En général, les thrillers c’est pas mon truc. Mais bon, disons que là j’avais une occase, alors j’ai essayé. Un auteur dont on lit du bien à droite et à gauche. Le new yorkais Colin Harrison, dont le dernier roman s’intitule (nous y reviendrons) La nuit descend sur Manhattan.
Une nuit, sur un parking de Brooklyn, la voiture dans laquelle se trouvaient deux jeunes mexicaines travaillant pour une société de nettoyage est noyée sous la merde, littéralement. Les deux femmes meurent. Mais c'était la troisième personne qui se trouvait avec elles quelques minutes auparavant qui était visée : Jin Li, jeune chinoise, gérante de la société, qui profite de son travail pour envoyer de fort juteuses informations à son frère, un investisseur agressif de Shanghai. Jin Li témoin du meurtre fuit, et se retrouve recherchée par la mafia et la police. Son frère débarque immédiatement à New York et oblige par la menace Ray Grant, ancien amant de la jeune femme, à la retrouver. Ray, fils de flic, pompier survivant du 11 septembre se met alors en chasse.
Rien à redire de particulier, c'est plutôt bien fichu, même si certains passages sont un peu lourdement explicatifs. L'auteur sait raconter une histoire, et ménager un suspense. Il nous balade dans New York. Il y a de l’action, des méchants bien identifiés …
Mais ça ne va guère plus loin. Le fait de remplacer le privé de service, ancien du Vietnam en permanence entre une cuite et une prise de coca par un pompier, rescapé du 11 septembre, puis volontaire humanitaire dans tous les points chauds du globe ne suffit pas à en faire un roman original. D’autant plus que, de mon point de vue, ce personnage « marche » moins bien : L’auteur nous dit qu’il est meurtri, mais le lecteur ne le sent à aucun moment. Le personnage est un peu trop propre sur lui pour être un hard boiled borderline comme on les aime. Et franchement, même s’il est censé être hanté par les horreurs qu’il a vues et vécues, l’auteur n’arrive pas à faire passer les fantômes.
Et puis il y a deux choses qui m’agacent prodigieusement.
Premièrement et surtout, la quatrième de couverture qui reprend un avis du New York Times disant "Harrison est à New York ce que Chandler et Ellroy sont à Los Angeles". Soit l’éditeur français (ou anglais) invente sans scrupule un avis d’ayant jamais été émis, soit le critique polar du New York Times écrive n’importe quoi sans lire les bouquins. Parce que comparer cet honnête polar avec deux monstres qui, chacun à sa façon, ont révolutionné le genre, c’est plus que gonflé ! Nombreux sont les auteurs, dans le monde entier, qui se disent influencés par Chandler ou Ellroy (ou Montalban, ou Taibo, ou Manchette, ou Simenon, ou Camilleri ou …). Je n’en ai encore vu aucun influencé par Harrison. Et à New York il y a quand même quelques pointures, style Himes, Block, Westlake, McBain … Sans parler du monument Necropolis !
La deuxième est un détail, le titre français. Cela n’aura échappé à personne, il n’a rien à voir avec le titre original. Je précise qu’il n’a rien non plus à voir avec le sujet du roman …
Bref tout cela pour dire que s’il vous l’avez sous la main, vous pouvez le lire pour passer un bon moment de lecture, à la plage ou dans le train, vite lu, vite oublié. Sinon, ce n’est peut-être pas la peine de faire le déplacement.