Avant de revenir sur le magnifique roman de Pascal Dessaint (je sais je l’ai déjà dit, mais j’insiste), une petite gâterie que je me suis faite lors du vol de retour Buenos Aires / Madrid. Que lire quand on est mal assis, dans un environnement bruyant, fatigué … Il faut du bon, qui coule de source, qui permet de s’évader. Exemple :
« Chacun aime passer son samedi à sa manière.
Meyer et Hawes allèrent à un récital de poésie, Carella reçut un coup sur la tête et Bert Kling se fit corriger.
C’était un agréable samedi. »
Et oui, vous aurez forcément reconnu les personnages, la plume et l’humour du monumental Ed McBain et de ses incontournables flics du 87° district.
Un vrai plaisir, un bonbon acidulé, un blanc bien frais, un rouge gouleyant avec meurtre et péripéties. Bref de quoi faire passer en un clin d’œil, sourire aux lèvres ce qui aurait pu être un abominable et interminable pensum.
Rien de bien particulier dans ces deux titres (Mort d’un tatoué et En pièces détachées). On retrouve des personnages qui sont devenus de vrais amis, l’humour, le sens du dialogue, les interrogatoires d’école, la fluidité du style, la construction impeccable, la description de New York, en toutes saisons, dans toutes ses composantes sociales … Bref deux 87° districts « classiques », et à ce titre, deux romans indispensables dans la bibliothèque de tout amateur de polar.
Deux romans que l’on referme sourire aux lèvres, en se disant que ça parait si évident, à la lecture, d’être écrivain ! Deux romans que devraient lire tous ceux qui envisagent, un jour, d’écrire des polars mettant en scène des flics … Quitte à en être découragé à jamais.
Comment ? de quoi ils causent ?
Dans le premier Steve Carella et ses collègues doivent trouver qui a bien pu éparpiller à la chevrotine un couple en apparence modèle. Dans le second, plus ludique, ceux du 87° participent à une course au trésor pour retrouver les huit pièces d’un puzzle qui indique où se trouve le magot volé dans une banque. Un course au trésor avec élimination directe et définitive des perdants, bien entendu.
C’est millimétré, c’est évident, c’est un régal.
Ed MacBain / Mort d’un tatoué (Shotgun, 1969), Traduit de l’américain par Alain Chataignier. En pièces détachées (Jigsaw, 1970), Traduit de l’américain par Anne-Judith Descombey. Dans l’Omnibus n°4.