia. Mais ce samedi changement de programme, le rendez-vous aura lieu chez Andrea et Rena, et un ancien condisciple s’est invité, Gianni qui avait disparu et se lance dans la politique. Gianni, l’ami inséparable de Matteo à la fac. Gianni qui, étrangement par sa seule présence fait remonter à la surface tous les souvenirs d’adolescence et d’enfance. Et pas les plus doux et agréables.


Superbe puzzle à la construction magistrale, qui commence et se termine par des scènes d’enfance que l’on ne relie que peu à peu aux différents personnages. Superbe peinture au scalpel d’une bourgeoisie bon tain dont le vernis se craquelle sous nos yeux. Et tout ça en quelques cent cinquante pages essentiellement composées de dialogues.


Un exercice de style virtuose, méchant, tendre, réjouissant et en même temps très profond. Vraiment, sans conteste, quoiqu’il écrive, Andrea Camilleri est un sacré bonhomme. Il prouve ici qu’il n’est nul besoin de pondre un pavé de 600 pages pour instiller un suspense implacable et dire beaucoup de choses très fines.


Il me tarde de voir ce que va donner la lecture du texte. Rendez-vous le vendredi 29 juin à 21h00 au TNT … Pour les toulousains.


Andrea Camilleri / Un samedi entre amis (un sabato con gli amici, 2009), Fayard  (2012), traduit de l’italien par Dominique Vittoz.

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 17:20

Dans un pays et une actualité qui donnent plutôt envie de vomir, un peu d’humanité et de tendresse ne sont pas de refus. Une solution : Giorgia Cantini, la privée de Bologne déjà rencontrée dans Quo vadis baby ? et Vite et nulle part revient sous la plume de Grazia Verasani. Cette fois c’est A tous et à personne.


verasaniGiorgia est contactée par une femme qui s’inquiète de l’évolution de sa fille, dix-huit ans qui s’est mise à sécher les cours et se renferme de plus en plus. En parallèle elle s’intéresse au meurtre de Franca Palmieri, une femme qui la ramène au temps de sa jeunesse …


Je n’avais pas trop accroché au premier, beaucoup aimé le second, je suis emballé par le troisième. Chronique douce amère, balade nostalgique dans le Bologne d’aujourd’hui, roman sur les illusions perdues … Un bien beau roman, qui prend son temps pour toucher très juste. Un roman de saudade, parfois rageur, souvent triste avec quelques éclats de bonheur. Une intrigue policière prétexte mais bien menée.


Et surtout une héroïne et des personnages secondaires auxquels on s’attache toujours davantage. Et une auteur qui s’améliore de roman en roman. Tiens, même pas peur, Giorgia et sa bande me font penser à celle de Mario Conde, du cubain Leonardo Padura. Et croyez-moi, ce n’est pas un compliment fait à la légère. Cela parait cliché, mais Giorgia est le prototype de la grande gueule avec un cœur gros comme ça.


Tignous, indépendante, fragile parfois, impitoyable et capable d’un énorme courage, grande gueule, toujours prête à compatir à la violence faite aux plus faibles (ici, comme souvent, des femmes), quitte à leur gueuler dessus s’ils ne réagissent pas. Bref, on l’aime Giorgia, malgré, ou peut-être grâce à tous ses défauts.


Et puis, comme Padura, Verasani a cette écriture proche des gens, de ceux qui souffrent, aiment, se souviennent, pleurent, rient, ont la gueule de bois mais apprécient un café pris avec un ami …


Bref, j’attendrai désormais avec impatience de retrouver Giorgia Cantini, son blues, son humanité, son humour vache, ses clopes et ses cuites.


Grazia Verasani / A tous et à personne (De tutti i de nessuno, 2009), Métailié (2012), traduit de l’italien par Gisèle Toulouzan et Paola de Luca.

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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 00:01

Parfois ici et là on vous parle d’OLNI, les Objets Littéraires Non Identifiés. Ben j’an ai croisé un, d’origine italienne contrôlée. C’est L’année-lumière de Giuseppe Genna.

 

GennaMilan, une entreprise de télécom italienne est la cible de l'attaque d'une concurrente anglaise qui veut la bouffer. Guerre de fric, guerre de capitaux mais aussi guerre d'hommes. Côté italien, un des généraux est Mental. Froid, calculateur, il est certain d'avoir tous les atouts pour contre-attaquer. Mais au moment le plus critique, sa femme tombe dans un coma incompréhensible. Les médecins ne savent que faire … Dans l'ombre l'Affairiste prépare la mise à mort de Mental.


Résumé comme ça, on pourrait croire qu'on a là un thriller financier high tech. Froid, calculateur, mathématique … le genre de bouquin qui, en général m’indiffère profondément parce que je l’avoue, les guéguerres entre les pseudos prédateurs du monde des affaires je m’en tamponne. Après tout, que ce soit une société italienne ou anglaise qui nous tonde la laine sur le dos ne change pas grand-chose à l’affaire.


