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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 18:42

Jusqu’à présent j’étais passé à côté des romans de Philip Kerr, malgré les critiques très élogieuses lues ici et là, en particulier à propos de la trilogie berlinoise. La sortie de son dernier roman, Hôtel Adlon était l’occasion de commencer à corriger cette erreur. J’avoue que je suis un peu resté sur ma faim …

 

Kerr1934. Bernie Gunther est un peu trop démocrate, pas assez nazi pour rester dans la police. Il trouve un poste de détective à l'hôtel Hadlon, l'un des plus beaux de Berlin. Un boulot souvent ennuyeux, parfois embêtant quand il faut fermer les yeux sur les éclats des nouveaux maîtres du pays. Mais un boulot sans risque. Jusqu'à l'arrivée de Noreen, superbe journaliste américaine, grande amie de la patronne de l'hôtel, qui veut montrer à l'opinion américaine ce que les nazis font aux juifs et faire ainsi pression pour que son pays boycotte les jeux de 1936. Le corps d'un boxeur juif retrouvé sans vie dans un canal pourrait faire une bonne histoire de départ. Bernie accepte de l'aider, parce qu'elle est très belle, parce qu'il s'ennuie, et parce qu'il aimerait bien porter un coup aux pouvoir. Sans se douter qu'il va mettre le pied dans un véritable nid de serpents …


Me voilà donc un peu déçu par Philip Kerr, pas aussi enthousiaste que ce que j’espérais. Ce qui ne veut pas dire non plus que je n’ai pris aucun plaisir. Je vais vous la jouer devoir appliqué de 2°.


Thèse : J'ai aimé la reconstitution historique, celle de la première partie, Berlin en 1934. On ressent bien l’ambiance berlinoise, la tension croissante, la violence de plus en plus ouverte des nazis et de ceux qui, par peur, lâcheté, intérêt ou adhésion se mettent à taper allègrement sur les boucs émissaires désignés. Et puis j’y ai appris pas mal de choses sur les magouilles qui ont entouré les JO de 36. Déjà. Corruption des membres du CIO (ou l’équivalent de l’époque), pots de vin liés aux constructions de stades, saloperies en tous genres envers les ouvriers … rien de nouveau sous le soleil me direz-vous, mais certaines choses gagnent à être dites. Et elles sont bien dites.


Antithèse : La seconde partie, en 54 à La Havane m'a moins convaincu. Intrigue un poil forcée, liens avec la première partie parfois tirés par les cheveux, quelques coïncidences un peu grosses, et puis la description est plus convenue, moins inattendue … Cuba, bordel de l'Amérique et tenue par la mafia, on le savait déjà ... Sur l’ensemble une autre critique : le recours dans la narration au jeu de mots et à la comparaison qui tue un peu systématiques, à la manière des voix off des privés hardboiled de cinéma. Un style qui peut passer, sur le fil du rasoir, mais qui peut rapidement devenir artificiel, et c’est parfois le cas ici (c’est du moins comme ça que je l’ai ressenti).


Synthèse : Je l’ai lu sans déplaisir, avec même un vrai plaisir par moment, mais sans pour autant arriver à m’enthousiasmer.


Philip Kerr / Hôtel Adlon (If the deadrise not, 2009), le Masque (2012), traduit de l’anglais (Ecosse) par Philippe Bonnet.

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 23:01

Au vu du titre et de la quatrième de couverture je m’attendais à ce que La maison des tocards de l’anglais Mick Herron soit une sorte de pastiche, un John Dortmunder chez les espions. Point du tout. Etonné je fus (je sais j’ai encore quelques échos de Camilleri). Mais point du tout déçu.


HerronLe Placard. La hantise de tout agent du MI5. La relégation honteuse pour ceux qui ont fait une énorme boulette mais qu’on n’a pas pu virer. La perspective de passer le restant de sa vie d’espion de sa très gracieuse majesté avec d’autres tocards, à écouter des enregistrements mortels d’ennuis ou à trier de la paperasse pour écrire des rapports que personne ne lira jamais. C’est là que se retrouve River Cartwright après une grosse bavure lors d’un exercice anti-terroriste. Il est sous la direction de l’infect et mystérieux Lamb. Jusqu’au jour où, sur tous les sites et blogs du pays, apparaît la vidéo montrant un jeune homme cagoulé. Le message qui va avec est simple et clair : Il sera décapité dans 48 heures. L’occasion pour les loosers du Placard de servir enfin à quelque chose ?


