Cela devient une habitude, tous les ans, un petit tour en Islande avec Erlendur. Et patapoum, cette année, autant casser le suspense tout de suite, on a bien droit à un petit tour en Islande avec Arnaldur Indridason, mais pas trace d’Erlendur dans La rivière noire. Explication.
Un jeune homme d’une trentaine d’année est retrouvé égorgé dans son appartement. Un jeune homme apparemment sans histoire, employé modèle, aimable bien que plutôt solitaire. Seul détail qui jure : il avait dans sa poche un flacon contenant des pilules de Rohypnol, la drogue du viol … En l’absence d’Erlendur, parti en congés dans les fiords de l’est, c’est sa collègue Elinborg qui hérite de l’enquête. Une affaire au cours de laquelle le joli masque lisse de la victime va se fissurer pour révéler une rivière bien noire.
Comme toujours, et même en l’absence d’Erlendur, Arnaldur Indridason arrive à instaurer une tension et à passionner son lecteur avec une histoire qui pourrait sembler anodine. Je dois avouer pourtant qu’au début j’étais sceptique. Elinborg est plus « fade » qu’Erlendur : vie de famille, bon mari, enfants avec des problèmes normaux … Et on aime bien les fêlure d’Erlendur, son obsession pour les disparitions, le traumatisme de celle de son frère, ses problèmes avec sa fille …
Et bien malgré tout, peu à peu, ce diable d’Indridason arrive à nous accrocher, à nous accrocher ferme. Qualité des personnages, écriture qui rend très bien une certaine mélancolie, empathie et humanité dans les description des souffrances des victimes. Avec ici la très belle description d’un village paumé comme il doit y en avoir là-bas. Paumé et fermé, et muet, où tout se sait, même les plus vilains secrets, mais où personne ne dit rien, où le couvercle de la marmite est bien fermé, hermétiquement …
Et une intrigue toujours solide et parfaitement agencée. Cela doit faire partie de la recette. Puis il y a le talent du chef. Et pour finir, une petite note angoissante qui ouvre la porte vers la suite … Mais je ne vous en dit pas plus.
Arnaldur Indridason / La rivière noire (Myrká, 2008), Métailer (2011), traduit de l’islandais par Eric Boury.