J’ai un aveu à vous faire. Je ne suis pas l’intellectuel cérébral et raffiné que vous imaginez. Dans ma folle jeunesse, il m’est arrivé de … jouer au rugby ! Et j’ai adoré ça. Surtout les quand, bien lancé, en planche, on découpe le gus d’en face qui vient de récupérer la chandelle ; ou qu’après un premier impact dans le gros d’en face, on sent les siens de gros, derrière, qui poussent, et que ça avance, ça avance et on finit par leur marche dessus. C’est bon !
Tout ça pour dire que parfois, un bon coup de testostérone c’est bon ! Et quand je recherche une montée d’adrénaline littéraire, je vais voir du côté des grands artisans américains de la baston. Et je me régale. Comme ces jours-ci, avec Le sniper de Stephen Hunter.
Quatre anciens activistes des mouvements contre la guerre du Vietnam sont abattus coup sur coup par un tireur lointain. Deux jours plus tard, Carl Hitchcock, ancien sniper au Vietnam qui déprimait se suicide. Chez lui, toutes les traces de la folie et les biographies des quatre victimes. Affaire réglée. Sauf que tout parait trop facile à Nick Memphis, en charge de l’enquête pour le FBI. Il demande à un vieil associé, l’ancien sniper Bob Lee Swagger de passer les faits en revue … Et bientôt Bob trouve le détail qui cloche. Sans se douter qu’il met alors le pied dans un nid de serpents et, qu’une fois de plus, il va devoir se battre pour sa vie.
C’est vrai, Bob n’est pas le genre de héros que l’on croise généralement dans les polars chroniqués ici. Ancien tueur, grand amateur d’armes, fier de son combat au Vietnam, individualiste … Le vrai loup solitaire pour reprendre une expression à la mode. Mais un homme que l’on ne peut s’empêcher de respecter, et même d’aimer. Parce qu’il est aussi honnête, fidèle à ses valeurs et en amitié, incorruptible, inoxydable … En résumé, le grand Clint dans sa grande époque.
Et quel putain de talent de conteur que celui de Stephen Hunter. Dès les premières lignes vous ne pouvez plus lâcher le bouquin. Et il se permet un final d’anthologie, un final tellement gonflé qu’on en reste baba. Un vrai bon grand moment de plaisir.
En parlant de Clint, je le verrai bien adapter ce genre de romans, avec, par exemple, Tommy Lee Jones en Swagger …
Stephen Hunter / Le sniper (I, sniper, 2009), le Rocher (2012), traduit de l’américain par Elisabeth Luc.