On n’est donc pas dans une grosse rigolade à la Casino Royale. Non c’est un vrai roman d’espionnage, qualité britannique garantie : Vrais personnages, décorticage des mécanismes de la Grande Maison, intrigue complexe et mécanique d’horloger, résonnance avec les problèmes actuels (avec en particulier ici la paranoïa post attentats et de la montée de la bêtise et du racisme).


La seule différence avec un roman de John Le Carré ou Henry Porter est que l’auteur s’attache ici à des personnages mis en marge du grand jeu, relégués, oubliés et souvent humiliés. Des personnages avec plus de faiblesses que de forces, qui ont perdu confiance en eux. Des personnages au bord de la rupture. Des personnages pathétiques, émouvants et loin d’être aussi ridicules qu’on pourrait le supposer au vu du résumé. Victimes de la machine à broyer et des jeux de pouvoir. Des personnages de roman noir pour résumer.


Le roman y gagne en émotion. Un vrai grand roman d’espionnage à l’anglaise qui de plus apporte une touche originale et personnelle dans cette spécialité très britannique.


Mick Herron / La maison des tocards (Slow horses, 2010), Presses de la cité (2012), traduit de l’anglais par Samuel Sfez.

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 22:56

Deuxième édition du prix Violeta Negra qui sera remis, comme le premier, lors du salon de TPS en octobre 2012.


Cette année le Président du jury sera Monsieur Thomas Chabrol (oui, le fils de Claude) et les six romans en compétition sont les suivants :

 

 

J’espère que les jurés se feront plaisir, verdict en octobre 2012.

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 21:26

Après deux romans éprouvants et exigeants, j’ai considéré que j’avais droit à une petite récréation. Or il se trouve que l’année est ensoleillée par quelques sorties saisonnières. Le nouveau Pratchett, la réédition d’un Dortmunder … Et depuis quelques temps en janvier, le Montalbano du début d’année. Celui-ci s’appelle Le champ du potier, c’est bien entendu toujours Maestro Andrea Camilleri aux commandes et il a égayé mon début d’année.


CamilleriC’est sous une pluie battante que Montalbano et sa troupe découvrent dans une pente argileuse un sac contenant un homme coupé en morceaux. Défiguré, bouts des doigts brûlés, dents arrachées … Tout a été fait pour qu’on ne puisse pas l’identifier. Une enquête pénible s’annonce. D’autant plus que les engueulades téléphoniques avec Livia continuent et que depuis quelques temps Mimi, l’adjoint irremplaçable, est d’une humeur exécrable.


Voilà donc le Montalbano de l’année. Et comme tous les ans, il fait du bien. Intrigue léchée, incursions dans diverses trattorias, dialogues savoureux, mauvaise humeur de Montalbano, coups de griffes aux puissants et à leurs valets … Et l’humour, toujours, de plus en plus présent, de plus efficace.


Les échanges avec Pasquano, le légiste sont tous, sans exception, des moments d’anthologie, et la langue telle que traduite par Serge Quadruppani chante à mes oreilles. Je ne sais pas comment c’est en VO, mais ça :


« Bouh, quel grand tracassin ! Il s’arappela aussi que M. le Directeur de banque faisait toujours un pas en avant et un pas en arrière, un caguedoutes de compétition »
Ca me plait !


Le rayon de soleil traditionnel et très attendu venu de Vigata.


Andrea Camilleri / Le champ du potier (Il campo del vasaio, 2008), Fleuve Noir (2012), traduit de l’italien par serge Quadruppani.

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 22:31

Il semble que je sois abonné aux romans fragmentés en ce début d’année. Après Le zéro, voici Sur les nerfs, premier roman traduit de l’américain Larry Fondation.


FondationIl y a le Los Angeles des stars, des maisons flamboyantes, du fric, du glamour et de la plage … Et puis il y a le Los Angeles de Larry Fondation, de Poz, Army, Gina, Angela et les autres. Un monde perdu, où l'on se flingue pour un regard de travers, où l'on meurt jeune d'overdose dans un immeuble en cours de destruction, où l'on picole, on se drogue, on se fait planter parce qu’on ne donne pas l’heure, on baise sans passion, sans avenir, sans idéal et sans espérance … Un Los Angeles de bière bon marché, de couteaux à cran d’arrêt, de flingues et de désespoir …


Des fragments de vie, jetés sur le papier comme les éclats de verre d'une bouteille de bière fracassée. Tranchants, impitoyables, laids, soudain transformés en éclats de diamants par un éclairage  inattendu. Et malgré le désespoir, malgré le manque d'avenir flagrant, quelques fragments d'espérance. Un qui s'en sort, un petit moment de bonheur arraché à la misère …


La quatrième de couverture nous indique que l’auteur est médiateur dans les quartiers qu’il décrit depuis vingt ans. Il sait donc de quoi il cause. Textes courts, livre resserré, impact maximum.


