Dans un pays et une actualité qui donnent plutôt envie de vomir, un peu d’humanité et de tendresse ne sont pas de refus. Une solution : Giorgia Cantini, la privée de Bologne déjà rencontrée dans Quo vadis baby ? et Vite et nulle part revient sous la plume de Grazia Verasani. Cette fois c’est A tous et à personne.
Giorgia est contactée par une femme qui s’inquiète de l’évolution de sa fille, dix-huit ans qui s’est mise à sécher les cours et se renferme de plus en plus. En parallèle elle s’intéresse au meurtre de Franca Palmieri, une femme qui la ramène au temps de sa jeunesse …
Je n’avais pas trop accroché au premier, beaucoup aimé le second, je suis emballé par le troisième. Chronique douce amère, balade nostalgique dans le Bologne d’aujourd’hui, roman sur les illusions perdues … Un bien beau roman, qui prend son temps pour toucher très juste. Un roman de saudade, parfois rageur, souvent triste avec quelques éclats de bonheur. Une intrigue policière prétexte mais bien menée.
Et surtout une héroïne et des personnages secondaires auxquels on s’attache toujours davantage. Et une auteur qui s’améliore de roman en roman. Tiens, même pas peur, Giorgia et sa bande me font penser à celle de Mario Conde, du cubain Leonardo Padura. Et croyez-moi, ce n’est pas un compliment fait à la légère. Cela parait cliché, mais Giorgia est le prototype de la grande gueule avec un cœur gros comme ça.
Tignous, indépendante, fragile parfois, impitoyable et capable d’un énorme courage, grande gueule, toujours prête à compatir à la violence faite aux plus faibles (ici, comme souvent, des femmes), quitte à leur gueuler dessus s’ils ne réagissent pas. Bref, on l’aime Giorgia, malgré, ou peut-être grâce à tous ses défauts.
Et puis, comme Padura, Verasani a cette écriture proche des gens, de ceux qui souffrent, aiment, se souviennent, pleurent, rient, ont la gueule de bois mais apprécient un café pris avec un ami …
Bref, j’attendrai désormais avec impatience de retrouver Giorgia Cantini, son blues, son humanité, son humour vache, ses clopes et ses cuites.
Grazia Verasani / A tous et à personne (De tutti i de nessuno, 2009), Métailié (2012), traduit de l’italien par Gisèle Toulouzan et Paola de Luca.