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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 15:42

L’année 2011 commence décidément très bien. Un Leonardo Padura éblouissant, je suis en train de lire le Marcus Malte qui est absolument magnifique, et comme si cela ne suffisait pas, sachez que Gallmeister a encore découvert une nouvelle pépite du grand ouest américain : Le signal de Ron Carlson.

 

CarlsonMack sort de prison où il a passé quelques mois. Il se débattait avec ses dettes, ne trouvait pas la façon de garder son ranch, a fait des conneries et pété les plombs. Il a payé. Plus grave, il a perdu l’amour de Vonnie, sa femme depuis dix ans. Elle accepte quand même de le rejoindre pour une dernière rando de quelques jours et une dernière partie de pêche dans les immensité désertes du Wyoming.

 

Ce que Mack n’a pas dit à Vonnie c’est que pendant cette rando il doit essayer de retrouver une mystérieuse boite, perdue lors du crash de l’avion d’un ancien associé, un individu pas franchement net. Une façon pour lui de régler les dettes du ranch, mais le risque également de se mettre en danger.

 

Un nouvel auteur (pour moi du moins) pour un pur roman de la maison Gallmeister. Grands espaces magnifiquement décrits et parfaite description de ce que ressent l’homme face à la nature. Ensuite chaque auteur a sa spécificité.

 

Pour l’intrigue, Ron Carlson a l’intelligence d’utiliser à fond le principe du McGuffin de tonton Alfred. On ne sait rien de la mystérieuse boite, pas grand-chose du commanditaire douteux, ni même de ces motivations. Le seul intérêt de tout cela est d’introduire une tension qu’ensuite Carlson exploite de façon magistrale.

 

Ajoutez à cela qu’il sait superbement adapter la construction et le rythme de son récit à ce que l’on pense et ressent lorsque l’on marche, perdu dans se pensées (et dans l’immensité de la montagne). Il s’en sert avec beaucoup de subtilité et d’efficacité pour évoquer, peu à peu, les événements du passé qui ont amené Mack là où il est.

 

En parallèle, l’autre tension du récit est associée à sa relation avec Vonnie dont il est toujours amoureux. Le relation entre les deux est rendue dans toute sa complexité avec une économie de moyens remarquable. Tout passe par des dialogues pourtant d’une apparente simplicité, par de petites pensées, par de petits gestes …

Bref encore une très belle découverte chez Gallmeister. Une belle note chez Marc Villard, qui dit tout ça bien mieux que moi, bien entendu.

 

Ron Carlson / Le signal (The signal, 2009), Gallmeister (2011), traduit de l’américain par Sophie Aslanides.

 

Juste un petit détail qui m’a chiffonné, déjà repéré dans le très mauvais Chuchoteur … Un GPS n’émet pas de signal, il capte celui des satellites de la constellation GPS. Donc on ne peut pas se guider sur un signal GPS pour retrouver un machin perdu. Mais ici, c’est vari, ce n’est pas du tout grave.

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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 21:49

Commençons par enfoncer les portes déjà ouvertes par la quatrième de couverture : Lauren Kelly est Joyce Carol Oates quand elle décide d’écrire des polars. Masque de sang est donc un polar, puisque signé Lauren Kelly (comme quoi, la manie de tout mettre dans des cases ne doit pas être que française …). Rentrons maintenant dans le vif du sujet.

 

Kelly

Annemarie, 15 ans, a été recueillie par sa tante Drewe quand ses parents l’ont lâchée (son père arrêté pour escroquerie et sa mère en désintoxication). Elle passe alors d’une petite ville campagnarde étriquée à un vaste manoir et au monde de l’art contemporain underground. Sa tante, belle, provocatrice et richissime, est propriétaire d’une galerie à New York, mécène de jeunes artistes, et fait régulièrement scandale. Jusqu’à cette exposition de bio-art, mettant en avant des sculptures faite avec des fœtus et des cadavres qui déclenche les foudres des religieux fondamentalistes.

 

Peu de temps après, le manoir est mis à sac, Drewe disparaît et Annemarie n’est retrouvée que quelques jours plus tard, terrorisée et complètement perdue sous l’emprise de drogues qu’on l’a obligée à prendre …

 

Nous sommes dans le genre suspense psychologique. Qualifié à tord, à mon avis, de thriller par le bandeau du bouquin. Car s’il y a bien une dimension psychologique, on est bien loin d’un thriller. La construction est classique : Un événement traumatisant, une victime, et hop on revient en arrière pour voir comment on en est arrivé là et ce qui s’est réellement passé. Classique et efficace car parfaitement maîtrisé.

