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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 17:15

Deux nouvelles de Jean-Hugues Oppel ont été adaptées pour ce nouvel ouvrage de la collection noire Rivages/Casterman.

 

Je connaissais la première, Brouillard sur le pont de Bihac pour l’avoir lue … en espagnol dans le recueil Mestizo distribué à la Semane Negra de 2000 ! Etranges détours.

 

Quelque part dans la Yougoslavie en pleine guerre civile, un sniper ; un véhicule blindé des Nations Unies, avec à son bord des soldats qui s’emmerdent ; deux hommes qui vont tenter de tirer leur épingle du jeu et fuir à bord d’un véhicule plein de billets oublié dans les ruines d’une banque ; un pont. Sur le pont passe un gamin, le sniper l’a dans sa lunette, les deux véhicules sont dans le coin …

 

Je connaissais aussi la seconde, 58 minutes pour mourir, parue il y a quelques années également dans un recueil de contes de Noël pas vraiment angéliques. Un tueur, son contrat, un jour de Noël, dans un aéroport. Malgré les efforts de la police qui a eu des informations, la bombe sautera dans l’avion, dans 58 minutes.

 

Dans les deux nouvelles, du Oppel épuré, net, sans gras. Le dessin de Gabriel Germain, en noir et blanc, sans le moindre gris, colle magnifiquement au sujet. Pas une bulle de trop, pas un détail superflu. Du noir, du blanc, le minimum, un dessin sec comme un coup de trique. Pur et beau comme du Muñoz, contrasté comme du Frank Miller, l’équivalent graphique de la phrase sujet, verbe, complément.

 

Parfait. Difficile après ça d’imaginer meilleure adaptation.

 

Jean-Hugues Oppel (Scénario) et Gabriel Germain (Dessin) / Brouillard sur le pont de Bihac, Rivages/Casterman/Noir (2009).

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 21:33

L’autre jour je traîne dans une librairie (oui, je traîne davantage dans les librairies que dans les magasins de chaussures ou chez les coiffeurs …) et que vois-je ?

Une couverture de BD, de toute évidence d’Hugo Pratt, que je ne connais pas. Je m’approche, quasi certain que c’est juste un nouvel emballage pour un vieux machin que j’ai déjà, et là je vois le titre et je tombe sur le cul (l’expression est peu élégante, mais elle a l’avantage de décrire parfaitement ma surprise).

Car que vois-je ? La BD s’appelle … Sandokan !

Fébrile, je veux ouvrir le bouquin prêt à découvrir une vile supercherie commerciale, pas de bol, ils sont tous emplastiqués. Je râle, je cherche, je peste et je finis par en trouver un ouvert.

J’ouvre. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Hugo Pratt avait commencé une adaptation du légendaire Sandokan, puis, dépassé par le succès de Corto, son nouveau personnage, il avait laissé les planches dans un carton, où on vient juste de les retrouver.

La BD n’est pas complète. Il en manque un bon tiers. C’est dommage bien entendu, mais c’est tellement mieux que rien.

On s’aperçoit qu’avant même le premier Corto, Hugo Pratt était déjà maltesien si l’on peut dire. Son Sandokan a des airs de Grand Diable, la Perle de Luan ressemble furieusement à certaines femmes de la vie de Corto. Et surtout, son trait est là, magique, qui fait de chaque case un tableau qu’on ne se lasse pas de contempler.

Et puis, à posteriori, c’est d’une telle évidence, Sandokan adapté par Pratt, qu’on se trouve étonné de ne pas y avoir pensé. Quoi de plus Cortien que la rébellion et le panache de Sandoka, le flegme de Yañez, et surtout l’amour fou entre Sandokan et la filleule de son ennemi ? Tout concourt à ce que ce soit un chef d’œuvre. C’en est un, inachevé.

Ce sont peut-être les plus beaux …

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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 18:31

J’ai la flemme, donc vous chercherez les références des dessinateurs tout seuls, comme des grands.

