Je l’ai déjà dit ici, j’ai raté les débuts de Marcus Malte. Je ne l’ai découvert qu’avec Intérieur Nord, juste avant la consécration de Garden of Love. Mais grâce à folio policier, je peux rattraper mon retard. Et j’en suis bien aise. Voici donc La part des chiens.
Ils sont deux et ils marchent. Devant Zodiak. Il parle toutes les langues, connaît les secrets des étoiles et des constellations. Il cherche Sonia, son amour disparu. Derrière, fidèle comme un chien, Roman, le Polak, son beau-frère. Si on regarde mal, on dirait deux clodos. Si on regarde bien, on a peur. Pour retrouver Sonia, la princesse funambule, il leur faudra plonger au cœur de la fange de la ville, et en affronter les cerbères. Mais Zodiak est prêt à tout.
Waouw ! Quel roman. Quelle plume. Quel imaginaire. On en reste sans voix. Zodiak et Roman sont absolument fascinants. Ils m’ont fait immédiatement penser aux deux croquemitaines de Neverwhere de Neil Gaiman. Pourquoi ? Mystère, mais c’est une association qui m’est venu dès le premier chapitre, pour ne jamais me quitter.
Peut-être à cause de cette impression de lire un conte, un rêve, ou un cauchemar.
On passe sans la moindre transition de la poésie la plus pure à la trivialité la plus crasse. On côtoie les anges, la phrase d'après on est en pleine merde. On tombe amoureux de Sonia, on croit au pouvoir de Zodiak, on a faim avec Roman. On se prend la fin en pleine face.
Un des innombrables tours de force de ce roman est de nous faire vibrer pour deux personnages qui, une fois le livre refermé et l’enchantement rompu, apparaissent comme deux véritables ordures. Et pourtant on les aime le temps de la lecture. Une lecture que l’on fait comme sous hypnose, emporté loin de la réalité qui nous entoure. Il faut se secouer quand on referme le bouquin pour revenir ici et maintenant.
Un roman à découvrir absolument pour ceux qui, comme moi, étaient passés à côté.
Marcus Malte / La part des chiens Folio/Policier (2008)