Lundi 7 avril Odyssud accueillait Sara Lazarus, accompagnée par le Gipsy project de Biréli Lagrène auquel s’était joint André Ceccarelli.
Commençons par quelques évidences genre tarte à la crème.
Biréli Lagrène est monstrueux. Par moment on se dit, « tient, il a ralenti », et on s’aperçoit qu’il enquille des triolets à un tempo de 160 (bon pour ceux qui ne font pas de musique, ça veut dire que ça va déjà raisonnablement plutôt vite). Le reste du temps, on a l’impression qu’il y a quelque part un énorme ballon de notes, qui explose, les faisant fuser dans tous les sens à une vitesse surhumaine. Et le pire c’est qu’on les entend toutes ! Pas de purée, pas une seule qui ne soit parfaitement attaquée. Pire encore, avec tout ça, c’est quand même musical. Le cauchemar pour un guitariste. M’en fous, je suis pianiste.
Deuxième tarte à la crème, André Ceccarelli est un grand batteur, qui vous installe un drive monumental, sourire aux lèvres, en donnant l’impression de faire la chose la plus simple au monde. Puis vous ponctue tout ça de relances qui tombent toujours juste là où il faut, en finesse, toujours l’air de rien.
On se doute bien que les trois autres, les compères de Biréli Lagrène, ne sont pas manchots. Le bassiste (Diego Imbert) est un roc, quel que soit le tempo, et il y en a des un peu vifs, Hono Winterstein, l’air de celui qui lit son journal peinard, installe deux heures de pompe manouche sur sa guitare rythmique, tranquille, imperturbable, souriant (encore un cauchemar de guitariste, mais une fois encore …) et le saxo que je découvrais, Franck Wolf fait des miracles, au ténor, et, à mon goût, encore plus au soprano où je lui trouve un plus beau son.
Et puis il y a Sara Lazarus, que je ne connaissais pas vraiment, à part quelques morceaux entendus par hasard à la radio. Quel choc ! Quelle chanteuse !! Quelle classe !!! Je ne me souviens pas de la dernière fois que j’ai entendu une chanteuse ayant un tel swing, tout en nuances, finesse et précision. Loin de ces chanteuses jazz qui transforment la moindre balade en démonstration de puissance vocale. Ici pas un moment d’esbroufe, tout, tout, absolument tout, sonne juste, avec une maîtrise et une inventivité rythmique dans les chorus absolument hallucinantes.
Cerise sur le gâteau, mais qui fait toute la différence entre un bon concert et un concert exceptionnel, de toute évidence, les six musiciens s’amusent, s’éclatent, prennent du plaisir à jouer ensemble, à se répondre, à s’épauler, à se provoquer. Et ce plaisir est bien entendu communicatif. On se sent au ventre une bulle de rire, les pieds bougent tous seuls, un grand sourire s’épanouit sur les visages. Du bonheur à l’état pur, sur scène et dans la salle. Et ça fait du bien.
Je vais de ce pas (disons, d’un pas prochain) aller m’acheter l’album It’s allright with me enregistré par ces musiciens.
Sara Lazarus : Chant
Biréli Lagrène : Guitare
Franck Wolf : sax ténor et sax soprano
Hono Winterstein : Guitare rythmique
Diego Imbert : Contrebasse
André Ceccarelli : Batterie