 

Pour tous ceux qui, comme moi, se désolent d’arriver à la fin de Sandman, j’ai découvert dernièrement que Neil Gaiman avait écrit les scenarii de deux BD consacrées à Death, une des sœurs de Sandman, alias Dream, alias Morphée alias … Quant à Death j’imagine qu’il est inutile de traduire.

 

Chez Terry Pratchett (compère de Neil Gaiman, et pas seulement pour De bons présages leur roman à quatre mains absolument génial) la Mort est masculin, squelettique et muni d’une faux (oui muni, sans « e » si vous avez lu les annales du Disque Monde, sinon je répète, la Mort est Un, pas Une).

 

Chez Neil Gaiman, et en particulier dans la série Sandman, Death est féminine, et même sacrément féminine, jugez plutôt.

 

 

Si l’on compare à Sandman, les deux volumes sont minces, les intrigues plus succinctes, les situations moins fouillées. Mais l’on retrouve l’univers de cette BD culte.

 

La vie à quel prix et Temps forts de la vie ont pour protagonistes principales, Foxglove, une chanteuse folk rock qui commence à percer et sa copine. Autour d’elles une galerie de personnages très gaimaniens, comme une sorte de sorcier qui croit accéder à l’immortalité en volant le grigri de Death, un ado mal dans sa peau qui pense se suicider, les rues de New York la nuit et leur faune, le monde du spectacle et sa faune non moins exotique …

 

Et Death. Séduisante, attirante, à la fois si proche et si distante, si compréhensive et si implacable. Death quoi. Comme toujours chez Gaiman c’est tendre, poétique, très humain, et l’humour effleure toujours. Comme toujours chez Gaiman, ça en dit beaucoup plus sur nos vies, notre rapport aux mythes et à la mort qu’il n’y semble au premier regard. Comme toujours chez Gaiman c’est magnifiquement raconté. Et comme toujours chez Gaiman, c’est trop court, on en voudrait bien un peu plus …

 

Je ne sais pas si les autres frères et sœurs de Dream vont aussi être ainsi mis au centre de nouveaux récits. Ou si c’est déjà fait. On ne peut que le souhaiter.

 

Neil Gaiman / La vie … à quel prix (The high cost of living), trad de l’anglais par Geneviève Coulomb. Panini Comics. Et Temps forts de la vie (The time of your life), trad de l’anglais par Geneviève Coulomb. Panini Comics.

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31 mai 2009 7 31 /05 /mai /2009 15:09

On l’attendait, voici le nouveau volume de la collection Rivages/Casterman/Noir qui met en BD les grands classique du polar. Jean-Hugues Oppel et Joe G. Pinelli adaptent Trouille de Marc Behm. C’est, de mon point de vue, la plus belle réussite de la collection avec l’adaptation de Jim Thompson.

 

Depuis l’âge de onze ans, ou presque, Joe Egan fuit. Depuis qu’il l’a croisée. Elle était très belle, toute vêtue de noir. Elle venait chercher monsieur Morgan, mort des suites d’une chute de cheval. Joe n’a pas compris tout de suite, mais dès qu’il a su qui était cette femme, il a commencé à fuir. Il vit de son talent pour les cartes. Et dès qu’il l’aperçoit dans les parages il change de ville, de pays, et même de nom. Mais il sait aussi, au fond de lui, qu’il ne pourra pas lui échapper éternellement.

Trouille est un de ces romans inclassables de Marc Behm. Inclassable, mais pas inadaptable, comme le prouvent avec un brio époustouflant Jean-Hugues Oppel au scénario et Joe G. Pinelli au crayons.

 

Oppel a su épuré jusqu’à l’extrême, ne garder que quelques phrases, quelques indications, pour ponctuer la fuite de Joe Egan. En grand connaisseur du cinéma, il a capté l’essence du mouvement du roman de Behm, son sens de la vitesse, du flou, de la fuite.