 

A priori le thriller, et encore moins le polar psychologique ne font partie de mes genres préférés. Et pour tout dire le monde de l’art underground new yorkais et les émois d’une jeune femme névrosée mais néanmoins couvée … Et bien malgré toutes ces restrictions, je suis allé au bout, sans jamais m’ennuyer. Parce que c’est très bien écrit, finement analysé et que les personnages sont incarnés.

 

Alors certes je préfère les romans qui ont d’autres cadres, et plus de « chair », moins fins mais plus charpentés (de même je préfère Buddy Guy à Barbara, et les vins du Languedoc à ceux de Touraine …) néanmoins, même si je n’ai pas été passionné pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, le style, l’écriture et la construction resserrée m’ont fait passer un fort bon moment de lecture.

 

En conclusion, si je ne pense pas lire d’autres romans de cette auteur (parce que c’est un genre blablabla …), pour le peu que je connais de ce registre, cela me semble être le haut du panier. Bien meilleur par exemple que Les visages de Kellerman qui, en partie, relève des mêmes thèmes mais en beaucoup plus (trop ?) long.

 

Lauren Kelly / Masque de sang (Blood mask, 2006), Albin Michel (2011), traduit de l’américain par Valérie Malfoy.

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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 15:12

Lewin« J’adore qu’on me raconte des histoires. Je me dis même parfois qu’il n’y que ça de vrai. » dit Jan Moro, le narrateur de Michael Z. Lewin dans Les chiens sont mes amis. Ca tombe bien, Michael Lewin adore raconter des histoires, et il le fait formidablement bien.

 

Jan Moro n'est pas un SDF. Jan Moro est un homme de petite taille mais de grande volonté, plein de projets géniaux qui tardent juste à se concrétiser : Des vêtements avec désodorisant incorporé, une cagoule qui permette aux fumeurs de rester à l’intérieur … Ou avoir son propre programme télé. Il ne lui manque qu'un investisseur un peu aventurier. Qu'il pense avoir trouvé en la personne de Billy Sigra, propriétaire d'un club en vue d'Indianapolis.

 

Le problème est que Billy est aussi un truand en vue que la police locale aimerait bien faire tomber. Et un meurtrier qu'un état d'Amérique latine aimerait bien récupérer pour le juger. Alors Jan décide d'essayer de contenter tout le monde, et de récupérer un peu d'argent à droite et à gauche. Un exercice de haute voltige qui demande une très grande finesse … Ou une immense candeur et un poil de chance, pour une fois.

 

Un vrai plaisir. Pur, simple, sans complication. Sans autre prétention (comme dirait un couillon qui ne s'y est jamais essayé) que celle de nous faire passer un bon moment. Et qui y arrive parfaitement. On suit, le sourire aux lèvres, les aventures burlesque de ce petit bonhomme bien brave (comme on dit dans le sud-ouest).

 

Bien brave, mais finalement beaucoup plus humain et généreux que tous les gros malins qui profitent de lui. Ses aventures sont émaillées d’interruptions où il quitte littéralement la réalité pour se remémorer une de ces histoires qu’il entend dans les bars, dans les gares, dans les Lavomatics … et qui font ses délices. Un peu comme le privé de Brautigan part pour Babylone. Au fil de ces réminiscence, le personnage de Jan prend de l’épaisseur, laisse entrevoir ses souffrances passées, ses plaies, en devient d’autant plus touchant. Et on finit par aimer de petit bonhomme que la méchanceté des hommes n’a pas réussi à entamer, ni à rendre mesquin. C’est tellement rare que c’en est précieux.

 

Et comme en plus, ça finit bien, le lecteur referme le bouquin enchanté d'avoir passé un excellent moment de lecture. Et mine de rien, en plus de faire passer un bon moment, c’est un bouquin qui met un peu de baume au cœur.

 

Michael Z . Lewin / Les chiens sont mes amis (Underdog, 1993), Outside/Thriller (2010), traduit de l’américain par Frank Reichert.

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 21:35

Après la densité et l’érudition de dernier roman de José Manuel Fajardo, un peu de détente était bienvenue. Ca tombait bien, j’avais récupéré, à ma grande joie, le dernier Joe R. Lansdale, Vanilla Ride, et pour que mon bonheur soit parfait, ce roman est le dernier de la série Hap et Leonard.

