Encore les excellents conseils de la miss de Bédéciné. Encore un superbe roman que je n’aurais jamais ne serait-ce que regardé sinon … Fendragon de Barbara Hambly.
Dans les régions du nord, régions oubliées du reste du royaume, la vie est rude et on est bien loin des fastes de la cour. Gareth, jeune courtisan fasciné par les ballades y débarque pour chercher le sauveur du royaume : « Lord Aversin le Fendragon, Baron de la Place d’Alyn et Seigneur du Wyr, le plus valeureux chevalier qui fut jamais dans les Pays d’Hiver ». Un dragon ravage la contrée autour de la capitale, et tous les champions envoyés par le roi se sont fait proprement carboniser.
Sa surprise est grande quand, accompagné de Jenny Waynest, une sorcière qui lui a sauvé la vie en route, il découvre un homme mal vêtu, en train de discuter de l’élevage des porcs dans la boue. Ce n’était pas là le Fendragon qu’il attendait ! C’est pourtant lui, et avec Jenny, sa compagne, ils partent pour le sud, le Dragon et surtout les intrigues de la cour et Zyerne, l’éblouissante sorcière qui semble régner à la place du Roi.
Que ça fait du bien de la bonne fantazy pour adultes ! Jamais je n’aurais choisi (je me répète) ce roman sur une table de libraire sans Cathie. Et j’aurais eu tort. C’est délicieux.
Humour délicieux avec cette façon de mettre à mal les clichés, de sauter à pied joint par-dessus les passages imposés (lisez, vous verrez), de renverser les valeurs habituelles du genre (et non, ce n’est pas forcément Fendragon le personnage principal), d’amener une touche d’horreur et de boue là où on attendrait de la fantazy mignonne … un vrai régal.
Plus une réflexion sur la différence, l’étrangeté, mais aussi le pouvoir (qui, c’est confirmé, corrompt) et sur le pouvoir absolu. Je sais cette réflexion est présente dans n’importe quel roman de fantazy pas complètement con, à commencer par le Seigneur des Anneaux où Gandalf ne veut absolument pas toucher l’anneau, mais ce n’est pas une raison pour ne pas la saluer ici.
Des personnages réjouissants, avec une vraie salope (pardon), et des héros qui se révèlent, doutent, sont faillibles … J’ai une certaine tendresse pour le brave Fendragon qui me fait penser au grand Clint, peut-être parce qu’on le découvre les pieds dans la boue à discuter cochon (voir Impitoyable), ou pour son côté malin sous des dehors de brute …
Bref un plaisir, et qui plus est un plaisir intelligent.
Barbara Hambly / Fendragon (Dragonsbane, 1985), Points/Fantasy (2006), traduit de l’américain par Michel Demut.