Il y a déjà un bon moment je vous parlais du Prix Violeta Negra qui sera remis lors du prochain festival Toulouse Polars du Sud. Parmi les six sélectionnés par Claude Mesplède et ma pomme, il en restait un que je n’avais pas lu : Personne n’aime les flics de Guillermo Orsi. C’est maintenant chose faite.
Décembre 2001, l'Argentine est en pleine crise, à la veille du départ précipité du président De La Rua qui n'en était pourtant qu'à la moitié de son mandat. Pablo Martelli, alias Gotan, est un ancien flic de la Police Fédérale, qui a démissionné dans des circonstances peu claires. Depuis il vend des articles de sanitaires.
Jusqu'à ce soir où, à minuit passé, un vieil ami lui demande de le rejoindre dans une petite ville balnéaire au sud de la province de Buenos Aires. Quand Gotan arrive, il est trop tard, l'ami est mort, ne reste plus que sa jeune, blonde et belle maîtresse, visiblement effrayée. Gotan a beau savoir que c'est une connerie, qu'il ne devrait jamais répondre au téléphone après minuit, et encore moins faire confiance aux belles et jeunes blondes, il part avec elle, même s'il sait pertinemment qu'il va au devant de très gros ennuis.
Il n'imagine pas à quel point … Et son passé va lui revenir en pleine poire dans un pays en plein chaos.
Un roman noir aux accents hard-boiled à la sauce argentine. Je ne saurais mieux résumer ce bouquin. On a la critique sociale propre au roman noir, la voix hard-boiled du narrateur qui a essayé, en vain, de tourner le dos à son passé, et qui use (mais n'abuse pas), du sens de la formule. Et la sauce argentine pour son côté surréaliste, bordélique où tout, absolument tout, est possible, où les références littéraires pleuvent, et où le passé plus ou moins récent (péronisme et dictature) pèse de tout son poids sur le présent.
Arrivé là deux possibilité : Soit vous vous perdez un poil dans les motivations et engagements politiques des uns et des autres et donc aussi un peu dans l’intrigue et ça vous embête. Ce qui peut se comprendre tant il est difficile, même pour un argentin qui se tient au courant, de s'y retrouver dans l'actualité politique de son pays et dans les coins et recoins du péronisme !
Soit vous vous perdez un poil dans les motivations et engagements politiques des uns et des autres et donc aussi un peu dans l’intrigue … Mais vous vous en fichez parce que vous êtes emporté par l'énergie de l'ensemble, la vitalité de la langue, et vous êtes effaré et enragé avec l’auteur par l'état d'un pays livré au chaos sciemment, par des manipulateurs qui s'enrichissent toujours plus quand la population sombre.
Vous devinerez que je fais partie de la seconde catégorie de lecteurs …
Guillermo Orsi / Personne n’aime les flics (Nadie ama a un policia, 2007), Denoël (2010), traduit de l’espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon.
PS. Et maintenant, petit concours de diagnostics en forme de sondage à qui donneriez-vous le prix Violeta Negra ? Je rappelle les candidats :
Personne n’aime les flics de Guillermo Orsi
Nager sans se mouiller de Carlos Salem
Patagonia Tchou Tchou de Raul Argemi
L’empereur des ténèbres de Ignacio del Valle
J’ai confiance en toi de Massimo Carlotto et Francisco Abate
L’empoisonneuse d’Istanbul de Petros Markaris