J’ai attaqué Les visages, pavé de Jesse Kellerman publié chez Sonatine avec des sentiments contradictoires. D’un côté, impatient et content, parce que la rumeur autour de ce roman est plutôt bonne, et parce que chez Sonatine j’ai aimé Seul le silence et surtout La religion, le chef d’œuvre de Tim Willocks. D’un autre réticent parce que la quatrième de couverture cite un compliment de Harlan Coben (ouaif) et surtout l’annonce au niveau de Mystic River. A la lecture, malheureusement, il s’avère qu’on est loin, très loin, du roman de Lehane.
Ethan Muller, dernier rejeton d’une des plus grosses fortunes de New York est propriétaire d’une galerie d’art moderne. Un jour il met la main sur une série de dessins exceptionnels. Exceptionnels par leur qualité, mais également par l’ampleur inimaginable de l’ensemble de l’œuvre qui croupissait dans des dizaines de cartons. L’auteur, inconnu de tous, a disparu. Quant Ethan commence à révéler l’œuvre au public il reçoit un coup de fil qui va faire basculer sa vie. Sur l’un des dessins, un flic à la retraite a reconnu les portraits de gamins tués des années auparavant, par un tueur en série qui n’a jamais été identifié …
J’avoue qu’il y a des choses que je ne comprends pas. Certes l’auteur sait raconter une histoire. Il est très bon pour les dialogues (comme la plupart des auteurs américains d’ailleurs). Mais c’est bien tout.
Je veux bien croire que la description du milieu de l’art new yorkais, avec toute la futilité et l’exhibition de fric qui va avec, soit fidèle. C’est peut-être pour ça qu’il a plu aux critiques du New York Times. Personnellement, pas de bol, c’est un milieu qui ne m’intéresse pas.
Là où je ne comprends plus rien c’est que, si l’on en croit l’éditeur, ce roman a été élu meilleur thriller de l’année par le New York Times, et par The Guardian ! Meilleur thriller un truc aussi mou, où il y a autant de longueurs ? Où il ne se passe quasiment rien ? Où on subit les états d’âme d’un pauvre enfants de riches (de très riches même) qui ne sait pas quoi faire de sa vie parce que son papa ne l’aime pas ? Il doit y avoir un truc qui m’a échappé …
Je ne suis pas fan de thriller, mais tant qu’à en lire, autant lire du Stephen Hunter ou du John Connolly. Ou les premiers Tim Willocks, ou … Je ne sais pas moi, c’est pas un machin que je lis, mais je suis certains qu’il y en a des dizaines meilleurs que ça !
Ensuite on nous assène la qualité d’écriture. Certes ce n’est pas mal écrit, mais ça ne raconte rien. Le Guardian le trouve obsédant. Ben pour vous dire, au moment où je termine cette chronique je suis presque obligé de relire le début pour me souvenir de quoi il cause. M’a pas obsédé bien longtemps.
Bref, si vous avez aimé, j’aimerais bien que vous m’expliquiez ce que j’ai raté. Si en général vous avez les mêmes goûts que moi, vous pouvez éviter.
Jesse Kellerman / Les visages (The genius, 2008), Sonatine (2010), Traduit de l’américain par Julie Siboni.