 

Au cas, très improbable, où vous ne connaîtriez pas encore ces deux zigues, une présentation rapide. Hap et Leonard sont deux branleurs texans, amis fidèles, grands castagneurs devant l’éternel. Ils vivent de petits boulots et se mettent régulièrement dans des situations merdiques, voire très merdiques. Complétons en disant que Hap est blanc, hétéro (et en ménage avec une bombe rousse répondant au nom de Brett), et plutôt démocrate, et que Leonard est noir, homo et plutôt républicain. Finissons en disant que le moindre échange verbal entre Leonard, Hap et Brett fait exploser n’importe quel détecteur de grossièretés scatologiques, même le moins sensible.

 

LansdaleHap et Leonard sont plutôt peinards depuis quelques temps : « Ca faisait un bout de temps qu'on ne m'avait pas tiré dessus, et personne non plus ne m'avait cogné la tête depuis au moins un mois ou deux. ». Ils acceptent d’aider un ami, ancien flic à la retraite, à récupérer sa petite fille qui vit avec un dealer qui la bat. Une bonne baston plus tard, la gamine a rejoint le giron familial. Mais, car il y a un mais … En tabassant les nuisibles Hap et Leonard se sont mis à dos un bande de méchants très méchants, et très rancuniers, et se retrouvent donc avec une bande de tueurs aux trousses, et dans le collimateur du FBI. Fini la tranquillité, le rodéo va pouvoir commencer.

 

Enfin, ils sont de retour ! J’étais en manque de poésie et de délicatesse, grâce ce nouvel épisode des aventures des deux héros les plus … Les plus quoi ? Incorrects ? orduriers ? drôle ? scatologiques ? du polar mondial.

 

Eclats de rires, bastons titanesques, suspense garantis. En creux, le portrait d’une Amérique rurale, raciste, inégalitaire, violente, injuste, obscurantiste … Mais une Amérique que l’auteur aime de toute évidence.

 

Un petit exemple de dialogue entre les deux zozos, qui discutent de deux FBI men qu’ils  viennent de subir :

« - Tu sais ce qui est Zarb avec la momie et son pote, c’est qu’ils s’imaginent qu’on devrait les croire juste parce qu’ils bossent pour le gouvernement.

- C’est comme le religion dis-je. Le FBI, c’est une question de foi, ça ne se discute pas.

- Eh ben, c’est débile.

- J’ai dit que c’était comme la religion non ?

- Oh ouais, d’accord. »

 

C’est aussi pour ça que je les aime ! Bref, un vrai moment de détente intelligente (si si, intelligente) et drôle.

 

Joe R. Lansdale / Vanilla Ride (Vanilla Ride, 2009), Outside/Thriller (2010), traduit de l’américain par Bernard Blanc.

 

PS. Je sais, comme me le soufflait un copain, la couverture ne brille pas par sa finesse. Mais elle colle assez bien avec ce qu’il y a à l’intérieur …

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 15:35

Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais j’avais été déçu par le dernier Elmore Leonard, Hitler’s day. Road dogs prouve de façon éclatante que ce ne fut qu’un accident de parcours, un tout petit accident dans un immense parcours.

 

Leonard roadJack Foley, la braqueur de banque, tombeur de ces dames … est tombé. Le voilà en prison en Floride, enfermé pour 30 ans. La fin d'une belle carrière ? Non, grâce à Cundo Rey, truand cubain plein de fric qui se prend d'amitié pour lui, et va jusqu'à lui payer les services de son avocate, une as du barreau, qui réussit à faire réduire sa peine. Résultat, Jack se retrouve dehors avant son bienfaiteur, qui lui demande d'aller l'attendre à Venice Beach, Los Angeles Californie.

 

C'est là que Jack fait la connaissance de Dawn Navarro, maîtresse de Cundo, voyante, arnaqueuse … et pressée de mettre la main sur la magot du petit cubain. Celle-ci voit en Foley le parfait partenaire pour cette opération … Mais Jack peut-il lui faire confiance ? Et comment savoir ce que Cundo Rey a derrière la tête ? Qui mène vraiment la danse dans cette histoire ? Heureusement Jack Foley est cool et il a de la ressource.

 

Du pur Elmore Leonard au mieux de sa forme. Un personnage principal elmorien en diable (on peut dire elmorien ?). Cool comme ce n'est pas permis, maître de lui et de toutes les situations, même les plus tendues. Des dialogues époustouflants, une maîtrise de l'intrigue et de l'écriture magistrale … Bref tout ce qu'on aime.