On commence à parler de ce roman ici et là sur la toile. Toujours en bien et c’est parfait. Et on le compare beaucoup à Bienvenue à Oakland d’Eric Miles Williamson. Et la parenté ne me semble pas aller de soi : Les deux romans se situent en Californie et sont traduits par le même traducteur. Les deux également font le choix de ne pas avoir de vraie trame narrative.


Mais pour moi ils ne décrivent pas la même situation, et ne le font pas de la même façon. Eric Miles Williamson et ses personnages sont des travailleurs, souvent au chômage, fiers de leur travail même, et surtout, quand il est très dur, conscients de leur classe sociale et de l’antagonisme avec la classe dominante. Une certaine solidarité (de classe là encore) est présente. Leur rage a une cible. Ceux de Larry Fondation n’ont même pas ça, ou si peu. Pas de conscience de classe, pas la fierté d’un boulot, la seule solidarité est celle d’un territoire et s’ils se révoltent parfois (pas souvent) contre leur misère c’est sans aucune conscience politique. En cela ils se rapprochent plutôt des gamins décrits par George Pelecanos dans la série Blanc comme neige / Soul Fiction / Tout se paye. Sans la trame narrative du grand Georges car ici aucun personnage extérieur ne vient mettre de la cohérence dans ces morceaux de vie.


De même l’écriture de Larry Fondation, sèche, aride presque, sans mot superflu, est plus proche, là encore, de celle d’un George Pelecanos que des envolées enragées et lyriques de Williamson.


Un bel exemple de métissage entre les deux alors ?


Larry Fondation / Sur les nerfs (Angry nights, 2005), Fayard(2012), traduit de l’américain par Alexandre Thiltges.

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 22:29

Normalement ça y est, les brumes du réveillon sont évaporées, vous pouvez recommencer à lire des choses un peu rudes. Ca tombe bien, c’est ce que je voulais vous proposer : Le zéro de Jess Walter est un bouquin dans lequel il n’est pas forcément facile de rentrer, mais la récompense est à la hauteur de l’effort consenti.


WalterBrian Remy était flic, de service du côté des Twin Towers ce 11 septembre. Il a été blessé et n'a jamais complètement récupéré. Depuis il perd peu à peu la vue, et surtout il est sujet à d'inquiétants trous de mémoires. De véritables absences dont il sort sans savoir où il est et ce qu'il était en train de faire. Absences d'autant plus inquiétantes que Remy a l'impression que, quand il ne se souvient pas, il est au service d'une officine de services secrets dans laquelle son rôle est plus que contestable. Doutant de ses actions il en vient à douter de sa nature même. Tout cela dans l'univers paranoïaque et déboussolé post 11 septembre …


Attention donc livre difficile, exigeant et déroutant. En échange, ceux qui feront l'effort seront récompensé au centuple. La narration suit la folie de Brian et saute régulièrement d'un endroit à l'autre, coupant l’action d’une façon en apparence aléatoire, et sans donner aucun indice sur ce qu'il se passe entre deux paragraphes.


Le lecteur, comme Brian est perdu, déboussolé … Et souvent horrifié. Les amateurs d'intrigue léchée et d'explication finale qui éclaire tout peuvent passer leur tour. Pas de miracle, pas de tour de passe-passe ici. Si on comprend pas mal de choses, beaucoup d'autres restent aussi dans l'ombre.


Mais comment rendre autrement le chaos qui a suivi le 11 septembre ? La douleur, l’incompréhension, la perte de repères ? Et comment mieux rendre la rapacité de ceux, militaires, services secrets, boites privés, mais aussi, et on le découvre ici dans quelques scènes proprement hallucinantes, avocats et promoteurs immobiliers, qui ont profité de ce chaos pour augmenter leurs avantages (pouvoir et/ou argent) ?


Il y a peut-être d’autres façons de la faire, celle-ci est impressionnante. Au résultat, un roman qui se révèle de plus en plus envoutant et prenant au fur et à mesure que l'on progresse dans sa lecture. Sur Citizen Vince, précédent roman de cet auteur j’écrivais « Sans aucun doute, un auteur à suivre. » Je confirme.


