Enfin ! Les bonnes nouvelles sont tellement rares qu’on se réjouit d’autant plus de celle là. Enfin, Cesare Battisti est libre.
Je pourrais m’arrêter là … Mais cette petite phrase risque de susciter un certain nombre de commentaires indignés, j’y réponds par avance.
Pourquoi est-ce que je me réjouis de cette mise en liberté ?
1. Parce que s’il avait été renvoyé en Italie Cesare Battisti n’aurait pas eu droit à un nouveau procès mais aurait été envoyé directement en prison jusqu’à la fin de ses jours. Parce que le procès qui l’a condamné à cette peine fut une mascarade, il était absent (en fuite) et l’accusation repose sur la parole d’un « repenti », c'est-à-dire quelqu’un qui balance tout et n’importe quoi sur ses ex camarades pour alléger sa propre peine. Et parce qu’il nie les faits qui lui sont reprochés.
2. Parce que, ô surprise, seuls les « terroristes » d’extrême gauche ont écopé de peines de prison, alors que les « terroristes » d’extrême droite, qui ont fait beaucoup plus de morts, n’ont été condamnés qu’à des peines symboliques (quand ils ont été condamnés), ce qui est cohérent avec le fait qu’ils agissaient en accord avec une partie de la police et de la classe politique au pouvoir à ce moment là.
3. Parce que la France de Chirac, et de son ministre de l’intérieur de l’époque, devenu président depuis c’est conduite comme le dernier des voyous, et c’est là, pour moi l’argument majeur. Que je développe.
Dans les années 80 les ex gauchistes italiens recherchés par la police italienne vivaient cachés ici et là, en France entre autres. Si on les avait livrés à ce moment là, cela aurait été une décision politique discutable, avec laquelle je n’aurais pas été d’accord, mais moralement défendable.
Puis Mitterrand leur dit « sortez de votre trou volontairement, et si vous vous tenez tranquilles, au nom du pays, je vous promets de ne pas vous livrer à la police italienne ». Ils sortent, et se tiennent tranquilles. Et un jour, sans avertissement, en échange de quoi, allez savoir, son successeur leur dit que c’était une blague, et s’apprête à les livrer. C’est à vomir. Si la France avait dit, je ne suis plus d’accord pour vous héberger, vous avez 6 mois pour partir, cela aurait été, encore, une décision politique discutable, avec laquelle je n’aurais pas été d’accord, mais moralement défendable.
Mais à l’occasion mon pays c’est comporté comme un vulgaire arnaqueur. Comme quand il convoque des sans papiers pour les régulariser et les embarque dans un charter dès leur arrivée en préfecture. C’est inqualifiable et indéfendable.
4. Juste pour le plaisir … Quand le pays qui a nommé Gilberto Gil ministre de la culture met un doigt à celui qui voit ses hommes et femmes politiques proposer d’interdire des livres dans les bibliothèques, devinez si je suis content ? Quand la décision d’un homme qui fut ouvrier, qui connut la prison pour ses activités syndicales, qui a fait souffler avec ses collègues sud-américains un vent d’espoir sur tout un continent, renvoie dans ses petits buts pitoyables une caricature du populisme, pourri jusqu’à la moelle, d’une vulgarité incommensurable, devinez si je suis content ? Quand je vois l’Italie, tout petit pays mené par un gouvernement à vomir, menacer de ses petits poings le géant brésilien … devinez si je suis content ?
Note. Juste pour ne pas être incompris. J’adore les auteurs italiens, la cuisine italienne, les villes italiennes, le cinéma italien, la langue italienne … La classe politique italienne, en particulier celle au pouvoir actuellement, réussit l’immense exploit d’être encore plus immonde, répugnante et vomitive que la clique au pouvoir chez nous.
Alors obrigado Lula e Dilma, va fanculo Silvio, et puisse Cesare profiter, enfin, de la vie.
Pour fêter ça, j’attaque le dernier Fred Vargas dès ce soir.