Ajoutez quelques clins d’œil, des références à des romans passés, et vous avez ce Road Dogs, variation du Maître sur le thème archi-connu de la femme fatale et du triangle amoureux. Une variation qui prouve que, finalement, le talent change en or les clichés les plus rebattus.

 

Continuez le plus longtemps possible monsieur Leonard.

 

Elmore Leonard / Road Dogs  (Road dogs, 2009), Rivages/Thriller (2010), traduit de l’américain par Johanne Le Ray.

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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 23:28

Vous ne le savez peut-être pas, mais les éditions Gallmeister qui ont en très peu de temps trouvé les faveurs du public (et ce n’est que justice) lancent cette rentrée une collection de poche. C’est une excellente chose, leurs livres n’étant, jusqu’à présent, disponible qu’en grand (et très beau) format. Les amateurs de grands espaces, qui veulent quand même veiller à la santé de leur porte-monnaie vont maintenant pouvoir les acheter au prix du poche. Pour ma part, j’en profite pour vous « refiler » cette note, écrite sans doute pour bibliosurf, avant que je ne tienne ce blog. Rivière de sang de Jim Tenuto est annoncée en poche début octobre.

 

TenutoDahlgren Wallace a été joueur de football pro, puis Marine pendant la première guerre d'Irak. De retour au pays, il ne cherche qu’une chose : la tranquillité. C’est pourquoi il accepte immédiatement quand le richissime Fred Lather lui propose de s’occuper de la pêche dans les eaux du ranch qu’il vient d’acheter dans le Montana. Tout ce que Dahlgren a à faire c’est de servir de guide de pêche aux invités de Fred, tout aussi richissimes que lui.

 

Tout irait pour le mieux si Lather ne s’était pas mis tout le monde à dos dans le Montana : les autres éleveurs parce qu’il n’est pas du coin et s’est mis en tête d’élever des bisons ; les chasseurs et pêcheurs à qui il interdit l’accès à ses terres ; des protecteurs des animaux particulièrement violents ; une milice d’extrême droite parce qu’il ne veut pas leur céder des terres qu’ils convoitent. Quand un de ses invités se fait descendre pendant qu’il pêche, s’est la curée, et Wallace se retrouve au centre du tourbillon.

 

Il y a décidément, aux USA, à côté du polar urbain, un polar des grands espaces. Avec C. J. Box et son garde forestier qui commence à être reconnu, Steve Hamilton dans le Michigan découvert récemment, voici Jim Tenuto qui nous amène à la pêche à la truite dans le Montana (depuis, bien entendu, il y a aussi eu William Tapply et Craig Jonhson …).

 

Le personnage principal, même s’il est guide de pêche au lieu d’être privé, est un grand classique du genre : ancien soldat, dur à cuire pur et dur, qui encaisse, balance des vannes mêmes pendant qu’on le tabasse, et réserve quelques chiens de sa chienne à ceux qui lui marchent sur les pieds. L’intrigue est également assez classique. Ceci dit c’est bien fait, bien écrit, avec du rythme, de l’humour, et on n’est pas amateur de polar si on n’aime pas, de temps en temps, retrouver certains repères.

 

Ce qui est moins classique c’est le décor somptueux, le superbes pages sur la pêche, et la description grinçante et plutôt drôle que quelques allumés pas piqués des vers, qui ne dépareraient pas chez le grand Carl Hiaasen. Entre les milices d’extrême droite et les terroristes défenseurs des animaux, voilà quelques spécimens de la plus belle eau.

 

Un auteur à découvrir donc en poche dans quelques jours si vous l’aviez raté à sa première sortie. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, on apprend sur le site de son éditeur que l’écriture d’un second volume est en cours. De quoi nous consoler (un peu), de la disparition de Stoney Calhoun.

 

Jim Tenuto / Rivière de sang  (Blood atonement, 2005), Gallmeister (2006/2010), traduit de l’américain par Jacques Mailhos.

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 09:13

James Sallis et moi c’est un coup oui, un coup non. Et souvent, ce sont les mêmes raisons qui me font aimer un roman, qui vont me déconcerter dans le suivant. Pourquoi ? Mystère. Mais j’y reviens un peu plus loin. J’avais beaucoup aimé Bois mort, étais resté complètement en dehors de Cripple Creek, j’ai adoré le dernier Salt River.

