N’oublions pas que ce sont les vacances, et pendant les vacances, plus que jamais, on a le droit de se faire plaisir. Et comment se faire mieux plaisir qu’avec un Elmore Leonard qu’on avait gardé pour le déguster tranquillement ? Cette fois c’est La guerre du whisky que j’avais laissé de côté pendant l’année.
Début des années trente, au fin fond du Kentucky les autorités ont une façon bien à elles de faire respecter la prohibition. Disons que quand ceux qui distillent acceptent d'abreuver régulièrement le shérif et ses nombreux adjoints, ils ferment les yeux. Jusqu'à ce qu'un représentant fédéral ripoux décide de trouver les 150 tonneaux de vieux whisky que le père de Sonny lui a légués. Or il se trouve que Sonny, revenu sur ses terres après quelques années d'armée, n'a aucunement l'intention de se laisser dépouiller, ni même de partager avec qui que ce soit. C'est donc la guerre …
Encore et toujours du Elmore Leonard pur grain. Dialogues ciselés, intrigue millimétrée, personnages immédiatement attachants, affreux très affreux et très bêtes, morale élastique. Et une écriture d'une simplicité et d'une limpidité qui rendent l'histoire absolument évidente.
Et puis Elmore Leonard a sa façon bien à lui de reprendre les clichés à son compte pour écrire des histoires qui n’appartiennent qu’à lui. Ici c’est bien sûr la prohibition qui a donné tant de films noirs et de romans de gangsters urbains qu’il transporte à la campagne avec tout le folklore (mitraillettes, voitures noires et pépées bien roulées incluses) pour en faire … du Elmore Leonard.
Bref une lecture jouissive avec en prime le plaisir de voir l’auteur reprendre et distordre les références mythiques parmi les plus ancrées du genre. Et quel lecteur de polar n’est pas amateur de références et de clichés ?
Elmore Leonard / La guerre du whisky (The moonshine war, 1969), Rivages/Noir (2011), traduit de l’américain par Elie Robert-Nicoud.