Mais là, point du tout. On n’est pas dans un thriller financier, on est Ailleurs. Je ne connaissais pas Giuseppe Genna, mais s'il ressemble un tant soit peu à son roman il doit être sacrément allumé.


Ca part dans tous les sens, on a droit à des théories sur les quadras et l’expansion de l'univers, le rôle de l'église dans le voyage dans l'espace et la prédation en milieu professionnel …Le tout dans une langue baroque, explosive, inventive.


Alors certes ça part parfois trop dans tous les sens et il m'est arrivé de sauter des passages, le final traîne un peu en longueur, bref le roman est bourré de défauts. Mais il a aussi des fulgurances, des moments de pure grâce et de pure folie.

Un OLNI, un vrai. Qu’il vous faudra lire pour vous faire une idée.


Giuseppe Genna / L’année-lumière (L’anno luce, 2005), Métailié (2012), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 21:26

Après deux romans éprouvants et exigeants, j’ai considéré que j’avais droit à une petite récréation. Or il se trouve que l’année est ensoleillée par quelques sorties saisonnières. Le nouveau Pratchett, la réédition d’un Dortmunder … Et depuis quelques temps en janvier, le Montalbano du début d’année. Celui-ci s’appelle Le champ du potier, c’est bien entendu toujours Maestro Andrea Camilleri aux commandes et il a égayé mon début d’année.


CamilleriC’est sous une pluie battante que Montalbano et sa troupe découvrent dans une pente argileuse un sac contenant un homme coupé en morceaux. Défiguré, bouts des doigts brûlés, dents arrachées … Tout a été fait pour qu’on ne puisse pas l’identifier. Une enquête pénible s’annonce. D’autant plus que les engueulades téléphoniques avec Livia continuent et que depuis quelques temps Mimi, l’adjoint irremplaçable, est d’une humeur exécrable.


Voilà donc le Montalbano de l’année. Et comme tous les ans, il fait du bien. Intrigue léchée, incursions dans diverses trattorias, dialogues savoureux, mauvaise humeur de Montalbano, coups de griffes aux puissants et à leurs valets … Et l’humour, toujours, de plus en plus présent, de plus efficace.


Les échanges avec Pasquano, le légiste sont tous, sans exception, des moments d’anthologie, et la langue telle que traduite par Serge Quadruppani chante à mes oreilles. Je ne sais pas comment c’est en VO, mais ça :


« Bouh, quel grand tracassin ! Il s’arappela aussi que M. le Directeur de banque faisait toujours un pas en avant et un pas en arrière, un caguedoutes de compétition »
Ca me plait !


Le rayon de soleil traditionnel et très attendu venu de Vigata.


Andrea Camilleri / Le champ du potier (Il campo del vasaio, 2008), Fleuve Noir (2012), traduit de l’italien par serge Quadruppani.

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 22:38

Après Le jour du fléau, un peu de légèreté ne fait pas de mal. L’exercice brillant et réjouissant auquel se sont livrés deux maîtres du polar italien fait parfaitement l’affaire. Il s’appelle Meurtre aux poissons rouges, il est signé Andrea Camilleri et Carlo Lucarelli. Rien que ça.

Lucarelli Camilleri

A Vigata, Salvo Montalbano reçoit une lettre de Grazia Negro de Bologne. Elle enquête sur un meurtre étrange : Un homme a été retrouvé dans sa cuisine, mort étouffé la tête dans un sac plastique. A côté de lui, deux poissons rouges. Le seul témoin s’est volatilisé en direction de … Palerme. Et Grazia Negro sent qu’on lui met des bâtons dans les roues. Qui est derrière ce meurtre ? La mafia ? Les services secrets ? Salvo peut-il l’aider ?


Un vrai plaisir que ce ping-pong entre deux immenses auteurs, ping-pong épistolaire où chacun son tour s’amuse à mettre l’autre en difficulté. Entre deux amateurs ce serait une pochade sans grand intérêt, entre ces deux là cela devient une gourmandise, un vrai bonheur, une jubilation de tous les instants.


En épilogue l’éditeur raconte la genèse du projet. Une chose en ressort, les deux auteurs se sont beaucoup amusés, chacun tentant de piéger l’autre, chacun du mieux qu’il pouvait. S’amuser certes, mais très sérieusement. Résultat, le lecteur se régale. Ne passez pas à côté de cette gourmandise réjouissante, beaucoup plus digeste que la dinde, moins sucrée que la bûche, beaucoup plus fine que le mousseux de tata Ernestine.


Andrea Camilleri et Carlo Lucarelli / Meurtre aux poissons rouges (Acqua in bocca, 2010), Fleuve Noir (2011), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.

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