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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 21:15

Je continue dans le court, un peu plus court même, avec une curiosité, un nouvel auteur argentin publié chez Asphalte. Le roman s’appelle Golgotha, l’auteur Leonardo Oyola et c’est préfacé par Carlos Salem.

 

OyolaBuenos Aires Capitale Fédérale. A l'intérieur de la Général Paz (sorte de semi-périphérique), la ville à prétention européenne. A l'extérieur les villas, bidonvilles qui vivent en marge de la loi de la cité, régies par leurs règles et dans lesquelles les flics sont à peine tolérés. Villa Scasso est une de ces villas. Calavera a réussi à en sortir, il est devenu flic. Lagarto, qui pourrait être son père, l'a pris sous son aile. Mais peut-on vraiment quitter la villa ? Quand deux femmes qu'il aimaient meurent par la faute du caïd de Scasso, Calavera ne peut faire autrement que de les venger, au risque de perdre tout ce qu'il a gagné, et d'entraîner flics et habitants de la villa dans une guerre sans fin.

 

Pour une fois (il fallait bien que ça arrive), je ne suis pas d’accord avec Jeanjean qui visiblement n’a pas du tout accroché. Contrairement à ce qui lui est arrivé, je n’ai pas trouvé l’intrigue approximative, et si la préface de Carlos Salem restitue bien le contexte, j’ai trouvé que le roman se suffit parfaitement à lui-même. Pour moi, Leonardo Oyola est un digne héritier d’Enrique Medina.

 

Avec eux, oubliez le Buenos Aires du tango, des maisons colorées du quartier de la Boca et des antiquaires de San Telmo …

 

Bienvenue dans l'équivalent argentin de l'Enfer brésilien de Patricia Melo. Dans un monde de misère, régi par un code de l'honneur archaïque (mais aussi par les lois du marché), où on se tue pour supporter une équipe de foot de seconde zone, ou pour venger un dealer. Dans un monde où règne la loi du plus fort. Dans un monde que les habitants des beaux quartiers ne veulent absolument pas connaître. Dans un monde où on se recommande à son Saint avant d'aller tuer. Dans un monde où la religion est omniprésente, même si l’on ne respecte guère le commandement « Tu ne tueras point ».

 

C'est tout cela, dans sa sauvagerie, dans son incohérence, dans son désordre, mais aussi dans son énergie brute dont rend compte Golgotha. Ce n'est pas aimable, ce n'est pas agréable, mais il est sans doute difficile, voire impossible d'en parler autrement.

 

Leonardo Oyola / Golgotha (Gólgota, 2008), Asphalte (2011), traduit de l’espagnol (Argentine) par Olivier Hamilton.

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commentaires

J
<br /> <br /> salut Jean-Marc,<br /> son parti-pris stylistique (s'il est volontaire) est intéressant, mais difficile à mettre en oeuvre : refléter le chaos, tout en gardant une certaine structure dans la narration. A mon sens,<br /> il n'y est pas parvenu. Cela dit, je préfère encore ça à la bouillasse d'Elmer Mendoza, au moins y a une prise de risque.  <br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> On est d'accord sur la fin ... de mon côté je ne me suis pas du tout senti perdu dans le récit d'Oyola.<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> La Salle 101 (en hommage à "1984") est l'émission "science-fictionnesque" de la radio Fréquence Paris Plurielle. A l'origine, il y a plus ou moins dix ans je crois, la littérature de<br /> science-fiction était au coeur de sa ligne éditoriale. Ils ont toutefois progressivement élargi leur thématique en s'ouvrant à tous les "genres" littéraires (y compris la littérature "blanche"),<br /> mais aussi au cinéma et à la bande dessinée. Les chroniqueurs sont de véritables passionnés plus que des animateurs professionnels. Leur grande liberté de ton, leurs choix divers et intéressants<br /> et leur humour disons, euh, extra-terrestre (ils poussent très loin l'ironie et le sarcasme), souvent lié à l'actualité, en font un rendez-vous unique en son genre. Les émissions sont facilement<br /> et gratuitement téléchargeables sur leur ancien (www.salle101.org/pages/accueil.html) et leur nouveau site internet (www.salle101.org/). Bien qu'ils soient parfois un peu lourds ou excessifs,<br /> c'est toujours un bon moment, pertinent et jubilatoire (aah! ces jingles extraits de films, chansons, interviews ou autres en début et fin de chanson...). Je vous recommande d'y laisser traîner<br /> une oreille.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Merci pour tous ces renseignements. Je vais de ce pas sur le site ...<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> Vous n'êtes pas seul; Raoul Abdaloff, l'ineffable chroniqueur en chef de la Salle 101, l'a également apprécié. Pour ma part, il me semble que le ton et la structure narrative sont habilement<br /> adaptés à l'univers du livre. "Golgotha" me rappelle un peu l'excellent film brésilien "la cité de dieu", à voir impérativement. Bravo pour votre blog que j'ai plaisir à lire régulièrement.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Euh, c'est qui Raoul Abdaloff et c'est où la salle 101 ?<br /> <br /> <br /> Sinon c'est vrai que l'univers des villas argentines de Golgotha est proche de celui des favelas de La cité de Dieu, ou d'Enfer de Patricia Melo ... Même si la structure barrative et l'histoire<br /> sont tout autres.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Salut Jean Marc, comme je l'ai à Paul, j'ai été peu convaincu par celui là. Mais c'était peut être parce que je sortais de Paris la nuit de jérémie Guez. Ou alors j'en attendais trop ! Je devrais<br /> peut-être le relire.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Oui, visiblement je suis un des rares à l'avoir apprécié. Tant pis, je maintiens !<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Le blog de Jean-Marc Laherrère
  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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