On ne peut pas dire que je m’y prenne dans l’ordre, mais je vais quand même y arriver. Après le choc de la Religion, j’étais curieux de lire les polars de Tim Willocks. Mais je m’y suis mal pris et je finis donc par Bad city, qui vient pourtant avant Les rois écarlates.
Une ville de Louisiane écrasée par la chaleur humide du mois d’août. Callilou, ex prostituée, camée, femme d’un pasteur télévangéliste s’est associée avec Luther, un ancien du Vietnam et quelques truands pour dévaliser la banque où son mari a des responsabilités. Elle s’apprête maintenant à doubler tous ses associés avec l’aide de Cicero Grimes, un psy complètement déjanté. Cicero est le frère de Luther, et il a juré de le tuer. Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, Clarence Seymour Jefferson, flic colossal, brillant, sadique et complètement allumé, est mis au courant par hasard et décide d’entrer dans la danse. Une danse mortelle qui ne peut s’achever que par un bain de sang.
La vache. Quand on est lecteur de polar, on a forcément vu son comptant de fous furieux, de sadiques, de flics immondes, de tueurs déjantés … Mais même comme ça, les personnages de Tim Willocks sortent vraiment du lot. A commencer par le personnage extraordinaire de Clarence Jefferson qui constitue un des méchants les plus réussis mais également des plus ambigus de la planète polar qui en compte pourtant quelques-uns.
Bad city blues est d’une noirceur, d’une folie, d’une violence rarement égalées. Et pourtant l’auteur réussit le miracle de ne jamais donner l’impression de faire du sensationnel, de racoler, d’en rajouter pour accrocher le voyeur. Il est impressionnant de voir comme il maîtrise ses personnages, sa narration et mène le lecteur par le bout du nez, l’amenant où il veut sans lui laisser jamais la possibilité de le lâcher ; comme il impose violence, folie et noirceur sans jamais rebuter. Du grand art.
Tim Willocks / Bad city blues, (Bad city blues, 1991) Points (2007), traduit de l’anglais par Elisabeth Peellaert.