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21 août 2007 2 21 /08 /août /2007 09:04

Le polar anglo-saxon, pour notre plus grand plaisir, est un vivier de sales mioches sans respect, d’iconoclastes, de dézingueurs de mal embouchés, d’administrateurs de coups de pieds qui pourtant se perdent, de pornographes, non du phonographe, mais de l’édition. Juste avant les vacances ont été publiés en série noire trois romans sans pitié pour leurs victimes, mais jouissifs pour le lecteur.

 

Le premier est américain, il s’agit du cinquième volet des aventures de Hap Collins (blanc, hétéro, démocrate et looser de la plus belle eau) et Leonard Pine (noir, homo, républicain et looser de la plus belle eau) les deux amis inséparables de Joe R. Lansdale. Celui-ci  commence par une croisière de rêve, qui tourne très vite au cauchemar et à la distribution de beignes. Comme les romans précédents, Tsunami mexicain est totalement déconseillé à tous ceux qui brandissent chapelet, crucifix et gousse d’ail quand ils lisent des mots comme bite, cul ou couille. C’est un fait, dans cette série Lansdale est gras. Mais, Jésus, Marie, Joseph, qu’il est drôle !! J’ai éclaté de rire au moins une dizaine de fois, à la grande surprise des gens qui se trouvaient autour de moi. Heureusement, aucun ne m’a demandé de lui lire ce qui m’avait fait me bidonner, j’aurais peut-être rougi. A ma connaissance aucun autre auteur n’est capable d’écrire des dialogues aussi grossiers, sans jamais tomber dans la vulgarité (mais je ne demande qu’à découvrir). Est-ce le naturel de son écriture ? Sa façon rendre palpable l’amitié et la complicité entre ses personnages ? Son énergie ? Mystère. Outre la rigolade, Lansdale a un sacré sens du rythme, réussit particulièrement bien les scènes de castagne et, mine de rien, sous son nez de clown, dresse roman après roman, le portrait sans complaisance du Texas qu’il a l’air de très bien connaître.

 

Les deux suivants sont irlandais.

 

De Ken Bruen une nouvelle aventure de son duo de flics londoniens de cauchemar. R et B sont de retour dans Blitz. La première scène du bouquin à elle seule justifie la lecture du roman. La confrontation entre Robert, flic violent, ripoux, raciste, machiste … mais loin d’être con avec le psy qu’on l’oblige à aller voir sous peine de le virer de la police renvoie tous les tâcherons qui mettent en scène des flics forcément rebelles, forcément victimes de harcèlement, forcément maltraités, obligés de voir un psy, à leurs chères études. Pour le reste, Ken Bruen qui se revendique ouvertement de l’héritage de McBain et de son 87° district en est sans le moindre doute l’héritier le plus original et le plus déjanté. Il réussit un numéro d’équilibriste de haute voltige, sans cesse sur le fil du rasoir, en limite de caricature et de pastiche, avec l’air de ne rien prendre au sérieux ; et pourtant il construit un vraie œuvre, donnant de l’épaisseur à ses personnages et les humanisant sans jamais perdre son sens de l’humour.

 

Colin Bateman lui tombe à bras raccourcis, et à gorge déployée sur les religieux fanatiques de tous poils. Turbulences catholiques est le plus sombre des trois romans, le plus angoissant aussi. L’histoire de Dan Starkey, journaliste poivrot qui se retrouve sur une île à enquêter sur une soi-disant nouvelle incarnation du Christ fait froid dans le dos, à la manière d’un Shutter Island. Même sentiment de claustrophobie, même panique d’être enfermé avec des fous dangereux dans un endroit coupé du monde. A la différence du chef-d’œuvre de Dennis Lehane, Colin Bateman désamorce tout cela grâce à l’humour, son personnage ne pouvant résister, même en danger de mort, à l’impulsion de se foutre de la pipe des fanatiques intégristes qu’il a en face de lui. Donc on rit, même si parfois c’est un rire un peu jaune.

 

A noter également dans le rayon collection de déjantés, la réédition en poche d’un roman déjà paru en grand format chez Rivages, A poil et en civil de Jerry Stalh qui met en scène une collection d’allumés encore plus méchants que bêtes (ce qui n’est pas un mince exploit) que ne renieraient pas les frères Cohen. C’est délirant, ça va à fond, on se demande à chaque scène comment l’auteur va réussir à tenir la distance et faire encore plus hénaurme. Et pourtant la fin, d’une insolence absolument réjouissante, réussit encore à étonner le lecteur.

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commentaires

F
<br /> <br /> Oui, c'est vrais que son style et le côté un peu décousu des certaines de ses histoires peuvent dérouter au départ. Choke n'échappe pas à la règle... Ca fait même un peu improvisé par fois ! Mais<br /> j'adore l'ambiance qu'il y a dans ses livres. Des successions d'annecdotes absurdes, de situations grotesques, je suis sur de rire assez souvent. Je partage assez sa vision du monde. Enfin ce que<br /> je crois en avoir compris ! La solitude des gens et ce qu'ils mettent sur pieds pour la vaincre. Ce que ça donne est parfois bizarre ! Ceci dit je comprends tout à fait qu'on puisse ne pas<br /> accrocher !<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Je compte quand même essayer une nouvelle fois.<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> Bonjour,  et bravo pour ce blog que je découvre !<br /> <br /> <br /> Une suggestion de livre avec des dialogues grossiers, pas vulgaires mais drôles (enfin selon moi) : "Choke" du déjanté Chuck Palahniuk.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Bonjour et merci !<br /> <br /> <br /> Je n'ai lu qu'un Palahniuk et j'avais eu beaucoup de mal à rentrer dans le bouquin, mais je compte bien essayer de nouveau.<br /> <br /> <br /> <br />
L
oops, desolée, j'ai mal indiqué le lien vers mon blog, les fonctionnalités ont changé ce WE sur la plateforme d'OB !
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L
découvert ce blog par hasard, j'aime beaucoup l'irlande, interessant de lire quelques romans noirs irlandais, je vais piocher dans votre liste.
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J
<br /> Bienvenue, effectivement, il y a beaucoup de très bons auteurs de polars irlandais Bonnes lectures.<br /> <br /> <br />

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  • : Le blog de Jean-Marc Laherrère
  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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