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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 22:42

La rentrée série noire est une rentrée Antoine Chainas. Il y a Pur, son nouveau roman, mais aussi L’autre chair de Michael Olson qu’il a traduit de l’américain.

Olson

Nous sommes aux US, dans un futur fort proche (est-ce d’ailleurs un futur ?). James Pryce est hacker. Il travaille pour Red Rook, une agence de sécurité qui elle-même a pour clients le FBI, la CIA … et les gens assez riches pour se payer ses services. Cette fois ce sont deux jumeaux, Blythe et Blake Randall qui font appel à Red Rook : Ils veulent retrouver leur demi-frère, Billy, artiste du web qui a mis en scène son faux suicide dans une vidéo à la fin de laquelle il menace Blake des pires représailles. Il faut dire que les relations entre les deux frères ne sont pas cordiales, et qu’il y a beaucoup d’argent en jeu.


James commence une traque qui l’amène à aller sur le terrain de Billy, NOD, un jeu en réseau où, sous couvert d’anonymat chacun se laisse aller à ses pires fantasmes. Une traque compliquée car que ce soit sur la toile, ou dans la réalité, tous, proie et clients, ont des secrets à cacher. Il se trouve alors pris dans un autre jeu, vieux comme le monde, celui du pouvoir, du sexe et de l’argent.


J’ai tardé à ouvrir ce pavé. J’avais peur de me retrouver dans un roman pour fana du binaire, une de ces histoires de hackers qui perdent leur réalité physique pour devenir une suite de 0 et de 1, un machin un poil ésotérique à la sauce informatique où l’on ne comprend pas la moitié de ce qui est raconté.


Ben j’avais tort. Certes une partie du roman se déroule dans un monde virtuel, mais l’auteur n’use pas d’un jargon obscur et sait éviter les parties qui auraient pu se révéler trop techniques pour se concentrer sur … Sur ce qui compte : l’histoire et les personnages.


Ecueil évité donc. J’ai quand même un petit reproche à lui faire : le démarrage est fort, très fort, un gros dernier tiers du roman, quand tout se précipite m’a scotché, mais au milieu, j’ai trouvé qu’il y avait un petit coup de mou. Au fil de la lecture, j’ai été, enthousiaste, un peu déçu, puis de nouveau enthousiaste. Ceci dit, tout musicien vous dira qu’il faut soigner l’intro et la conclusion d’un morceau … Donc dans l’ensemble c’est très bien.


Et on comprend aisément ce qui a attiré Antoine Chainas et lui a donné envie de traduire ce roman : le prologue (que je vous laisse découvrir) est tout à fait chainassien (si on peut dire ça), toute la thématique du rapport au corps qui court tout le long du texte aussi. Etonnant d’ailleurs, et c’est une des grandes réussites du roman, comme le corps a une importance primordiale dans un roman se situant en partie dans une réalité virtuelle !


Les quelques méthodes de hacker dit social présentées sont très bien décrites, et très intéressantes : derrière la technique, on se retrouve finalement des méthodes d’escroc. Voici comment se décrit le narrateur, « je suis un de ces reptiles immobiles qui, selon la technique éprouvée se sert de la confiance d’autrui pour confondre nos ennemis », car comme il le dit aussi « Pourquoi passer des semaines à décoder un mot de passe quand presque n’importe qui vous le dira si vous posez la question de manière adéquate ? ».


Finalement, on se retrouve, certes dans un roman sur les mondes virtuels, mais surtout dans un roman sur la manipulation, les luttes de pouvoir, et au cœur de ces luttes, le sexe et l’argent. Rien de nouveau sous le soleil, sinon l’arène dans laquelle se joue la bataille, le look des gladiateurs et la façon de raconter l’histoire. Et, mis à part le petit fléchissement évoqué plus haut, cette histoire est fort bien racontée, passionnante même, et l’arène suffisamment nouvelle pour ajouter un piquant supplémentaire.


Convaincus ?


Michael Olson / L’autre chair (Strange flesh, 2012), Série Noire (2013), traduit de l’américain par Antoine Chainas.

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