 

Et dans cette œuvre, il est associé à un partenaire idéal en la personne de Joe G. Pinelli qui, lui aussi, joue sur le flou, le trait et la couleur estompés, la vitesse, l’absence de cadre. Tout donne l’impression de la fuite en avant, de la course, sans aucun point d’arrêt, sans cadre entre les cases (d’ailleurs, il n’y a pas de cases, il n’y a que des pages).

 

Le récit coule, d’une fluidité totale.  L’adaptation est magnifique, parfois lumineuse, souvent sombre, toujours implacable, comme le roman. Une réussite totale.

 

Marc Behm , Jean-Hugues Oppel (scénario), Joe G. Pinelli (dessin) / Trouille, Rivages/Casterman/Noir (2009).

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17 mai 2009 7 17 /05 /mai /2009 22:40

« LE COUP DE SANG est le nom du dérèglement climatique brutal et généralisé qui s’est abattu sur la Terre. La planète est totalement désorientée, dévastée, morcelée par des catastrophes naturelles hors normes. En quelques semaines, le Monde a perdu tout semblant de cohérence. »

Ceci est le début du prologue d’Animal’z, la nouvelle œuvre d’art d’Enki Bilal. On y suivra quelques personnages en quête d’un lieu de survie. En quête de sens pour ce qui leur reste de vie. Dans un univers où la loi du plus fort n’a plus aucun frein. Un univers où les cobayes des dernières expériences secrètes d’avant le coup de sang sont avantagés …

Je vais évacuer tout de suite la seule restriction à mon enthousiasme. Par rapport à ses œuvres précédentes, le scénario est un peu ténu. Voilà, à part ça, c’est magnifique.

Comme c’est déjà le cas depuis pas mal d’albums, chaque case est une œuvre à elle seule. Vous pouvez toutes les agrandir et en faire des posters, il n’y en aurait pas une qui ne soit somptueuse. Dans cet album Bilal a fait le choix d’un gris qui oscille entre le vert et le bleu …. Tout en restant gris. Avec juste quelques touches de rouge, mais pas pour ce que vous pouvez croire …

Le décor, l’environnement, les ambiances, les personnages croisés sont extraordinaires. Et dans la noirceur totale du propos flottent, de ci de là, quelques étincelles d’humour et de poésie qui font passer la pilule.

C’est fin, cultivé, beau et désespéré. C’est du Bilal.

Je lis partout qu’il s’agit d’un album qui n’aura pas de suite. C’est vrai qu’il n’en annonce pas. Mais rien ne l’interdit non plus. On peut donc espérer …

Enki Bilal / Animal’z Casterman (2009)

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24 décembre 2008 3 24 /12 /décembre /2008 13:12

Ah ah ! Elle revient, et ça va chier !!

Je vous dois un aveu, moi l’athée primaire, le bouffe soutanes, l’allergique au goupillon, il y a une bonne–sœur que j’admire, que dis-je, que je vénère. Et ce depuis bien des années. Après six ans de silence, qui m’avait laissé comme orphelin, revoilà la douce, la tendre, Soeur Marie-Thérèse des Batignolles. Loué soit Maëster, gloire à son nom.

Revoilà donc la vaillante Marie-Thérèse, les autres bonnes sœurs, les curés pédophiles, les cons bas de plafond, les chasseurs, les ploucs racistes, les superstitieux, les écrivaillons médiatiques en mal de pub, les multinationales pollueuses … Tous vont en prendre plein la tronche.

Maëster n’a rien perdu de son humour, de son exubérance, de sa folie, et la brave soeur aime toujours plus les hommes, le rouge et les pétards que les messes matinales et les vœux d’obéissance. Comme toujours chez Maëster, il faut s’y reprendre à deux fois (au moins) pour lire sa BD. Une première fois pour suivre les histoires, et se bidonner aux jeux de mots tous plus vaseux (et hilarants) les uns que les autres, une deuxième (ou plus), pour regarder toutes les cases une à une, et repérer les détails déjantés que l’on avait forcément raté à la première lecture.

