Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
« Travailler plus pour gagner plus » qu’il disait l’affreux qui pourrait bien se trouver en congé de paternité à partir du printemps 2012 … Une phrase qui, en 5 mots, arrive à aligner trois énormités.
Première énormité : ceux qui ont travaillé plus se sont souvent aperçus que c’était pour faire gagner plus … aux actionnaires.
Deuxième énormité : essayer de faire paraître comme évident que le but de l’être humain est forcément de gagner plus. Et vivre plus, aimer plus, apprendre plus, jouer plus, lire plus … C’est pas des buts au moins aussi enthousiasmants ? A partir du moment, bien entendu, où on gagne décemment sa vie.
Troisième énormité : et c’est celle qui m’intéresse aujourd’hui. Non, on ne travaille pas forcément plus pour gagner plus. L’appât du fric n’est pas le seul moteur du travail, ce n’en est même pas l’essentiel, et ce n’est pas vous qui tenez des blogs qui pourrez prétendre le contraire ! Ce qui amène la suite.
Alors que la cinquième année de ce blog est bien entamée, voici venu le temps des confessions.
Je ne suis ni bibliothécaire, ni libraire, ni éditeur, ni prof, surtout pas auteur (j’en serais bien incapable) … Je n’ai même pas de formation littéraire. J’ai même, horreur, une formation scientifique et je suis ingénieur. Un ingénieur qui lit ? Ben oui, ça existe.
Et j’ai l’immense chance d’avoir un boulot passionnant, au quotidien, avec des moments uniques.
Dans la nuit de vendredi à samedi, à 3h03 plus précisément, on a été quelques-uns à avoir droit à un de ces moments uniques : le lancement, en direct, du satellite auquel on bosse pour certains (dont ma pomme) depuis près de quinze ans. On peut voir le film du lancement là. Et tenter d’imaginer la montée d’adrénaline, dans la dernière minute, quand en haut du gros pétard il y a quinze ans de boulot …
Depuis, quelques heures de sommeil (pas assez), très peu d’heures à la maison (vraiment pas assez au goût de la famille), beaucoup d’heures de boulot, mais de celles qu’on fait pour le plaisir de réaliser quelque chose dont on est fier, d’autant plus fier qu’on le réalise en groupe. Alors je sais, pas de vacances cette année, et je sais que fin février je serai sur les rotules, mais putain quel pied ! D’autant plus, c’est vrai, que mon surplus de travail est fait au service de la collectivité et ne rapportera pas un kopeck au moindre actionnaire.
Bref, tout ça pour en arriver, aujourd’hui, aux premières images, la première preuve concrète qu’on a bien bossé. Penser que maintenant, à 700 km au dessus de nos têtes, on peut commander le bébé, qu’il marche, et qu’ensuite on récupère ça … Vous savez quoi ? Ca fait autant de plaisir que d’interviewer Taibo, de boire un coup avec les amis ou de passer un week-end en amoureux, de voir ses enfants heureux, d’ouvrir un Dortmunder … Toutes ces choses que les imbéciles cités ci-dessus ne peuvent pas comprendre puisque CA NE RAPPORTE PAS D’ARGENT !!!!!!
Finalement si les nuisibles qui nous gouvernent n’avaient pas un tel potentiel de nuisance j’aurais presque tendance à les plaindre, eux qui ne connaissent pas ce bonheur à la fois simple et complexe …
Allez, je vous laisse, j’ai du boulot.