 

John Turner est toujours shérif de cette petite ville du Tenessee qui se meurt lentement. Il ne s'y passe Sallishabituellement pas grand-chose. Sauf ces jours-ci. Où le fils de l'ancien shérif, parti depuis longtemps, enfonce l'entrée de l'hôtel de ville avec une voiture qui n'est pas à lui. Où Eldon, un vieil ami de John réapparaît et lui dit être recherché pour un meurtre qu'il n'est pas absolument certain de n'avoir pas commis. Où un infirmier qui était attendu dans une communauté près de la ville est retrouvé mort dans les rues de Memphis. Où … John, petit à petit, va détricoter les fils de ces différentes histoires, en essayant « de voir ce qu'on peut faire comme musique avec ce qu'il nous reste. »

 

Donc ce troisième volume de la série John Turner, m'a envouté. J’ai été pris par l’écriture magnifique, par le calme et la sérénité qui émanent du personnage, par l’atmosphère de deuil, la tristesse, la saudade diraient les lusophones, qui émane du roman.

 

Je serais pourtant bien en peine de dire ce qui le différencie vraiment du précédent qui m’avait laissé perplexe. Les ellipses sont là, bien là. Le roman vaut essentiellement pour se personnages, ses à côtés, ses digressions, bien plus que pour une intrigue qui avance de façon … très elliptique. Et pourtant j’ai marché à fond.

 

Peut-être James Sallis a-t-il mieux réussi ici son exercice de funambule ? Il faut dire qu’il pratique dans ses romans une écriture au fil du rasoir qui risque à tout instant de perdre le lecteur. La lecture ne peut donc être, de façon encore plus marquée que chez d’autres auteurs, qu’une fragile et mystérieuse alchimie entre l’auteur et le lecteur, entre l’écriture et la façon dont on la reçoit. Alors peut-être étais-je mieux disposé ?

 

Toujours est-il que cette fois, pour moi, ça a marché. Limpide et magnifique.

 

James Sallis / Salt River  (Salt River, 2007), Série Noire (2010), traduit de l’américain par Isabelle Maillet.

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 23:12

De temps en temps, quoi de mieux pour se mettre de bonne humeur qu’un vieux Leonard ou McBain qu’on avait sous le coude. Coup de bol, j’avais Paiement cash d’Elmore Leonard qui trainait par là …

 

Leonard CashMitchell a tout pour être heureux. Ancien ouvrier, il a gagné pas mal d’argent grâce à un brevet et a pu monter sa propre usine de production de pièces pour l’automobile (nous sommes à Detroit). Après 22 ans de mariage, il aime encore sa femme. Mais, mais … Mitchell a une affaire avec une gamine qui a l’âge de sa fille. Et trois truands, beaucoup moins intelligents qu’ils ne le pensent, croient tenir là le pigeon idéal à plumer. Ils décident donc de le faire chanter. Mauvaise pioche. Mitchell n’est pas du tout du style à se laisser faire. Mais il va devoir se méfier, parce que si les trois affreux sont bêtes, ils sont aussi méchants …

 

Du pur Elmore Leonard. Plaisir assuré, histoire aux petits oignons, dialogues parfaits, écriture fluide … 300 pages de pur plaisir, sans se faire mal au crâne, sans que jamais la tension ou l’intérêt ne baisse d’un cran. Ca paraît tellement facile d’écrire un polar quand on lit Elmore Leonard … A se demander pourquoi les autres auteurs ne font pas comme lui. Et comment on peut trouver sur le marché autant de machins mal écrits, mal construits, prétentieux, indigestes …

 

Faut croire que ce n’est pas si facile que ça … Donc voilà, si vous voulez vous faire plaisir en lisant un bon roman, c’est facile : vous allez dans la librairie/bibliothèque la plus proche de chez vous, vous allez à « polar », lettre « L », « Leonard », vous fermez les yeux, vous piochez au hasard. Merci à Rivages de remettre de tels bijoux dans les rayons.

 

Elmore Leonard / Paiement cash  (52 Pick up, 1974), Rivages/Noir N°785 (2010), Traduit de l’américain par Fabienne Duvigneau et Philippe Sabathé.

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 15:35

L’été permet blablabla … Je l’ai déjà dit. J’avais laissé passé ce James Lee Burke de la série Billy Bob Holland. Bitterroot est le troisième volume de cette autre série du papa de Robicheau.