Un petit exemple de jeux de mots maesteriens ? C’est parti :

« - NOUS ALLONS CLONER LE CHRIST ! 

j’aurais préféré Georges …

Aaaah oui, Georges cloné … »

Désolé, ça me fait rire …

Quand au dessin, voilà ce qui arrive à ceux zé celles qui ont le malheur de faire chier Marie-Thérèse :

 

Allez, si ça c’est pas un beau cadeau de Noël (ben il vous reste encore quelques heures) qui remonte le moral, je ne sais pas ce qu’il vous faut. Bien sûr, la bonne Marie ne doit pas être en odeur de sainteté chez les pisse-vinaigre tendance grenouille de bénitier intégriste, mais comme je suppose qu’il n’en passe pas beaucoup par ici, je crois que je ne prends pas grand risque en conseillant ce petit bijou d’humour vachard.

Pour prolonger, ou anticiper le plaisir, le grand Maëster sévit aussi sur le net.

Maëster / La guère sainte (Sœur marie-Thérèse 6) Glénat (2008).

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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 10:45

J’ai écrit ici même il y a peu que Neil Gaiman est grand, et que Sandman est son prophète. D’ailleurs je ne suis pas le seul à le dire :

« Les histoires, je m’y connais. Je suis un mordu d’histoires. Sans exagérer, je peux dire que les histoires sont toute ma vie. […] Neil Gaiman s’y connaît aussi. Il est la caverne d’Ali Baba des contes et nous avons de la chance de l’avoir, quel que soit le média qu’il choisit. Sa fécondité et la qualité de son travail sont à la fois miraculeuses et inquiétantes. Son savoir-faire aussi ». Et ce n’est pas ce guignol de JM qui dit ça, mais Stephen King qui sait de quoi il parle quand il cause d’histoires …

Au bout des mondes est une auberge où on arrive par hasard, sans trop savoir comment. Bran Tucker et Charlene Mooney y échouent une nuit de tempête. Une drôle de tempête. Parce vraiment, la neige en juin sur la route de Chicago … Il y a là toutes sortes de voyageurs, qui se racontent des histoires pour passer le temps. On y trouve Chiron, un habitant de féérie, un jeune marin qui a vu le serpent de mer, un chercheur qui attend le Président Parfait, des Nécromants … Et bien d’autres.

Et surtout, pleins d’histoires dans lesquelles, de temps à autre, on croise la silhouette impressionnante de Dream et de ses frères et sœurs.

Comme toujours chez Gaiman, c’est magique, beaucoup plus profond que ça en a l’air, humain, parfois drôle, souvent émouvant, toujours poétique. Dans la série des Sandman, il y a des œuvres magistrales, amples, impressionnantes, et d’autres qui semblent plus … légères, « mineures » mais qui restent gravées, longtemps, et se révèlent tout aussi importantes et belles que les autres.

Le volume 8 fait partie de ces dernières. Outre de belles histoires, il offre une réflexion, ou plutôt des questions, sur des thèmes aussi variés que, le rêve bien sûr, mais aussi le pouvoir, la mort … Rien que ça. Le tout sans jamais pontifier ni se prendre au sérieux.

Gaiman (scénariste) et de très nombreux dessinateurs … / Au bout des mondes (Sandman 8) (Worlds’ end, 199), Vertigo (2008), traduit de l’anglais par ????.

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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 23:07

Comme je l’écrivais hier, j’avais plusieurs fers au feu, l’autre était un pur chef-d’œuvre, une merveille, d’un génie qui en a produit quelques-unes. Je suis peut-être un peu excessif, mais je ne crois pas … Il s’agit du 9° volume de Sandman, la géniale création de Neil Gaiman. Ca s’appelle Les bienveillantes.


Commençons par un mea culpa : Les lecteurs habitués et attentifs remarqueront certainement que j’ai parlé du Sandman 7, que je cause ici du 9, et qu’il manque donc le 8. C’est tout bêtement parce que je ne l’ai pas vu sortir, mais je vais, très rapidement, combler cette lacune.


