C’est très certainement la dernière grosse gifle de l’année (c’est vrai qu’il reste peu de temps). C’est aussi la BD qui m’a le plus remué depuis … Maus.
Manu Larcenet avait déjà fait fort avec son Combat Ordinaire, chronique d’une vie qui touchait droit au cœur et aux tripes. Ce n’est rien par rapport à ce premier volume de Blast, son nouveau projet, qui le voit passer encore un cran.
Polza Mancini, 38 ans, obèse. Il a été arrêté, pour ce qu’il a fait à Carole. Les deux flics ont l’air de savoir, mais ils veulent comprendre. Et pour cela, il va falloir qu’ils acceptent le rythme de Polza. Qui va leur raconter son histoire, depuis le début, quand à la mort de son père, il décide de partir, de vivre seul, clochard dans la forêt …
Blast est une énorme gifle. Chaque planche, chaque case touche direct au tripes. Un noir et blanc, ou plutôt un gris magistral, qui vous laisse en arrêt devant de nombreuses planches. L’histoire ? Du noir pur. Si le polar est le roman de la rupture, aucune BD n’est plus polar que celle là. On sent le déchirement de Polza, on suffoque avec lui, on transpire avec lui, et surtout, on sombre avec lui.
Les flics, en face, sont totalement débordés par cette masse pensante, qui les dégoute, les effraie sans doute un peu, et les met (et nous avec) face à leurs contradictions, à leur regard sur les humains, face même à ce qui fait notre humanité.
Les dialogues sont aussi puissants que les dessins, ce qui n’est pas peu dire. Tout fait mouche. Un gros plan impressionnant sur les yeux de Polza, ses visions, une double planche éblouissante de beauté sur l’envol d’un héron. La mise case montre le personnage tour à tour emplissant totalement le cadre, au risque de le faire exploser, ou au contraire tout petit, écrasé à son tour par la forêt ou par ses visions.
Tout est magistral, époustouflant dans cette BD qui se conclue, provisoirement (car on ne fait que commencer l’histoire de Polza) sur cette phrase, jetée aux deux flics : « La vérité est plus facile à dire qu’à entendre ».
Pour vous faire une petite idée, vous pouvez aller voir la bande annonce sur le site de Manu Larcenet. Et s’il y a une BD à acheter cette année, pas de doute, c’est celle-là.
Manu Larcenet / Blast, TI, Grasse carcasse, Dargaud (2009).