 

Billy Bob Holland est texan, ancien Ranger maintenant avocat. Il se rend chez son ami Doc Voss, ancien soldat Burke Bitterrootd'une unité d'élite au Vietnam, qui s'est retiré dans le Montana. Au programme, air pur, parties de pêche, un ciel à nul autre pareil … Sauf quand quelques motards violent la fille de Doc et que débarque dans la région un cow-boy de rodéo psychopathe qui rend Billy Bob responsable de la mort de sa sœur. Ajoutez à cela une compagnie minière qui empoisonne les rivières et une milice d'extrême droite particulièrement allumée et vous obtiendrez un séjour qui ne laisse que peu de temps pour la farniente …

 

Billy Bob Holland est le jumeau de Dave Robicheaux qui permet à James Lee Burke de quitter la Louisiane. Après le Texas, nous voici donc dans le Montana (où l'auteur vit une partie de l'année si je ne m’abuse).

 

Première constatation, James Lee Burke est aussi doué pour décrire les rivières, les ciels et la pureté de l'air du Montana que les bayous de Louisiane. Comme Dave, Billy Bob est un homme hanté par son passé, sujet à des sautes de violence dévastatrices. Ensuite, comme toujours, James Lee Burke a le chic pour créer des affreux très convaincants, donc très effrayants. C’est encore le cas ici. On croise également un personnage d’écrivain de polar flamboyant, qui n’est sans rappeler par certains côtés le regretté Crumley, et/ou son personnage inoubliable de Abraham Trahearne du Dernier baiser.

 

J’ai juste une petite restriction. Je préfère la série Robicheaux. Peut-être parce qu'on ne connaît pas encore autant Billy Bob, peut-être parce que Burke sait moins bien, ici, ancrer son action dans le passé du pays comme il le fait si bien en Louisiane …

 

Mais c’est juste une question de goût personnel. A vous de vous faire votre opinion.

 

James Lee Burke / Bitterroot  (Bitterroot, 2001), Rivages/Noir N°770 (2010), Traduit de l’américain par Patricia Christian.

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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 23:03

Je l’avais sous le coude mais j’hésitais à l’ouvrir. Parce que c’est le dernier, parce que les différents blogs, ici et là, semblaient tous unanimes pour dire que c’était loin d’être le meilleur, parce que j’avais peur d’être déçu … Mais avec le temps des vacances, je ne pouvais plus reculer, j’ai donc lu le dernier Stoney,  Dark Tiger, testament de William G. Tapply.

 

Stoney Calhoun a trouvé un équilibre entre sa mémoire défaillante, son amour pour Kate et son travail de tapplyguide de pêche. Un équilibre qui va voler en éclat quand ses anciens employeurs qui, eux, n'ont pas perdu la mémoire, trouvent le moyen de l'obliger à reprendre du service. Il va devoir découvrir qui a tué un agent du gouvernement travaillant sous couverture dans un luxueux hôtel pour amateurs de pêche à la frontière canadienne.

C’est donc le dernier Stoney Calhoun. Son auteur mort, nous n'en saurons pas davantage sur son passé. Il fut donc une sorte de super espion (on s’en doutait un peu). Mais on ne saura jamais comment il a réellement perdu la mémoire, et ce qu’il a vraiment fait dans sa vie d’avant. Stoney nous quitte, avec sa part de mystère.

 

Je suis bien obligé d’être d’accord avec les commentaires lus ici ou là, ce n’est pas le meilleur Stoney. D’un autre côté, je ne vois pas très bien quel lecteur, ayant été accroché par les deux premiers, pourrait résister à la tentation de lire celui-ci. Et le lire avec plaisir.

 

Certes l'enquête est peut-être encore plus secondaire que dans les deux premiers. Mais ce n'est pas bien grave. Il n'y a bien que Tapply qui puisse me faire lire des pages et de pages sur la pêche alors que je n'ai jamais pensé attraper le moindre poisson de ma vie. Il n'y a que lui qui peut me faire penser, l'espace de quelques pages, que l'on peut avoir plaisir à attendre, sous la pluie, qu'un bouchon s'enfonce ! La magie opère, une fois de plus. Stoney est toujours aussi attachant, Ralph aussi,  et la nature du Maine toujours aussi belle. Que demander de plus ?

 

Adieu Tapply, adieu Stoney, on ne saura jamais qui tu étais vraiment, ni si tu trouveras un jour la paix, avec Kate, au fond de tes bois … Libre à chaque lecteur de continuer, à son gré, ton aventure.

 

William G. Tapply / Dark tiger  (Dark Tiger, 2009), Gallmeister (2010), Traduit de l’américain par François Happe.

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