A ceux qui pourraient s’étonner que la lecture d’une BD prenne du temps, il faut préciser, tout de suite, que Sandman de Neil Gaiman, ce n’est pas Titeuf ou Astérix. Comme certaines œuvres de l’autre anglais génial (à savoir Alan Moore), ce sont des BD longues (beaucoup de pages), très denses, avec un texte extrêmement riche. Des BD, des romans graphiques, qui se lisent lentement, sur plusieurs jours. Et qui se relisent parce qu’on laisse, forcément, passer pas mal de choses à la première lecture.


Dream (alias Sandman, alias Morphée, alias …) est l’un des sept éternels, plus anciens et plus puissants que les Dieux. Il est le maître du monde des rêves (et bien entendu des cauchemars). Dans son palais on croise Caïn, un bibliothécaire qui veille sur tous les livrer qui auraient pu être écrits, une citrouille d’halloween mal embouchée, une corneille philosophe et bien d’autres personnages.


Sur Terre, quelque part aux USA, une jeune femme dont le bébé a été enlevé et tué sombre dans la folie et jure de se venger du père de l’enfant, qu’elle croit être le meurtrier, Dream. Elle va aller solliciter les Bienveillantes, en d’autres temps connues comme les Furies, ou les Erinyes … ce sont les vengeresses, celles qui viennent punir ceux qui ont versé le sang de leur sang. Elles obéissent à des lois qui pourraient se révéler plus fortes que Morphée lui-même. Une confrontation commence, où les protagonistes sont nombreux, de Satan aux Dieux scandinaves, des gorgones à une sorcière grecques … Le temps est venu pour Dream d’expier la mort de son vrai fils … Orphée.


Nul comme Neil Gaiman ne saurait intégrer autant de références mythologiques sans donner l’impression de faire un inventaire, de frimer et d’étaler sa culture. Cela pourrait être lourd, pédant et pompeux, c’est passionnant, poétique et éblouissant. Neil Gaiman parle autant de nos mythes fondateurs que de notre monde moderne, mêle de façon fluide les millénaires, les mythologies et la folie moderne, et y ajoute sa patte et son imagination pour créer un univers unique. Un univers souvent sombre, parfois drôle (d’un humour assez noir), toujours étonnant et poétique.


En quelques volumes, il a créé une épopée, une mythologie qui synthétise nos croyances, et y ajoute sa propre création. Un monde qui restera, qui inspirera, n’en doutons pas, des générations d’artistes. Je suis prêt à en prendre le pari, Neil Gaiman et son Sandman auront fait, dans les années à venir, autant d’émules, plus ou moins doués, qu’un Tolkien.


Si vous ne savez pas quoi offrir (ou vous faire offrir) pour Noël, si vous n’avez rien contre la BD, si vous aimez être étonnés, éblouis par un conteur d’histoire, un fabriquant de mondes hors pair, n’hésitez pas un instant, la série Sandman est pour vous. Chaque volume peut parfaitement se lire indépendamment des autres. Seul le volume 11 (et oui, étonnamment, le 11 est sorti bien avant certains volumes précédents), qui regroupe plusieurs petites histoires sans liens les unes avec les autres, est un cran en dessous. Dans tous les autres volumes, l’histoire est éblouissante, et Gaiman a su trouver des illustrateurs à la hauteur de son talent.

Neil Gaiman (scénariste) et de très nombreux dessinateurs … / Les bienveillantes (Sandman 9) (The kindly ones, 1996), Vertigo (2008), traduit de l’anglais par Geneviève Coulomb.

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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 21:10

Est-il utile de résumer ici l’intrigue de Shutter Island ? Non.

Voici donc, dans la collection Rivages/Casterman/Noir une nouvelle adaptation, et non des moindres, celle du chef  d’œuvre de Dennis Lehane. Face à un tel défi, j’étais à la fois admiratif et dubitatif. Etrangement, ces deux sentiments persistent à la lecture de l’ouvrage.

