De temps en temps, cela fait du bien de se retourner vers les valeurs sures du polar anglais fait main. On a alors le choix, Nottingham ou Portsmouth, John Harvey, ou Graham Hurley. Ce coup-ci, c’est Portsmouth avec Du sang et du miel, de Graham Hurley.
Sur l’île de Wight, en face de Portsmouth un corps sans tête est rejeté sur le rivage. L’inspecteur Faraday, de la section des crimes graves se retrouve en charge de l’enquête. Très rapidement les soupçons se portent sur Pelly, ancien soldat en poste en Bosnie, homme solitaire craint pour ses accès de violence et maintenant propriétaire d’une maison de retraite.
A Portsmouth, l’inspecteur Winter, connu pour ses méthodes peu orthodoxes s’attaque à un réseau de drogue s’adressant à quelques membres de la haute qui se pensent au-dessus des lois et fait connaissance de Maddox, une call-girl qu’il a du mal à cerner. Dans le même temps, il se débat avec une santé de plus en plus défaillante.
Du Graham Hurley comme on l’aime. Belle intrigue, solide et documentée (ou plutôt plusieurs intrigues qui se croisent), des personnages que l’on apprend à connaître de roman en roman, une magnifique galerie de personnages secondaires, tous fouillés avec la même attention … Rien qu’avec cela, on est assuré de le suivre avec grand plaisir tout au long de ses quelques 500 pages.
En prime, ces histoires servent toujours de toile de fond pour décrire la société anglaise, et plus précisément celle de Portsmouth, et ici de l’île de Wight. Impunité et arrogance des riches, traumatismes des dernières guerres (même si elles n’ont pas lieu sur le sol anglais), parallèle avec les traumatismes de toutes les guerres. Et pour illuminer une histoire bien sombre, de superbe pages sur une lumière de ciel d’orage, ou sur les oiseaux qu’observe Faraday.
Bref du cousu main, comme son frère littéraire John Harvey, vivement le prochain …
Graham Hurley / Du sang et du miel (Blood and honey, 2006), Folio/policier (2010), traduit de l’anglais par Philippe Rouard.