Après le choc Winslow il faut changer de style, 220 volts de Joseph Incardona me semblait un bon candidat. Court, thématique a priori très classique, donc une sorte d’exercice de style. Bon choix, c’est parti.
Ramon Hill est un auteur ravi de son succès. Deux bestsellers (des romans d'espionnage) lui ont permis de vivre une vie, non pas luxueuse, mais fort confortable. Seulement voilà, c'est la panne. Alors que son agent attend le suivant de pied ferme, Ramon est complètement coincé à quelques chapitres de la fin. Et il se laisse aller.
Ce qui n'est pas au goût de Margot, son épouse, qui s'est habitué à bien vivre. Du coup le couple bat de l'aile. Alors c'est décidé. Ils laissent les enfants chez les parents de Margot et filent quelques temps dans leur maison paumée dans la montagne. La solitude, l'air frais, l'exercice, tout cela devrait décoincer Ramon …
A moins que cela ne réveille de vieux démons et que la suspicion ne viennent s'installer …
Contrairement à Jeanjean je n’ai pas lu les ouvrages précédents de cet auteur, donc je ne peux pas dire s’il est plus à l’aise sur les courtes distances que sur les longues. Ceci mis à part, je partage son avis. C’est de la bel ouvrage.
Du grand classique donc : un couple (ou groupe) isolé, les soupçons, le doute qui monte, les antagonismes qui s'exacerbent … La montée de la tension, jusqu'au drame. Puis son dénouement. Très classique, et très efficace quand c'est bien fait. Et Joseph Incardona le fait bien.
Bien que sachant plus ou moins où il va arriver, le lecteur se fait prendre, et surprendre. Et l'auteur lui réserve quand même quelques surprises, au moment où il s'y attend le moins. Du bon boulot. Alors certes on n’a pas là un roman qui va révolutionner le genre, ou qu’on citera spontanément dans les 10 grands romans qui nous ont marqué. Mais il se lit avec un très grand plaisir et on ne s’ennuie pas une seconde. C’est déjà pas mal non ?
Joseph Incardona / 220 volts, Fayard/Noir (2011).
PS. Pour comprendre le titre de mon billet, faut lire le roman.