Tout ce qu’en dit Jeanjean sur son blog Moisson Noire est exact. Les couleurs, le découpage, les clairs-obscurs, l’alternance ce cases sombres et de cases plus lumineuses  … Toute l’illustration est magnifique, et en accord parfait avec l’histoire. Le scénario, très fidèle au texte d’origine, arrive à résumer tout en gardant l’essentiel d’une histoire pourtant complexe, où le moindre détail peut se révéler d’une importance capitale. Je ne vois aucun défaut, et je suis vraiment admiratif devant ce travail d’adaptation.

Mais je reste un peu dubitatif. Parce que malgré ses immenses qualités, je n’ai pas retrouvé l’émotion de la lecture du roman. Je n’ai pas retrouvé l’angoisse, la fébrilité, cette excitation qui fait tourner les pages, de plus en plus vite, tout en faisant regretter que cela s’arrête.

Sans parler du choc monumental de la fin du roman, qui de toute façon n’aurait pas été là non plus à la relecture du roman.

J’avais l’impression que Shutter Island était inadaptable. J’avais tord, le résultat est superbe, mais pas complètement, parce que, de mon point de vue, quelque chose c’est quand même perdu en route. Inutile de dire que je suis également admiratif et dubitatif en attente de l’adaptation que nous prépare Scorcese …

A propos des adaptations BD de la série … Celles de Jim Thompson et Pierre Pelot sont parfaites. Mais je résiste pour l’instant à lire de Donald Westlake. Une grande partie de l’humour de la série Dortmunder, pour moi, réside dans l’économie de moyen dans les descriptions, dans l’équilibre entre ce qui est dit, décrit, et ce qui est omis mais que le lecteur complète, à sa façon. De ce manque, de ce léger décalage temporel entre ce qu’on lit, et ce qu’on imagine et comprend naît le rire. J’ai l’impression que le dessin doit, obligatoirement, faire basculer l’équilibre, montrant bien plus que ce que suggère le texte, détruisant ainsi une bonne partie du ressort comique.

Mais peut-être est-ce que je me trompe …

Jim Thompson , Christian de Metter (adaptation) / Shutter Island, Rivages/Casterman/Noir (2008).

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26 juin 2008 4 26 /06 /juin /2008 21:56

Après la Nuit de fureur adaptée de Jim Thompson, voici, dans la collection Rivages/Casterman/Noir Pauvres zhéros, adapté de Pierre Pelot par Baru.

Un village paumé quelque part dans le nord-est de la France. Un orphelinat, dirigé dans l’indifférence générale par une vieille peau sadique. Quelques habitants plus ou moins bas de front. Une situation qui semble pouvoir durer des siècles. La disparition d’un gamin handicapé lors d’une sortie de l’orphelinat fait tout voler en éclats, libérant haines, rancoeurs et mesquineries. Jusqu’à l’explosion. Puis retour au calme …

Bienvenue en enfer. Un enfer gelé, où l’on se caille, mais un enfer quand même. Pueblo chico, infierno grande disent les espagnols. Voilà un livre qui illustre parfaitement ce proverbe. Je n’ai pas lu le roman de Pierre Pelot (qui est réédité parallèlement par rivages noir), je ne sais donc pas si l’adaptation qu’en fait Baru est fidèle.

Je peux par contre dire qu’elle est impressionnante. Le dessin ne fait aucun cadeau. Les trognes crèvent le papier, exsudant la méchanceté, la mesquinerie, la bêtise, la peur, la haine … rendant d’autant plus pathétiques les rares âmes pures vouées inévitablement au sacrifice.

La montée de la tension, de la noirceur, est magnifiquement mise en scène, jusqu’à l’explosion libératrice. Du grand art.

Pierre Pelot adapté par Baru / Pauvres zhéros. Rivages/Casterman/Noir (2008)

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