A côté des inconvénients manifestes, comme les nuits raccourcies par la toux, les disputes à grands cris juste le soir où on est naze, les appels insistants au moment où on vient juste de se laisser tomber dans le canapé un bon bouquin à la main, les interruptions intempestives alors qu’il n’y a que 2 minutes qu’on s’est mis au piano etc … Il faut avouer que le boulot de pater familias présente aussi quelques bons moments. En voici quelques uns.
Tout d’abord le marathon de lecture continue. Après avoir terminé Le seigneur des anneaux, et n’ayant pas le temps d’aller faire un tour en librairie, on a fait avec ce qu’on avait sous la main. Nous sommes donc en ce moment en pleine forêt vénézuelienne, sur les traces de l’infâme Van Guld, au côté du Corsaire Noir, d’Emilio Salgari. Et nous enchaînerons avec la suite, La reine des Caraïbes. Tout le charme un peu désuet de ces romans d’aventure exotiques, pleins de grands sentiments, de héros au regard flamboyant et au courage indomptable, de combats entre bêtes fauves, de lieux mystérieux et de méchants vraiment immondes. Je connaissais Sandokan, je découvre avec autant de bonheur qu’eux le Corsaire Noir.
Dimanche dernier, je me suis sacrifié pour les amener voir Traces, le spectacle actuellement en tournée de la compagnie québécoise Les sept doigts de la main. Virtuosité, imagination, humour, rythme, poésie, musique, chorégraphie, originalité, enthousiasme. Tout. Tout est bon dans ce spectacle de cirque-danse dont on sort excité et le sourire aux lèvres. Avec, pour les lecteurs compulsifs que nous sommes tous ici, une variation étonnante sur les différentes façons d’utiliser un fauteuil sans jamais perdre la page de son bouquin … Je crois avoir vu qu’ils vont être un bon moment à Paris après leurs quelques jours à Toulouse. Si vous pouvez, ne les ratez pas.
Et toujours ce week-end, sur les conseils avisés d’un excellent guide dont je ne saurais trop recommander la lecture régulière, à savoir le Guide du cinéma pour les enfants / 500 DvD pour les 4-14 ans, d’Isabelle Brokman et Géraldine De Thoré j’ai sorti du tiroir un chef-d’œuvre, déjà vu au moins trois fois au cinéma : The Party de Blake Edwards avec l’immense Peter Sellers.
J’en ris encore tout seul devant mon écran. Ce film est fantastique de bout en bout, avec des morceaux d’anthologie au milieu. Peter Sellers y est absolument génial. Il a une façon lumineuse de rendre ce sentiment que nous avons tous connus un jour de nous retrouver, sans trop savoir pourquoi, dans une soirée où nous ne connaissons personne, et où nous cherchons désespérément à nous greffer quelque part, pour ne pas faire pot de fleur. Il rend ce désarroi palpable.
Et que de moments éblouissants ! Il faudrait citer le film entier, mais pour n’en choisir que trois : la scène de la chaussure, au début, qu’il arrive à faire durer presque 5 minutes, l’enchaînement de catastrophes dans la salle de bain, et le magique « Birdie num num ». Vous ne voyez pas ? Cherchez sur Google.
C’est une lapalissade que de dire que pour le comique le rythme est prépondérant. Il est là maîtrisé d’une façon proprement époustouflante. Chaque couillonnade est amenée à la seconde près : le spectateur voit l’objet qui va amener la couenne, voit le regard de Peter Sellers, commence à rire en visualisant ce qu’il se passe dans son cerveau, puis part dans un fou rire irrésistible quand c’est parti pour de bon. Grandiose.
Et je ne voudrais pas conclure sans citer également le serveur bourré, de plus en plus bourré au fur et à mesure qu’on avance dans le film qui vient, à merveille, illustrer ce qu’est le comique de répétition. Détail : Si les gamins ne rient pas forcément toujours aux mêmes gags que moi, ils sont quand même hilares.
Vraiment, dure vie que celle de père. Dire que pendant que je m’échine à m’occuper de mes enfants, il y en a qui ont la chance de voir 2012 ou qui de regarder la télé !