Je ne me souviens plus où j’ai lu le plus grand bien de Tabloid City de Pete Hamill. Si quelqu’un se reconnaît, qu’il en soit remercié.
Minuit, en hiver à New York. Sam Briscoe, soixante-dix ans, est à son poste, à la rédaction du New York World, un des journaux mythiques de la ville. A ses côtés Helen Loomis qui depuis des décennies réécrit les faits divers dictés en trois mots par des reporters pressés, mais aussi Fonseca, jeune homme fier de sa carte de presse toute neuve et quelques autres. Dehors dans le froid, Malik Watson traine sa rage et veut faire payer les mécréants qui envoient des soldats dans les pays musulmans, alors qu’Ali, son père, flic, le cherche dans toute la ville. Cynthia Harding, elle, organise une soirée pour récolter des dons pour une bibliothèque. Sam ira peut-être la rejoindre plus tard. Ailleurs, un jeune loup, plus économiste que journaliste, programme la mort du New York World version papier … Autant de destins qui vont basculer en 24 heures.
Si j’en crois la préface, Pete Hamill est journaliste. Je veux bien le croire tant sa description du milieu, son chant d’amour au journalisme « à l’ancienne » sonne vrai, tant il est émouvant. Un monde souvent présent dans les plus grands romans et les plus grands films américains. Un monde, une fois de plus magnifiquement rendu.
Le roman est construit comme un puzzle, on passe, pendant vingt-quatre heures, d’un personnage à l’autre, d’une errance à l’autre. Le tableau se dessine peu à peu, l’intrigue apparaît, se noue et se dénoue, comme une image floue qui se précise petit à petit. Cela pourrait faire un peu exercice de style, ou artificiel, il n’en est rien tant l’auteur s’attache à tous les personnages, les fait vivre et exister en quelques lignes.
Un puzzle bien plus riche qu’il n’y parait au départ. Outre une histoire parfaitement menée, l’auteur dresse un superbe portrait de New York post 11 septembre, avec ses traumatismes, ses peurs mais aussi son envie de vivre. C’est également un roman sur la solitude, sur les petits matins gris après une nuit de travail, sur l’angoisse d’une fin de vie sans occupation, sans but et sans compagnon, et une réflexion sur un type de journalisme proche des gens, qui s’attache à raconter leurs histoires.
Un roman d’une tonalité mélancolique, douce-amère qui laisse des images, des personnages, des sensations, longtemps après avoir été refermé.
Pete Hamill / Tabloid city (Tabloid city, 2011), Balland (2012), traduit de l’américain par Daniel Roche.