Jess Walter / Le Zéro (The Zero, 2006), Rivages/Thriller (2012), traduit de l’américain par Julien Guérif.

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 21:57

Un petit conseil spectacle, à chaud (j’y étais cet après-midi), pour toute la famille si ça passe vers chez vous : Ils sont canadiens, ils sont virtuoses, ils sont drôles, ils sont époustouflants, ce sont Les sept doigts de la main, leur dernière création s’appelle PSY.


Un spectacle de cirque moderne, complet, avec mise en scène, théâtre, narration, danse, musique … Pour toute la famille même si tout le monde n’en retire pas la même chose.


Les grands et les petits seront enchantés par les numéros souvent virtuoses (même si on voit aussi bien ou même mieux ailleurs), par l’humour au premier degré, par le rythme endiablé qui ne laisse jamais un temps mort, par l’adaptation parfaite de la musique et des numéros, par l’inventivité de la mise en scène et des décors, par l’impression de facilité absolue qui se dégage des performances des artistes …


Les grands riront d’autant plus qu’ils pourront eux pleinement profiter de la thématique très PSY(comme du Woodie Allen survolté et un poil exagéré). Il ne leur restera plus, durant le trajet de retour, qu’à tenter de répondre aux multiples questions : « et pourquoi t’as ri là ? », « et c’est quoi agoraphobe ? », et « pourquoi Jacques il est hypo machin ? », « et pourquoi la fille blonde elle fait des pompes quand elle s’énerve ? ».


Bref deux heures de magie qui se prolongent ensuite un bon moment en famille. Pour les photos et les vidéos, suivez le lien ci-dessus.

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 23:25

Deux infos pour les amateurs de polars :


Les « Garde à Vue » de Clermont-Ferrand reprennent sur service pour son second festival qui aura lieu en avril. Rencontres, concours de nouvelles, liste des invités … Tout est sur leur site.


Pour ceux qui s’intéressent aux faits divers (et il doit bien y en avoir parmi les lecteurs de polars), les éditions Jacob Duvernet lancent une nouvelle revue « Crimes et Châtiments ». Cette revue fait découvrir la face cachée de la société. L'univers du fait divers ou se croisent policiers, magistrats, avocats, criminels et citoyens est pour la première fois décrypté.


Voilà, bon week-end à tous …

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 22:52

C’est parti pour 2012, et je commence avec le nouveau roman d’Hervé Sard, paru chez Krakoen avec un titre que le poulpe ne renierait pas : Le crépuscule des Gueux.


SardLe quai des Gueux, sur la ligne de RER qui va de Paris à Versailles. Trois hommes et deux femmes vivent là, sur le quai, dans des cabanes de jardin. Ils se sont organisés, n'emmerdent personne, se font oublier. Et ça marche. Jusqu'à ce que les corps de deux jeunes femmes, percutées par des trains soient retrouvés à proximité. Le problème c'est que ce jour là Luigi créchait aux Gueux. Luigi qui sort de prison après avoir fait 17 ans pour avoir poussé une femme sur la voie. Alors les gendarmes débarquent, avec leurs gros sabots. Et les flics. Et Luigi qui sait ce qui l'attend s'en va sans demander son reste. Est-ce la fin du Quai des Gueux ?


On connaissait déjà le talent d'Hervé Sard pour tricoter des histoires bien tordues et les distiller avec une minutie et un savoir faire sadique, comme dans Mat à mort ou La mélodie des cendres … On le savait capable d'écrire de véritables scènes épiques.


On lui découvre en plus dans ce roman une véritable empathie pour toute une humanité laissée pour compte. Sans angélisme ni misérabilisme, mais avec une vraie tendresse il nous plonge le temps d'une lecture au beau milieu d'une étrange communauté. Son roman se fait plus sombre, sa colère y pointe le nez, de temps à autre, il y gagne en épaisseur et en force.


Et il donne l’impression de passer un cap littéraire. Seul petit bémol, j’ai eu un peu de mal avec les dialogues entre les flics. Sans trop savoir pourquoi, ils m’ont parfois semblé sonner faux. Par contre ceux entre les Gueux, et plus particulièrement les échanges avec Tim, grand échalas tonnant et étudiant perpétuel sont de véritables morceaux d’anthologie (lisez, vous verrez ce que je veux dire).


Hervé Sard / Le crépuscule des Gueux, Krakoen (2012).

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 20:38

Alors les enfants, vous aimez les jolis contes de Noël ?


OUI !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


Il y en a un là. Tout mignon.

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  • : Le blog de Jean-Marc Laherrère
  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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