Bill James est bien connu des lecteurs de chez rivages, grâce à sa série à l’ironie mordante consacrée à deux flics, Harper et Iles. Lettres de Carthage prend une autre voie (voix ?), celle très codifiée du roman épistolaire. Sans rien perdre de son mordant.
Vince et Kate viennent de s’installer dans le quartier résidentiel de Tabbet Drive. Toute la quiétude feutrée d’une banlieue classe moyenne haute anglaise. Ils sont fascinés par Dennis et Jill Seagrave qui habitent une merveilleuse maison nommée Carthage. Encore jeunes, beaux, distingués, riches, ils sont l’image du couple parfait. Si Vince et Kate avait une idée des lettres que les époux écrivent à leur entourage, souvent en cachette l’un de l’autre, ils déchanteraient …
Un vrai petit bijou de méchanceté, de finesse et de construction. Le lecteur se prend complètement au jeu, doute de l’un, de l’autre, est balloté à droite et à gauche … pour se faire retourner comme une crêpe.
Sous les dehors de brillant exercice de style (brillantissime même), la peinture d’une certaine société anglaise est absolument sans pitié. Les lettres sont d’une hypocrisie, d’une méchanceté mesquine et d’un creux qui n’a d’égal que leur prétention. Arrogants, pédants, superficiels et admirés par des voisins qui les badent, tel est portrait au vitriol de ces anglais de la classe moyenne haute que nous brosse Bill James.
Un roman vraiment réjouissant.
Bill James / Lettres de Carthage(Letters from Carthage, 2007), Rivages/Thriller (2012), traduit de l’anglais par Fabienne Duvigneau.