Je n’ai jamais ici parlé de Jorge Semprun. Parce que cela fait un moment que je suis tombé dans la marmite du polar dont je n’arrive pas à m’extraire (et je ne m’en plains pas).
Mais on ne peut pas grandir dans une famille du sud-ouest (très sud et très ouest), forcément hispanisante, qui plus est communiste, avoir été bercé par les chansons de Paco Ibañez, sans avoir l’impression que Jorge Semprun faisait partie du décor familier.
Certes je n’ai lu que deux ou trois de ses romans, et il y a bien longtemps, et pourtant, l’annonce de son décès m’a touché.
Elle m’a remis en mémoire la description de la fuite d’un homme dans les rues du quatorzième arrondissement que j’habitais, il y a des années, au moment où je lisais un de ses romans. M’a remis en mémoire les histoires que conte Claude Mesplède qui le reçut, tout jeune, au CE d’Air France qu’il animait. M’a remis en mémoire le plaisir d’apprendre que l’Espagne, sortie de ses années de barbarie, en avait fait son ministre de la culture - il y a des symboles, comme celui-là qui comptent -
C’est pour cela que, bien que je l’ai peu lu, et que je ne l’ai jamais rencontré, l’annonce de sa disparition m’a touché.