« John Harvey, c’est la Rolls du polar anglais. » Ai-je déjà écrit brillamment . Ben c’est toujours pareil, mais c’est normal, les Rolls c’est indémodable et increvable. Et cela se vérifie une fois de plus avec Le deuil et l’oubli.
1995. Heather et Kelly, dix ans, en vacances en camping avec les parents de Kelly se perdent dans le brouillard en revenant de la plage. Le lendemain matin on retrouve Kelly, traumatisée, qui a été recueillie par un original qui vit près des côtés. Quelques jours plus tard le corps de Heather est découvert, elle semble être tombée dans une crevasse. Quinze ans plus tard, Ruth sa mère a refait sa vie à Cambridge avec un autre homme et a une fille de 10 ans. Quand celle-ci disparaît en revenant de son cours de flute le cauchemar recommence.
On retrouve ici les deux enquêteurs de Traquer les ombres . On retrouve aussi la qualité du cousu main anglais signé John Harvey. Personnages humains et subtils, intrigue impeccable, émotion à fleur de peau, capacité à traiter sans pathos et sans voyeurisme un sujet aussi délicat que la perte d’un enfant. Et cette écriture qui semble couler de source et qui fait tout paraître facile et naturel.
Difficile d’en dire plus, surtout quand on a lu et aimé tous ses romans. D’autant plus que ce n’est pas le genre de roman qui soulève un enthousiasme bondissant. « Seulement » un polar juste, très bien écrit, touchant, intelligent … « Seulement ». Une qualité que bien des auteurs peuvent envier au maître anglais.
Alors cela peut paraître sec et peu inspiré (et ça l’est certainement), mais je ne trouve rien d’autre à dire que : Lisez John Harvey.
John Harvey / Le deuil et l’oubli (Far cry, 2009), Rivages/Thriller (2011), traduit de l’anglais par Fabienne Duvigneau.